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Sanctions de deux banques burkinabè : « Il ne s’agit nullement d’actes de financement du terrorisme », selon Talata Sibidou, expert en finance internationale

Publié le jeudi 13 octobre 2022 à 21h57min

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Sanctions de deux banques burkinabè : « Il ne s’agit nullement d’actes de financement du terrorisme », selon Talata Sibidou, expert en finance internationale

Sur la base de son dispositif de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme (LBC/FT), des sanctions ont été prononcées par la Commission bancaire de l’Union monétaire ouest africaine (UMOA) contre deux banques burkinabè. La manière dont cette information a été relayée a laissé plutôt croire à une situation d’une énorme gravité relativement au contexte sécuritaire. C’est ce qu’a expliqué l’expert en finance internationale, Talata B. Sibidou. Selon lui, les banques ont tout simplement été sanctionnées en raison de quelques insuffisances dans l’application du dispositif LBC/FT. A la lumière des explications de l’ancien cadre de banque, on apprend que les manquements relevés n’ont aucun rapport avec des actes de financement du terrorisme.

En effet, la sanction disciplinaire reste motivée par des manquements et infractions à la règlementation en matière de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme (LBC/FT), constatés lors d’une vérification thématique portant sur le dispositif de LBC/FT, effectuée auprès de ces banques courant novembre 2021.

Ces manquements, nous précise l’expert en finance internationale Sibidou B. Talata, concernent en premier lieu le système d’identification du client. Il prend un exemple : toute entrée en relation avec un client dans une banque doit commencer par « un bon de remplissage » d’une fiche. Cette fiche intitulé Know Your Customer (KYC) comporte des points qu’il faut obligatoirement renseigner et elle doit être régulièrement mise à jour. Ce contrôle a pour but d’éviter des relations avec des personnes liées au terrorisme, à la corruption ou au blanchiment de capitaux.

Si elle n’est pas intégralement et régulièrement renseignée, cela constitue un manquement. De façon concrète, si un client veut ouvrir un compte dans une banque, vous devez exiger une photocopie de sa pièce. Dès que cette pièce est expirée, le client doit être obligatoirement contacté pour avoir le numéro de sa nouvelle pièce. Si cela n’est pas fait et que la commission dans son contrôle, constate cela, c’est une insuffisance ou un manquement. L’objectif est d’obliger les banques à avoir un portefeuille clientèle permanemment fiabilisé.

En plus de cela, des manquements peuvent se constater au niveau du système d’information de la banque. C’est pourquoi, les logiciels et les manuels de procédures doivent être paramétrés de sorte à pouvoir déceler les opérations peu ordinaires, voire suspectes. Par exemple un ancien client qui ne reçoit jamais plus de 100 mille francs CFA dans son compte, et qui enregistre subitement 10 millions de francs CFA dans son compte, cette opération doit être analysée et déclarée à la Cellule nationale de traitement des informations financières (CENTIF). Cela ne voudrait pas dire qu’il y a eu forcement blanchiment ou financement du terrorisme.

M. Talata, a soutenu que de mémoire, des banques au Burkina Faso ont été sanctionnées pour X ou Y raison au niveau de la Commission bancaire. Son souhait est que les gens sachent que ce n’est pas quelque chose de nouveau. Toutefois, il dit regretter ce qui est arrivé cette fois aux deux banques burkinabè. Pour lui, les raisons officielles ont été malheureusement déformées. Et la manière dont l’information a circulé est de nature à entraîner le pays dans l’abime. Parce qu’en plus de fragiliser le secteur bancaire, le pays tout entier peut prendre un coup.

C’est d’ailleurs ce constat qui a amené l’Association professionnelle des banques et établissements financiers du Burkina (APBEF-B) à publier dans l’urgence le 6 octobre dernier un communiqué, dans lequel elle a relevé l’inexactitude et le caractère complètement abusif des informations qui circulaient.

De son côté, le ministère en charge de l’économie et des finances a aussi réagi par un communiqué où il a expliqué les raisons exactes des sanctions et adressé une mise en garde contre toutes les personnes mal intentionnées dans cette situation. Dans tous les communiqués, on s’aperçoit clairement que les sanctions des banques ne sont nullement dues au financement du terrorisme ou de blanchiment de capitaux. Des communiqués très rassurants qui rétablissent l’image du secteur bancaire burkinabè et lavent l’honneur, quelque peu bafoué, de tous les acteurs du milieu.

Obissa Juste MIEN
Lefaso.net

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