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Conférences pédagogiques annuelles : Ces perdiems qui opposent enseignants et administration

Publié le mardi 5 juin 2007 à 07h13min

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S’il y a une revendication sur laquelle les syndicats de l’enseignement ne se sont pas fait prier pour engager des actions unitaires, c’est bien la question de la prise en charge des Conférences pédagogiques annuelles (CPA) des enseignants.

La CPA est une tribune offerte aux enseignants et à leurs supérieurs hiérarchiques pour discuter de thèmes pédagogiques et généraux en vue de l’amélioration des résultats scolaires et de la consolidation des connaissances des uns et des autres sur la politique éducative en cours dans notre pays.

Depuis quelques années, les syndicats ont appelé au boycott formel des CPA sans perdiems. De ce fait, les CPA ont beaucoup perdu de leur aura, pour ne devenir que de simples composiums entre le chef de circonscription (CCEB) et quelques enseignants, essentiellement de nouvelles recrues et des candidats aux examens professionnels.

En guise de réaction concrète, le ministère de l’Enseignement de base et de l’Alphabétisation (MEBA) décide d’octroyer à chaque circonscription la somme de 500 000 F CFA pour soutenir les activités de formation continue dont les CPA. Même si le montant peut paraître modique, l’Etat aura tenu son pari de consentir des efforts pour accompagner les maîtres dans leur dur labeur.

Seulement, au Passoré, la gestion de cette manne fait déjà grincer des dents au sein des enseignants. Tout est parti du fait que les participants à la CPA 2005-2006 ont reçu chacun la somme de 6 000 F CFA comme prise en charge. De prime à bord, justice a été rendue, car tout travail mérite salaire. Mais du côté des syndicats, ce n’est pas le même son de cloche, et des militants de tous bords le disent ouvertement. Leur ras-le-bol s’explique en ces termes : avec les lourdeurs et les lenteurs de l’administration, la prise en charge ne parviendra jamais en temps voulu dans les circonscriptions.

Or les enseignants refusent de participer aux activités sans prise en charge. Un cycle infernal qui n’augure pas de lendemains meilleurs pour la qualité et la pertinence des enseignements comme le prescrit le PDDEB dans ses objectifs. Un malaise qui constitue une préoccupation au SNEAB. Son secrétaire général soutient que "le SNEAB travaille toujours à répondre aux besoins des travailleurs par l’amélioration des conditions de vie et de travail de par sa participation aux diverses concertations.

Il aurait fallu que les CCEB réunissent les syndicats pour trancher, comme cela avait été le cas, pour la prise en charge des Groupes d’animation pédagogiques (GAP) dont tout le monde avait bénéficié. C’est une décision injuste parce que tous les enseignants devraient être pris en compte quand on sait que les luttes syndicales ont été déterminantes dans l’octroi de cette somme. L’union faisant la force, ceux qui ont touché ces perdiems auraient dû penser aux autres qui ont pourtant couru tous les risques pendant la lutte".

Au SYNATEB, la même lecture se dégage surtout au sein des groupes réputés pour leur intransigeance. Quant au secrétaire général, sa version est plus modérée : "Nous ne sommes pas contre ce qui est fait à l’endroit de ceux qui ont pris part à cette CPA, mais nous attendons de voir ce qui sera fait du reste de l’argent."

Pour le 1er responsable provincial de l’enseignement du Passoré, il n’y a pas lieu de transiger puisque cet argent a été accompagné d’une circulaire (N°2007-116/MEBA/SG/DGEB/DDEB du 30-04-2007) signée du secrétaire général du MEBA. "Les rubriques concernées par ce financement y sont clairement établies", a-t-il renchéri, avant d’inviter les responsables syndicaux à s’imprégner des termes de ladite circulaire.

Par ailleurs, à la question de savoir l’usage qui sera fait des reliquats, la même circulaire est concise : "Pour le cas spécifique des fonds qui vous sont présentement alloués, vous justifierez les dépenses réellement effectuées pour la CPA 2005-2006, et vous reverserez, le cas échéant, la totalité ou les reliquats."

Le DPEBA (Directeur provincial de l’enseignement de base) ajoutera que par rapport à certaines circonscriptions, des "cuisines internes" ont été opérées, sinon jamais il n’a été question de répartir des fonds entre participants.

En attendant de maîtriser tous les contours de cette affaire, les responsables syndicaux demeurent sur le qui-vive, et le climat de suspicion est perceptible dans certains milieux.

A l’heure où nous écrivions ces lignes, les syndicats (SNEAB et SYNATEB) se concertaient pour rencontrer les différents supérieurs hiérarchiques.

Vivement que la compréhension et la sagesse prennent le dessus au cours de ces entrevues pour que la session 2006-2007 du CEP soit abordée avec beaucoup de sérénité et de sérieux, au nom de l’intérêt supérieur de nos élèves.

Abdoulaye DIANDA (Collaborateur)

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 5 juin 2007 à 14:12, par Yves KINDA En réponse à : > Conférences pédagogiques annuelles : Ces perdiems qui opposent enseignants et administration

    Il est certes vrai que tout travail mérite salaire comme dirait l’autre. Mais l’appréciation que je porte sur cette histoire de perdiems est que nos enseignants semblent avoir fait de l’argent de la CPA la seule raison de leur participation. Si des perdiems leur sont promis, il est normal qu’il le revendiquent ; mais qu’ils décident de ne pas participer à des travaux, qui pourtant sont initiées pour l’amélioration de leurs compétences personnelles, me parait ridicule. N’oublions tout de même pas que l’essentiel c’est l’avenir de notre système scolaire.

    • Le 5 juin 2007 à 19:53, par Passakziri En réponse à : > Conférences pédagogiques annuelles : Ces perdiems qui opposent enseignants et administration

      Salut Yves.
      Je comprends bien tes critiques par rapport au débat autour des perdiems des enseignants. Moi , j’ai d’abord pensé dans le même sens que toi quand j’ai lu des articles précédents sur le thème. Mais après analyse , je me dis que ces derniers ont raison quelque part :
      Prenons un enseignant de brousse qui vit à des dizaines de kilomètres du chef lieu de sa circonscription ; Ce dernier doit se déplacer pour la formation, il doit se loger , et s’alimenter pendant sa formation ; serait-il normal de laisser à chacun le devoir de se prendre en charge ? je pense que non, car dans la situation actuelle chez nous au Faso, personne ne prend en charges ses frais de formation (pour ce qui concerne la fonction publique).Alors pourquoi vouloir commencer par les enseignants, alors que les infirmiers, médecins,etc recoivent pour leurs formations des perdiems plus considérables ,sans oublier nos "honorables" députés qui s’auto-octroient des millions comme bonus de fin d ’année ? Vois toi même combien de séminaires de formation à Kamboinsé, CBC, etc... etoffent nos journaux télévisés.Pour ces genres de séminaires, y’en a qui se retrouvent avec des fortunes pour avoir passé des jours à dormir et à voter des conclusions qu’ils ne comprennent pas.
      Pour ces raisons, il est du droit des enseignants de réclamer ce que tout le monde percoit dans des situations simillaires.Le jour où la raison sera de retour dans la gestion globale des finances nationales, alors nos valeureux enseignants pourront revoir leur copie.

      Merci bien

      Passakziri

      • Le 6 juin 2007 à 01:46, par LUCIE OUEDRAOGO En réponse à : > Conférences pédagogiques annuelles : Ces perdiems qui opposent enseignants et administration

        Passakziri je suis tout a fait d’accord avec vous. Si les perdiems ont ete prevus par l’administration et cela est su et accepte par elle et les enseignants elle a le devoir de donner a ces enseignants ce qui leur revient de droit. Il faut eviter de creer une injustice flagrante pareille et vouloir que les enseignants au nom de leur amour pour leur metier se taisent. Nos valeureux enseignants qui d’ailleurs travaillent dans de tres mauvaises conditions jusque dans les coins recules de notre pays meritent plus de consideration par notre administration. Donnez a ces enseignants ce qui leur revient de droit. Entre les perdiems de ces enseignants et ceux de nos honorables deputes qui passent plus de 90% du temps que dure leur mandat a dormir a l’hemicycle, j’accepte et soutien les perdiems des enseignants.

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