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Droit à l’éducation : « Que l’école reste dans sa vocation sociale, et qu’il y ait une stabilisation des frais de scolarité », plaide Abdoul Fataho Bangagné, vice-président du RENCOF

Publié le dimanche 9 juillet 2023 à 19h36min

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Droit à l’éducation : « Que l’école reste dans sa vocation sociale, et qu’il y ait une stabilisation des frais de scolarité », plaide Abdoul Fataho Bangagné, vice-président du RENCOF

Le Réseau national des consommateurs du Faso (RENCOF) a tenu, dans la soirée du jeudi 6 juillet 2023 à Ouagadougou, un panel sur le thème : « Droit à l’éducation au Burkina Faso : réalité ou relativité ». Deux anciens ministres, Pr Alkassoum Maïga et Dr Nestorine Sangaré, ont été invité à se prononcer sur le sujet, aux côtés du secrétaire général de la Fédération des syndicats nationaux des travailleurs de l’éducation, Souleymane Badiel.

Pour planter le décor de ce panel, le vice-président du réseau RENCOF, Abdoul Fataho Bangagné, a justifié le choix du thème du panel. Selon ses explications, lui et ses collaborateurs ont constaté depuis un certain temps que l’école burkinabè est devenue inaccessible aux enfants des pauvres, du fait de l’augmentation non-contrôlée des frais de scolarité et des frais APE (Association des parents d’élèves). C’est pourquoi, dit-il, ce thème a été choisi pour poser le débat entre les acteurs du domaine, en vue d’aboutir à des solutions qui seront utilisées pour faire des plaidoyers auprès des autorités compétentes pour que l’école reste dans sa vocation sociale et qu’il y ait une stabilisation des frais de scolarité et des frais APE.

Pour animer le débat, ce sont les anciens ministres Alkassoum Maïga et Nestorine Sangaré, et le secrétaire général de la Fédération des syndicats nationaux des travailleurs de l’éducation, Souleymane Badiel, qui ont été conviés.

Abdoul Fataho Bangagné, vice-président du Réseau RENCOF

Prenant la parole, l’ancien ministre de l’Enseignement supérieur, Pr Alkassoum Maïga, a indiqué que dans ses documents les plus fondamentaux, l’État a pris la décision de dire que l’éducation est un droit pour tous les citoyens de 6 à 16 ans. Mais, regrette le sociologue, la gratuité de l’éducation a été décrétée sans qu’on ne se pose la question de savoir qui va financer tout cela. Pour lui, des activités comme ce panel permettent d’interpeller la force publique et les décideurs par rapport aux engagements pris par l’Etat.

Pr Alkassoum Maïga, ancien ministre de l’Enseignement supérieur et enseignement-chercheur à l’université Joseph-Ki-Zerbo.

Pour illustrer l’importance de l’éducation, le Pr Maïga a cité les pays d’Asie qui, selon lui, ne se sont pas développés grâce aux ressources matériels, mais plutôt en donnant une éducation de qualité à leurs concitoyens. Cela a permis de faire des habitants de ces pays, des personnes techniquement compétentes qui ont le sens élevé du patriotisme et de l’intégrité.

Vue partielles des étudiants mobilisés pour suivre le panel.

Manque de vision et d’objectif pour bâtir une éducation de qualité

Le secrétaire général de la Fédération des syndicats nationaux des travailleurs de l’éducation, Souleymane Badiel, a, en plus des autres aspects historiques, rappelé qu’en matière d’éducation, le Burkina Faso a souscrit aux principes édités par la communauté internationale, et pris des textes au niveau national qui l’obligent à respecter ce droit à l’éducation. Alors que sur le terrain, la réalité est tout autre, parce que plusieurs options politiques faites par l’Etat ont été aux antipodes d’un système éducatif cohérent et de qualité, avec des reformes multiples qui sont malheureusement inopérantes.

Souleymane Badiel, secrétaire général de la Fédération des syndicats nationaux des travailleurs de l’éducation.

Ces options politiques ont eu des conséquences sur tous les aspects du système, notamment les infrastructures éducatives ; les ressources financières, matérielles et humaines. « Tout cela est le résultat d’un manque de vision et d’objectifs à même de bâtir une éducation de qualité capable de booster le développement d’un pays, et surtout accessible à tous. En somme, l’Etat a un rôle régalien dans l’éducation, et du fait de ce rôle, il devrait assurer l’accès de tous les enfants en âge de scolarisation, et leur maintien dans le système éducatif », a résumé le syndicaliste.

Dr Nestorine Sangaré, ancienne ministre de la Femme, panéliste.

L’ancienne ministre de la Femme, Dr Nestorine Sangaré, a aussi fait un petit rappel historique, en montrant que l’école a été introduite par les colonisateurs, et malheureusement jusqu’aujourd’hui, c’est l’école coloniale qui est toujours maintenue. Parce que, justifie-t-elle, on n’est pas encore arrivé à inventer un modèle d’éducation qui soit à la lumière ou basée sur nos propres valeurs, nos propres objectifs. « Et cela était la plus grosse erreur des Etats, parce que l’école introduite par les colonisateurs avait un objectif clair : former une élite de collaborateurs (les valets locaux) prioritairement au service de la métropole, des commis et autres cadres subalternes au service des colonies plus ou moins autonomes, et enfin des cadres moyens pour développer l’économie des Etats indépendants au début des années 60 », a regretté l’ancienne ministre.

YZ
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 10 juillet 2023 à 12:22, par HA En réponse à : Droit à l’éducation : « Que l’école reste dans sa vocation sociale, et qu’il y ait une stabilisation des frais de scolarité », plaide Abdoul Fataho Bangagné, vice-président du RENCOF

    Les Burkinabè ne veulent pas se dire sincèrement la vérité et être vraiment objectifs et pragmatiques. "L’État a pris la décision de dire que l’éducation est un droit pour tous les citoyens de 6 à 16 ans". Cela veut dire que dans toutes les régions de notre pays tout enfant né dans toutes les familles et tous les enfants présents de 6 à 16 ans doivent être éduqués et cela nécessitera de l’Etat des infrastructures scolaires, des bâtiments, des élèves eux-mêmes (de 6 à 16 ans), d’enseignants, d’administrateurs, des bibliothèques, des livres et manuels scolaires et didactiques, de personnels de soutiens, d’ordinateurs, un modèle conceptuel des objectifs de l’éducation, des curricula en accord avec l’économie de notre pays et un plan d’action. J’ai une simple question ici : Est-ce moralement acceptable que l’on permette à chaque famille de faire des enfants comme bon le semble si l’Etat doit effectivement mettre en application la "décision de dire que l’éducation est un droit pour tous les citoyens de 6 à 16 ans" ? En plus, quel est le modèle conceptuel de notre éducation si c’est effectivement une éducation de qualité que nous voulons ? Qu’entendent les gens par "éducation de qualité" ? La qualité n’a pas le même sens et contenu pour tout le monde. Voulons nous une société orientée sciences humaines et sociales ou sciences économiques, politiques, ou sciences fondamentales, mathématiques et technologiques ou les trois combinées ? A l’étape actuelle, il n’existe aucune étude scientifique sur les concepts, objectifs et comment l’éducation des sciences, mathématiques, et technologies dans notre pays se font ou devraient se faire au préscolaire, primaire jusqu’au premier cycle universitaire et cycle supérieur. Qui doivent effectuer ces études à notre place ? Dr Nestorine Sangaré estime que "Dr Nestorine Sangaré, a aussi fait un petit rappel historique, en montrant que l’école a été introduite par les colonisateurs, et malheureusement jusqu’aujourd’hui, c’est l’école coloniale qui est toujours maintenue." Que veulent nos leaders à la fin ? Le capitaine Traoré a décidé d’organiser les trois régions militaires en 6 régions militaires avec 12 BIR dans le cadre de la lutte contre le terrorisme, qui s’est opposé ?

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