Beaucoup de bruits ont couru sur la prise de ces mesures, et certains promoteurs d’engins à deux roues, dont ceux du groupe Simmo Mégamonde, sont victimes de menaces et d’agressions. Le Président-directeur général (PDG) de cette entreprise, Nasser Basma, en parle.

"Le Pays" : Le port de casque dans la circulation pour les engins à deux roues. Que pensez-vous de ces mesures en tant que promoteur d’engins ?

Nasser Basma, PDG de Simmo Mégamonde : C’est une bonne chose que les autorités burkinabè aient pensé à la sécurité des citoyens. Ces mesures portant sur le port obligatoire de casque ne datent pas d’aujourd’hui et ne sont pas mauvaises en soi. Seulement, c’est leur application qui paraît brusque. Autrement, c’est un moyen qui permettra de minimiser les accidents de la circulation.

Selon des indiscrétions, les promoteurs des engins à deux roues, pour des raisons de marketing, seraient à l’origine de la prise de ces mesures. Mégamonde est le plus indexé dans cette affaire...

Nous ne sommes en rien impliqués dans cette décision, et je pense que les autorités compétentes, notamment les ministères en charge de la Sécurité et des Transports, n’ont pas besoin de Mégamonde pour faire leur devoir. En effet, depuis trois ans révolus, le groupe Simmo Mégamonde est le seul promoteur d’engins et le premier à penser à la sécurité de ses clients en donnant gratuitement à ceux-ci des casques et l’assurance tous risques. C’est avec surprise et consternation que nous apprenons que c’est nous qui avions motivé l’adoption de ces textes pour mieux vider nos stocks de casques. Pourquoi allons-nous faire de la sorte la promotion d’un produit que nous ne vendons pas ?

Peut-on croire réellement que les promoteurs d’engins n’ont pas été, bien avant, consultés dans la prise de ces mesures ?

Il y a presque plus de deux ans de cela, le ministère de la Sécurité et celui des Transports nous avaient approchés par rapport à la question. Nous leur avions fait savoir que nous étions favorables à la décision, mais dans le souhait que son application s’effectue dans les règles de l’art. Nous leur faisions savoir également que le groupe Simmo Mégamonde avait déjà pensé à ces dispositions sécuritaires en entrevoyant de donner gratuitement des casques à ses clients.

Dans cet entretien, les deux ministères (Sécurité et Transports) disaient à l’époque qu’ils essayeront de voir les commerçants pour que l’acquisition de ces casques ne génère pas d’autres frais au consommateur. Nous avons salué cette démarche tout en souhaitant qu’il y ait au préalable une large sensibilisation à travers tous les supports et canaux de communication. Il faudra, par là, montrer à l’usager les avantages qu’il a en portant son casque dans ses déplacements, et également les risques qu’il court en circulant sans casque.

Cette sensibilisation devrait se mener de façon progressive. Mais, telle que brusquement appliquées, ces mesures ne sont pas comprises par de nombreux usagers. Ils estiment qu’ils ont suffisamment de problèmes compte tenu de la cherté de la vie, et il ne faudra pas qu’on leur en ajoute.

Vous dites que vos engins sont livrés avec des casques, l’assurance tous risques et les autres pièces y afférentes. Ces engagements sont-ils respectés par vos revendeurs ?

Tout client, qu’il soit grossiste ou détaillant, du groupe Simmo Mégamonde, a obligation de respecter nos modes d’opération et de vente. En clair, les engins que nous fournissons à nos revendeurs sont dotés chacun d’un casque et de toutes les autres pièces. Le client a le droit de tout réclamer auprès de ces distributeurs après l’achat de la moto JC.

Accusé de complicité dans ces nouvelles mesures, vous seriez actuellement victimes de menaces et d’agressions par des usagers mécontents...

On nous en veut pour rien. Je peux vous avouer que, depuis plus de trois ans, je n’ai rencontré aucun ministre à ce propos. Nous n’avons pratiquement rien à faire car nous sommes avant tout des citoyens soumis aux textes en la matière. Or, en plusieurs endroits du territoire, des distributeurs du groupe Mégamonde sont malheureusement pris, à tort, pour cible. La fausse raison est que c’est Mégamonde qui instaure cette décision. Nous ne pouvons rien faire appliquer à l’Etat, et il faut que les mécontents le sachent.

Avez-vous un appel à lancer à ce sujet ?

Nous demandons tout simplement aux usagers, notamment à nos clients, de porter le casque car il y va de leur sécurité. Aux autorités compétentes, nous demandons de privilégier la sensibilisation qui sera l’arme par excellence dans l’application effective de ces mesures. Nous sommes prêts à les accompagner dans cette sensibilisation. Celle-ci doit impliquer tous les acteurs du circuit commercial des engins à 2 roues. Ainsi, on évitera tous ces mouvements de foule.

Propos recueillis par Armel ILBOUDO (Collaborateur)

Le Pays