LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Avec de la persévérance et de l’endurance, nous pouvons obtenir tout ce que nous voulons.” Mike Tyson

Burkina : Accusée de sorcellerie par ses trois frères, elle les traduit en justice

Publié le dimanche 15 octobre 2023 à 21h40min

PARTAGER :                          
Burkina : Accusée de sorcellerie par ses trois frères, elle les traduit en justice

À l’audience du vendredi 13 octobre 2023, trois frères ont comparu à la barre du Tribunal de grande instance de Ouaga 1 : Djibril, Ousmane et Ali. Ils ont été traduits en justice par Dado, leur sœur aînée, qui leur reproche de l’avoir accusée de sorcellerie et de l’avoir menacée suite au décès de leur frère, survenu par accident le 17 juillet 2023.

« Lorsque notre petit-frère est décédé, une réunion a été organisée par la famille pour faire des propositions à notre aînée. Nous lui avons demandé de quitter la cour familiale parce qu’elle avait des enfants. Chez nous, c’est un totem d’avoir un enfant hors-mariage, alors qu’elle est venue vivre à la maison avec ses deux enfants. Nous lui avons dit qu’elle a une parcelle juste à côté de la cour familiale, qu’elle pouvait construire là-bas et s’y installer. Nous avons été étonnés même qu’elle aille porter plainte contre nous parce que nous ne l’avons ni menacée, ni accusée de sorcellerie ». Telle est la version des faits donnée par Djibril et reprise par Ousmane, à la question du tribunal de savoir ce qui s’est réellement passé pour que leur famille en arrive là.

Toutefois, selon la plaignante, le récit de ses frères est « totalement faux ». Et de ses dires, elle n’aurait pas esté en justice si la situation n’était pas aussi grave. « Ce sont mes frères ! », rappelle-t-elle d’abord. « Suite au décès du petit-frère, on a organisé une réunion pour faire un doua. J’ai voulu apporter ma contribution et ils m’ont dit de me taire parce que je suis une femme et qu’en plus, ce n’est pas normal que le petit-frère meure comme ça. Ils ont dit que c’est parce que je suis venue dans la cour avec mes deux bâtards que notre petit-frère est décédé et que j’ai jusqu’à samedi pour quitter la maison avec mes enfants ; sinon, on allait voir ce qui allait se passer. Ce jour-là, ils étaient très menaçants et très sérieux. J’ai eu peur pour ma vie et pour celle de mes enfants. J’étais donc obligée d’emmener les enfants ailleurs », a-t-elle relaté.

Le récit de la plaignante a été confirmé par Ali, le seul de la fratrie à reconnaître les faits qui leur sont reprochés. « Tout ce qu’elle a dit est vrai. Rien de ce qu’elle a dit n’est faux. Mais ce sont les grands-frères qui ont décidé de cela. Moi je suis le petit-frère. Je ne peux pas prendre de décision dans la famille. S’ils décident qu’elle doit partir, moi je ne peux pas parler. Je ne peux rien dire. Je ne peux rien décider dans la famille », reconnaît-il.

Pour le ministère public, Ali est, au même titre que ses deux frères Djibril et Ousmane, coupables des faits qui leur sont reprochés. S’adressant à ces derniers, le procureur leur posera avec insistance, la question de savoir si, au moment des faits, ils croyaient que la mort de leur frère était intimement liée à la présence de leur sœur dans la cour familiale avec ses enfants. À cette interrogation, les prévenus répondront par la négative, avant de se raviser plus tard, après moult tractations avec le procureur.

« Si vous arrivez à donner un ultimatum à quelqu’un, cela veut dire que vous êtes prêts à tirer les conséquences en cas de non-exécution. Ça, c’est clair ! Vous ne pouvez pas dire que vous ne l’avez pas menacée. Et si je comprends bien, dans votre famille, un accident ne peut pas arriver si ce n’est pas par la faute de quelqu’un ? Votre grande sœur a quoi à en vouloir à votre petit-frère ? Comment peut-on être aussi méchant ? Et même si c’était le cas, vous dites qu’elle a violé un interdit. Mais si cela est vrai, qui est-ce que le malheur doit frapper ? C’est elle ou c’est votre petit-frère ? Il faut raisonner un peu quand même ! », fera observer le procureur, avant de requérir à leur encontre une peine d’emprisonnement de douze mois et une amende de 500 000 F CFA, le tout assorti de sursis. La victime, elle, n’a rien réclamé à titre de dommages et intérêts car, dit-elle, « ils n’ont rien, à part leurs bouches-là seulement ».

Le verdict de cette affaire est attendu pour le 27 octobre 2023.

Erwan Compaoré
Lefaso.net

PARTAGER :                              

Vos commentaires

Un message, un commentaire ?

modération a priori

Attention, votre message n’apparaîtra qu’après avoir été relu et approuvé.

Qui êtes-vous ?
Ajoutez votre commentaire ici

Ce champ accepte les raccourcis SPIP {{gras}} {italique} -*liste [texte->url] <quote> <code> et le code HTML <q> <del> <ins>. Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique