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Fait-divers : Le pagne du 08-Mars

Publié le mardi 29 mai 2007 à 07h18min

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S’il y a un couple qui vivait harmonieusement c’est incontestablement le couple Ouédraogo. Plus de 5 ans de vie commune, monsieur et madame Ouédraogo savouraient paisiblement leur vie de couple jusqu’au jour où les femmes du quartier décidèrent comme une seule femme de porter le pagne du 08-Mars le jour de leur fête.

C’est un défi que toutes les femmes sont obligées de relever. Madame Ouédraogo, elle, connaît très bien son mari.

Ménagère de son état, elle n’avait aucune autre source de financement du 08-Mars que celui de son mari. Monsieur Ouédraogo est de ceux-là qui pensent que le meilleur pour la femme, c’est d’être à côté de son mari. Il n’a jamais digéré le fait que sa femme fréquente les associations féminines. « Ces associations regroupent des femmes qui portent la culotte, des femmes sans mari, leur but, c’est d’entraîner les autres, dit-il à qui veut l’entendre ». Il le répétait à sa femme.

Plusieurs fois il empêcha celle-ci de participer aux réunions. Mais il ne pouvait pas grand chose puisque à chaque fois ce sont plus d’une dizaine de femmes qui viennaient taper à sa porte à la recherche de sa femme. Très souvent, il était très occupé à autre chose pour empêcher sa femme de sortir.

Au cours d’une de leur réunion elles discutèrent du 08-Mars et décidèrent de porter le pagne du 08-Mars pour le Djandjoba organisé par leur association. Madame Ouédraogo qui savait qu’elle ne pouvait pas compter sur son mari pour acquérir le 08-Mars, étala sa situation devant les autres membres de l’association qui décidèrent de faire une descente chez monsieur Ouédraogo pour le convaincre de l’importance du 08-Mars et l’intérêt du pagne.

En file indienne, elles arrivèrent devant monsieur Ouédraoago. Confortablement assis sur sa chaise sur la terrasse, le ventre entre ses deux jambes ressemblait au ventre d’une femme enceinte. Il caressait soigneusement son « œuf colonial ». Après le salamalékoum et le alékoumsalam, monsieur Ouédraogo donna la parole aux femmes.

« Nous sommes venues vous supplier de payer le pagne du 08-Mars à notre camarade pour qu’elle puisse se joindre à nous le jour du 08-Mars ». Après, suivit un long silence, sauf les caresses de « l’œuf colonial » et le bruit des va-et-vient de la chaise dans laquelle monsieur Ouédraogo était assis.

Il pris le temps de les observer une à une, la réponse fut longue à attendre. « Si vous étiez des hommes, je savais ce que j’allais faire ». Les femmes comprirent que le climat n’était pas à leur faveur. « Disparaissez de ma vue » cria-t-il. Les femmes se retirèrent sauf sa femme qui s’était levée pour rentrer dans la cuisine. « Où vas-tu ? rejoint les autres dehors et ne reviens plus jamais ».

Il se leva pour chercher de quoi battre sa femme quand celle-ci prit la clé des champs. Elle trouva refuse chez une copine.

Elles rassemblèrent tous les vieux du quartier qui partirent une semaine après demander pardon et le supplier de laisser sa femme regagner son foyer. Il accepta et tout rentra dans l’ordre. Sauf qu’elle a raté le 08-Mars qui a failli être la cause de son expulsion de son foyer.

Kibsa KARIM

L’Hebdo

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