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France-Mali : « Le retrait de Barkhane n’est pas un recul devant l’extension de l’influence russe en Afrique »

Publié le dimanche 20 février 2022 à 23h00min

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France-Mali : « Le retrait de Barkhane n’est pas un recul devant l’extension de l’influence russe en Afrique »

Après plusieurs controverses entre les autorités françaises et maliennes, Emmanuel Macron, le président français, a décidé du retrait définitif de la force Barkhane du sol malien. L’annonce a été rendue publique le jeudi 17 février 2022. Mais bien avant cet acte, des rumeurs faisaient état d’une présence de mercenaires russes du groupe "Wagner" au Mali pour, dit-on, contrer les terroristes. Dans cette tribune, un conseiller de l’ambassade de France au Burkina fait une mise au point.

« 1°) Depuis janvier 2013, l’engagement français, puis l’engagement de la communauté internationale ont empêché l’effondrement du Mali et la territorialisation de la menace sur le sol malien, en particulier face à l’EIGS dans la zone des Trois frontières :

- La France est présente au Mali depuis 2013 pour lutter contre le terrorisme et à la demande des autorités maliennes. Les groupes terroristes n’ont jamais retrouvé leur capacité d’avant l’intervention française. L’opération Serval a permis de créer les conditions sécuritaires favorables à la mise en œuvre du processus politique permettant au Mali de recouvrer sa souveraineté et son intégrité territoriale après l’occupation des régions du Nord par les groupes jihadistes et à la conclusion de l’accord d’Alger.

- La force Barkhane a fait ses preuves dans l’endiguement de la montée de la menace terroriste et a empêché l’ancrage de Daech dans la zone des Trois frontières, notamment par l’élimination de plusieurs de ses chefs et a mis fin aux attaques de grande ampleur qui s’étaient soldées par la mort de centaines de soldats fin 2019 et début 2020. La stratégie militaire définie collectivement à Pau avec les chefs d’Etat du G5 Sahel a permis de porter des coups sérieux à la chaine de commandement de l’Etat islamique au Grand Sahara (EIGS), comme en témoigne la neutralisation de son chef, Adnan Abou Walid al Sahraoui, le 17 août 2021.

- Nos efforts ont également permis de neutraliser les cadres du haut commandement d’Al Qaeda au Maghreb islamique (AQMI), dont son émir Abdelmalek Droukdal [mort le 3 juin 2020], et son vice-émir Yahia Abou el-Hammam [mort le 21 février 2020], ainsi que de perturber ses ressources logistiques.

- La consolidation des armées locales, en particulier des armées maliennes, est par ailleurs devenue une réalité. Aujourd’hui, elles sont capables de s’opposer et de porter des coups aux groupes armés terroristes, ce qu’elles pouvaient très difficilement faire auparavant.

- Les FAMA en 2013 étaient peu formées, mal entrainées, sous-équipées et insuffisamment encadrées. L’armée de terre comptait 7 000 hommes. Ses équipements étaient obsolètes. L’armée de l’air comptait 1 000 hommes aux moyens inadaptés. Aujourd’hui, l’armée malienne est forte d’environ 40 000 hommes de mieux en mieux entrainés et équipés.

- Les résultats obtenus par la force Barkhane avec les FAMA sont réels. Les très bons résultats opérationnels des ULRI engagées avec les Forces spéciales européennes de la TF Takuba le montrent. La dynamique enclenchée était vertueuse.

- Notre engagement s’est adapté l’évolution de la situation sur le terrain et fait l’objet d’une concertation au plus haut niveau avec nos partenaires sahéliens et européens. Ainsi après une fin d’année 2019 difficile, la France et ses partenaires sahéliens ont fait le point sur leur stratégie et leurs objectifs communs lors d’un Sommet à Pau en janvier 2020. Les pays du Sahel y ont exprimé leur demande du maintien de l’engagement français à leurs côtés, et ensemble nous sommes convenus d’une plus grande coordination de nos efforts opérationnels autour d’un mécanisme de commandement conjoint à Niamey, d’une mobilisation internationale accrue à travers la formation d’une Coalition pour le Sahel lancée en avril 2020, d’une concentration des efforts dans la zone des trois frontières et d’une meilleure articulation des efforts militaires et de l’indispensable retour de l’Etat dans les zones les plus fragiles. La France a décidé du déploiement de 600 soldats supplémentaires et le maintien d’un rythme opérationnel élevé, ce qui a permis de porter des coups sérieux à l’Etat islamique au Grand Sahara (EIGS) dans la zone des trois frontières.

- Les décisions prises à Pau ont ouvert la voie à un transfert de responsabilité progressif à nos partenaires sahéliens. Après avoir fortement affaibli l’EIGS dans la zone des trois frontières grâce à l’intensification de nos efforts militaires conjoints, les chefs d’Etat du G5 Sahel se sont engagés lors du Sommet de N’Djamena de février 2021 à mettre en œuvre un « sursaut civil et politique », avec l’appui des partenaires, basé sur le déploiement des services de l’Etat, des administrations et des services sociaux de base, notamment à (i) Kidal ; (ii) sur l’axe Mopti-Gao, le long de la RN16 ; (iii) sur l’axe Ouagadougou-Kaya-Dori ; et (iv) au sein du quadrilatère Tera-Douentza-Gao-Ménaka.

- La transformation de notre dispositif militaire au Sahel, annoncée par le Président de la République le 9 juillet dernier s’inscrit dans ce cadre partenarial. Elle visait d’un côté à réduire notre empreinte sur le terrain, ce qui s’est traduit par la fermeture de plusieurs bases dans le nord du Mali. Elle a permis dans le même temps de réaffirmer notre engagement aux côtés des Etats du G5 Sahel dans la lutte contre le terrorisme à travers notre action nationale et celle de la Task Force Takuba à vocation européenne, ainsi que notre soutien à la montée en puissance de la Force conjointe du G5 Sahel et des armées nationales de la région. L’effet d’entrainement des partenaires européens a d’abord marqué par leur engagement au sein des missions européennes de PSDC (EUTM, EUCAP) et de la MINUSMA, puis par leur engagement au sein de la Task Force Takuba.

- La Coalition pour le Sahel a été créée en avril 2020 pour répondre à la demande pressante de nos partenaires sahéliens d’une mobilisation accrue de la communauté internationale. Elle regroupe les Etats sahéliens eux-mêmes, les pays voisins, les institutions africaines telles que la CEDEAO et l’Union Africaine, les Nations-Unies, l’Union Européenne et tous les pays partenaires, soit une soixantaine de pays et organisations internationales. La Coalition vise à traiter toutes les causes de la crise à travers quatre piliers thématiques : (i) lutte contre le terrorisme, (ii) renforcement des capacités des forces armées sahéliennes, (iii) soutien au redéploiement de l’Etat et des administrations territoriales, (iv) développement. L’adoption d’une feuille de route lors de la réunion ministérielle qui s’est tenue en mars 2021 a permis d’opérationnaliser ces engagements, ce qui permet à toute la communauté internationale de partager aujourd’hui les mêmes objectifs, les mêmes indicateurs, les mêmes résultats pratiques à atteindre.

2°) Néanmoins, les autorités maliennes de transition ont fait le choix de la fuite en avant et de la rupture avec la communauté internationale :

- Le gouvernement de transition n’a pas respecté les engagements qu’il avait pris devant la communauté internationale, à commencer par les pays de la CEDEAO, après deux coups d’État militaires. Il cherche à tout prix à se maintenir au pouvoir, le calendrier de la transition politique n’a pas été respecté, il multiplie les manœuvres dilatoires et ne donne aucun signe de vouloir revenir vers un fonctionnement démocratique.

- Ces choix des autorités de transition maliennes conduisent à des risques de déstabilisation de toute la région, ce qui a amené la CEDEAO à placer le Mali sous sanctions économiques et financières et la plupart des membres de la junte au pouvoir sous sanctions économiques et financières en janvier 2022. L’Union européenne a décidé de soutenir l’action des pays de la région, en adoptant à son tour des sanctions contre cinq responsables maliens pour leur obstruction au processus de transition démocratique au début du mois de février 2022.

- Le recours aux mercenaires de Wagner traduit une fuite en avant politique et opérationnelle incompatible avec l’engagement de la communauté internationale. Les mercenaires de Wagner n’ont jamais vaincu le terrorisme. Ils constituent une menace pour la sécurité régionale car ils sont une source majeure de déstabilisation et un risque de violation des droits humains comme en RCA. Wagner ne peut qu’accentuer l’insécurité au Mali car cette société militaire privée se nourrit de la guerre, pèsera sur les maigres ressources publiques et se payera sur la captation de ressources minières maliennes, dans la plus grande opacité et aux dépens des dépenses sociales et de développement. La durée de la transition au Mali et le déploiement de Wagner sont deux questions indissociables. La junte s’appuiera sur ces mercenaires avant tout pour se maintenir au pouvoir à tout prix, pas pour combattre le terrorisme.

- La junte malienne est par ailleurs entrée dans une logique d’entrave vis-à-vis de l’engagement non pas uniquement de la France, mais de l’ensemble de la communauté internationale dans la lutte contre le terrorisme, avec par exemple la dénonciation par le Mali du survol de son espace aérien ou encore la définition d’une zone d’interdiction aérienne dans les zones où les forces maliennes sont déployées avec les mercenaires de Wagner. Ce sont les casques bleus de la MINUSMA, sous mandat des Nations unies, et les Européens engagés dans Takuba qui en font les frais.

3°) Notre engagement pour la stabilité du Sahel et plus largement de l’Afrique de l’Ouest reste inchangé :

- La France poursuivra la lutte contre les groupes armés terroristes qui reste une priorité absolue alors que les pays sahéliens et la communauté internationale font face à des groupes terroristes dont l’agenda politique, clair et assumé, vise à étendre leur zone d’action vers le golfe de Guinée.

- À la demande des autres pays sahéliens, la France maintiendra un dispositif robuste pour les accompagner dans la lutte contre les groupes armés terroristes. Les armées françaises pourront assurer des missions de réassurance au profit des missions internationales déployées au Mali si les autorités maliennes l’acceptent.

- Un nouveau dispositif va être élaboré, en lien avec nos partenaires européens, afin de répondre aux attentes qu’exprimeront les pays de la région. Il visera à soutenir et à les aider à face à la menace terroriste, qui cherche à s’étendre du Sahel vers le sud, l’ouest et vers les pays du golfe de Guinée, en étroite coordination avec nos alliés européens et nord-américains.

4°) Nous maintiendrons notre aide au profit des populations du Sahel :

- Au Mali, alors que la situation humanitaire s’aggrave quotidiennement, dans un contexte politique et sécuritaire fortement détérioré, nous allons maintenir notre effort en matière d’action humanitaire et notre investissement solidaire multisectoriel au profit des populations, en l’adaptant aux nouvelles contraintes.

- En matière d’aide au développement, la France consacre depuis 2013 environ 500M€ à la région et 130M€ au Mali par an. Sur la décennie 2012-21, les financements de l’Agence française de développement ont représenté 3,8Mrd € au Sahel, tous instruments financiers confondus (subvention et prêts souverains). Plus de quarante projet, représentant plus de 600M€ engagés, sont actuellement mis en œuvre au Mali par l’Agence française de développement (AFD) pour répondre aux besoins fondamentaux des populations.

- L’extension de la menace djihadiste au-delà des frontières du Sahel exige un effort supplémentaire de stabilisation en direction des zones fragiles périphériques des pays limitrophes. Nous allons poursuivre dans les semaines à venir nos échanges avec les autorités de ces Etat afin de définir une stratégie commune, adaptée à ces régions.

- Cet effort de la France est collectif. L’aide au développement internationale en faveur des pays du G5 Sahel s’est significativement accrue au cours des dernières années, passant d’un montant de 1.4 Mds€ en 2013 à près de 2 Mds€ en 2019 et la mobilisation des bailleurs ne fléchit pas.

- C’est à l’initiative de la France et de l’Allemagne qu’a été lancée en 2017 l’Alliance Sahel, qui rassemble 25 membres et représente un portefeuille de 1021 projets, soit un montant total de 21,8mds€. Grâce à l’Alliance Sahel depuis 2017 : 5,3 millions de sahéliens ont bénéficié d’un accès à l’eau potable, 3 millions d’enfants ont été vaccinés, 2,9 millions de personnes ont reçu une assistance alimentaire, 554 000 ont été raccordées à l’électricité, plus de 2300 magistrats ont été formés…

5°) Le retrait de Barkhane n’est pas un recul devant l’extension de l’influence russe en Afrique :

- Le recours aux mercenaires de Wagner traduit une fuite en avant de la junte incompatible avec l’engagement de la communauté internationale. Comme en Centrafrique, le recours à ces mercenaires vise à pérenniser un pouvoir qui refuse de se soumettre au verdict des urnes. La société militaire privée Wagner prospère de façon opportuniste sur les situations d’instabilité politique.

- L’idée que la Russie puisse constituer un partenaire de substitution pour les autorités maliennes est une vue de l’esprit qui ne correspond à aucune réalité opérationnelle. Wagner poursuit aujourd’hui son déploiement et attendra sans doute 1000 mercenaires en place. C’est significatif et sans doute suffisant à exercer une mainmise permettant le maintien en place de la junte, mais cela n’a aucune commune mesure avec l’effort international conduit au Mali jusqu’alors (25 000 hommes).

- Il n’y a pas lieu de distinguer Wagner de la Russie. Les dénégations de part et d’autres sont des écrans de fumée. La Russie, en Europe orientale comme au Sahel, devient une puissance déstabilisatrice opportuniste ; c’est notre conviction et celle de nos partenaires européens. L’évolution de notre dispositif dans la région sahélienne à l’issue de la concertation avec nos partenaires tient compte de ce nouveau paradigme. »

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Vos commentaires

  • Le 21 février 2022 à 03:01, par Cisse En réponse à : France-Mali : « Le retrait de Barkhane n’est pas un recul devant l’extension de l’influence russe en Afrique »

    Monsieur l’ambassadeur quest ce que çette écrit veulent Dan les journaux burkinabè ?çest juste mettre poudre Dan nos yeux çest Dan les journaux maliennes que vous devrez mettre ça et non ici ok ?çest pour nous demontrer que le Burkina vont vous aimed ?non ils faut que vous s’achez que çe que Thoma sankara a commencer et na pa put terminer çest enfants veulent terminer ça combien de siècle vous avez ramasser Les resources minerels d’afrique devaluation du fca vous avez tuer beaucoup de personne en afrique donc çest bon maintenant on veut notre independence total et notre monai independent donc quitter et nous laissez en paix la concertation du pau que votre president a appeler Les soit disant Des presidents democratiquement elu sont Des voleurs comme vous .sinon afrique allait commencer a utuliser leur propre monnai

  • Le 21 février 2022 à 06:47, par Sidpawalemde Sebgo En réponse à : France-Mali : « Le retrait de Barkhane n’est pas un recul devant l’extension de l’influence russe en Afrique »

    Merci, monsieur le conseiller, pour votre mise au point claire et détaillée.

    Sachez d’abord que même avec la solidarité africaine envers la « république sœur » du Mali et son peuple, tout le monde ne soutient pas les décisions de la junte au pouvoir.
    Sachez également qu’à part quelques excités engloutis dans la désinformation sur les réseaux sociaux, peu d’entre nous croient en une Russie « bienveillante » et qui va nous sauver des terroristes.

    Cependant, vos arguments montrent à souhait que vous, dirigeants français, ne comprenez toujours pas ce qui ne va pas dans votre politique africaine, et continuez à chercher les raisons du désamour dont vous faites l’objet dans l’action d’une autre puissance au lieu de voir la réalité de vos choix discutables.

    D’abord, sachez que la désinformation dont vous faites état, si elle existe bien, est rarement directement d’origine russe. Elle est surtout le fait de la mouvance « africaniste anti-française » dont Kémi Séba (tiens, un français) est un représentant connu mais qui a séduit de nombreux jeunes africains. Ils le font de bonne foi, de façon désintéressée, volontaire et motivée et c’est difficile de contrer ça.

    Ce que vous devez savoir aussi, c’est que de même qu’un sous officier français attaché à « l’influence » qui essaie d’intervenir sur ce forum est presque immédiatement identifié, des russes le seraient aussi.
    Il y a des façons de s’exprimer, des arguments, des tournures de phrase et des thématiques qui sont propres à chaque groupe social, et les « étrangers » qui ne les maitrisent pas sont visibles comme la mouche au milieu de la soupe. Ils peuvent donc difficilement prospérer.

    Si cela marche, c’est parce que ceux qui relaient ces thèses pro-russes et anti-françaises parlent « notre langage », alors que les vôtres parlent une langue que j’appellerais le « colon de l’époque coloniale » du type « vive l’amitié Franco-africaine ». Ils ont donc perdu la bataille avant même d’avoir commencé. Dites le à vos patrons, notamment à Macron qui voit des trolls russes partout.

    Pour en revenir au débat lui-même sur la situation au Mali, la France en tant qu’état a fait des choix au Sahel et au Mali, problématiques pour les états sahéliens concernés, qui ont des conséquences graves sur leurs peuples et les heurtent. Ces frustrations font oublier tous les efforts de développement que vous citez.
    C’est sur ces sentiments que des populistes comme Goïta et Choguel Maïga jouent pour se maintenir au pouvoir.

    1°) La France a décidé d’intervenir en Libye pour débarquer Kadhafi mais sans assurer le service « après vente ». Des centaines de djihadistes qui étaient les « hôtes » du guide se sont retrouvés sans « tuteur » et avec des milliers d’armes.
    La Libye s’est somalisée et le sahel s’est enflammé. Non seulement vous avez déposé un homme considéré par beaucoup comme un bienfaiteur et désorganisé son pays, mais vous avez libéré le « monstre djihadiste » sur nos pays. C’est votre responsabilité historique.

    2°) Quand vous avez décidé d’intervenir au Mali en 2013, et après avoir défait les terroristes, vous avez réservé l’enclave de Kidal à ces mêmes terroristes sous couvert de rébellion touareg. Les mauvais accords d’Alger leur ont donné l’immunité et permis de conserver leurs armes et la gestion de Kidal, constituant ainsi une base arrière pour les bandes armées et le terrorisme. Les autres communautés maliennes ont dû s’armer pour se défendre de leurs exactions, étendant les milices armées et les conflits à tout le pays.

    Vous n’ignorez pas les liens entre vos « amis » de Kidal et les djihadistes internationaux, de sorte que combattre le terrorisme ailleurs au sahel revient à vouloir soigner les métastases d’un cancer sans enlever la tumeur. Votre soutient aux partisans de l’Azawad a fait notre malheur, et on vous en veut pour ça.

    3°) La France a mégoté son action anti-terroriste, peut être en raison de vos « amitiés » douteuses avec les gens de Kidal. Les chefs de Barkhane étaient semble-t-il plus occupés à convaincre le président IBK d’aller au delà des accords d’Alger pour imposer le fédéralisme et donner l’autonomie à Kidal.
    Cette attitude a permis, contrairement à ce qui est dit dans cette tribune, à tous les groupes armés de s’implanter durablement dans la zone des trois frontières.

    En rappel, à la veille du sommet de Pau, après 7 ans de présence française et malgré une base proche, des satellites, des avions et des drones, une attaque sur le camp nigérien de Chinagodrar avait fait 89 morts, sans que vous ayez rien vu venir ou soyez intervenu.

    La presse française relate qu’à cette période, Emmanuel Macron avait effectivement donné pour instruction à Barkhane de se concentrer sur les chefs de l’EIGS et pas sur le GSIM, alors même que les combattants passent de l’un à l’autre et que le GSIM était virulent. Ceci explique peut être cela.

    4°) La méthode « américaine » de lutte contre le terrorisme, qui consiste à tuer des chefs ne marche pas et n’a jamais marché nulle part. Pendant que vous « décapitez » soit disant le mouvement, il change de chef dans la foulée et grossit en nombre.
    De plus, les victimes sahéliennes des attaques ne sont pas vraiment concernées par le nom du groupe auquel appartiennent leurs bourreaux encore moins par celui de leur chef. Seule la « neutralisation » massive d’hommes et de matériel peut soulager les populations. Nous vous reprochons de faire du "wanted" et de la chasse au scalp pendant qu’on nous tue.

    5°) Votre Task Force "Takuba" est une déclaration de non assistance à peuples en danger. En invitant vos voisins européens dans une sorte de "centre d’entrainement et d’acclimatation pour forces spéciales", vous nous dites que vous envisagez sereinement pour une dizaine d’années encore le sahel comme un théâtre d’opérations où ils pourront venir s’aguerrir, pendant que nos population sont tuées. C’est très difficile à avaler pour nous.

    6°) Le maréchal Sissi en Egypte, Idriss Déby Itno au Tchad, ou le prince MBS en Arabie Saoudite, ne sont pas des exemples de démocrates respectueux des droits de l’homme. Mais aucun président ou ministre des affaires étrangères français ne s’adresse à eux comme vous l’avez fait avec Assimi Goita.

    Cela donne à penser que le racisme, le paternalisme néocolonial ; la brutalité et la condescendance sont les fondements de vos relations avec vos anciennes colonies.
    Sauf à penser que l’objectif était de trouver des prétextes pour quitter le Mali, on comprend difficilement les façons que vous avez adoptées envers la junte, même si elle est peu défendable elle même.

    Je vais arrêter ici la liste, qui est autrement plus longue, en espérant que cela vous aura (un peu) ouvert les yeux sur ce que les africains, les sahéliens vous reprochent. Faites en bon usage…

    Cordialement.

  • Le 21 février 2022 à 09:27, par Boris En réponse à : France-Mali : « Le retrait de Barkhane n’est pas un recul devant l’extension de l’influence russe en Afrique »

    Monsieur le Conseiller, votre ecrit ressemble plus a une transcription de ponctions de paroles de LeDrian et de Macron. C’est la meme rhetorique finallement. c’est vous seulement qui voyez d’un regard positif les resultats de l’engagement français.Tout de même, prenez la carte du mali ou du Burkina et regarder la progression des Zones que vous meme vous coloriez en rouge. Et avec ça vous voyiez du positif. En gestion de projet projet, c’est l’avis du beneficiaire qui prime sur celui qui assure la mise en œuvre. Vous etes sur le terrain, faite votre enquete et vous comprendriez peut etre mieux. Car, c’est une erreur de croire que ce sentiment anti-politique française au sahel (et non anti-français) est la résultante d’une insuffisance de communication sur ce que Barkhane fait ou encore le fruit d’une manipulation des population sahelienne par des mouvements pro-russes.
    La cause n’est pas a chercher loin, cher cousin Français : c’est le peu de résultats en rapport aux moyens engagés qui ont fini par convaincre les populations que l’armée française ne lutte pas contre les terroristes à part de temps en temps quelques actions d’eclat. la preuve est que quand les terroristes enlèvent ou tuent un français au sahel, dans la meme semaine, ils sont retrouvés et neutralisés. On a le cas tres récent à la frontière avec le Benin.
    Sinon l’intervention Française au Mali en 2013 à été salué au delà des frontières du mali. Il y’a peut etre deux ans de cela, j’etais POUR l’armée française au sahel et au Burkina. Sur ce forum, j’ai critiqué des organisations de la société civile et meme syndicale qui dans des déclarations et meme des manifestations, appelaient au démantèlement des bases française au burkina. Mais l’evolution du front terroriste et l’incapacité des forces françaises à apporter un appui efficace à nos FDS (a part bien sûr les coup d’eclat) a fini par me convaincre que finallement , elles n’ont plus leur raison d’etre au Burkina, ni au sahel, car la lutte n’est pas sincère. J’ai la conviction actuellement que l’armée Française est là pour sauvegarder les interets de la France et de certains pays occidentaux. Elle ne lutte que contre les terrorsites qu’elle estime comme pouvant plus tard s’attaquer aux intérêts français en Afrique et en France.
    Toute chose qui est normale et me pousse a deduire que nous n’avons pas besoin de forces etrangères combattantes.Faire venir des milliers de combattant étrangers, cela créée de fausses attentes. Si la France veut réellement nous aider, qu’elle nous facilite l’acquisition des équipements, des armes. Si elle veut aller plus loin, qu’elle puisse assurer une couverture aerienne de nos troupes. J’ai OUIE dire que la France fait du blocage lorsque nous devons acquérir certains armement sans passer par elle, au nom de certains accord militaire. C’est pour cette raison qu’il est de plus en plus demander la revision des accords militaires.
    Vous voyez Monsieur le conseiller que ce sentiment anti politique francaise n’est pas fortuit et se nourrit des echecs de la presence militaires françaises. Parce que si le terrorisme avait vraiment replié, c’est plutot des applaudissement que vous auriez reçus car les population sahelienne savent se montrer reconnaissant lorsque l’aide est sincère. Et la meilleure aide, c’est celle là qui nous permet demain, de nous passer de l’aide.

  • Le 21 février 2022 à 10:21, par BEONERE En réponse à : France-Mali : « Le retrait de Barkhane n’est pas un recul devant l’extension de l’influence russe en Afrique »

    Aucune force étrangère n’est la solution au problème du Sahel. La france de Sarkozy, l’OTAN et les Nations Unies sont les seuls responsables du désordre au Sahel. S’il n’y avait pas eu la déstabilisation de la Libye, nous ne seront pas là. Au lieu de réparer vos dégâts, vous accusez les africains d’incapables. Vous (France) êtes peut-être amnésique mais vous pouvez quand même avoir en souvenir que les africains étaient opposés à l’attaque de la Libye. On savait ce qui allait venir. Vous vous êtes entêté et maintenant ce sont les pays sahéliens qui sont incapables.
    Nous avons du mal a comprendre vos objectifs.

  • Le 21 février 2022 à 11:22, par AMKOULEL En réponse à : France-Mali : « Le retrait de Barkhane n’est pas un recul devant l’extension de l’influence russe en Afrique »

    Mr le conseiller, un conseil d’un Burkinabé à transmettre à votre ambassadeur : préparez vos valises du Burkina et du Niger pour déguerpir avec vos bases militaires. Ce qui s’est passé au Mali, vous connaitrez pire au Burkina, pire au Niger, pire en RCI, pire au Sénégal, pire dans toute cette nouvelle Afrique libre et combattante.
    Thom SANK vous l’a dit gentiment il y a 36 ans : "La politique africaine de la française est bien française... la france ne comprend pas l’Afrique" et 36 ans après, la france ne comprend toujours pas l’Afrique. Ce qui se joue au Mali va au délà du Mali et adresse toute l’Afrique.
    Mais soyez convaincu et prenez le pour dit une fois pour tout et à jamais : l’Afrique ne sera plus JAMAIS le marche-pied de la france.

  • Le 21 février 2022 à 11:41, par TANGA En réponse à : France-Mali : « Le retrait de Barkhane n’est pas un recul devant l’extension de l’influence russe en Afrique »

    Merci monsieur le conseiller de nous avoir confirmé ce à quoi nous pensions mais avions des doutes.
    Vous nous avez confirmer que :
    - La france est venue combattre les terroristes à sa manière pour les empêcher de prendre tout le pays.}

    Mais la demande du mali était une couverture aérienne car eux même savent comment combattre ces gens là.
    - Si les Russes doivent intervenir au Mali, eux les français préfèrent s’en aller. Pourtant on a vu les français avec d’autres partenaires ailleurs combattre le même ennemi.
    Là, nous avons compris que les français ne veulent pas rester là où il y a les Russes pour faire le même travail.
    - Pour finir, vous affirmez que la Russie devient un puissance déstabilisatrice en europe et en Afrique.
    Mais nous, nous avons remarqué que depuis l’arrivée des Russes, les choses vont mieux pour nos populations ; pourtant après plusieurs année avec vous les français seulement puis vous français plus d’autres européens, les choses allaient de mal en pire.
    Monsieur le conseiller et tous ceux qui pensent comme lui, je vous ai dit merci par ce que là, vous nous avez fait comprendre que notre sécurité vos importait peu de par le fait que vous n’avez rien fait pour arrêter les terroristes d’un, et deux vous nous avez explicité que nous devons nous aligner sur vous !
    Vous oubliez que nous sommes des pays non alignés ou quoi ?
    Pourquoi rester aligné derrière vous pour mourir tous ? Comme vous les français avez toujours dit : La france n’a pas d’ami, la france a des intérêts. C’est la même chose pour tous les pays vous devez le savoir.
    Si nos pays doivent respecter la france au doigt et à l’oeil, ce n’est pas la peine car nous y sommes resté dans cette situation depuis avant et après les ’’indépendances’’ et cela n’a rien donné si non la mort présentement.
    Pour terminer, je reviens sur votre fameuse démocratie. Aucun pays de ceux qui se disent ancrés dans la démocratie actuellement n’a atteint ce niveau en passant par la démocratie. Prenons seulement l’exemple de la france.
    Charlles DEGAULLE a fait 14 ans au pouvoir en france juste après la seconde guerre mondiale ; et cela pour réparer les différences nées du système Hitlérien, préparer le pays à la démocratie etc ; puis au moment opportun, il lancé les élections que lui même a eu et a même fait deux mandats de cinq ans chacun.
    Alors pourquoi vous fâchez vous quand dans nos pays on veut vous copier ?
    En Afrique on a eu aussi ROWLINGS, on a Paul KAGAME etc.
    Disons que présentement nous avons Paul KAGAME, ASSIMI GOITA, DAMIBA etc.
    Si vous voulez nous accompagner, vous devez le faire dans et comme nous le disons ; pas d’impositions.
    Un Béninois a dit que avant de prendre comme épouse une femme répudiée, il faut bien reflechir et faire des enquêtes.

  • Le 21 février 2022 à 11:55, par boss En réponse à : France-Mali : « Le retrait de Barkhane n’est pas un recul devant l’extension de l’influence russe en Afrique »

    Merci à Sidpawalemde Sebgo pour son post. Rien à ajouter.
    Par pure logique, les africains de l’ouest doivent changer de partenaire s’ils doivent aller avec des partenaires. Avec la France, ça ne marche pas. Pourquoi rester des siècles avec son bourreau ?

  • Le 21 février 2022 à 12:01, par Vérité Indiscutable En réponse à : France-Mali : « Le retrait de Barkhane n’est pas un recul devant l’extension de l’influence russe en Afrique »

    Quel bon intellectuel africain croit encore aujourd’hui à l’utilité de l’armée française et de ses partenaires en Afrique ? L’ex Président Laurent GBAGBO, après 10 ans de cohabitation avec l’armée française, la plus importante dans la sous-région, rejette catégoriquement cette nécessité. Ce n’est pas un commis de Macron à l’ambassade au Burkina qui nous convaincra d’une quelconque nécessité de l’armée française en Afrique.
    Elle peut se déployer là où les gens sont idiots.
    POURVU QU’ELLE NE SE DEPLACE PAS AU BURKINA !
    La Patrie ou la Mort, nous Vaincrons ! ✊

  • Le 21 février 2022 à 15:43, par SOME En réponse à : France-Mali : « Le retrait de Barkhane n’est pas un recul devant l’extension de l’influence russe en Afrique »

    Monsieur l’ambassadeur, ces explications s’adressent a qui ? aux maliens ou aux burkinabe ? Si c’est aux maliens pourquoi le publier ici ? Si c’est aux burkinabe pourquoi nous parler du mali et pas du burkina ?

    Est-ce dire que vous avez des forces stationnées au burkina ? vos « hauts faits de guerre » au sahel depuis votre arrivée sont plus qu’une insulte a notre egard ! Et sachez que nous comprenons votre insulte ! Nous savons ce que recouvrent vos « sommets ». Votre historique de la presence de l’armee francaise ne fait que montrer que nous avons raison de demander le depart de cette force d’occupation.

    Votre langue de bois diplomatique ne peut tromper que les esprits faibles : refusez de comprendre que les peuples africains ont compris et ont fini par se prendre en charge, c’est votre probleme ! Que les militaires restent 1 jour, 20ans , 1000ans etc au pouvoir, ce n’est vpas votre probleme, mais celui du peuple malien. Melez vous de ce qui vous regarde, point barre ; que cela vous plaise ou non !
    Vous savez tres bien que vous n’etes pas pour la stabilite au sahel : vous etes la cause meme de l’instabilite du sahel : avec plus de 40000 soldats vous n’etes pas capables d’en finir avec des groupuscules d’engueunilles circulant a moto et visibles de jour comme de nuit avec vos satellites et drones, etc. On ne veut pas de vos milliards, etc. on veut vous voir partis de nos sols. Vous l’avez compris mais refusez de le comprendre.

    Pourquoi Wagner vous obnibule tant ? Pourquoi avez-vous oublier Blackrock etc en afghanistan, Irak, etc. Il appartient aux maliens de faire ce qu’ils veulent et avec qui ils veulent et comme ils le veulent. Avec la France ils voient la difference ! entre créer et entretenir une rebellion et combattre une rebellion on sait voir. Entre interdire aux armees locales de faire quoi que ce soit comme vous le faites (ce qu’on appelle une occupation) et non pas combattre les terroristes, ni collaborer avec les maliens.

    Ce qui est dit sur le mali est valable pour le burkina, puisque vous avez publie sur un site burkinabe et donc a destination du peuple burkinabe. Donc sachez que si vous voulez influencer le MPSR a travers le peuple, cette manipulation ne marchera pas, meme si vous soutenez le MPSR. Roch kabore ne voulait le comprendre que le peuple ne veut plus de ces pratiques, si eux aussi ne le comprennent pas tant pis pour eux et pour vous.
    SOME

  • Le 21 février 2022 à 15:52, par Marc Labor En réponse à : France-Mali : « Le retrait de Barkhane n’est pas un recul devant l’extension de l’influence russe en Afrique »

    Quand je discute avec des amis maliens, je constate qu’ils connaissent mal les populations du Nord. Ils me disent « ce sont des Maliens comme les autres, pourquoi auraient-ils droit à un traitement spécial ? ». Or ce ne sont pas des Maliens comme les autres pour des raisons historiques linguistiques etc. D’autre part ils sont minoritaires, Donc il est probable qu’un gouvernement malien, démocratique ou pas, ne tiendra pas compte de leur singularité. Il est donc compréhensible qu’ils cherchent à se protéger contre l’action d’une majorité.
    c’est une donnée du problème. Aux Maliens de trouver la solution

  • Le 21 février 2022 à 16:29, par Abdoulaye En réponse à : France-Mali : « Le retrait de Barkhane n’est pas un recul devant l’extension de l’influence russe en Afrique »

    Il est facile de mentir mais difficile de trouver Les arguments pour le soutenir malgré l assassinat de Kadhafi et l attaque du Mali avec un agenda caché pour le Sahel..on ose insulté et vouloir corrompre l opinion de la jeunesse Burkinabé et bien que la France cesse donc de jouer au donneur de leçons..

  • Le 21 février 2022 à 18:56, par LePenseur En réponse à : France-Mali : « Le retrait de Barkhane n’est pas un recul devant l’extension de l’influence russe en Afrique »

    Merci Sedgo pour ces rappels historiques. Une chose est claire : l’Afrique a désormais le choix de ses partenaires : USA, UE, Chine, Russie, Turquie… depuis les indépendances, les aides des Usa et de l’EU n’ont pas fait décoller l’Afrique comme nous espérions. Le Franc CFA avec sa BCEAO plombent nos économies, les prix de nos matières premières sont fixés de manière arbitraire, on nous impose la démocratie comme mode de gouvernance avec les chefs d’Etats corrompus … nous voyons tout cela et enseignons la vraie histoire de l’Afrique à nos enfants. Tôt ou tard l’Afrique se réveillera et le monde tremblera, tôt ou tard.

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