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Burkina : Le gouvernement se met en difficulté par le choix du directeur de l’ONEA

Publié le lundi 17 juillet 2023 à 12h03min

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Burkina : Le gouvernement se met en difficulté par le choix du directeur de l’ONEA

Qui a choisi le nouveau directeur général de l’Office national de l’eau et de l’assainissement (ONEA) ? L’ancien ministre qui est parti ou le tout nouveau qui, à peine installé le 27 juin 2023, demande au conseil des ministres du 6 juillet 2023 de nommer Adama Traoré ? Qu’importe qui l’a fait, la personne ne sera plus taraudée par le doute d’avoir fait le bon choix car le comité de la Confédération générale du travail du Burkina (CGTB) de l’ONEA a émis des inquiétudes sur l’avenir de la société d’Etat, si le nouveau directeur général était confirmé dans ses nouvelles fonctions.

Et ceci pour des fautes qu’il aurait commises comme directeur des marchés de l’ONEA, manquements ayant abouti, entre autres, à l’annulation d’un marché. Il aurait également donné des marchés de gré à gré et fait des surfacturations, faisant l’objet d’un rapport de l’Inspection générale des finances de décembre 2022. L’ONEA étant en audit en ce moment, sa nomination pourrait aussi compromettre cette supervision de l’Autorité supérieure de contrôle d’Etat et de lutte contre la corruption(ASCE/LC) (voir Nomination du nouveau directeur général de l’ONEA : La coordination CGTB/ONEA pour une annulation de la décision).

Comment choisir les ministres et directeurs généraux ? Quelle est la place de la probité, de l’intégrité dans ce choix ? C’est du reste cette nécessité qui fait obligation de l’enquête de moralité. Les gouvernements de transition ont souvent vu leur choix contesté par la population. Que faire pour que cette loi des séries ne continue pas puisque ce sera la troisième fois que des choix de personnes par les hautes autorités sont contestés ? Le gouvernement est face à son propre discours de lutte contre la corruption et de promotion de l’intégrité des dirigeants. Va-t-il respecter la jurisprudence des pouvoirs de transition qui ont toujours abandonné les personnes contestées ?

Une des missions importantes du gouvernement est de faire des choix : choix des politiques et programmes, choix des stratégies et plans d’action etc. Ces différents choix théoriques, idéologiques ne parlent pas beaucoup au grand nombre, mais le choix des hommes qui vont incarner la politique donnent vie à la politique, font sens au niveau des populations.

Les hommes permettent de voir concrètement ce que les discours disent mal. Les hommes, par leur vie, permettent d’apprécier le sens des mots. A partir des hommes, on peut faire des projections. Les hommes sont l’image, la concrétisation de toute cette théorie. Si le passé de l’homme ne va pas dans la vision du gouvernement, la population dénonce le hiatus et réclame l’homme qu’il faut à la place qu’il faut. C’est un besoin légitime de contrôle des dirigeants.

Cette revendication de tenir compte des hommes qui sont gouvernés et de leurs aspirations quand on choisit les ministres a été faite la première fois après l’insurrection populaire, par les hommes de culture et des médias, quand le lieutenant-colonel Isaac Yacouba Zida a nommé son promotionnaire et ami du Prytanée militaire du Kadiogo (PMK), Adama Sagnon, comme ministre de la culture. Le passé de ce magistrat comme procureur dans l’affaire Norbert Zongo, a mis en colère les professionnels de la culture et des médias qui ont dit que ce "juge acquis" au régime Compaoré ne pouvait pas être ministre. Il en était de même pour le ministre des infrastructures, Moumouni Guiguemdé à qui on reprochait des problèmes de probité et d’intégrité. Les deux ministres ont été remerciés.

Le MPSR2 a eu les mêmes problèmes de nomination de ministres contestés (voir Remaniement du gouvernement Kyelem : De quoi est-il le nom ?).

Aujourd’hui, nous sommes au stade de directeur général et les accusations sont de plus en plus motivées : rapport de l’Inspection générale des finances, marché annulé. Le syndicat est une partie prenante dans la gestion de la société et ses objections méritent d’être entendues. Le fonds de cette affaire c’est qu’au Burkina, on refuse l’excellence.

La méritocratie peine à s’imposer

Dans un passé pas si lointain, il avait été décidé que les directeurs généraux des sociétés d’Etat devraient être recrutés par appel à candidatures par les conseils d’administration. Cette bonne idée, si elle s’est concrétisée, n’a pas permis de choisir plus d’un ou deux DG.

Les militants des partis, les parents et amis des ministres et du président, bref les atavismes réactionnaires de notre société qui veulent que la chèvre broute là où elle est attachée ont agi pour que la méritocratie ne passe pas. Aussi, quand le pouvoir change de mains, de nouvelles ambitions se font, et tous ceux qui veulent se faire une place font des pieds et des mains pour y parvenir par tous les moyens. Certains vous diront qu’il faut une transition générationnelle, et que c’est le tour des jeunes. Il est dommage pour un pays que le plus grand nombre ne valorise pas la compétence.

Le gouvernement doit savoir que, parmi tous ceux qui se disent patriotes, se présentent comme des soutiens du capitaine président Ibrahim Traoré, bon nombre ne sont pas désintéressés. Parfois même il est mieux de travailler avec les personnes qu’on est venu trouver parce qu’ils se trouvent en sursis et évitent de faire des malversations.

Si les accusations contre le nouveau DG sont fondées, le gouvernement ne doit pas vivre cette contestation de son choix comme une remise en cause de son pouvoir mais plutôt comme un apport d’informations complémentaires, une aide à la décision qui a manqué dans le processus du choix. Mieux vaut tard que jamais. Reconnaître ses erreurs est une preuve de maturité et de grandeur d’esprit. La leçon à tirer est de prendre plus de temps pour les enquêtes de moralité et consulter les bonnes personnes ressources pour les nominations.

Sana Guy
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 16 juillet 2023 à 21:20, par kenfo En réponse à : Burkina : Le gouvernement se met en difficulté par le choix du directeur de l’ONEA

    Merci à Sana Guy qui nous livre une réflexion mure, murie et pertinente. Maintenant, il ne reste qu’aux .concernés de consommer cette réflexion, de part et d’autre.

    Kenfo

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    • Le 17 juillet 2023 à 11:29, par Kawswéogo En réponse à : Burkina : Le gouvernement se met en difficulté par le choix du directeur de l’ONEA

      Par quelles acrobaties cette nomination ont pu passer pour atterrir sur cette table du conseil des Ministres. Les nominations passent par des filtres avant d’arriver à l’ordre du jour. Et dire qu’aucun Ministre n’a trouvé rien à redire. Vivement, les affaires ont l’air de ne pas être maîtrisées. IB, Kyelem et Bassolma ainsi que tous les autres Ministres, l’heure est très grave. On se ressaisit svp.

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  • Le 16 juillet 2023 à 21:23, par TANGA En réponse à : Burkina : Le gouvernement se met en difficulté par le choix du directeur de l’ONEA

    Serait ce vraiment le gouvernement à se mettre en difficulté ou LES JOURNALISTES A ENFLAMMER LES ESPRIT POUR Y ARRIVER ?
    Souvent on se pose cette question et légitimement.

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    • Le 16 juillet 2023 à 23:24, par Koussoubé En réponse à : Burkina : Le gouvernement se met en difficulté par le choix du directeur de l’ONEA

      Le Mal du Burkina c est les Laudateurs à la con.
      Il n y a pas longtemps un certain Wibga enmerdait le site pcq un de ses parents certainement était au pouvoir. Et hope des que Damiba a fui il est porté disparu.
      Nous lecteurs de faso.net devons apprendre à voir au delà de notre nez.
      Mr Sana je serais Ministre que je vous aurez pris comme conseiller.
      J ose espérer qu un jour nous Africains sauront quitter notre émotivité pour parler des idées.

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    • Le 17 juillet 2023 à 08:20, par kenfo En réponse à : Burkina : Le gouvernement se met en difficulté par le choix du directeur de l’ONEA

      @ Tanga : mon frère Tanga ; Si des gens enflamme, c’est qu’il y a de quoi enflammer. N’est-ce pas. Si c’était vide, si aucune condition n’était là, aucune flamme ne serait allumable ; Merci aux JOURNALISMES ne mettre le feux partout pour chasser les serpents et autres reptiles venimeux. Nous sommes en zone de Savane et les incendies de brousse ou de ville, on sait les maitriser. Il suffit d’appeler le 17...
      Bonne journée.

      Kenfo

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  • Le 17 juillet 2023 à 06:18, par Jean le celeste En réponse à : Burkina : Le gouvernement se met en difficulté par le choix du directeur de l’ONEA

    Même si les titres sont pour des raisons de publicité ils doivent être quand même un reflet du contenu !!! Où est la difficulté du gouvernement ?
    L analyse est pertinente et se termine par une suggestion mais le titre oôoooh !!!

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  • Le 17 juillet 2023 à 06:29, par Alpha2025 En réponse à : Burkina : Le gouvernement se met en difficulté par le choix du directeur de l’ONEA

    Je me permets de répondre à @TANGA qui semble mettre en cause les journalistes susceptibles d’attiser les braises pour mettre le gouvernement en difficulté. Si le gouvernement a "de bonne foi" fait le choix de ce DG, et qu’il s’avère que par la suite, il apparaît des éléments qui remettent en cause, sa nomination, il appartient au gouvernement d’en tirer les conséquences, et on passe à autre chose sans autre forme de procès, en tirant les leçons pour que cela ne se reproduise pas. Pourquoi voulez vous que les journalistes, pour ménager le gouvernement, s’abstiennent de révéler des problèmes suite à cette nomination ? S’il s’agit du résultat d’une enquête sérieuse, ou est le problème ? Au contraire, ils sont dans leur rôle et sont utiles à la Nation. Le plus grave serait qu’ils passent sous silence, ce qu’il savent, car le gouvernement perdrait ainsi un précieux outil d’éclairage.

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  • Le 17 juillet 2023 à 06:30, par Jkononba En réponse à : Burkina : Le gouvernement se met en difficulté par le choix du directeur de l’ONEA

    Bonjour à tous....
    C est propre Mr SANA.
    Comment peut-on on faire la morale aux autres et venir montrer un tel niveau de népotisme ?
    Comment peut - on prôner un tel niveau de probité et d intégrité pour venir nous servir un directeur faisant objet de rapports sur une mauvaise gestion du principal concerné dans des affaires internes de la Grande ONEA ?
    Vraiment, evitons le deux poids deux mesures.

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  • Le 17 juillet 2023 à 09:30, par momine En réponse à : Burkina : Le gouvernement se met en difficulté par le choix du directeur de l’ONEA

    vraiment,on n’est pas sorti de l’auberge.il fair vote exorciser le pays.les vieux demons et abitudes reviennent.vivement qu’une solution soit trouvee.

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  • Le 17 juillet 2023 à 11:45, par Naba En réponse à : Burkina : Le gouvernement se met en difficulté par le choix du directeur de l’ONEA

    Bonne analyse, mais audela, nous devons nous poser quelques questions :
    - quel credit accorder à une revendication d’un syndicat ou d’un groupe politique, pour moi ils sont tous les mêmes : "le manzer là"
    - ce que nos journalistes dénoncent là, qui à fait le point après : surtout des procédures engagés par Nagalo, Dié et autres, après l’annulation de la nomination. Je me demande si on aura les mêmes tendances que ce qui se profilait dans les forums

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  • Le 17 juillet 2023 à 13:35, par Sacksida En réponse à : Burkina : Le gouvernement se met en difficulté par le choix du directeur de l’ONEA

    Ecoutez, voila un regime MPSR 2 qui est arrive dans ces grands chevaux et qui affiche theoriquement sa volonte politique de changer de gouvernance pour la rendre Vertueuse. Mais dans les pratiques actuelle l’on constate l’envers du decort de cette Politique que l’on voudrait Vertueuse : Nepotismes, Mauvaises Gouvernance, Malversations diverses : Cas d’un DG d’une grosse boite de l’habitat qui aurait facture des millions de TVA sur des Clients et non reversee a l’Etat Burkinabe ; l’ex Ministre de la Justice- la Dame voulant mettre a nue cette delinquance Financiere Criminele Impliquant d’autres Cadres Superieurs serait l’une des raisons falacieuses ; et non pas d’Incompetences de sa sortie lors du dernier remaniement Gouvernmental etc. Donc, la Volonte de faire une Revolution dans la gouvernance Actuelle n’est que Theorique ; car le Populisme Politique ne saurait etre confondu a un Changement Progressiste consequent. Alors cet autre cas de nomination complaisante et Nepotiste a l’ONEA n’est qu’une petite partie Visible de l’iceberg ; car les Theories Politique doit se verifier dans la realie concretement sinon il y’a nullement de Revolution aux services des aspirations profondes des masses Populaires Burkinabe. Salut

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  • Le 17 juillet 2023 à 19:07, par Simplicité En réponse à : Burkina : Le gouvernement se met en difficulté par le choix du directeur de l’ONEA

    Cher M. Sana
    J’ose croire en votre bonne foi. Le gouvernement a bien toutes les informations sur ce coup. Si vous voulez avant de nommer quelqu’un il devrait prendre le temps de réunir tout et d’ailleurs il ne nomme que ses amis donc il connaît tous ceux qu’il nomme. Voici ce qu’est par principe un gouvernement qui est en place.
    Ne dédouanons pas si vite les gens de leurs responsabilités.
    Merci

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  • Le 17 juillet 2023 à 20:45, par Lionel En réponse à : Burkina : Le gouvernement se met en difficulté par le choix du directeur de l’ONEA

    Si le nouveau DG a procédé à des surfacturations alors il ne peut monter un tel dossier sans l’aval de ses supérieurs hiérarchiques. Autrement beaucoup de hauts cadres ont bénéficié des avantages et aujourd’hui vous voulez nous faire croire qu’il est resté dans son bureau et monter TOUT SEUL le mécanisme de surfacturations. Donc il faut identifier toutes les personnes impliquées dans le processus de lancement jusqu’à la réception du matériel ou de l’infrastructure et se demander pourquoi jeter uniquement Sir TRAORÉ en pâture.

    Enfin, s’il y a eu surfacturation, il faut dénoncer l’entreprise qui a favorisé le versement de pots de vin. Donc faisons correctement le travail de A à Z au lieu de choisir de T à Z ou que sais-je encore ?

    Sans doute que le poste était convoité par un autre cadre sinon comment comprendre de tels agissements. Pour moi s’il faut dénoncer alors dans ce cas, il faut changer l’équipe dirigeante au siège.

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