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Mandat présidentiel de Georges Bush : Le Burkina a su tirer profit de l’administration Bush tant décriée dans le monde

Publié le mercredi 21 janvier 2009 à 23h17min

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Indexé par l’Organisation des Nations unies (ONU) et les Etats-Unis, le Burkina est en passe de devenir un allier sûr de Washington dans la sous-région grâceà la confiance que lui a accordée le gouvernement de George Bush.

La communauté internationale ne manque pas de raisons de se plaindre des décisions unilatérales et belliqueuses de Bush qui enfile désormais son manteau du tout nouveau ex-président américain. Mais le Burkina Faso peut se permettre d’apporter un point positif dans le bilan des huit ans du « cow-boy texan », tout de noir peint, tout en gardant de nouveaux espoirs avec l’arrivée de Barack Obama aux commandes. George Bush a été utile au Burkina.

« Avant l’avènement de George Bush, la coopération avec les Etats-Unis n’avait rien de particulier. Elle se limitait aux simples échanges au sein du système des Nations unies à quelques relations de routine comme les échanges de délégation et à la présence du Corps de la paix dans notre pays », résume Oubida François, ministre conseiller à la Mission permanente du Burkina auprès des Nations unies de 2000 à 2007 et actuel directeur général de la Coopération bilatérale.

L’acquis le plus important pour le Burkina, avec l’administration Bush, est la confiance retrouvée avec la plus puissante armée du monde. Fini le temps où l’Amérique menaçait de rayer le Burkina Faso de la carte du monde.

En 2007, des soldats américains blessés dans la zone sahélo-saharienne ont été admis à l’hôpital Yalgado de Ouagadougou. Les Burkinabè étaient les premiers surpris. Mais plus encore, l’illustration de cette confiance est sans conteste la visite « historique » de Blaise Compaoré à Washington.
Cadeau personnel pour l’hôte de la Maison-Blanche, Bush élève le président du Faso à la dignité de « constructeur de la paix en Afrique et dans le monde » et le sollicite de contribuer au retour de la paix au Soudan et à la décrispation de la situation au Zimbabwe.

Les fruits de la« bonne foi » du Burkina Faso

Dans la foulée, le gouvernement burkinabè signe une convention de 204 milliards de francs CFA qui serviront à financer divers projets dans les secteurs sociaux, tout comme dans les secteurs productifs. La logique américaine du « trade not aid » a vécu. Car, le 30 septembre 2008 à Washington, le Burkina signait un accord de coopération portant sur un programme de développement économique et social , financé par la Fondation pour le développement en Afrique (ADF), une agence publique du gouvernement des Etats-Unis d’Amérique.

La rencontre entre George Bush et Blaise Compaoré à Washington ne doit pas occulter les autres acquis de la coopération américano-burkinabè. En 2004, le Burkina Faso a été retenu pour bénéficier des avantages de l’African growth and opporunity act (AGOA). En marge du sixième forum annuel de l’AGOA à Accra, en juillet 2007, le Burkina et les Etats-Unis conviennent de deux subventions de près 500 mille dollars US.
La première subvention est accordée à la Société burkinabé des fruits et légumes (SOBFEL) et la deuxième destinée à l’amélioration des régimes de normalisation et de conformité des produits autres que le coton-fibre.
L’ambassade des Etats-Unis au Burkina Faso s’est, quant à elle, investie de manière remarquable dans l’organisation de l’élection présidentielle de 2005. La Commission électorale en a bénéficié. Sur le plan social, la validité des visas américains pour les Burkinabè est passée de 12 mois à 5 ans, depuis mars 2007.

On n’oubliera pas non plus le nombre de plus en plus important de volontaires du Corps de la paix depuis 2000. Que dire des 200 Burkinabè qui ont été gratuitement opérés l’an passé de la cataracte par des spécialistes américains encadrés par l’armée américaine.
Du côté du ministère des Affaires étrangères, on remarque en effet que l’ambassade des Etats-Unis s’est montrée « beaucoup plus disponible » à accompagner certaines associations de jeunesse dans la promotion de la culture démocratique et du civisme, si cher au gouvernement actuel.

Par ailleurs, la Fondation Bill et Melinda Gates a accepté de financer la production du nouveau vaccin contre la méningite, censé éliminer la forme épidémique la plus courante de cette maladie. Une ONG américaine est aussi associée dès le départ au projet d’élaboration du vaccin.
Sous l’ère Bush, on retiendra aussi que le Burkina a été élu au sein du Conseil de sécurité de l’ONU. Le hasard n’existe pas « quand on sait l’influence américaine au sein de cette institution », selon l’analyse de M. Oubida qui indique que l’acceptation de la candidature du Burkina à ce poste a marqué un autre tournant dans les relations entre le Burkina et les Etats-Unis.

L’armée a aussi bénéficié de la normalisation de la coopération : 30 ratels fournis par les Etats -Unis aux soldats burkinabè, dans le cadre des opérations de maintien de la paix au Darfour ; 750 militaires formés dans le cadre du programme ACOTA (African contingency operations training assistance). Les soldats burkinabè ont également été associés à l’exercice « Flintlock » de formation 2008 des armées sahélo-sahariennes, pour contrer le terrorisme et la criminalité transnationale organisée. Un laboratoire de langue anglaise a même été mis à la disposition du ministère de la Défense.

D’autres partenariats sont en projet. De bonnes sources, des concertations sont en cours pour l’inscription du Burkina Faso dans le programme trans-saharien de lutte contre le terrorisme.
« Si nos relations avec les Etats-Unis ne datent pas de l’ère Bush, elles ont connu un dynamisme particulier, et cela dans plusieurs domaines », a confié le directeur général des Relations bilatérales du Burkina.

De relations tendues, Ouagadougou et Washington sont passés à des relations normalisées, puis dynamiques et mêmes excellentes. La bonne foi du Burkina, mais surtout la santé de son processus démocratique et son succès dans la médiation des crises ne sont pas étrangers à ce revirement de situation. « Ce qui a convaincu les Etats-Unis que le Burkina Faso, loin d’être un trouble-fête, était plutôt un partenaire sur qui on pouvait compter », insiste le diplomate François Oubida.

L’ambassadeur du Burkina aux Etats-Unis, Ernest Paramanga Yonli soutient pour sa part que « les Etats-Unis reconnaissent au président Compaoré sa capacité à apporter des solutions aux problèmes qui se posent dans l’ensemble des pays africains ».

Bush a beaucoup fait, vive Obama !

Le Burkina et les Etats-Unis ont tous foi au développement en tant que facteur d’une paix durable. De plus, leurs points de vue se rapprochent sur certaines questions internationales, comme la reconnaissance du Kossovo, les dossiers du nucléaire, du terrorisme… « Nos esprits se dirigent vers les mêmes objectifs », avait laissé entendre Blaise Compaoré après sa rencontre avec George Bush.

Tout se passe comme si Bush avait écouté le président du Faso lorsqu’au sommet Afrique-Afrique de Bamako en 2005, il a lancé : « Le monde a intérêt à écouter l’Afrique parce qu’elle a beaucoup à apporter ». Le dernier passage de Bush en Afrique est placé sous le signe de la lutte contre le Sida et le paludisme, les deux grands maux qui ravagent le continent.

Mais tout n’est pas rose entre Ouagadougou et Washington précisément sur la question du coton. En 2003, alors qu’il défendait le coton africain, le président du Faso avait fait remarquer que les subventions des pays du Nord étaient non seulement en contradiction avec les règles du commerce international, mais nuisaient énormément aux efforts de développement. Il a demandé par conséquent aux « partenaires du Nord » d’être « plus cohérents » avec les règles du libéralisme dont ils sont les chantres.
Les attentes du pays des Hommes intègres vis-à-vis du nouveau locataire de la Maison-Blanche portent sur l’or blanc. Accablé par la crise financière avant même de prendre fonction, que peut bien faire Obama pour le Burkina si ce n’est supprimer dans un bref délai les subventions accordées aux fermiers américains, loin d’être pauvres.

« Sur la question des politiques agricoles (...) peut-être que l’arrivée de Barack Obama permettra de débloquer cette question », espère-t-on du côté de la diplomatie burkinabè. Avec Obama, les perspectives sont bonnes, mais les espoirs se doivent d’être réalistes et par conséquent modérés, compte tenu du contexte.

C’est ce qui ressort de la direction générale de la coopération bilatérale. Elle estime que le fait que Barack Obama soit un démocrate, constitue une « nouvelle donne » qui ne va pas remettre en cause les acquis mais qui mérite qu’on attende des mois, voire des années, afin de voir comment « exploiter éventuellement » cette donne dans le sens du renforcement de notre coopération bilatérale et multilatérale à travers le système des Nations unies.

Si le monde entier salue l’élection de Barack Obama, l’incarnation de l’espoir pour un monde empêtré dans les mailles du libéralisme altier et incontrôlé, il n’en demeure pas moins que celui qui a enflammé le monde a aussi posé des actes positifs qu’il faut reconnaître avant de demander plus à son successeur. C’est aussi cela l’intégrité. Les Burkinabè peuvent à la fois dire merci à Bush et vive Obama, en rêvant que celui-ci visite un jour Ouagadougou, ce qu’aucun président américain n’a encore fait.

Aimé Mouor KAMBIRE (aimekambire@yahoo.fr

Sidwaya)

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Vos commentaires

  • Le 22 janvier 2009 à 15:30, par ndomba En réponse à : Mandat présidentiel de Georges Bush : Le Burkina a su tirer profit de l’administration Bush tant décriée dans le monde

    Si le pouvoir burkinabé fait moins dans les emprisonnements, tâche de se lancer dans les médiations pour faire oublier qu’il a souvent été le pyromane à la base de conflits, cet article est tout de même trop louangeur. Ne serait-ce que sur le plan de la démocratie, comment ose-t-on encore parler des élections de 2005 en bien alors que Blaise Compaoré a trituré la constitution pour pouvoir se représenter ? Et parler de la bonne santé de la démocratie, si c’est pas une honte ! Un chef de file de l’opposition qui est ministre depuis des années et des années ! Des élections fraudées, des partis hachés à la tronçonneuse quand ils dérangent ! On nous prend pour des imbéciles ou quoi ?

  • Le 22 janvier 2009 à 17:38 En réponse à : Mandat présidentiel de Georges Bush : Le Burkina a su tirer profit de l’administration Bush tant décriée dans le monde

    Toi tu n’a rien compris de l’article mon cher. L’auteur ne fait que lister les acquis du Burkina sous l’air Bush. Arretons de voir du negatif partout ou le nom de Blaise Compaore est cite. Comme le dit M. Obama Il faut des echanges d’idees pour construire. Il ne faut pas faire l’amalgame entre la personne de Blaise et le president Compaore. Tant qu’il porte se titre on lui doit du respect car il porte le drapeau du pays. c’est pas lui qu’on respect, mais les symboles du pays qu’il porte. Mettre de cote les interets personnels et travailler surtout avec ceux qui ne sont pas d’accord avec nous, c’est ca etre patriotique.

    • Le 22 janvier 2009 à 19:04 En réponse à : Mandat présidentiel de Georges Bush : Le Burkina a su tirer profit de l’administration Bush tant décriée dans le monde

      C’est ignoble, Bush a sillonnél’Afrique de l’Ouest : le Benin, le Ghana et autres pays sans jamais parler du Burkina. Bush a proné la bonne démocratie comme ses prédecesseurs et a mis Blaise en garde lui diasant d’arrèter de faire le gendarme de l’Afrique. Soyons sérieux on veut le changement, Blaise n’est pas un tout possible quelqu’un autre pourra faire mieux. Le Burkina a de valeureux fils qui pourront lever les défis du millénaire. Le Burkina est toujours à l’avant queue des pays les plus pauvres de la planète. Seule la démocratie fait ROI en garantissant le bien ètre de tous les burkinabé. Cessez de rèver , observez et interrogez les choses en face. Chacun de nous a un village. Rendez vous y et observer quel changement. Résultat nul, à l’accoutumé ce sont ses braves cultivateurs des milieux ruraux qui approvisionnaient les villes, aujourd’hui c’est tout à fait le contraire. Quel profit le Burkina a su profiter. Ce passage de Mr Compaoré à la White House lui a peut ètre permis de redorer son blason pas pour autant qu’on doit s’en réjouir. Les 200 millions d’euro de prets contractés à l’occasion sont fort flateurs. Ne continuez pas d’encourager le Président Blaise à faire le superman, pour le vrai progrès s citoyens burkinabè il est temps de dire non à Mr COMPAORE, nous enfants du Faso nous voulons connaitre la joie de la démocratie alternative. Les journalistes doivent cesser de faire du griotisme votre metier est noble.
      Citoyen burkinabé

    • Le 24 janvier 2009 à 17:19, par l’Homme En réponse à : Mandat présidentiel de Georges Bush : Le Burkina a su tirer profit de l’administration Bush tant décriée dans le monde

      Merci Cher compatriote pour ton intervention. Je crois que sur ce point on a la même pensée. Sincèrement je crois que le mal qui tue notre pays est "la vision partisane du développement" que beaucoup des citoyens ont. Lorsqu’on parle des acquis du Burkina, ce n’est pas Blaise seul. Vous vous imaginiez tous ceux qui ont travaillé pour ces acquis, et en plus leur appartenance partisane ? Arrêtons de jugez les gens, mais jugeons les idées et le travail. Pour un autre article, j’aurais compris l’acharnement des uns et des autres sur notre président, mais sur ce dossier-ci, c’est un hors sujet !

  • Le 22 janvier 2009 à 20:35, par Burkinebila En réponse à : Mandat présidentiel de Georges Bush : Le Burkina a su tirer profit de l’administration Bush tant décriée dans le monde

    Au lieu de toujour critique, il serait temps de faire des propositions constructives. John McCain etait l’adversaire de Obama pendant la campagne et ils se sont attaques sur tous les fronts. Pourtant la veille de son investiture, obama a participe a une reception a l’honneur du premier cite. Aussi, pendant la confirmation de Mme Cliton en temps que secretaire d’Etat, son plus grand avocat devant le senat n’etait autre que M. McCain, meme s’ils ne sont pas d’accord sur comment la politique du pays doit se faire. On peut etre opposant et toujour travaille avec les autorites en place pour l’avancement du pays, puisque c’est ce que les deux camps ( parti au pouvoir et opposition ) veullent. C’est tres faciles de pointer les insuffisances des autres, mais qu’est ce qu’on propose en echange ? Disons non aux idees qui nuisent au progres, denoncons-les, mais en meme temps, proposons des solution que l’on croit meilleurs. Il faut qu’on arrete de se trouver des excuses comme quoi le pouvoir en place n’ecoute personne. La verite est qu’on a rien propose. on se cache deriere ces faux pretextes, parce que en realite on n’a pas mieux. Unissons nous car c’est dans l’unite que l’on va pouvoir trouver des solutions au maux qui minent nos societes d’aujourd’hui. que celui qui n’a jamais peche jette la premiere pierre.
    Vive le Burkina et son peuple.

    • Le 23 janvier 2009 à 07:45, par el calebasse En réponse à : Mandat présidentiel de Georges Bush : Le Burkina a su tirer profit de l’administration Bush tant décriée dans le monde

      Il ne faudrait pas comparé la vie politique américaine a celle de ton chère pays le Burkina Faso. La bas ils savent ce que s’est que la démocratie et être patriote. Tes exemples sont nuls et ne s’applique pas a notre contexte. dire de proposer des solutions je suis d’accord, mais se baser sur leur modèle pour dire d’arrêter les critiques s’est que tu n’a rien compris. Même au USA les critiques sont courantes et constituent a galvaniser le pouvoir en place. Les propos du premier sont véridiques. Même si on venait a mourir de famine au pays,il y a gens qui vont toujours jeté des fleurs a nos autorités. Fait un tour d’horizon rien que dans la sous région et tu verras a quel vitesse ton chère pays avance. vive les critiques et proposer des solutions

  • Le 23 janvier 2009 à 19:28, par Burkinebila En réponse à : Mandat présidentiel de Georges Bush : Le Burkina a su tirer profit de l’administration Bush tant décriée dans le monde

    J’ai pas dit de ne pas critique, mais pour la resolution du probleme pose, apres les critiques, il faut proposer des solutions. Je suis pour les critiques constructives et celles destructives. Il faut biensur montrer les insuffusances et les erreurs de nos gouvernants, mais aussi et surtout donner une lecture logique de la situation et proposer des solutions.
    Auusi, je ne fait pas de comparaison entre les Etats unis et le Burkina parce que les Etats Unis que l’on connait aujourd’hui a presque 200 ans d’existance, alors que notre cher Faso veut commencer a apprendre a voler de ses propre ailes. Dans la vie chaqu’un de nous a un role model, et, comme tu l’as si bien dit, ici ils savent ce que sait que la democratie ; donc on peut copier leur modele et l’adapter chez nous la bas au pays. En essayant de combiner le modele de democratie americain avec les realites quotidiennes, les coutumes et traditions, nous pouvons trouver un point commun qui va nous permettre d’avancer dans la direction que tout les fils du pays souhaitent tant. On peut par exemple commencer un forum sur le net ou tout ceux qui le souhaitent peuvent proposer ce qu’ils croyent va aider l’avancement du pays. Il faut qu’on commence tot ou tard. A s’assoir et juste parler, rien ne se fera.
    Bonne journee.

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