Charles Dagou, étudiant tchadien à 2iE : « Même s’il faut qu’on crève de faim, on crèvera de faim à l’ambassade »
Pour la énième fois, les étudiants tchadiens de l’institut international d’Ingénierie de l’Eau et de l’Environnement (2iE) ont exprimé leur ras-le-bol devant leur représentation diplomatique à Ouagadougou. Ils demandent à l’Etat tchadien « d’honorer ses engagements » en payant les frais de scolarité et la bourse de subsistance des années 2013, 2014 et 2015.
« Trop, c’est trop », pouvait-on lire sur une banderole figée au premier étage de l’ambassade sis à Ouaga 2000. Cela fait maintenant deux ans et sept mois que les étudiants tchadiens (près de 500 au départ) ont lancé un cri de détresse à l’endroit de leurs autorités. Aujourd’hui, la situation ne s’est pas améliorée et les 315 étudiants restants demeurent mobilisés. Pourtant, souligne Charles Dagou, responsable adjoint à la communication, ce n’est pas faute d’avoir entrepris des démarches auprès de l’ambassade et même auprès des autorités à N’Djamena.
« On en a marre »
« Cela fait sept mois qu’on nous a interdit l’accès aux salles de cours ; ceux qui ont fini n’ont droit ni aux attestations ni aux bulletins encore moins aux diplômes. A la date du 5 mars, l’école a sorti une circulaire qui expulsait du campus tous les étudiants tchadiens résidant sur le campus. Ceux qui sont logés dans les quartiers de la ville voient leurs portes fermées pour impayés, et ils sont tracassés pour les dettes », explique Charles Dagou avant de marteler : « on en a marre ». Pour les étudiants, l’Etat tchadien doit respecter ses engagements en procédant au « versement intégral et immédiat » des frais de scolarité et de la bourse de subsistance des années 2013, 2014 et 2015.
« Même s’il faut qu’on crève de faim… »
Si les étudiants ont « survécu » comme ils aiment à le dire, c’est grâce au concours de leurs camarades burkinabè pour qui ils ne veulent plus être des charges. Aujourd’hui, « on a réfléchi, on a tourné, mais comme aujourd’hui on n’a plus où aller, la seule portion de terre pour nous c’est l’ambassade. Même s’il faut qu’on crève de faim, on crèvera de faim à l’ambassade », a martelé le responsable adjoint à la communication. La mobilisation va crescendo et les étudiants comptent passer la nuit à l’ambassade, s’il le faut, pour se faire entendre.
Sur le lieu du sit-in, les forces de sécurité sont en place. Les étudiants ne craignent-ils pas que les choses dégénèrent à la longue ? A cette question, Charles Dagou demeure serein. « Ils peuvent nous taper dessus, il peuvent faire de nous ce qu’ils veulent. Nous, on ne réagit pas, on est docile. Mais quand ça va dépasser les limites, on va réagir. On n’est pas venu pour agresser quelqu’un, on est venu juste pour dormir, chercher une solution à notre problème », a-t-il conclu.
Pas de répondant à l’Ambassade
Pour des raisons d’équilibre de l’information, nous avons joint au téléphone, à 9h 47 mn, le premier secrétaire de l’ambassade. Notre interlocuteur a exigé l’identité de la personne qui nous a donné son numéro, un « numéro privé ». Nous avons répondu que nous l’avons eu avec des confrères qui l’avaient téléphoné dans la matinée. Malheureusement, tout comme avec les journalistes que nous avons trouvé sur le lieu du sit-in, monsieur le premier secrétaire nous a envoyé balader. Il nous a suggéré de nous adresser à celui qui nous avait donné son contact pour de plus amples informations.
Herman Frédéric BASSOLE
Lefaso.net
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Vos commentaires
1. Le 14 mars 2016 à 18:26, par AD En réponse à : Charles Dagou, étudiant tchadien à 2iE : « Même s’il faut qu’on crève de faim, on crèvera de faim à l’ambassade »
C’est malheureux d’avoir des dirigeants en Afrique noire. Ceux qui se dissent leader aujourd’hui ont bénéficiers en majorité des soutiens des premiers responsables. Je suggère que ces étudiants soit supporter par les étudiants Burkinabe.
PS : La police ou sécurité, s’’il vous plait, ne toucher a aucun de ces étudiants qui sont dans leur droit.
C’est dommage que vous bloquer la nourriture qui a été préparé dans le quartier pour eux.
Pauvre soit disant leaders !
2. Le 14 mars 2016 à 19:28 En réponse à : Charles Dagou, étudiant tchadien à 2iE : « Même s’il faut qu’on crève de faim, on crèvera de faim à l’ambassade »
le premier secrétaire de l’ambassade, il fait le malin lui. avoir unnuméro privé ne fait pas te toi le president Idris Deby. C’est le mal de l’Afrique, personne pour l’elite et après, on s’etonne du manque de compétence.
3. Le 14 mars 2016 à 21:29 En réponse à : Charles Dagou, étudiant tchadien à 2iE : « Même s’il faut qu’on crève de faim, on crèvera de faim à l’ambassade »
Honte aux autorités tchadiennes. C’est un traitement inhumain. Courage aux étudiants.
4. Le 14 mars 2016 à 23:46, par Le Roi En réponse à : Charles Dagou, étudiant tchadien à 2iE : « Même s’il faut qu’on crève de faim, on crèvera de faim à l’ambassade »
Humm , malheureusement votre cause risque de ne pas être entendue par Deby car vous êtes pour la plupart des Sudistes ; donc des opposants , qui voteront contre Deby à la très prochaine présidentielle .
5. Le 15 mars 2016 à 07:59, par Raogo En réponse à : Charles Dagou, étudiant tchadien à 2iE : « Même s’il faut qu’on crève de faim, on crèvera de faim à l’ambassade »
"le premier secrétaire nous a envoyé balader. Il nous a suggéré de nous adresser à celui qui nous avait donné son contact pour de plus amples informations."
ça fait pitié pour le Tchad et ses compatriotes étudiants et étudiantes tchadiens en gréve de la faim ! Pour un diplomate (Premier secrétaire d’une Ambassade) ! Irrévérencieux et malpolie !
ce malpropre et gonflé devrait être relever de ses fonctions !
6. Le 15 mars 2016 à 09:57, par AfriqueConsciente En réponse à : Charles Dagou, étudiant tchadien à 2iE : « Même s’il faut qu’on crève de faim, on crèvera de faim à l’ambassade »
En tant que frère africain, je suis très sensible à ce mouvement qui est le lot de tous les étudiants africains hors de leurs pays d’origines ; dans toutes les universités africaines, vous aller assister à des situations du genre qui sont bien tristes mais hélas qui sont aussi bien réelles.
Mais j’espère que ce mouvement qui intervient maintenant alors qu’ils l’avaient contenu jusqu’alors, n’est pas à des fins politiques parce que le Tchad est en campagne pour les élections présidentielles.
Je souhaite le meilleur dénouement possible pour eux ; mais je ne souhaite pas qu’ils soient des bras armés par l’occident pour ses campagnes de déstabilisation du continent ; car vous savez en tant que vaillants guerriers ce que le Tchad représente comme épouvantail pour la france pour les hauts faits des soldats sur différents fronts d’interventions.
Ne nous laissons pas infantiliser par la france et l’occident.
Restons dignes patriotes africains quelle que soit la situation.
7. Le 15 mars 2016 à 10:20, par Naboho Lassina En réponse à : Charles Dagou, étudiant tchadien à 2iE : « Même s’il faut qu’on crève de faim, on crèvera de faim à l’ambassade »
J ai du mal à comprendre les autorités tchadiennes,pourquoi tant d impayés ?
Quelle honte et déshonneur pour ton pays, Monsieur le Président Idris Déby,ne
laisse pas le drapeau tchadien trainer dans la boue.Faites vite le règlement des
des charges au profit de 2iE et de vos enfants l avenir de ton pays.Merci
8. Le 15 mars 2016 à 12:27, par taretare En réponse à : Charles Dagou, étudiant tchadien à 2iE : « Même s’il faut qu’on crève de faim, on crèvera de faim à l’ambassade »
Beaucoup de courage, car c’est pas simple. Si c’est l’Etat tchadien qui vous a envoyé au 2IE pour des études, il est inconcevable qu’il vous laisse à vous même. Je me demande dans ces conditions quels élites nos pays Africains veulent t’ ils produire. C’est tout simplement irresponsable. Restez sur place le temps qu’il faudra, je suis sur qu’ils trouverons une solution à votre problème. Ne céder ni à la provocation ni à la panique si vous êtes dans vos droits. Seule la lutte paie.