Burkina : Accusée de sorcellerie par ses trois frères, elle les traduit en justice
À l’audience du vendredi 13 octobre 2023, trois frères ont comparu à la barre du Tribunal de grande instance de Ouaga 1 : Djibril, Ousmane et Ali. Ils ont été traduits en justice par Dado, leur sœur aînée, qui leur reproche de l’avoir accusée de sorcellerie et de l’avoir menacée suite au décès de leur frère, survenu par accident le 17 juillet 2023.
« Lorsque notre petit-frère est décédé, une réunion a été organisée par la famille pour faire des propositions à notre aînée. Nous lui avons demandé de quitter la cour familiale parce qu’elle avait des enfants. Chez nous, c’est un totem d’avoir un enfant hors-mariage, alors qu’elle est venue vivre à la maison avec ses deux enfants. Nous lui avons dit qu’elle a une parcelle juste à côté de la cour familiale, qu’elle pouvait construire là-bas et s’y installer. Nous avons été étonnés même qu’elle aille porter plainte contre nous parce que nous ne l’avons ni menacée, ni accusée de sorcellerie ». Telle est la version des faits donnée par Djibril et reprise par Ousmane, à la question du tribunal de savoir ce qui s’est réellement passé pour que leur famille en arrive là.
Toutefois, selon la plaignante, le récit de ses frères est « totalement faux ». Et de ses dires, elle n’aurait pas esté en justice si la situation n’était pas aussi grave. « Ce sont mes frères ! », rappelle-t-elle d’abord. « Suite au décès du petit-frère, on a organisé une réunion pour faire un doua. J’ai voulu apporter ma contribution et ils m’ont dit de me taire parce que je suis une femme et qu’en plus, ce n’est pas normal que le petit-frère meure comme ça. Ils ont dit que c’est parce que je suis venue dans la cour avec mes deux bâtards que notre petit-frère est décédé et que j’ai jusqu’à samedi pour quitter la maison avec mes enfants ; sinon, on allait voir ce qui allait se passer. Ce jour-là, ils étaient très menaçants et très sérieux. J’ai eu peur pour ma vie et pour celle de mes enfants. J’étais donc obligée d’emmener les enfants ailleurs », a-t-elle relaté.
Le récit de la plaignante a été confirmé par Ali, le seul de la fratrie à reconnaître les faits qui leur sont reprochés. « Tout ce qu’elle a dit est vrai. Rien de ce qu’elle a dit n’est faux. Mais ce sont les grands-frères qui ont décidé de cela. Moi je suis le petit-frère. Je ne peux pas prendre de décision dans la famille. S’ils décident qu’elle doit partir, moi je ne peux pas parler. Je ne peux rien dire. Je ne peux rien décider dans la famille », reconnaît-il.
Pour le ministère public, Ali est, au même titre que ses deux frères Djibril et Ousmane, coupables des faits qui leur sont reprochés. S’adressant à ces derniers, le procureur leur posera avec insistance, la question de savoir si, au moment des faits, ils croyaient que la mort de leur frère était intimement liée à la présence de leur sœur dans la cour familiale avec ses enfants. À cette interrogation, les prévenus répondront par la négative, avant de se raviser plus tard, après moult tractations avec le procureur.
« Si vous arrivez à donner un ultimatum à quelqu’un, cela veut dire que vous êtes prêts à tirer les conséquences en cas de non-exécution. Ça, c’est clair ! Vous ne pouvez pas dire que vous ne l’avez pas menacée. Et si je comprends bien, dans votre famille, un accident ne peut pas arriver si ce n’est pas par la faute de quelqu’un ? Votre grande sœur a quoi à en vouloir à votre petit-frère ? Comment peut-on être aussi méchant ? Et même si c’était le cas, vous dites qu’elle a violé un interdit. Mais si cela est vrai, qui est-ce que le malheur doit frapper ? C’est elle ou c’est votre petit-frère ? Il faut raisonner un peu quand même ! », fera observer le procureur, avant de requérir à leur encontre une peine d’emprisonnement de douze mois et une amende de 500 000 F CFA, le tout assorti de sursis. La victime, elle, n’a rien réclamé à titre de dommages et intérêts car, dit-elle, « ils n’ont rien, à part leurs bouches-là seulement ».
Le verdict de cette affaire est attendu pour le 27 octobre 2023.
Erwan Compaoré
Lefaso.net
Vos commentaires
1. Le 15 octobre 2023 à 15:24, par Hgg En réponse à : Burkina : Accusée de sorcellerie par ses trois frères, elle les traduit en justice
Après c’est pour insulter et accuser les défenseurs des droits des femmes de tous les noms. Quand on parle, on dit qu’on exagère. Comment on peut avoir des raisonnements pareils au 21 e siècle, vraiment pathétique. Heureusement qu’elle connaît ses droits. Mais combien de femmes oseront emboîter le pas par peur ? C’est comme si être une femme était une punition.
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2. Le 15 octobre 2023 à 16:00, par tiko En réponse à : Burkina : Accusée de sorcellerie par ses trois frères, elle les traduit en justice
C’est la partie (,ils n’ont rien a part leur bouche la seulement)qui me retient😂😂😂,on peut faire ça
?
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3. Le 15 octobre 2023 à 18:21, par Jean En réponse à : Burkina : Accusée de sorcellerie par ses trois frères, elle les traduit en justice
Après 36 ans de la mort de Sankara, nous sommes toujours à ce stade de féodalité ! Quelle tristesse ! Félicitations à cette dame pour avoir refuser cette féodalité familiale !
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4. Le 16 octobre 2023 à 08:39, par A qui la faute ? En réponse à : Burkina : Accusée de sorcellerie par ses trois frères, elle les traduit en justice
« ils n’ont rien, à part leurs bouches-là seulement ». Cette phrase est plus remarquable qu’une peine d’emprisonnement. C’est l’obscurantisme à tous les niveaux dans ce pays
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5. Le 16 octobre 2023 à 09:05, par anta En réponse à : Burkina : Accusée de sorcellerie par ses trois frères, elle les traduit en justice
Bonne leçon pour le citoyen lambda ! en même temps la dernière phrase de la grando faire rire.....
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6. Le 16 octobre 2023 à 09:44, par kwiliga En réponse à : Burkina : Accusée de sorcellerie par ses trois frères, elle les traduit en justice
Hum, heureusement que la nouvelle constitution va y mettre bon ordre, en nous ramenant au XVI° siècle...!
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7. Le 17 octobre 2023 à 08:44, par NONGMA En réponse à : Burkina : Accusée de sorcellerie par ses trois frères, elle les traduit en justice
Il n’ont rien à part leur bouche là seulement ; ; ; ; ; ; ça même c’est déjà une peine d’emprisonnement. Je ris seulement
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