Bakary Dembélé, artiste-musicien : La soif d’une identité pour la musique burkinabè par le « Tianhoun »
Il est aussi technicien supérieur d’élevage, en service à Bobo-Dioulasso. Connu comme le « maître incontesté du Tianhoun », instrument de musique traditionnel en pays Bwaba, ce descendant de musiciens a un style qui lui est propre. Il a séduit et continue de séduire par cet instrument perçu comme authentique, original, unique et simple. Bakary Dembélé, puisque c’est de lui qu’il s’agit, est bien un artiste accompli. Plus connu sur l’échiquier international que sur les scènes nationales, le Lauréat du Prix Découverte RFI en 1985 est aussi une figure de la période Révolutionnaire grâce à ses titres et à cet instrument musical, le « Tianhoun ».
A César, ce qui est à César, dira-t-on. Il faut rendre à Bakary Dembélé, tout le mérite de la promotion de cet instrument de musique, le « Tianhoun ». C’est cela aussi qui fait l’originalité et la particularité de style musical. Cet instrument qu’il associe avec dextérité aux Balafons, flûtes, violon, djembés (tam-tam), donne un genre musical vu par des spécialistes comme oscillant entre le jazz et la world music, sans perdre pour autant ses bases burkinabè, Bwaba. Griot d’origine, Bakary Dembélé, est d’un père artiste burkinabè. Inspiré par la musique traditionnelle, il a réussi à adapter avec succès, son genre à la musique moderne. Ce qui lui vaut aujourd’hui de nombreux déplacements en Afrique et hors du continent.
« La musique pour moi, c’est depuis le battement de mon cœur. C’est inné », fait-il mesurer son engagement. Née prédisposé à la chanson, Bakary Dembélé fait partie de ces artistes qui ont plus de côtes à l’international qu’au plan interne.
Pourtant, ses débuts dans l’apprentissage de cet instrument propre à l’ethnie Bwaba ne sont pas sans lui rappeler des moments difficiles. Du fait de sa non-maîtrise du « Tianhoun », il était devenu en quelque sorte la risée de ses amis.
C’est dans cet environnement qu’il sera appelé à servir à Tenkodogo, en 1980, comme agent technique d’élevage. Là, il se retrouve dépaysé dans cette partie du pays (Centre-est). Il profite de ce « vide » pour en faire un moment studieux d’apprentissage intense du « Tianhoun ». Il a encore en mémoire qu’il jouait tous les soirs au « Tianhoun », parfois, de 20h à 5 h du matin. Cette verve à la maîtrise de cet instrument auquel il s’identifie, était donc un défi. Défi majeur d’autant qu’il est d’une famille de griots. L’ardeur au travail va lui permettre d’enregistrer en novembre 1982, son premier opus. Surprenant ainsi son village, Sanaba (province des Banwa). En fin 1982, il est repéré à la radio nationale du Burkina et sa chanson y est jouée sans cesse. Il s’impose aux manifestations populaires et solennelles, comme l’artiste le plus adulé.
Lauréat du Prix Découverte RFI en 1985
En 1985, Bakary Dembélé (bakarydembele 12@yahoo.fr) est Lauréat du célèbre « Prix découverte RFI » parmi 500 candidats. Une étape importante venait de s’annoncer dans la vie de l’artiste, surtout à l’international. Ainsi, plusieurs festivals internationaux de renommée le sollicitent. Il garde toujours l’image de ses premiers pas de cette internationalisation à travers son passage en Russie en 1986.
Sept albums à son actif parmi lesquels, « Warayisé » sorti en 1986 sous la Révolution démocratique et populaire. Titre qui sera appelé « musique du Burkina » par les populations. Mieux, on lui attribue le surnom « Warayisé » qui signifie en langue nationale Bwaba, « la bagarre n’est pas bien », un surnom qu’il dit acquiescer avec fierté.
L’artiste ne voile pas son rêve de porter très haut le flambeau de la musique burkinabè, en lui dotant d’une identité. Il estime que le « Tianhoun » est la « carte d’identité » de la musique du Burkina. Fort du constat que de tous les instruments locaux de musique, le « Tianhoun » est le ‘’seul’’ à ne pas avoir de « rival », d’équivalent dans les autres pays. Le « Tianhoun » reste comme « un instrument magique et propre au Burkina ». C’est pourquoi, a-t-il en perspective de travailler à en faire un patrimoine culturel national, une identité de la musique burkinabè.
L’avenir du « Tianhoun », un combat à mener
Bientôt à la retraite, Bakary Dembélé envisage mettre en place un petit groupe artistique pour la promotion de cette sonorité originale. D’abord à l’intérieur du pays puis, sur l’échiquier international. Des projets dans cette perspective, il dit les avoir maintes fois déposés…, surtout auprès du PSIC (Programme de soutien aux initiatives culturelles décentralisées), mais sans succès.
Qu’à cela ne tienne, l’artiste ne démord pas, car convaincu que la culture de façon générale, la musique en particulier, fait l’identité d’un peuple et le « Burkina mérite bien cette identité musicale maintenant ». Il souhaite vivement que ne meurt pas cet instrument, le « Tianhoun », et que partout dans le monde où l’on entendra cette sonorité, on sache qu’il vient du Burkina.
L’artiste souhaite vivement donc que les autorités prennent en compte la musique burkinabè à travers une véritable politique qui encourage beaucoup la musique traditionnelle. Il note, certes, une importante avancée dans la musique burkinabè mais, note-t-il que beaucoup reste encore à faire.
Oumar L. OUEDRAOGO
Lefaso.net
Bref aperçu du « Tianhoun »
En bref, le « Tianhoun » est un instrument musical du pays « Bwaba ». Il est entièrement confectionné à base de tiges de paille tissées entre elles par du fil. Ces tiges sont ensuite déchirées pour obtenir des lames ; lesquelles sont bandées en leur milieu par des lacets de néré. Chaque corde possède à son extrémité une réglette qui permet de l’accorder.
Les bâtonnets tissés sur la face dorsale servent de support. Une véritable combinaison bien harmonisée qui laisse échapper un rythme authentique, agréable et unique à son genre.
Oumar L. OUEDRAOGO
Lefaso.net
Vos commentaires
1. Le 30 avril 2015 à 01:09, par L’Intègre En réponse à : Bakary Dembélé, artiste-musicien : La soif d’une identité pour la musique burkinabè par le « Tianhoun »
Vraiment, merci pour ce très bel hommage à ce grand artiste. Bakary DEMBELE est unique dans son genre. A chaque fois, je ne manque de l’écouter quand je veux écouter la musique pure. Je crois que c’est le moment pour lui de pouvoir enfin mettre en pratique son projet. Je vous assure que c’est une belle idée parce qu’il y a vraiment de l’originalité. Je revois encore le clip que j’ai tant aimé dans lequel petit en lunette tient le Tianhoun, c’est beau. BRAVO à l’artiste et à FASONET de mettre de telles valeurs sur vos pages. Respect, respect et respect à Bakary Dembélé !!!!
2. Le 30 avril 2015 à 01:09, par L’Intègre En réponse à : Bakary Dembélé, artiste-musicien : La soif d’une identité pour la musique burkinabè par le « Tianhoun »
Vraiment, merci pour ce très bel hommage à ce grand artiste. Bakary DEMBELE est unique dans son genre. A chaque fois, je ne manque de l’écouter quand je veux écouter la musique pure. Je crois que c’est le moment pour lui de pouvoir enfin mettre en pratique son projet. Je vous assure que c’est une belle idée parce qu’il y a vraiment de l’originalité. Je revois encore le clip que j’ai tant aimé dans lequel petit en lunette tient le Tianhoun, c’est beau. BRAVO à l’artiste et à FASONET de mettre de telles valeurs sur vos pages. Respect, respect et respect à Bakary Dembélé !!!!
3. Le 30 avril 2015 à 07:31, par leo le Bwaba En réponse à : Bakary Dembélé, artiste-musicien : La soif d’une identité pour la musique burkinabè par le « Tianhoun »
mes félicitations à ce grand artiste Burkinabé qui fait la fierté des Bwabas. cependant je regrette que au plan national la musique bwaba ne soit pas vraiment connu. il y a vraiment de bons artistes mais ils demeurent toujours dans les villages. faut qu’ils pensent à être professionnels en conquérant le public national. J’ai aussi vu une video de musique Tianhoun sur Youtube et c"était vraiment classe (Wiloho Bombiri)
4. Le 30 avril 2015 à 07:33, par une Fanne En réponse à : Bakary Dembélé, artiste-musicien : La soif d’une identité pour la musique burkinabè par le « Tianhoun »
Bonjour l’artiste, Bakary Dembélé ! J’adore votre musique qui est particulière, vos uinstruments sont de vrais trésors. Je souhaite que votre retraite annoncée vous inspire à mieux vous consacrer à, cette promotion et pourquoi pas un Festival dans la localité. Je connais de nombreux jeunes qui flipent pour cette sonorité et qui adorent ce que vous faites, et je sais, s’ils ont l’occasion de vous approcher, , ils, feront sans doute des merveilles avec vous et, c’est tout le pays qui en bénéficie. Bon vent à toi, le meilleur arrive pour votre rêve.
5. Le 30 avril 2015 à 07:38 En réponse à : Bakary Dembélé, artiste-musicien : La soif d’une identité pour la musique burkinabè par le « Tianhoun »
Ambassadeur de la musique Burkinabe je vous salue. Prix Rfi en 1985, donc un Burkinabe avait eu ce prix avant 2000.
6. Le 30 avril 2015 à 08:31 En réponse à : Bakary Dembélé, artiste-musicien : La soif d’une identité pour la musique burkinabè par le « Tianhoun »
Félicitations et courage à ce grand artiste Bakary DEMBELE qui fait la fierté de toute la nation burkinabé. BRAVO !
7. Le 30 avril 2015 à 08:53, par Diallo En réponse à : Bakary Dembélé, artiste-musicien : La soif d’une identité pour la musique burkinabè par le « Tianhoun »
mes félicitations a l artiste ! meme si c est un bwaba et je suis peulh il reste tjr mon grd frere, je suis fier de ces chansons et quand j ecoute sa chanson "souanasiin" je revois l image de sanaba d avant ! bravo et merci
une soeur peulh depuis ton vilage natal
8. Le 30 avril 2015 à 10:01, par Ninja Choc En réponse à : Bakary Dembélé, artiste-musicien : La soif d’une identité pour la musique burkinabè par le « Tianhoun »
Je suis fier de votre musique et fier de cette richesse culturelle. Si je gagne l’occasion, j’apprendrais bien à mes enfants comment jouer le "tianhoun" grâce à Bakary
Cependant, quelque chose m’énerve et je vais le dire haut et fort : les bwabas ne sont pas solidaires ! ils sont égoïstes.
Regardez les : YE Bongnessan, NABOHO Kanidoua, BONOU Alphonse, Pascaline TAMINI et consorts... ces politiciens désunis qui n’ont rien fait de bon ou qui ne font rien pour leur région. Même si vous n’êtes pas du même village, c’est la grande famille Bwaba qui gagnerait ! vous faîtes honte ! voilà du travail pour vous ! faîtes la promotion de cet bel instrument et de votre musique
9. Le 30 avril 2015 à 15:30, par Romain En réponse à : Bakary Dembélé, artiste-musicien : La soif d’une identité pour la musique burkinabè par le « Tianhoun »
Merci à tous ceux qui ont oeuvré pour ce reportage ! merci infiniment ! Bakary Dembélé, c’est vraiment le roi du Tianhoun ; j’aime vraiment ces chansons. Dieu lui accorde toutes les graces necessaires pour qu’il réalise encore tout ce dont il a envie. bon vent et santé de fer à lui.
10. Le 30 avril 2015 à 16:00, par kone En réponse à : Bakary Dembélé, artiste-musicien : La soif d’une identité pour la musique burkinabè par le « Tianhoun »
Bravo et tous mes encouragements à l’artiste - j’ai suivi son clip dans lequel le comedien souke joue un grand rôle - franchement il est une fierté dans la grande famille Bwaba - je lui souhaite une bonne continuation et une retraite méritée sous peu.
11. Le 30 avril 2015 à 17:56, par HEMA En réponse à : Bakary Dembélé, artiste-musicien : La soif d’une identité pour la musique burkinabè par le « Tianhoun »
Merci au journaliste culturelle pour tout ce qu’il fond pour nos artistes en général et les musiciens en particuliers.J’ai connu BAKARY DEMBELE depuis mon enfance à NIANGOLOKO une commune frontalière de la cote D’ivoire car il était effectivement agent d’élevage.c’est un homme culturelle de haut niveau et mérite plus d’hommage que quiconque sur cette terre.son instrument fétiche le tianhon est extraordinaire et unique au burkina. Ce monsieur s’il est soutenu ferra vivre beaucoup de génération avec son art que lui seul détient le secret aujourd’hui.MERCI
12. Le 30 avril 2015 à 20:26, par ZAPATA En réponse à : Bakary Dembélé, artiste-musicien : La soif d’une identité pour la musique burkinabè par le « Tianhoun »
Salut l’artiste, je suis ton parent à plaisanterie, mais je me rappelle de ton morceau " warahissé" " hoho, warahissé" un best..... qui a bercé mon adolescence .j’ai adoré.
13. Le 30 avril 2015 à 20:36, par Hamavo Tuina En réponse à : Bakary Dembélé, artiste-musicien : La soif d’une identité pour la musique burkinabè par le « Tianhoun »
grand fère ! une solidarité pour la cause commune commence par les premiers concernés. si chaque Bwaba se sacrifiait pour 10f.cfa chacun. ton projet ( le notre serait entièrement couvert). ma grande mère disait " enh tomoààà "
14. Le 30 avril 2015 à 22:07, par Aline En réponse à : Bakary Dembélé, artiste-musicien : La soif d’une identité pour la musique burkinabè par le « Tianhoun »
Félicitations à vous Mr Bakary Dembélé pour la promotion de la culture burkinabè. ! J’ai bien aimé le clip dans lequel vous chantez dans un jardin maraîcher. Votre exemple me fait penser à mon regretté émérite enseignant de sciences naturelles Samboué Jean Bernard ( paix à son âme) qui jouait également de cet instrument original !
Courage et bon vent à votre projet !
15. Le 1er mai 2015 à 04:04 En réponse à : Bakary Dembélé, artiste-musicien : La soif d’une identité pour la musique burkinabè par le « Tianhoun »
Salut l’Artiste ! Bakary Dembélé fais honneur à la culture Bwa et au Burkina tout entier. Merci à l’auteur pour ce reportage
16. Le 2 mai 2015 à 11:30, par Frédéric En réponse à : Bakary Dembélé, artiste-musicien : La soif d’une identité pour la musique burkinabè par le « Tianhoun »
Vraiment merci à bakary dembele de nous donner une identité culturelle car nous somm perdus .
17. Le 7 mai 2015 à 08:40, par Sympathisant En réponse à : Bakary Dembélé, artiste-musicien : La soif d’une identité pour la musique burkinabè par le « Tianhoun »
Chapeau bas à ce professionnel de l’art dans le sens le plus aigu du terme.
Moi, je souhaiterai avoir un " best of..." de l’ensemble de vos différents albums.
Je voudrais en savoir les conditions...
A très bientôt.
18. Le 7 mai 2015 à 12:54, par Dinkous En réponse à : Bakary Dembélé, artiste-musicien : La soif d’une identité pour la musique burkinabè par le « Tianhoun »
Merci à Bakry Dembélé, artiste authentique et fier de ses racines bwa.
Merci pour cette lumière sur cet artiste souvent écarté du petit écran.
Pour l’auteur du reportage, je crois que c’est à la foire de Bomborokuy que les photos sont prises, vous auriez pu au moins indiquer que vous l’avez interviewé à cette grande manifestation pour situer le lecteur le sens des photos. Corrigez moi si je me trompe.
19. Le 7 mai 2015 à 15:12, par Aly En réponse à : Bakary Dembélé, artiste-musicien : La soif d’une identité pour la musique burkinabè par le « Tianhoun »
Courage à toi mon frère
20. Le 14 avril 2016 à 10:00, par Ab Emile BOMBIRI, ancien Délégué Général En réponse à : Bakary Dembélé, artiste-musicien : La soif d’une identité pour la musique burkinabè par le « Tianhoun »
Je viens de lire tout le parcours et toute l’histoire de mon frère de Sanaba. Pour avoir été curé pendant 7 ans dans cette ville, je suis heureux de savoir que le tianhoun est sans concurrent dans le monde entier en tant qu’instrument de musique ; bonne route mon frère et je sais que les portes des bourses vont s’ouvrir pour te permettre de finaliser ton projet. Abbé Emile BOMBIRI
21. Le 19 mai 2017 à 14:30, par TRAORE JEAN PIERRE En réponse à : Bakary Dembélé, artiste-musicien : La soif d’une identité pour la musique burkinabè par le « Tianhoun »
je suis très ému de lire cette publication de faso.net sur l’artiste indomptable bwa. je salue et rend hommage à faso.net, n’eut été ce media le savan universel du tianhoun ne sera connu dans aucun ciel même pas au burkina. en réalité, bakary fait de la bonne musique traditionnelle et ça tout le monde le sait. mais il se trouve qu’il n’est pas connu par le public burkinabè. à qui la faute ? bakary ? NON. j’accuse d’abord la RTB en général et les journalistes en particulier. ensuite le ministère de la culture qui jusqu’à present je ne sais quelle culture il est entrain de promouvoir. on parle de tresor vivant. et le ministère n’a pas primé le tianhoun. si je me trompe bakary est le tresor vivant du faso dans la catégorie musique traditionnelle. je le dis pour que le ministère prenne en compte cet instrument de musique bwa dans "tresor vivant du faso". merci de me corriger si je dis des choses incorrectes. TRAORE Jean Pierre. cel : 70.56.31.93