LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Avec de la persévérance et de l’endurance, nous pouvons obtenir tout ce que nous voulons.” Mike Tyson

Burkina/Insécurité : Il faut parer à l’affrontement entre les villages à Oula, dans le Yatenga

Publié le dimanche 1er octobre 2023 à 22h00min

PARTAGER :                          
Burkina/Insécurité : Il faut parer à l’affrontement entre les villages à Oula, dans le Yatenga

L’atmosphère s’est dégradée et la tension est vive chez les populations de Oula, commune rurale forte de 62 villages, sise province du Yatenga, région du nord. Dans la matinée de ce vendredi, 29 septembre 2023, ce sont plusieurs populations qui ont exprimé leur colère à Ouahigouya (chefs-lieux de province et de région d’où relève Oula), devant les autorités compétentes et pour menacer de « finir » avec Rambi, un des villages de la commune, qu’elles considèrent comme complice des terroristes qui endeuillent les autres villages de la localité.

Dès 8h, ces populations de Oula se sont fortement mobilisées pour se rendre d’abord dans les locaux de la Délégation spéciale ( qui, après la dissolution des Conseils municipaux et régionaux suite au coup d’État, fait office de mairie et de préfecture), délocalisée à Ouahigouya à cause de l’insécurité avant de mettre le cap sur un des services de Forces de défense et de sécurité. « La commune de Oula compte 62 villages. Il y a des villages qui se sont vidés de leurs populations pour rejoindre le chef-lieu (Oula-centre) et Ouahigouya. Les villages qui se sont vidés sont ceux qui se trouvent dans la partie nord de la commune. Il se trouve qu’il y a de ce côté, le village de Rambi qui reste seul et qui n’a pas bougé. Aujourd’hui, c’est ce village de Rambi (dont une partie des habitants sont partis) qui constitue le pied-à-terre et le complice des terroristes. Ceux qui nous attaquent sont accueillis par ces habitants de Rambi, qui les abritent, les nourrissent et leur servent de guides pour attaquer les autres villages de la commune. Ce sont ces habitants-là qui guident les terroristes de village en village pour attaquer les populations. C’est ainsi que les VDP ont décidé d’effectuer des patrouilles dans la zone. A une sortie, les VDP ont neutralisé des terroristes dans le village. Les habitants du village sont venus porter plainte devant les Forces de défense et de sécurité (FDS), pour dire que les VDP (Volontaires pour la défense de la patrie) ont volé leur argent. Les FDS ont donc convoqué ici les VDP et demandé qu’ils paient la somme dont on les accuse d’avoir pris. Et l’échéance de paiement, c’est aujourd’hui. C’est ce qui a révolté les populations, qui ont dit qu’elles ne peuvent pas comprendre qu’on protège des terroristes et leurs complices face à elles qui veulent se défendre. Cette situation a poussé à cette mobilisation que vous voyez, et nous sommes venus dire à nos autorités que nous ne sommes pas du tout contentes. Notre destination, c’est à la brigade... où a été portée la plainte, mais on s’est dit qu’on ne peut pas y aller sans passer pour informer notre préfet et maire, premier responsable de la commune », situe un des responsables à la manifestation, précisant que la convocation a été émise au cours de cette semaine tandis que la descente des VDP à Rambi s’est passée le 24 septembre 2023.

Un autre leader, un VDP, poursuit par ces détails : « la brigade auprès de laquelle on nous a convoqués n’a même pas chercher à avoir notre version, elle a seulement intimé l’ordre de passer aujourd’hui pour payer (environ) 250 000 F dont on accuse les VDP d’avoir pris. Nous sommes venus dire que non seulement les VDP ne vont pas payer, mais également pour demander de savoir qui de nous, populations, ou des terroristes on veut protéger ici. Comment se fait-il qu’on nous convoque ici et qu’on nous demande, sans même chercher à comprendre, de payer ? Ce jour-là, nous étions en patrouille, lorsque nous avons trouvé à l’entrée du village (Rambi), quatre terroristes.

Ils ont ouvert le feu, mais voyant que notre nombre était important, ils ont replié dans le village. C’est ainsi que nous les avons rejoint dans le village et avons pu neutraliser deux et les deux autres ont fui vers Titao (province du Loroum, ndlr) qu’ils ont attaqué le même jour. Mais dans cette fuite vers Titao, ces deux ont été pris à tenaille par les VDP de cette localité. Quand nous avons poursuivi les terroristes dans le village (Rambi) pour les neutraliser, nous ne sommes entrés dans aucune concession. Nous n’avions même pas le temps pour cela et en plus, les conditions n’étaient pas réunies pour une telle opération. Aucun d’entre nous n’a franchi la porte d’une concession, on les a tous recueillis dehors dans le village. Nous les connaissons, nous connaissons certains de ceux qui nous attaquent ».

"La manifestation de ce matin est particulière et il faut la circonscrire rapidement"

Devant le président de la délégation spéciale qui les a reçues dans les locaux du service, ces populations ont clairement déclaré qu’elles préfèrent mourir sous l’action des forces républicaines que par l’action de ces hommes armés. « Ce n’est pas la première fois que nous signalons à nos forces de défense et de sécurité que des habitants de Rambi sont toujours sur place tandis que tous les autres villages environnants sont partis, et qu’ils servent de base pour les terroristes dans la zone. On nous a, à chaque fois, dit qu’on va voir, cela fait plus de quatre mois maintenant, mais rien. Jusqu’à aujourd’hui, ces habitants sont toujours à Rambi et ce sont eux qui passent pour indiquer les domiciles à attaquer et piller nos biens. Tout dernièrement, ils ont tué 17 personnes (ce sont des victimes qui ont laissé derrière elles des femmes et enfants). Certains villages ont été attaqués plus de huit fois. C’est ainsi que les VDP ont dit qu’au lieu de rester sur place pour faire face à leurs agressions, ils vont sortir pour faire des patrouilles, pour au moins minimiser les dégâts en cas d’attaques. Si on fait des patrouilles, s’il y a affrontements, les morts pourraient au moins se limiter à nous VDP, les populations innocentes seraient épargnées. C’est ainsi que nous avons commencé les patrouilles. Nous ne les attaquons pas, on ne l’a jamais fait, on vivait ensemble en bonne intelligence. Ce sont ceux qui nous attaquent depuis plus de six mois maintenant. Mais, nous sommes fatigués, nous allons bien nous défendre désormais. Nous sommes donc venus aujourd’hui pour dire aux autorités que soit on défend les 61 villages contre ce groupuscule de Rambi soit nous acceptons de périr tous parce que nous n’allons plus nous laisser faire. Comment se fait-il que ce soit cette petite partie de Rambi qui prime sur tous les 61 autres villages ? Nous sommes venus pour avertir que si maintenant, il y a une seule attaque dans la commune encore, nous allons riposter vigoureusement et sans concession, qu’on vienne emprisonner toutes les populations des 61 villages », a pesté un de ces quatre représentants.

Après avoir reçu les leaders, le président de la délégation spéciale (PDS) s’est adressé à l’ensemble de la foule, pour faire baisser la tension. Il a ainsi invité les manifestants à « rester calmes, sereins » et promis de transmettre leur requête à qui-de-droit. « La manifestation de ce matin est une manifestation particulière et il faut la circonscrire rapidement. (...). Ne posez pas vos difficultés avec colère, je vous félicite déjà pour cette démarche et vous exhorte à garder cet esprit de dialogue. Parfois, on peut avoir raison, mais si on ne sait pas s’y prendre, ça peut se retourner contre nous. Pour cela, nous devons poser nos problèmes dans un esprit d’ouverture, avec la manière. Si nous avons les bonnes méthodes d’approche, l’autorité compétente trouvera toujours une réponse aux doléances, parce qu’on arrive à se comprendre. Si on se parle, on va se comprendre. (…). Nous appelons à l’apaisement de la situation, pour qu’il y ait la cohésion et le vivre-ensemble dans le département (commune, ndlr). Nous sommes déjà frappés par une crise sécuritaire sans précédent, on ne va plus chercher à en rajouter, la population est tellement fatiguée que si on a encore ces difficultés-là, ça va être très compliqué. S’il plaît à Dieu, nous allons éviter le pire », a lancé le PDS a ses administrés, avec l’espoir, souligne-t-il, qu’une issue favorable soit trouvée à cette situation.

Après ce message d’apaisement, les manifestants ont mis le cap sur un des services des Forces de défense et de sécurité, où a été déposée la plainte. Là, les manifestants sont restés jusqu’en début d’après-midi, malgré la canicule.

O.H.L
Lefaso.net

PARTAGER :                              

Vos commentaires

Un message, un commentaire ?

modération a priori

Attention, votre message n’apparaîtra qu’après avoir été relu et approuvé.

Qui êtes-vous ?
Ajoutez votre commentaire ici

Ce champ accepte les raccourcis SPIP {{gras}} {italique} -*liste [texte->url] <quote> <code> et le code HTML <q> <del> <ins>. Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique