LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Avec de la persévérance et de l’endurance, nous pouvons obtenir tout ce que nous voulons.” Mike Tyson

Une lettre pour Laye : SOS pour nos cimetières

Publié le vendredi 6 novembre 2009 à 01h50min

PARTAGER :                          

Cher Wambi,
Oui, c’est vrai, les changements climatiques nous ordonnent, au Pays des hommes intègres, de subir jusqu’en ce mois de novembre la pluie, quand bien même elle serait devenue rare telles les larmes d’un crocodile. Mais, courageusement, tournons la page sur la saison des pluies 2008-2009, et mettons le cap sur la gestion efficiente des fruits de la campagne agricole qui vient donc de s’achever.

Et puisqu’il faut manifester notre gratitude renouvelée aux agents de l’ASECNA qui, durant ces si longs mois, auront brillé par leur fidélité à notre rendez-vous hebdomadaire, voyons ensemble les derniers relevés pluviométriques, de la semaine du jeudi 29 octobre au mercredi 04 novembre, ce, avant de leur tirer notre chapeau, en leur donnant rendez-vous à la saison prochaine : Dori = 13,8 mm ; Ouahigouya = 1,1 mm ; Ouagadougou-aéro = 0,1 mm ; Ouagadougou-Somgandé = 0,0 mm ; Dédougou = 1,1 mm ; Fada N’Gourma = 8,2 mm ; Bobo-Dioulasso : 67,2 mm ; Boromo = 38,7 mm ; Pô = traces ; Gaoua = 40,6 mm ; Bogandé = traces.

Cela dit, cher cousin, je mesure déjà l’inquiétude qui habite aussi bien les vieilles tantes que les vieux oncles du village, maintenant que le froid s’annonce avec l’harmattan. Sûrement que, comme de par le passé, les marchands de manteaux et de pull-over seront de tous les marchés pour nous tondre, aussi, je ne cesserai de te rappeler qu’en cette période, le beurre de karité est et demeure d’un indéniable secours. Sinon, bonjour le rhume, la grippe et la toux, qui défient tous les âges. Alors...

Maintenant que tu as bien enregistré ma prescription, cher Wambi, dis-moi quel sera l’événement majeur ce samedi 07 novembre à Simonville pour me convaincre que, même à mille lieues des lambris de la capitale, vous êtes aussi des plus informés. Nul besoin de consulter Nôostanga, l’increvable charlatan du village ; fais seulement ton baluchon et hâte le pas pour ne point être des derniers acteurs, sinon spectateurs, du cross de la réconciliation qui se courra à travers les artères de l’arrondissement de Baskuy. Pour la petite histoire, te rappelles-tu en effet, cette folle nuit du 20 au 21 septembre dernier où des élèves-policiers, en furie, s’en étaient aveuglément pris aux populations du quartier Gounghin au secteur 9 ? En son temps, les mots manquèrent aux Burkinabè de tout bord pour condamner cette descente punitive d’un autre âge qui fit tant de blessés et de dégâts matériels.

La suite, on la connaît, puisque le ministre de la Sécurité était monté sur ses grands chevaux pour rappeler ses troupes à l’ordre, à travers un décret qui fera date dans l’histoire des corps habillés dans notre pays. Je n’ose pas y revenir, pour ne point remuer le couteau dans la plaie ; sache seulement que, comme je te l’avais déjà annoncé dans ma dernière lettre, toutes les victimes viennent d’être dédommagées, et c’est un nouveau vent qui semble souffler sur l’Ecole nationale de police (ENP), désormais sous le commandement du commissaire Paul Sondo.

Et quand je dis nouveau vent, cher Wambi, je pèse bien mes mots : ce samedi 07 novembre, en effet, les élèves-policiers, les populations de Gounghin et de Larlé, théâtre des événements douloureux, fumeront le calumet de la paix, à travers un cross de réconciliation, coparrainé par le médiateur du Faso et le Goungha Naaba. Une initiative qui aurait reçu l’onction de la hiérarchie des forces de sécurité, qui entendent ainsi enterrer, à jamais, la hache de guerre. Nul doute qu’elle sera aussi saluée par les populations civiles, lesquelles, pendant longtemps, pour un oui ou pour un non, ont fait les frais de certains éléments, qui ne savent que ternir l’image des troupes.

Dans ma dernière lettre toujours, cher Wambi, je te faisais part de l’indignation de nombre de citoyens après que le Conseil des ministres a décidé de la nomination d’une vingtaine d’enseignants du primaire à des postes de préfet, en dépit du déficit de maîtres d’écoles et de la baisse du niveau de l’enseignement, tant décriés. Dans la province du Boulgou, région du Centre-Est, la balle a été saisie au bond pour faire l’état des lieux. Si d’aucuns n’hésitent pas à voir en ces nominations une politique de revalorisation du corps enseignant, là-bas, dans les champs d’arachide, on ne se fait point prier pour dire de Boulgou, province “sous-administrée”. Evidemment, voilà un terrain des plus glissants, sur lequel je refuse de m’aventurer, préférant plutôt te dévoiler ces statistiques, qui t’édifieront certainement :

Tenkodogo (préfet : administrateur civil) ; Garango (préfet : administrateur civil) ; Bagré (préfet : secrétaire administratif) ; Bittou (préfet : infirmier d’Etat) ; Komtoèga (préfet : attaché d’administration scolaire) ; Bissiga (préfet : secrétaire administratif) ; Bané (enseignant) ; Béguédo (enseignant) ; Boussouma (enseignant) ; Niaogho (enseignant) ; Zoaga (enseignant) ; Zonsé (enseignant) ; Zabré (enseignant). Qu’en déduire, cher cousin ? Certainement que les gourous de l’Administration territoriale et de la Décentralisation ont leurs raisons que les administrés ignorent. Sait-on jamais !

Ce week-end, du samedi 07 au dimanche 08 novembre 2009, ce sera la croix et la bannière pour les fidèles catholiques de l’archidiocèse de Ouagadougou qui célèbrent les funérailles chrétiennes de leurs proches. Connaissant la tradition bien de chez nous qui commande qu’en pareille circonstance on joue la solidarité à fond, l’on peut imaginer déjà le calvaire des uns et des autres pour accomplir ce périple annuel. En attendant, toutefois, les 1er et 02 novembre derniers, ici comme ailleurs, et depuis la nuit des temps, l’on a respectivement fêté la Toussaint et les saints inconnus, et commémoré le souvenir des morts.

D’où cette foule des grands jours qui a déferlé aux différents cimetières, qui pour prier, qui pour déposer une gerbe de fleurs. Si cette affluence est la preuve que nul n’est jamais mort tant qu’il demeure en nos cœurs, l’on ne peut passer sous silence l’image de forêt classée qu’offrent nos cimetières à Simonville de nos jours. Certes, l’autorité municipale a montré la voie, en y érigeant des murs de protection, et mérite toutes nos félicitations, et la balle est désormais dans le camp de tous.

A y voir, en effet, les hautes herbes et les buissons qui ont fini d’avaler les tombes et mausolées, l’on est en droit de se demander à quoi peuvent maintenant servir nos fleurs. Bref, l’on est loin des pays côtiers, tels le Bénin, la Côte d’Ivoire, le Ghana... où les cimetières sont si bien entretenus qu’ils peut vous venir à l’idée d’y passer une journée ; rien qu’à se rappeler que ce sont là nos futurs sous-sols. Mais hélas, ici au Faso, les cimetières sont ainsi faits qu’ils s’apparentent à des dépotoirs. Pour combien de temps encore, peuple des fidèles ?

Cher Wambi, elle est bien connue au Burkina et au-delà, mais plus particulièrement par les populations du Sud-Ouest. Je veux bien sûr parler de Madeleine Père, cette religieuse qui a consacré toute sa vie à l’anthropologie des peuples dagara, lobi, birifor, dian et qui a choisi de reposer en terre lobi après son départ pour le ciel. Mais il est également une autre religieuse, moins médiatisée, qui a tout aussi donné le meilleur d’elle-même dans cette partie de notre pays : il s’agit de la Sœur Yvette Dubroux, franciscaine missionnaire de Marie.

Arrivée en Haute-Volta en 1945 à l’âge de 26 ans, elle y aura séjourné 64 ans, consacrant sa période de vie active à l’enseignement primaire en zone dagara, après un court séjour à Dapongo au Togo. Eh bien ! cher Wambi, sœur Yvette, elle également, s’est endormie pour de bon, dans sa 90e année le lundi 02 novembre dernier. Une date symbolique s’il en est, puisque, dans la tradition catholique et généralement occidentale, c’est le jour choisi par les vivants pour célébrer leurs défunts comme je le disais tantôt. Ses obsèques ont eu lieu le mardi 04 du même mois à Saint-Camille à l’occasion d’une messe de requiem, présidée par l’évêque de Dapango.

Je ne t’en dirai pas plus, cher cousin, puisque Tipoko l’Intrigante, notre imperturbable bonne vieille, me presse de t’ouvrir son carnet secret :

- Six ans après son purgatoire à la Maison d’arrêt et de correction de Ouagadougou (MACO), par suite de sa condamnation dans le procès du fameux putsch manqué d’octobre 2003, le téméraire sergent Babou Naon vient de recouvrer la liberté. Mais quel sera l’avenir professionnel de cet ancien élément de la Garde de sécurité présidentielle (GSP) ? Ceux qui semblent dans le secret des dieux, en tout cas, annoncent son retour prochain dans son village natal dans la Sissili.

- Le pèlerinage à la Mecque, c’est pour bientôt. Partout dans le monde, les organisateurs des différents pays affûtent leurs armes pour que les adeptes de la religion de Mohamed puissent se rendre aux Lieux saints de l’islam en vue d’accomplir les rites prescrits. Cette année, l’Arabie Saoudite serait prête à délivrer 3 000 visas pour les pèlerins burkinabè. Mais, à ce jour, on dénombre, selon certaines sources, quelque 1 500 personnes inscrites sur la liste de départ. Et comme on le sait, c’est désormais le privé qui a en charge le Hadj dans la “Patrie des Hommes intègres”. Selon un communiqué de la seule agence à qui l’Etat a donné le quitus pour convoyer les Musulmans qui désirent effectuer ce long voyage, le premier et le deuxième vol, à partir de Ouagadougou pour la Mecque, sont prévus pour le samedi 7 novembre 2009. Quant au troisième vol, il est programmé pour le dimanche 8 novembre 2009 à Bobo-Dioulasso. Pour éviter tout désagrément, tous les pèlerins sont convoqués 8 heures avant chaque vol.

- S’il y a un fait atypique dans la dynamique des préparatifs des festivités de la fête de l’Indépendance le 11 décembre prochain, c’est bien la grande prière œcuménique que prévoient d’organiser les premières autorités de la région le samedi 07 novembre à la place de la Nation. Catholiques, protestants, musulmans et coutumiers se retrouveront à l’appel du gouverneur de la région du Nord, Viviane Yolande Compaoré, pour adresser leurs prières à Dieu, dans l’optique de réussir cette grande commémoration.

- Le laboratoire d’analyses médicales du centre hospitalier régional de Ouahigouya fonctionnerait au ralenti. Il y serait quasiment impossible de procéder à des examens biologiques, et à des transfusions sanguines. Une panne des automates et une rupture de réactifs au sein dudit labo seraient la cause de ce désagrément, selon les premiers responsables du CHR. Les plaintes et les grognes se font entendre dans certains lieux en ville. Cependant, les petits plats sont en train d’être mis dans les grands pour venir à bout de ce problème, qui n’est pas de nature à faciliter la tâche aux agents dans la quête d’un mieux-être des patients.

- Qu’est-ce qu’une thèse d’Etat ?
C’est le plus haut diplôme dans le système universitaire français. On l’acquiert une dizaine, voire une vingtaine, d’années après la thèse de 3e cycle. Le 28 octobre dernier, de 13h 30 à 19 h, un Burkinabé s’est illustré en s’octroyant ce diplôme à Aix-en-Provence (France) face à un jury de cinq professeurs émérites ou professeurs titulaires des universités françaises : il s’agit de Hamidou Diallo, enseignant au Département d’histoire et archéologie, présentement directeur du Centre national des archives nationales. La thèse qu’il a soutenue s’intitule « Histoire du Sahel au Burkina Faso : agriculteurs, pasteurs et islam (1740-1960) ». Dans ce document, de 740 pages, Hamidou Diallo étudie dans la longue durée les rapports entre sédentaires et pasteurs dans le Sahel du Burkina Faso. Sauf erreur ou oubli, il s’agit de la première thèse d’Etat dans l’option histoire de l’université de Ouagadougou. L’impétrant s’en est tiré avec la mention Très honorable.

- Un licenciement qui risque de faire des vagues : celui d’un cadre supérieur d’un groupe hôtelier de la place. Qualifié de faute lourde, le délit, si on peut ainsi dire, dont a été coupable le licencié est d’avoir fait un accident bénin avec un véhicule du service alors qu’il était en mission. En tout cas, le dossier est pendant devant la Direction régionale du travail et des lois sociales du Centre, et ça promet de fortes empoignades si un règlement amiable n’est pas trouvé. Le moins que l’on puisse dire, c’est que certains expatriés se foutent royalement des lois et des textes en vigueur dans leur pays d’accueil, et cela, avec la complicité de certains nationaux, généralement à leur solde, très frileux à l’idée de contester un tant soit peu les ordres de leurs maîtres. Il est grand temps que cela cesse, car l’ère coloniale est bien derrière nous.

Tipoko l’Intrigante n’apprend rien d’elle-même, elle n’invente jamais rien. Tipoko l’Intrigante est un non-être. Elle n’est ni bonne en elle-même, ni mauvaise en elle-même. Elle fonctionne par intuition, car "l’intuition c’est la faculté qu’a une femme d’être sûre d’une chose sans en avoir la certitude..."

Ainsi va la vie. Au revoir. Ton cousin, Passek Taalé.

L’Observateur Paalga

PARTAGER :                              

Vos commentaires

  • Le 6 novembre 2009 à 19:16, par Sidnoma En réponse à : Une lettre pour Laye : SOS pour nos cimetières

    Félicitations à Mr Diallo pour ce mérite : vous êtes dans la cour des Grands...
    J’ai lu ceci : Sauf erreur ou oubli, il s’agit de la première thèse d’Etat dans l’option histoire de l’université de Ouagadougou.C’est certainement un oubli sinon le Pr KIENTEGA est déjà titulaire de cette thèse

    • Le 7 novembre 2009 à 19:28 En réponse à : Une lettre pour Laye : SOS pour nos cimetières

      Felicitation honorable professeur et grand frere de valeur. J’ ai toujours admire cet homme pour la rigueur de sa pensee et son mode de vie simple. Bonne carriere.

      Moi aussi je n’ai pas compris ce que le journaliste a voulu dire... Dans l’ option Histoire : L’ histoire serait-elle une option ? Peut- etre qu’ il faut plus de clarte dans l’ expression. Ensuite, les docteurs d’etat, on peut aussi citer le defunt Nuroukyor Somda sans mentionner les detenteurs de la these unique dont le doctorat d’eta est l’ equivalent. Je trouve que le doctorat d’etat est une perte de temps et d’ avantages administratifs pour nos professeurs titulaires du 3 eme cycle. La France , l’ ayant compris sur le tard, a cherche a corriger une situation lourde en instituant la these unique. Mais elle aurait normalement declare les theses de 3 eme cycle defendues avant cette date comme equivalent a la these unique. Mais helas, dans l’ academie la loi n’est pas retroactive. Comme dans dansla "Constitution" a la burkinabe.

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique
Développement : SOS pour la route Pouytenga-Bogandé
Portées disparues : Fati et Mounira ont été retrouvées