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Burkina : « Le cancer du col de l’utérus fait beaucoup de ravages, alors que c’est le plus facile à traiter, s’il est décelé tôt » (Alima Kollo, association Dèmè)

Publié le vendredi 2 février 2024 à 21h35min

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Burkina : « Le cancer du col de l’utérus fait beaucoup de ravages, alors que c’est le plus facile à traiter, s’il est décelé tôt » (Alima Kollo, association Dèmè)

Pour consacrer le lancement officiel de l’association Dèmè, ses responsables ont initié une activité en faveur des femmes déplacées internes, installées à Panzani, quartier périphérique au nord de Ouagadougou. Il s’est agi pour l’association, de façon concrète, de distribuer des kits de dignité aux femmes et filles, partager un repas communautaire avec elles, procéder à une séance de dépistage du VIH et de prise en charge des IST (infections sexuellement transmissibles) ainsi que des lésions précancéreuses du col de l’utérus et des seins. C’était le samedi, 27 janvier 2024.

Dans leur nouvelle vie, les déplacées internes (nombre estimé à 2, 6 millions au 31 mars 2023) font face à toutes sortes de difficultés, présente la présidente de l’association Dèmè, Alima Kollo, qui salue au passage l’engagement et les efforts des plus hautes autorités, des départements spécialisés et des associations-sœurs pour les aides apportées « à ces frères et sœurs » contraints d’abandonner leurs localités.

Alima Kollo a prodigué de nombreux conseils de santé à ses hôtes et leur a apporté des messages de réconfort.

« En dépit des multiples efforts pour le bien-être des personnes déplacées internes, force est de reconnaître que les besoins restent énormes. Sans avoir la prétention de soulager totalement leurs peines, le plus grand bonheur pour elles étant de retrouver leur localité, l’association Dèmè (solidarité, en langue bambana, ndlr) a inscrit dans son plan annuel 2024, le soutien aux personnes déplacées internes. Ce soutien va particulièrement aux enfants, aux jeunes et aux femmes. Par le lancement officiel de ses activités, l’association Dèmè entend contribuer à une meilleure cohésion sociale et au bien-être des personnes vulnérables, surtout celles déplacées internes. Aujourd’hui, nous aurons donc les offres en santé sexuelle et reproductive à travers le dépistage et de référencement des lésions précancéreuses du col de l’utérus et du sein, de la planification familiale ainsi que de dépistage et prise en charge des IST (infections sexuellement transmissibles). Nous allons également procéder à la distribution de kits de dignité à nos sœurs et nous partagerons un repas communautaire ensemble », décline Alima Kollo.

Mme Zombré, en pleine communication de sensibilisation sur le cancer du col de l’utérus et la gestion des menstrues.

Cette première action de l’association Dèmè a touché 100 femmes, pour le dépistage des lésions pré-cancéreuses et également 100 femmes et adolescentes pour les kits de dignité. Mme Kollo exhorte surtout les femmes aux réflexes de dépistage.
« Le cri de cœur que j’ai pour les femmes qui sont dans leur maison, en train de vivre avec ce mal, c’est de ne jamais rester seules. J’incite les autres à faire le dépistage le plus tôt possible, on n’a pas besoin de signes avant de faire le dépistage. Lorsqu’on est sexuellement actif, il faut songer au dépistage des lésions pré-cancéreuses du col de l’utérus et n’oublions pas également les seins ; chaque femme peut s’auto-palper les seins afin de déceler d’éventuels nodules ou pas. Le cancer du col de l’utérus fait beaucoup de ravages, alors que, comme le disent les spécialistes ici présents, c’est le cancer le plus facile à traiter, s’il est décelé tôt », convainc la présidente Alima Kollo.

Pour des raisons "qui vont de soi", le contenu des kits de dignité n’a pas été dévoilé.

La marraine Ramata Edwige Ilboudo, fondatrice de l’institut privé supérieur de santé « Sainte Edwige » salue cette initiative qui vise à entretenir la dignité de la femme et à sauver des vies. « Au Burkina Faso, le cancer du col de l’utérus est le deuxième cancer le plus fréquent chez les femmes. En 2020, 1 132 cas de cancer du col de l’utérus ont été enregistrés, avec 839 décès, soit 74, 1% des cas diagnostiqués, selon l’Observatoire mondial du cancer Globocan. C’est énorme. C’est pourquoi cette initiative de l’association Dèmè est à saluer, parce qu’elle vient apporter un coup de pouce aux actions entreprises par les autorités sanitaires et les différentes structures qui œuvrent dans la lutte contre le cancer.

La marraine, Ramata Edwige Ilboudo, a exprimé sa disponibilité à accompagner l’association Dèmè dans ses missions.

Le cancer est une maladie silencieuse, quand les manifestations sont-là, cela veut dire qu’on ne peut plus récupérer la personne. Le dépistage permet justement de sauver beaucoup de vies. Souvent, les femmes ne viennent pas consulter, parce qu’elles ne savent pas, et quand elles viennent, c’est tard. Donc, que l’association Dèmè mette cela dans son programme, je ne peux qu’applaudir cela. Ce d’autant que je suis investie pour cela ; tout ce que je fais, c’est pour la santé de la mère et de l’enfant », justifie Mme Ilboudo, donnant sa disponibilité à soutenir l’association dans cette mission.

La présidente de l’association Dèmè, Alima Kollo (à droite), remettant symboliquement un kit.

Selon Dr Clarisse Poda de la direction de la santé et de la famille, cette action en faveur de ces femmes déplacées, couche vulnérable, vaut son pesant d’or. « Ce sont des populations qui sont parties de chez elles, sans pouvoir prendre quoi que ce soit. Si fait que là où elles se retrouvent, pour prendre en charge les menstrues, l’hygiène intime, ce n’est pas facile. C’est pour cela que cette action est à saluer. Elle vient vraiment renforcer ce que le ministère fait déjà sur le terrain. Il y a beaucoup d’acteurs aux côtés du ministère, mais ce n’est pas suffisant. C’est pourquoi, j’encourage beaucoup les associations, les personnes individuelles, qui peuvent contribuer dans ce sens, à ne pas hésiter. Le ministère est vraiment prêt à les accompagner dans ce sens, surtout dans le volet de la formation des personnels, dans l’équipement… pour prendre en charge les populations vulnérables », apprécie Dr Poda.

L’activité a regroupé de nombreuses femmes (vue partielle)

L’association Dèmè a donc inscrit dans son programme d’action 2024, des activités articulées autour de plusieurs axes. Ainsi, par le premier, il s’agit de promouvoir les comportements favorables à la santé des adolescents et des jeunes (sensibilisation dans les écoles autour de la consommation des stupéfiants, des comportements sexuels à risque, la gestion des menstrues…), de la formation des pères éducateurs, du soutien aux personnes en situation de crise humanitaire (accompagnements sanitaires, la scolarisation d’élèves déplacés internes).

L’autre axe se décline au renforcement de la survivance des victimes des violences basées sur le genre et autres personnes vulnérables aux soins de santé sexuelle et reproductive (formation de points focaux au niveau des districts pour écouter les femmes et les référer vers les centres adéquats de prise en charge), formation des agents de santé pour la prise en charge des victimes, organisation de séances de dépistages sur le cancer et les IST. La promotion des droits des femmes et adolescentes en matières de santé sexuelles et reproductive (la loi y relative n’étant pas connue au sein des populations) constitue également un des axes du programme de l’association Dèmè, qui entend étendre ses activités partout où besoin se fera sentir, et dans la mesure de ses possibilités.

O.H.L
Lefaso.net

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