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SYCLONE 52 : Les intellectuels du hip-hop national

Publié le mardi 10 janvier 2006 à 08h13min

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SYCLONE 52 : Les intellectuels du hip-hop national

Ces jeunes ont été révélés par leur titre "Canons de la Saya". Après moult péripéties, ils viennent de réaliser leur rêve : avoir un album sur le marché. Lors de la dédicace de cet opus dénommé "Melting pop", le leader du groupe, Aka Prin’s Mic, nous a fait l’historique de l’album.

Peut-on mieux connaître le groupe Cyclone 52 ?

• Le groupe a été créé en 1997 par quatre jeunes : Rodrigue Bonkoungou, moi-même dit Prin’s Mic, Elimelec Ouédraogo dit Aka Hill Elmek, Alice Bonkoungou et Jacques Bonkoungou dit Aka Massif. Nous sommes tous des maîtrisards de l’université de Ouagadougou.

Que signifie Syclone 52 ?

• C’est un groupe empreint de symbolisme. C’est un cyclone salvateur lorsqu’on étudie de près le chiffre 52. Nous avons 52 semaines dans l’année et l’addition de ces deux chiffres donnent 7 qui est le chiffre de la perfection. Dieu a créé la terre en six jours et s’est reposé le septième jours. Nous essayons de conscientiser le public à travers nos textes.

Pourquoi melting pop, votre dernier opus ?

• "Melting pop" parce que nous exploitons plusieurs tendances musicales, l’ambiance, le reggae, le ragga et le rap. C’est un mélange dans le creuset qu’est le hip-hop.

Parle-nous des conditions de réalisation de cet album ?

• Nous avons travaillé dans des conditions extrêmement difficiles. Nous avions réalisé un album au studio la Ruche qui n’a pas abouti. Cela nous a énormément ébranlés. Mais nous avons repris courage en nous cotisant pour réaliser cet album. Aujourd’hui, le travail est là. Nous comptons faire la promotion de l’œuvre sur l’ensemble du territoire national.

Certains vous accusent d’avoir changé de style parce que Syclone 52 a été connu à travers le rap. Que réponds-tu ?

• Nous n’avons pas changé de style parce qu’on ne peut pas se fonder sur un ou deux titres pour juger un groupe. Nous avions fait des apparitions sur des compilations. Cela ne suffit pas pour juger Syclone 52. Moi, je suis né d’un père burkinabè et d’une mère ivoirienne. J’ai grandi dans le fief du zouglou ; alors je ne me vois pas en train de faire un hip-hop à l’occidentale. Le hip-hop n’est pas une musique carrée où des extensions vers d’autres rythmes sont bannies. Une musique sans évolution meurt. Pour le prochain opus nous avons des morceaux avec des sonorités warba.

Penses-tu que l’ambiance facile peut marcher au Burkina Faso ?

• La rythmique ambiance facile marche chez nous parce que le coupé-décalé est un résumé typique de ce rythme musical. C’est pourquoi je tire mon chapeau aux concepteurs du tacborsé qui fait danser. Quant aux soit-disants puristes du hip-hop, ils se trompent lourdement parce que nous avons marre d’imiter la musique occidentale, surtout le rap.

Pourquoi le thème de la femme est omniprésent dans votre album ?

• La femme est l’essence de la vie et surtout de l’amour. En dépit des souffrances engendrées par l’amour, je pense qu’il est bon de le chanter.

Dans le titre "Terrain miné" vous vous en prenez aux étudiantes.

• Nous voulons leur dire de ne pas suivre l’argent. Il vaut mieux construire quelque chose avec son petit copain dès les études. Nous voulons attirer l’attention de celles, qui sont infidèles à cause de l’argent et qui restent en général seules après avoir été exploitées par ces soit-disants richards.

Veux-tu dire que les étudiantes sont matérialistes ?

• Honnêtement le matérialisme est ancré dans le milieu parce que les étudiantes veulent rouler avec des motos à la mode. Elles ne veulent pas des étudiants qui marchent à pied ou qui s’alignent au restaurant universitaire. Néanmoins, il existe encore des étudiantes fidèles à leurs étudiants jusqu’au bout.

Pourquoi la crise ivoirienne est-elle évoquée dans l’opus ?

• J’ai une mère ivoirienne comme je le disais tantôt et j’ai passé vingt années dans ce pays voisin. Quand je vois ce qui se passe là-bas, je suis écœuré. C’est pourquoi nous lançons un cri de cœur face à cette crise. Nous demandons à celui qui dirige ce pays aujourd’hui de se référer à feu Félix Houphouët-Boigny. En son temps, il affirmait que la terre appartient à celui qui la met en valeur. Après sa mort, certains sont en train de détruire cette philosophie et ce qu’il a construit en s’en prenant aux Burkinabè par exemple. Nous disons non.

Peux-tu aussi nous expliquer cette incursion de Syclone dans la musique religieuse ?

• Depuis le bas-âge je partais à l’église avec mes parents. C’est une sorte de prière pour moi. Ce n’est pas le fait d’être devenu rappeur qui va me faire oublier Dieu. Dans les prochains albums du groupe nous allons toujours chanter Dieu.

L’album parle de plusieurs thèmes. Peux-tu nous expliquer cette référence à certains leaders africains ?

• J’ai voulu avec les autres membres du groupe dire que nous avons un devoir de mémoire envers nos leaders disparus : Thomas Sankara, Patrice Lumumba, Kwame N’Krumah... Nous devrons être fiers d’eux et nous inspirer d’eux pour faire avancer les choses en Afrique.

Rappelle-nous la date de sortie de l’album ?

• L’album est sorti le 20 octobre 2005 et il est composé de dix titres.

Alassane Kéré (alassanekere@yahoo.fr)

Observateur Paalga

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