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Un cadavre déterré à Noumoudara pour perpétuer la coutume

Publié le jeudi 16 août 2007 à 07h29min

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L’histoire se passe à Noumoudara. Un sculpteur a été victime de son propre fusil alors qu’il était en brousse à la recherche d’un tronc d’arbre pouvant fabriquer un mortier. Il avait garé son vélo contre un arbre et le fusil contre le vélo.

Au moment de reprendre son engin, sa pédale qui était complètement dénudée, laissait apparaître plutôt une pointe. C’est cette pointe qui représentait la pédale qui aida à actionner la gâchette de son fusil calibre 12. Le coup parti et le sculpteur mourût sur le coup. Ce n’est que le lendemain dans l’après-midi que son corps en état de putréfaction avancée fut retrouvé et cela grâce au concours des éleveurs peulhs.

Le jour de ses funérailles, on profita, selon les rites en pays Tiéfo, rechercher les causes de sa mort. Après consultation, le devin révéla qu’il a été témoin d’un acte d’amour en pleine brousse entre l’un de ses frères et une femme. Celui-ci menaça le sculpteur de mort s’il le dénonçait. Pris de peur, il garda le secret. Le dieu de la brousse s’est ainsi vengé de lui en lui réservant une mort pareille. S’il avait dénoncé son frère, une chèvre en sacrifice suffisait pour arranger les choses et pour lui et pour son frère.

Mais hélas. Les dieux de la brousse ont fait ce qu’ils avaient à faire. L’occasion faisant le larron, le "Sandjitigui", sorte de ministre de la pluie a profité demander au devin pour qu’il voit un peu du côté de la pluie. Nous étions à la mi-juin et les pluies n’étaient toujours pas au rendez-vous. Après consultation, le devin révéla que le manque de pluie sur les terres Tiéfo résulterait du fait qu’une coutume aurait été profanée par un homme du village. Il aurait eu des rapports sexuels avec une femme peulh à l’insu de tout le village.

Il n’est plus de ce monde mais comme il a été enterré sur la terre des Tiéfos, les dieux se sont mis en colère en influençant sur la pluie. Depuis la nuit des temps, l’acte sexuel est formellement interdit entre un Tiéfo et une femme peulh et vice versa. Ceux qui le font, s’ils meurent ils ne peuvent pas être enterrés sur le territoire Tiéfo.
Même si on les enterre sans le savoir, il faut les déterrer une fois qu’on l’apprend. Les révélations du devin sur le défunt ont été d’ailleurs appuyées par des témoins.

Pour que les pluies reprennent normalement, il fallait donc déterrer le cadavre indésirable. Le fautif étant de Flandé (un village Tiéfo) son chef une fois chez lui, convoqua une réunion et exigea que le corps de l’homme fût déterré. Ce qui fût fait le 04 juillet dernier. Le corps fût transféré aux portes de Darsalamy dans un village qu’on appelle Min où il fût enterré à nouveau.

Ceux qui ont déterré le cadavre, l’ont fait sans consulter ni les anciens, ni les autorités départementales compétentes. Des parents de la victime qui sont à Bobo ont conseillé au fils du défunt de ne pas laisser tomber cette affaire. C’est ainsi que le chef suprême des Tiéfos, le Golotigui, le chef de Flandé, le chef de Noumoundara et le "Sandjitigui furent convoqués à la gendarmerie de Bobo.

Le Golotigui s’est fait représenter à cette convocation. Après quelques jours d’explications, 5 personnes ont été déférées à la Maison d’arrêt et de correction de Bobo. Il s’agit du Sandjitigui et de 4 ressortissants de Flandé. Ils ont passé 3 jours en prison avant qu’on ne les libère.
Le 07 août dernier, ils étaient encore devant le juge. Un autre rendez-vous était fixé pour le mardi 14 août.

Maintenant les pluies sont au rendez-vous, mais pour ces paysans Téfo, les va et vient en direction de Bobo sont de plus en plus lassants. Les coutumes sont les coutumes mais il y a certaines qui gagneraient à être revues. C’est en tout cas l’avis de la plupart des membres du grin. Pour eux c’est un peu exagéré ce genre de pratique surtout en 2007.

Au moment où on parle de brassage de cultures pourquoi les Tiéfos veulent-ils se replier sur eux-mêmes ?
Mais le membre du grin qui a rapporté la nouvelle dit qu’il a déjà été témoin d’au moins 4 cas où l’on a déterré un cadavre à Noumoudara. C’est donc dire que cette coutume est irrévocable. Au grin, il y a certains qui ont refusé de se mêler des histoires pareilles. Pour eux, puisque les coutumes sont sacrées, il faut éviter d’épiloguer là-dessus.

L’Opinion

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Vos commentaires

  • Le 16 août 2007 à 12:52, par dugu lamini sadjan En réponse à : > Un cadavre déterré à Noumoudara pour perpétuer la coutume

    C’est une tradition que l’on trouve un peu partout en Afrique et même sur d’autres continents. A Madagascar ou au Benin, c’est une vraie fête qui coûte beaucoup d’argent. Pourquoi cela doit-il vous choquer tant alors qu’il suffit de le comprendre et non le juger.
    En outre, et c’est le point central de mon intervention ici, Noumoundara c’est bien le pays Komono (Kisa) et non tiéfo. Les habitants sont les Komono.
    Ils sont avec les Sèmè ou (Siamou) à Orodara les seuls représentant de la famille linguistique kru au Burkina Faso.
    Merci de votre intérêt pour les coutumes.

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