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Négociations avec les djihadistes : Une question délicate

Publié le mercredi 10 mars 2021 à 13h19min

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Négociations avec les djihadistes : Une question délicate

Depuis quelques temps, la question des négociations avec les groupes terroristes est sur toutes les lèvres. Dans une interview donnée à une radio internationale le Premier ministre Moctar Ouane a de nouveau rappelé qu’il souhaitait s’engager dans cette voie. Le chef de la MINUSMA a lui aussi expliqué, il y a quelques jours, que les maliens étaient favorables à ce dialogue. On pourrait alors croire que ces discussions mettront enfin un terme aux années de guerre qui déchirent le Mali. Mais les choses ne sont pas si simples et finalement le pays aurait sans doute plus à perdre qu’à gagner.

Le premier obstacle auquel se confronte le gouvernement est bien évidement la position de la France. Le président Macron l’a martelé lors du dernier sommet du G5-Sahel, il n’y aura pas de négociations avec les terroristes, son objectif restant la « décapitation de la hiérarchie djihadiste ».

Une divergence de point de vue qui fragilise grandement le gouvernement de la Transition alors que la France soutient depuis des années le Mali dans son combat contre le terrorisme. Au sein même du gouvernement des voix s’élèvent aussi pour rejeter cette idée.

Ainsi Ismaël Wagué, ministre de la Réconciliation, déclarait il y a quelques jours : « on ne doit pas négocier avec les terroristes ! ». Une belle épine dans le pied de la Transition quand on sait que ce ministère est au cœur de cette thématique.

Le Mali devrait pourtant se souvenir de sombres expériences de négociations avec les djihadistes. En effet, si le gouvernement peut se féliciter d’avoir libéré quatre otages dont l’ancien Président Soumaïla Cissé en octobre 2020, la contrepartie financière a indubitablement permis à ces groupes terroristes de renforcer leur logistique mais aussi leur influence.

On sait désormais qu’une infime partie de l’argent de la rançon était distribuée à la population faisant passer les djihadistes pour des bienfaiteurs ! Mais le plus grave fut la remise en liberté de quelques 200 prisonniers. Parmi eux se trouvaient des combattants confirmés et aussi des experts en confection de bombes artisanales qui se sont rapidement remis au travail.

Les conséquences ont été aussi simples que dramatiques : des maliens sont morts sur des IED et des soldats des forces de sécurité sont tombés sous les balles de ces terroristes relâchés.

Alors que va faire le gouvernement ? Quelles concessions est-il prêt à faire au nom des Maliens ?

Il parait bien inconcevable qu’une partie de l’avenir du pays puisse reposer sur des négociations avec des leaders djihadistes venus de l’étranger, comme l’algérien Abou Oubeida Youssef pour AQMI ou le marocain Al-Saharaoui pour l’EIGS. Le message envoyé au peuple serait catastrophique.

De plus, les revendications des terroristes qu’elles soient territoriales ou religieuses sont bien différentes d’un groupe à l’autre donc impossibles à satisfaire. On peut alors craindre que nos hommes politiques s’engagent dans une impasse qui affaiblirait implacablement un Mali en pleine reconstruction.

A déclarer que des négociations sont possibles, l’Etat prend le risque qu’une partie de la population pense que les djihadistes sont devenus fréquentables. Une idée que ne partagent certainement pas les maliens qui vivent dans la terreur au quotidien.

Idrissa Khalou
@IKhalou

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Vos commentaires

  • Le 10 mars 2021 à 14:50, par TANGA En réponse à : Négociations avec les djihadistes : Une question délicate

    Peuple Malien, Peuples Africain, il ne s’agit pas de négocier avec des djihadistes mais plutôt de négocier avec des Touaregs qui ont des revendications.
    Quel djihadiste s’est présenté au nom d’une djihad pour une négociation ?
    Au Mali présentement se trouvent des groupes djihadistes (composés de Touaregs, Arabes et Africains) mais aussi des groupes Touaregs qui n’ont rien à voir avec les bandits djihadiste.
    Si le peuple souverain du Mali veut s’asseoir avec les Touaregs qui ne sont pas djihadistes, qui a le droit de leur interdire ?
    Etant donné qu’il y a des djihadistes, le Mali et les autres états doivent continuer la lutte contre ces derniers.
    Si la France se lève aujourd’hui pour crier au scandale, elle est mal venue car c’est elle qui a fourni les armes aux djihadistes. A son temps, tout le monde a dit à la France d’arrêter mais sans résultats. Nous Africains pouvons et avons le droit de dire que la France a créé ou laissé créer cette djihad pour venir s’entrainer au combat chez nous.
    La France est mal placée pour nous dire ce qu’il y a lieu de faire. Si elle est là pour nous aider, elle doit suivre notre feuille de route. pendant les deux grandes guerres, ce ne sont pas les Africains qui disaient quoi faire contre l’Allemagne !

  • Le 10 mars 2021 à 15:04, par Oubda Kassoum En réponse à : Négociations avec les djihadistes : Une question délicate

    La terreur ce n’est pas seulement au Mali .Tout un pan entier du Burkina demeure sous le controle et sous le joug des obscuranistes inconscients et tueurs.Mansila au Burkina vit depuis 3 ans sous le regime rigourissime de la charia moyenageuse

  • Le 11 mars 2021 à 08:19, par Ka En réponse à : Négociations avec les djihadistes : Une question délicate

    Mes chers frères maliens, ainsi chacun veut fuir sa responsabilité ? Avant de continuer mon commentaire, je dis ‘’chapeau bas’’ au président Roch Kaboré et son équipe qui ont toujours refusé de négocier avec les Djihadistes. Et ils ont parfaitement raison comme le président Macron de la France qui refuse de discuter avec ces personnes, car, ces Djihadistes utilisent les mêmes procédures et méthodes que les terroristes, en tuant massivement des innocents au nom de l’Islam, une religion de paix et de la tolérance. Refuser de négocier avec ces Djihadistes est une décision noble : ’’D’abord, nul n’a le droit de tuer son prochain pour quelques causes que ce soit car, les autres qu’ils tuent ont également le même droit à la vie qu’eux.’’

    Tuer son prochain au nom de l’Islam est de berner le monde. Les crimes gratuits sont des voies qui mènent à la perdition et à l’enfer. Dont nous pouvons confirmer que les terroristes islamistes et Djihadistes sont assurés de se retrouver en enfer. Tandis qu’ils brûleront en enfer, leurs victimes s’envoleront pour le paradis.
    Que les Maliens sachent que les extrémistes ne représentent pas les musulmans du monde et encore moins ceux de la sous-région, qui ont des approches très variées du Coran.

    L’autorité Malienne qui veut discuter avec les Djihadistes qui enlèvent des maliens et autres en les tuants, c’est une autorité qui mettrait en déroute la confiance de son peuple en jouant avec le jeu des extrémistes. Et ce qui ne regarde que Ka, ‘’’pour la majorité silencieuse des musulmans de la sous-région, leur foi n’est pas la seule composante de leur identité. "Les musulmans de la sous-région, Malien, Burkinabé, Nigérien, tout comme les chrétiens, se définissent aussi par leur nationalité, leur famille, leur travail, leur humanité. Alors que le discours dominant des extrémistes Djihadistes voudrait seulement les réduire à leur religion qui est de tuer au nom de leur Dieu.

    On ne peut pas discuter avec ceux qui font une lutte asymétrique en tuants des innocents à mains nues comme nos pauvres familles qu’on tue en les frappant n’importe où, n’importe comment, en particulier là où personne ne s’y attend ? Le terrorisme est une hydre dont la tête repousse, chaque fois qu’un leader tombe.

  • Le 11 mars 2021 à 10:24, par Stalinsky En réponse à : Négociations avec les djihadistes : Une question délicate

    Tous ceux qui parlent de négociations sont des naïfs. On va négocier lorsque le rapport de force est de votre côté. Ceux qui pleurnichent actuellement prouvent que le rapport de force n’est pas de leur côté. Il y a eu dans le passé beaucoup de négociations avec ces rebelles Djihadistes. Quand ils ont accepté c’est quand le rapport de force était du côté de l’armée Malienne et ils fallait survivre. Des pactes ont été signé. Mais une fois reconstitué ils ont encore déclenché des hostilités dans le but de créer un Etat Sahélo-Saharien islamique. Cet objectif fait partie d’un vaste complot de génocide du monde noir. Ces djihadistes pensent qu’ils sont des blancs et il n’est pas normal qu’ils soient gouvernés par des noirs. MODIBO Keita lors de sa conférence de presse à Alger en 1963 l’a clairement établi. C’est du racisme pur et simple que des intellectuels bourgeois hypocrites considèrent comme de la stigmatisation lorsque l’on veut dire la vérité. Cette guerre arrange les Européens pour tester leurs armements dans la future guerre qu’ils préparent contre la Russie. C’est pourquoi des contingents Estoniens, Tchèques et Suédois sont venus renforcer les Français. Ces pays sont les plus anti - Russes que les Russes ont aussi dans leur viseur. Cette guerre ne s’arrêtera que lorsque les principaux dirigeants de ce Djihad seront tués. Au Burkina seule une armée populaire pourra nous amener à la victoire. Ce ne sont pas les paysans Tchadiens recrutés dans l’armée Tchadienne qui ne connaissent pas le terrain et la langue du terroir qui pourra repousser ces assaillants.

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