"Ce devait être un beau jour pour KOLOGO Yamba Michel. De toute la journée, confient ses proches, il était des plus gai. Et comme à ses habitudes, la nuit venue, c’est devant la petite boutique, sous le grand arbre devant la concession qu’il a disposé deux bancs sur lesquels il s’est couché pour chercher le sommeil. Le jeune Yamba était loin de se douter qu’il était en train de vivre ses dernières heures.

A côté de lui, était couchée également la chienne de la famille qui était en gestation. A 1h 30 du matin, alors que le jeune homme était dans un sommeil profond, surgit de nulle part une voiture. Edgar Bruno COMPAORE témoin oculaire raconte : « Tout s’est passé vraiment très vite. Je venais de rentrer. Il était à peu près 1h 30mns. Le temps d’ouvrir ma porte pour rentrer, j’ai entendu un bruit sourd. En sortant pour voir, j’étais loin d’imaginer que c’était mon frangin. Une fois dehors, j’ai vu une Mercedes, plus que la 190 en tout cas. Elle avait percuté la grille métallique qui servait à stocker les bouteilles de gaz. Sur le coup je n’avais pas vu Yamba.

C’est après avoir bien regardé que j’ai vu que le véhicule a projeté également le frère sur une dizaine de mettres de là où il dormait. J’ai remarqué deux jeunes, tous deux avaient à mon avis, la trentaine, l’un était grand et l’autre, probablement celui qui conduisait de taille moyenne. Lui était sorti du véhicule et s’était accroupi les mains sur la tête. Quand son ami m’a vu m’approcher il a intimé à l’autre visiblement sonné par ce qui était arrivé de partir. "On y va" a-t-il dit avec insistance.

Rapidement il a repris le volant, ils ont fait marche arrière, et c’est à ce moment que j’ai tenté de leur barrer la route. Ils ont foncé sur moi, je me suis appuyé sur le capot pour sauter et les laisser passer. Je suis allé vers le petit et j’ai constaté que ça n’allait pas. Il m’a dit, difficilement, qu’il ne sentait plus ses jambes. On a tout de suite appelé les pompiers qui sont venus l’évacuer vers l’hôpital en nous promettant qu’ils allaient appeler la police. Je suis formel, la Mercedes n’avait pas d’immatriculation. Sa couleur est rouge bordeaux ou marron. Comme je vous l’ai dit tous s’est passé très vite".

Yamba n’a pas survécu

Le diagnostic du médecin après les premiers soins et le passage au scanner est formel : 4ème cervicale fracturée, 5ème luxée ; entre la 4ème et la 5ème section de la vertèbre. Quant à la 6ème cervicale, elle a coincé la moelle épinière entraînant la paralysie des membres inférieurs. C’est avec consternation que François Xavier COMPAORE après avoir insisté auprès du médecin s’entendra dire : « votre frère ne dépassera pas 72 heures. Même si on l’évacue en Europe, il ne survivrera pas, le traumatisme est très grave ».

Poursuivant son récit dès évènements, il dira : « Je suis revenu le matin à son chevet après avoir tenté en vain la veille d’arracher un mot du médecin. Quand je suis arrivé, il a réclamé à boire. (De l’eau s’il vous plait. J’ai soif. Je veux me désaltérer). Disait-il. On lui a trouvé à boire et après ça, il n’a plus rien dit. A 13h je l’ai touché pour voir sa température parce qu’il faisait du 40° de fièvre. J’ai senti qu’il était tout froid au niveau des jambes, mais son corps était encore chaud. A 14h, il a soupiré, puis plus rien. Yamba était parti ». Et pour toujours, faut-il ajouter, par la faute d’inconscients individus.

Voilà qui relance le débat sur la circulation des véhicules importés d’Europe et qui entrent dans nos villes, causent des dégâts sans qu’on ne puisse rien faire. Monsieur le Maire est encore une fois de plus interpellé. Il faut qu’il trouve une solution à ces véhicules qui tuent sans laisser de traces. Les citoyens doivent s’impliquer pour aider les forces de l’ordre à mettre la main sur les malfrats, les tueurs du genre de ceux qui ont arraché la vie au jeune Yamba.

Si vous avez un père, un fils. Si vous avez un frère, un cousin. Si vous avez un ami, un employé, un voisin, qui a pris une Mercedes dans la nuit du mardi 7 au mercredi 8 août dernier, sachez qu’il a fait un accident. Il a tué un jeune de 28 ans. Dites-lui de se dénoncer, ou dénonce-le. A toi qui a commis cet accident et qui a pris la fuite, saches que le jeune homme que tu as percuté a succombé à ses blessures et qu’il a été inhumé le Jeudi 10 août 2007 au cimetière route de Saponé. Si avec tout ça tu peux dormir tranquille avec cette mort sur la conscience, alors bon courage jusqu’au jour où....

Par Frédéric ILBOUDO

L’Opinion