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Fait divers de sacré : Mariage forcé

Publié le mardi 15 mai 2007 à 07h01min

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Le père de Maïmouna avait dit au solide gaillard du village d’à côté que sa femme était enceinte, qu’elle était même à terme et que l’enfant qui va naître si elle est une fille serait à lui ; il pourra en faire son épouse. . . et Maïmouna est née mariée d’office. Dix sept ans plus tard, Maïmouna est une charmante fille. Le solide gaillard du village d’à côté lui, est devenu le vieux fatigué du village d’à côté.

Déjà on avait appris à Maïmouna son mariage avec le vieux. La jeune fille n’avait pas trouvé à redire étant elle-même le fruit d’un mariage où sa mère avait été donnée à son père, et vivant dans un milieu où cette coutume fait force de loi.

Mais si Maïmouna reste soumise à la volonté paternelle, elle ne va pas s’empêcher d’avoir un petit ami. L’élu de son cœur se prénomme Boureima. Est-ce par simple accident ou est-ce parce que la date du départ chez son vieux était proche que Maïmouna et Boureima en signe de refus de cette évidence commirent l’irréparable ? Constatons seulement que Maïmouna piqua une grossesse. . . au mauvais moment.

On a beau cacher un ventre, il finit toujours par se pointer triomphal comme un furoncle en plein visage. Ce fut la mère qui découvrit le pot-aux - roses alors même que les beaux- parents venaient de terminer les salutations d’usage.

Après quelques jours de violentes colères et de prostration, la raison finit par l’emporter et le père décida d’aller trouver la famille du mari afin de retirer la parole donnée, quitte à leur promettre la prochaine fille qui naîtrait dans sa famille.

Celle-ci ne l’entendit pas de cette oreille. D’une manière catégorique, ils réclamèrent Maïmouna sans ventre et sans enfant ; point à la ligne. De retour chez lui, le père tint conseil et l’on décida d’aller voir les parents de Boureima afin de trouver solution au problème qu’il a planté dans le ventre de la fille.

La rencontre eut lieu. On usa de contours et détours pour faire comprendre aux fautifs qu’il n’y avait qu’une seule solution : faire avorter Maïmouna. La grossesse était à son sixième mois. Le père de Boureima entra en brousse, coupa des racines, des feuilles, des écorces et en fit une décoction qu’il fit boire à Maïmouna durant trois jours.

L’avortement eut lieu, les complications aussi. La fillette n’arrêtait pas de saigner. Elle s’était totalement vidée de son sang lorsque l’on pensa à la conduire à l’hôpital. Maïmouna ne leur en donna pas le temps. Dans la charrette à traction asine qui la traînait vers la ville, elle mourut en gémissant.

La suite fut l’affaire de la police alertée par ces tout de même curieux beaux-parents.

Sacré Chédou Ouédraogo

Sidwaya

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