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Fespaco 2023 : « Je ne dors plus », confie la réalisatrice de Sira, Apolline Traoré

Publié le mercredi 1er mars 2023 à 22h35min

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Fespaco 2023 : « Je ne dors plus », confie la réalisatrice de Sira, Apolline Traoré

Après la projection à guichets fermés au ciné Neerwaya de « Sira », seul film burkinabè en compétition pour l’Etalon d’or de Yennenga, les journalistes ont eu droit à une projection suivie de questions adressées à la réalisatrice Apolline Traoré. C’était ce mercredi 1er mars 2023 au Centre national de presse Norbert Zongo.

Sira, c’est l’histoire d’une jeune fille peule et de sa tribu qui traversent le désert pour se réfugier au village de son fiancé, Jean Sidi, un chrétien. Mais durant la traversée, des hommes armés, dirigés par Yéré, abattent tous les hommes de la tribu, le père de Sira y compris. Sira est faite captive par le chef terroriste Yéré qui la viole. « Tu ne mérites pas de mourir par mon arme », lui lance le chef terroriste avant de l’abandonner en plein désert.

Après plusieurs jours sans manger ni boire, Sira découvre le camp des terroristes qui ont attaqué sa tribu. Elle se réfugie dans une grotte à proximité du camp et découvre, à la recherche de nourriture, que Moustapha, le meilleur ami de son père qu’elle croyait mort dans l’attaque de sa tribu, est en vie. Ce fervent défenseur de la charia est de mèche avec le groupe terroriste. Mieux, il en est le numéro 2.

Dans son désir ardent de retrouver sa fiancée, Jean Sidi tente de se faire enrôler par les terroristes, mais Yéré découvre qui il est et envoie des hommes à ses trousses. Pendant ce temps, un des fidèles de Yéré, un expert en armement envoyé par la cellule terroriste du front Est pour la formation des terroristes, découvre la cachette de Sira dont la grossesse est presqu’à terme. Empathique, il lui apporte assistance. Grâce à lui, elle réussit à libérer d’autres femmes captives, originaires du Burkina, de Gao, de Bouaké, du Niger et du Nigeria.

L’héroïne du film a été incarné par Nafissatou Cissé

Son bébé au dos, Sira réussit à attaquer le camp qu’elle a pris le soin de piéger avec des engins explosifs…

« L’autre visage de la femme »

« Quand j’écrivais, je savais déjà que j’allais prendre une femme comme héroïne. Mais je n’avais pas mesuré l’ampleur de la force de mon personnage principal. Tout a basculé quand je suis allé en repérage à Dori, dans les camps des déplacés et que j’ai écouté l’histoire de chaque femme. J’ai rencontré une femme blessée par balle à l’épaule et qui a deux enfants. Malgré sa blessure, elle a réussi à se réfugier avec ses enfants. Sira est trop petite à côté de ces femmes-là. Quand on parle d’héroïsme, on met l’armée en avant, on ne parle pas beaucoup des femmes et quand on le fait, elles sont victimes et dans les camps de déplacés. Il était donc important pour moi de montrer comment les femmes participaient à cette lutte contre le terrorisme », justifie Apolline Traoré qui avait à ses côtés, l’actrice principale, Nafissatou Cissé.

Selon Apolline Traoré, les conditions de tournage étaient extrêmes

« Le rôle que j’ai joué incarne l’espoir »

« Personnellement, c’était très compliqué. C’est un rôle que je devais appréhender sur le plan émotionnel et physique. Le plus dur, c’était sur le plan émotionnel. Être dans la peau du personnage était compliqué, car j’ai dû réfléchir, sentir et ressentir la rage, les émotions de ces femmes-là. Le rôle que j’ai joué incarne l’espoir de ces femmes », a déclaré l’héroïne Nafissatou Cissé.

La rage dans le regard

Pourquoi l’avoir choisi pour jouer ce rôle ? A cette question, Apolline Traoré confie que le choix de Nafissatou Cissé est fortuit. Agée de 25 ans, elle n’avait jamais tenu un rôle au cinéma.

« J’ai passé six mois à chercher mon actrice principale. Je voulais d’abord qu’elle soit Burkinabè surtout que je ne tournais plus au Burkina. Il fallait que je trouve une fille peule et noire en sachant que beaucoup de Peuls sont de teint clair […] Comme je n’en trouvais pas au bout de six mois, j’ai décidé de faire un casting sauvage. Elle s’est présentée au casting. Elle n’a jamais joué de sa vie. C’est son premier film (applaudissements). Pendant le casting, j’ai vu une certaine rage dans ses yeux à son âge. Quand je l’ai vu, j’ai hésité parce qu’elle n’est pas 100% peule. C’est une Cissé haoussa. Mais, elle parle très bien la langue peule et c’est très important », raconte Apolline Traoré.

Moustapha, l’ami du père de Sira, et complice des terroristes

Difficultés de tournage

Le tournage n’a pas été de tout repos. Outre les difficultés financières qu’a rencontré l’équipe, elle a dû faire face à un climat capricieux et imprévisible. « La région dans laquelle nous étions, c’était dur. Ils ont fait cinq ans sans une goutte de pluie. Quand on est arrivé, il a commencé à pleuvoir. Il pleuvait toutes les deux semaines. Les pluies étaient fortes. Parfois, il pouvait pleuvoir à 100 kilomètres de notre position et trois jours après cette eau venait nous envahir. Pendant trois, quatre jours, on n’avait pas accès au décor, on ne pouvait pas tourner. La grotte dans laquelle Sira vivait, tombait à chaque fois qu’il pleuvait. On la reconstruisait. La pluie, le vent, la tempête nous ont vraiment fatigués. Il y avait des scorpions qui sortaient du sable, il y avait des serpents, des chacals, etc. », témoigne la réalisatrice.

Nafissatou Cissé est à son premier rôle en tant qu’actrice

« J’avais peur »

Avec le grand succès de l’avant-première de Sira au ciné Neerwaya, Apolline Traoré a confié à la presse qu’elle ne s’y attendait pas. « Je vous avoue que je n’ai jamais eu aussi peur de montrer un film. Plus de 20 ans de carrière, je suis à ma quatrième participation en tant que compétitrice au FESPACO et jamais je n’ai eu aussi peur de montrer un film. Pourquoi ? Parce qu’il est sensible et frais dans le cœur des Burkinabè, des Sahéliens. J’avais peur de comment chacun allait réagir et se sentir. Je suis tellement reconnaissante de ce qui se passe parce que je sens que le peuple est avec moi. Je ne peux que remercier le ciel en espérant que l’autre pression qu’on me met, cet Étalon d’or… Allez doucement, je ne dors plus (rires). Mais c’est une compétition et il faut respecter le choix du jury ».

Sira sera projeté, ce mercredi 1er mars à partir de 18h30 au ciné Burkina.

Fredo Bassolé
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 1er mars 2023 à 14:10, par Sanou En réponse à : Fespaco 2023 : « Je ne dors plus », confie la réalisatrice de Sira, Apolline Traoré

    Effectivement, il faut faire attention car le Fespaco est vraiment têtu. On a tous en mémoire Abderhamane Sissako avec Timbuctu qui a eu des prix un peu partout. On l’attendait au Fespaco et on disait partout que c’était le probable. Finalement, ce n’était pas lui. ALORS ATTENTION À LA PRESSION,

  • Le 1er mars 2023 à 19:11, par Sacksida En réponse à : Fespaco 2023 : « Je ne dors plus », confie la réalisatrice de Sira, Apolline Traoré

    Courage a Appoline Traore, mais il ne faut pas forcement attendre l’Etalon d’Or qui doit etre le resultat de l’excellence et donc ce sont des criteres serieux du Jury International qui va prevaloir. Certes, le Publics Burkinabe, Africains et des Festivaliers remplissent les Salles, mais c’est nullement le critere determinant dans le choix consequent du Jury. Par Ailleurs le Management et la Gestion des entrees dans les Salles sont Catastrophique car des Festivaliers Etrangers et Nationaux deja dans les Salles ont ete constraints de quitter les Salles sous les menaces des Policiers. C’est vraiment, inelegant et inamicales ; or il suffisait de controler les Tickets d’entrees, les bonnes et autres invites pour rajouter d’autres cinephiles surtout que ceux qui sont dans la Salle sont peut etre 1/10 des personnes presentes dans les Rangs. C’est seulement dommage que la Fete du Cinema deviennent un Lieu de Bagarre Indecentes pour un simple suivi des Films. Si apres plus de 50 ans, l’on est encore dans le megotage de l’organisation et le fameux Management des Salles. Salut

  • Le 2 mars 2023 à 01:52, par Kogleweogo de Amerik En réponse à : Fespaco 2023 : « Je ne dors plus », confie la réalisatrice de Sira, Apolline Traoré

    Il faut mettre ca sur Amazon pour la diaspora. On va payer pour regarder.
    Merci encore.

    Keletigui@Comcast.net

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