LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Avec de la persévérance et de l’endurance, nous pouvons obtenir tout ce que nous voulons.” Mike Tyson

Dr Charlemagne Ouédraogo, gynécologue-obstétricien : "Le cancer du col de l’utérus concerne les femmes en activité sexuelle de 15 à 49 ans"

Publié le mardi 19 décembre 2006 à 07h13min

PARTAGER :                          

Dr Charlemagne Ouédraogo

Le Centre médical avec antenne chirurgicale (CMA) du secteur n°30 de Ouagadougou, a abrité du 12 au 14 décembre 2006, une campagne de dépistage du cancer du col de l’utérus. Pour en savoir davantage sur cette maladie, Sidwaya s’est entretenu avec le responsable de la maternité de cette formation sanitaire.

Sidwaya (S.) : Qu’est-ce que le cancer du col de l’utérus ?

Dr Charlemagne Ouédraogo (C.O.) : Le cancer du col de l’utérus est une affection grave qui touche la femme en âge de procréer. C’est une tumeur maligne, c’est-à-dire que les cellules ont perdu tout contrôle de l’organisme.

Elles ont pris une indépendance et se multiplient d’une façon impressionnante au point de devenir une tumeur. Cette tumeur est une grosse masse solide qui compromet l’homéostasie qui est le milieu intérieur de l’organisme.

S. : Y a-t-il un âge auquel la femme est prédisposée à être atteinte de cette maladie ?

C.O. : Toutes les femmes en âge de procréer, c’est-à-dire celles ayant entre 15 et 49 ans sont concernées. Mais c’est surtout les femmes de 35 ans et plus qui présentent des lésions cancéreuses ou précancéreuses du col de l’utérus. Plus on prend de l’âge, plus le risque est élevé. Il faut signaler que la maladie concerne les femmes en activité génitale, c’est-à-dire les femmes qui ont une vie sexuelle normale.

S. : Comment cette maladie se manifeste-t-elle ?

C.O. : Le problème du cancer du col est que durant toute sa phase antérieure et de la lésion précancereuse, il n’y a presque pas de symptômes manifestes, il n’y a pas de douleurs. La lésion prend 13 ans avant de devenir un cancer. Durant tout ce temps, la malade peut ne rien ressentir jusqu’à ce que le cancer s’installe. Lorsqu’elle commence à présenter les premiers symptômes, c’est que la maladie est déjà installée. C’est pour cela que nous recommandons le dépistage du cancer du col avant qu’elle ne s’installe.
En ce moment, nous avons des moyens efficaces pour traiter tous les stades intermédiaires qui peuvent évoluer vers le cancer.

S. : Peut-on guérir du cancer du col de l’utérus ?

C.O. : Lorsqu’il est diagnostiqué précocement, on peut guérir du cancer du col de l’utérus. Mais lorsqu’il est diagnostiqué à un stade avancé, on ne peut donner que des traitements palliatifs.

S. : Que peut être l’apport de l’association Kimi dans la lutte contre cette maladie ?

C.O. : Nous nous sommes félicités de la naissance de l’association Kimi. Nous l’avons également félicitée quand elle s’est approchée de nous pour nous proposer une campagne foraine de dépistage du cancer du col de l’utérus. Cette campagne était gratuitement offerte à la population du district sanitaire du secteur n°30 en particulier et de la ville de Ouagadougou, en général puisque les femmes sont venues de partout. Kimi s’est engagée à nous appuyer dans cette activité. Nous avions déjà mis en place au secteur n°30, un système embryonnaire.

C’est la première fois que nous accueillons autant de femmes au secteur pour des activités de dépistage du col de l’utérus. Kimi s’est également engagée à nous appuyer dans la mise en place d’une unité de dépistage du cancer du col de l’utérus au secteur n°30 de la ville de Ouagadougou et profiter de notre expérience pour faire tache d’huile dans les autres provinces du Burkina. Nous serons appelés à envoyer des agents de santé en milieu rural pour faire le dépistage et former localement des prestataires afin qu’ils puissent, à leur tour, faire le dépistage du col de l’utérus.

S. : Est-ce que cette campagne a connu une grande mobilisation des femmes ?

C.O. : Dès le premier jour du dépistage, plus de 200 femmes ont été reçues. Mais nous n’avons pu examiner que 160 d’entre elles. A la date du 14 décembre 2006, nous étions à 350 femmes déjà dépistées. Ce matin (NDRL : vendredi 15 décembre 2006), il y avait 300 femmes sur la liste. Malheureusement, nous ne pouvons les prendre en un jour dans le cadre de cette campagne foraine. Nous allons prendre 150 et les autres seront examinées mercredi et vendredi jusqu’à la fin de l’année 2006.

S. : Quelles sont les statistiques sur le taux de prévalence du cancer du col de l’utérus ?

C.O. : Au Burkina Faso, il n’y a pas de registre sur le cancer. Ce sont les études dans les services qui peuvent nous donner des chiffres. Mais ces chiffrent ne reflètent pas la situation réelle de la
maladie puisqu’il n’y a pas un registre national qui puisse dire un mot sur l’épidémiologie en matière de cancer du col de l’utérus. Cependant, tout porte à croire qu’elle est prépondérante. Parmi les femmes que nous recevons, rares sont celles qui viennent au stade de lésions précancéreuses. Beaucoup viennent déjà au stade de cancer avéré avec des prises en charge assez compliquées.

S. : Concernant la présente campagne de dépistage, quelles statistiques avez-vous déjà recueillies ?

C.O. : Nous n’avons pas encore de statistiques. Nous ferons le point le 15 décembre. Mais d’ores et déjà, les quatre bureaux de dépistage que nous avons mis en place ont montré des cas de lésions précancéreuses. Nous avons déjà convoqué les femmes concernées pour la prise en charge et devons les revoir le 8 janvier 2007 pour la phase suivante. Celles qui ont de petites lésions recevront gratuitement des médicaments offerts par l’association Kimi. La prise en charge intégrale des femmes atteintes est gratuitement assurée par l’association Kimi.

Propos recueillis par Pauline YAMEOGO
Marie-Chantal BOUDA

Sidwaya

PARTAGER :                              

Vos commentaires

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique