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Communication scientifique : Des journalistes outillés pour rendre plus compréhensibles les résultats de recherches

Publié le samedi 4 juin 2022 à 22h30min

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Communication scientifique : Des journalistes outillés pour rendre plus compréhensibles les résultats de recherches

Dix journalistes burkinabè venus de divers médias ont été formés en communication scientifique. L’objectif est de les outiller afin qu’ils puissent rendre plus compréhensibles et accessibles, les résultats de recherches qui touchent la population. Initiée par l’Institut supérieur des sciences de la population (ISSP), cette formation s’est tenue du 31 mai au 3 juin 2022, à Ouagadougou.

Incontournable dans le processus de développement, la science contribue à l’amélioration des conditions de vie et de travail de l’humanité. Cependant, au Burkina Faso, force est de constater que de nombreux résultats de recherches scientifiques dorment encore dans les tiroirs, attendant d’être portés à la connaissance des décideurs en vue de les exploiter pour le bien-être des citoyens.

C’est pourquoi, l’Institut supérieur des sciences de la population (ISSP) a jugé nécessaire d’initier une session de formation au profit de journalistes burkinabè. L’objectif est de faciliter aux décideurs politiques, aux acteurs de développement mais aussi à la population, la compréhension et l’application des résultats de recherches.

Les journalistes formés en communication scientifique dans une des salles du Centre national de presse Norbert-Zongo.

Ainsi, les hommes de médias ont, dès le premier jour, appris quelques concepts du journalisme scientifique et abordé certaines démarches à prendre en compte lors de la rédaction d’un article traitant des questions scientifiques. Avant d’entrer dans le vif du sujet, le formateur, Moussa Sawadogo, a laissé entendre que traiter des sujets scientifiques relève de la mission sociale du journaliste qui éclaire la lanterne du public, en vulgarisant les résultats de recherches des investigateurs (chercheurs).

Il a défini le journalisme scientifique comme une forme de journalisme consacrée à la couverture de l’actualité scientifique et à la diffusion au grand public de découvertes récentes. Le journaliste scientifique doit être, pour lui, animé d’une grande curiosité, tout en faisant preuve de professionnalisme pour ne pas se laisser emporter par les scoops. Pour ce faire, le journaliste doit donc cultiver la patience en prenant le soin de vérifier l’information avant toute diffusion.

« Je pense qu’un journaliste peut vraiment se spécialiser en journalisme scientifique et être un très bon journaliste », a déclaré le formateur Moussa Sawadogo.

Une visite guidée pour découvrir des travaux de recherche

Voulant cette session pratique, le formateur a conduit les journalistes à une immersion dans les locaux du Groupe de recherche action en santé (GRAS), un des centres de recherche de la capitale burkinabè. Cette activité, qui s’est déroulée le deuxième jour de la formation, a permis aux journalistes de découvrir les travaux qui s’effectuent dans l’institut de recherche.

À l’issue de cette immersion, les femmes et hommes de presse se sont prêtés à un exercice de proposition de sujets de reportage portant sur des thématiques d’intérêt général, en lien avec la science. Cela a été l’activité principale du troisième jour de formation.

Les hommes de médias visitant la pharmacie d’un centre de recherche spécialisé dans la santé.

« Cet apprentissage en journalisme scientifique a été bénéfique pour moi. Étant donné que je n’en savais pas grand-chose, j’ai fait beaucoup de découvertes surtout lors de l’immersion au centre de recherche GRAS, qui m’a permis de savoir qu’au Burkina Faso, nous avons un institut de ce genre qui intervient dans l’expérimentation de vaccins et de médicaments », a rapporté Florence Diarra, journaliste à Le Quotidien. Elle tire la conclusion que le Burkina Faso émerge dans le secteur de la science, malgré le manque de communication sur les résultats de recherches.

« L’initiative est la bienvenue, pour nous avoir permis d’approfondir certaines connaissances notamment sur le fonctionnement des recherches au Burkina Faso, les travaux menés en laboratoire, les essais cliniques… », a présenté Hamadou Dicko, journaliste à la télévision BF1.

Les journalistes et le responsable du centre de recherche au terme de la visite guidée.

Ces temps d’apprentissage ont permis, ajoute-t-il, d’outiller les journalistes qu’ils sont, à pourvoir informer le public sur les recherches scientifiques. « Tout en remerciant les initiateurs, nous espérons que cela sera une continuité. Car une chose est de former, mais une autre est d’accompagner les bénéficiaires à mettre en pratique ce qu’ils ont appris sur le terrain », a-t-il souligné.

Bien avant de clore cette session de formation, les journalistes ont, au cours de la dernière journée, travaillé à dégager les problématiques de leurs sujets, identifier les personnes ressources mais aussi les différents lieux où sera faite la collecte de l’information. « Je pense que j’ai eu des journalistes très attentifs et motivés. Chose que j’apprécie. Seulement, j’ai constaté que la plupart d’entre eux n’avaient pas une bonne connaissance du monde scientifique burkinabè », a affirmé le formateur Moussa Sawadogo.

La remise d’attestations aux apprenants a mis fin à la session de formation.

À l’entendre, le journaliste burkinabè s’intéresse beaucoup plus aux questions politiques, au sport, à la culture… qu’aux questions scientifiques. « L’autre difficulté que j’ai constatée, c’est comment les journalistes définissent eux-mêmes les problématiques sur lesquelles ils doivent travailler, comment ils choisissent leur angle d’attaque et comment ils abordent une question scientifique tout en respectant l’équilibre journalistique », a-t-il mentionné.

Les attentes de l’ISSP

Le rapport des 96 heures de travaux a été porté à la connaissance du directeur de l’ISSP, Pr Abdramane Soura. Félicitant le formateur et les hommes de médias pour le travail abattu, il a dit attendre d’eux la production d’articles journalistiques à partir des résultats de recherches ; des articles qui puissent intéresser le public. Pour y arriver, Pr Soura estime que la collaboration des journalistes avec les investigateurs s’avère indispensable.

Pr Abdramane Soura, directeur de l’ISSP

« Nécessairement, il faudra que les journalistes collaborent avec les chercheurs aux fins de mieux comprendre ce qu’ils font, en vue de formuler et mener des études de cas. Cela, pour aboutir à une synthèse (des résultats de ces études et ceux des recherches) sur laquelle les journalistes communiqueront afin d’informer le grand public et les décideurs », a-t-il expliqué.

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Lire aussi : Burkina Faso : Des journalistes formés sur le suivi et l’appréciation critique des politiques publiques

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Cette formation se tient dans le cadre du programme « Renforcement des capacités, production et diffusion de connaissances sur la population burkinabè » financé par l’Union européenne et exécuté par l’ISSP. Ce programme vise en effet la production et la diffusion d’évidences sur la population burkinabè, afin d’aider à la conception, à la mise en œuvre et au suivi des politiques de développement.
Dans cette optique, le présent programme, qui accorde une place de choix au renforcement de capacités, envisage de former plusieurs journalistes sur la communication scientifique.

Si quasiment tous les progrès du monde sont dus à l’évolution de la science, rappelons que certains résultats scientifiques ont été à l’origine de catastrophes, à l’instar de la bombe nucléaire qui a fait de nombreuses victimes. D’où la nécessité pour le journaliste d’avoir également un regard critique sur les découvertes scientifiques pour interpeler les auteurs en cas de besoin. « Science sans conscience n’est que ruine de l’âme », écrivait François Rabelais.

Hamed Nanéma
Lefaso.net

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