Marie-Odile Bonkoungou-Balima en Allemagne : Comment donner une nouvelle impulsion aux relations diplomatiques et économiques entre Berlin et Ouagadougou ?
L’arrivée de Luc Tiao à la primature et la nomination de Djibril Bassolé à la tête de la diplomatie burkinabè sont l’occasion de multiples nominations qui visent à rompre le ron-ron dans lequel l’administration burkinabè, parfois, avait tendance à se complaire. Inévitablement, dès que le temps passe, la routine s’installe et chacun ayant conquis ses positions tend à les défendre. 2011 sera donc, pour la diplomatie burkinabè (mais c’est l’ensemble de l’administration du « pays des hommes intègres » qui est, au total, concernée), l’année de tous les bouleversements.
Rappel de quelques têtes d’affiche, promotion de diplomates de carrière, recasement de personnalités politiques, création de nouveaux postes, etc. la liste des promus ne cesse de s’allonger et il faudra bientôt un annuaire pour dresser le nouvel état des lieux de la diplomatie burkinabè. Et ce n’est sans doute pas fini ; Ouaga 2000 a les yeux rivés sur le Proche-Orient (Qatar, Turquie…) et l’Asie (Sri Lanka…) et pourrait étoffer (en les dédoublant) ses représentations diplomatiques à travers le monde.
Le dernier changement opéré l’a été hier, mercredi 28 septembre 2011, en conseil des ministres. Marie-Odile Bonkoungou-Balima, administrateur civil, a été nommée ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire du Burkina Faso auprès de la République fédérale d’Allemagne. L’Afrique francophone ne porte pas toujours à l’Allemagne l’attention que mérite ce pays ; vieux syndrome franco-français qui relativise ou exorcise sa relation avec un pays qui, par trois fois, en l’espace d’un siècle, lui avait fait la guerre et, plus encore, avait longuement occupé le territoire français. En ce qui concerne le Burkina Faso - qui entretient des relations diplomatiques avec l’Allemagne depuis 1961 - Berlin est le deuxième partenaire bilatéral derrière la France et son aide en faveur de Ouagadougou s’est élevée à près de 900 millions d’euros au cours de la période 2008-2010 (et plus d’un demi milliard d’euros de 1973 à 2007).
C’est dire que le poste d’ambassadeur à Berlin mérite une attention particulière et Bassolé ne manque pas de souligner que « le partenariat entre l’Allemagne et le Burkina est un partenariat exemplaire ». Il est vrai que les Allemands, quant à eux, prennent en considération leur relation avec Ouaga et n’y nomment pas n’importe qui. Ulrich Hochschild - en poste 6 ans et 2 mois au Burkina Faso - et qui vient tout juste de quitter la capitale burkinabè pour être nommé consul général d’Allemagne à Strasbourg, docteur es lettres, a été enseignant de formation mais devenu diplomate il a été en poste à New York, Paris, Cotonou, Sarajevo, Bruxelles et Toronto avant d’être nommé à Ouaga.
Son successeur, Christian Germann, de la même génération que lui (ils sont nés tous deux en 1949), a été en poste en Iran, au Pérou, au Costa Rica, aux Philippines et en République dominicaine. Un nouvel ambassadeur allemand est ainsi nommé à Ouaga alors qu’un nouvel ambassadeur burkinabè est nommé à Berlin. Et le fait que ce soit une personnalité significative de la vie politique burkinabè montre la volonté de Ouaga 2000 d’impulser un souffle nouveau aux relations diplomatiques et économiques entre les deux pays et de recentrer l’ambassade de Berlin sur l’Allemagne (l’ambassadeur à Berlin était, par le passé, accrédité auprès de la Russie, de la Suisse, de l’Ukraine, de la Pologne…)
Xavier Niodogo, en poste depuis de longues années, avait été formé en Union soviétique (étant à Berlin, il était également accrédité auprès de la Russie). Ancien député, conseiller économique et commercial à Paris, c’est un homme chaleureux, fraternel et disponible qui s’est efforcé de rendre plus visible le Burkina Faso en Allemagne (le premier obstacle étant, cependant, la langue : l’information en allemand sur le Burkina Faso est inexistante).
Marie-Odile Bonkoungou-Balima est, quant à elle, une stricte « politique » : elle était ministre de l’Education nationale et de l’Alphabétisation jusqu’à l’arrivée de Tiao au poste de premier ministre le 18 avril 2011 ; elle était entrée au gouvernement le 5 septembre 2005 au portefeuille de l’Enseignement de base et de l’Alphabétisation après avoir été nommée secrétaire général du gouvernement et du Conseil des ministres lors du remaniement ministériel du 10 juin 2002 (en 2005, elle sera remplacée à ce poste par Clément Sawadogo). C’est dire que depuis dix ans, Bonkoungou-Balima fait partie du paysage politique.
Mal loti en matière d’alphabétisation et de scolarisation (le taux de scolarisation était de 5,6 % au moment de l’indépendance), le Burkina Faso a fourni un effort considérable en la matière (officiellement, le taux de scolarisation est aujourd’hui de 74,80 %) mais doit, dans le même temps, faire face au gap social qui se creuse entre parents et enfants dès lors que ces derniers ayant été scolarisés sont confrontés à un milieu familial où ils ne trouvent pas le relais nécessaire à l’école pour aller plus loin que le primaire.
Née le 15 décembre 1961, Marie-Odile Bonkoungou est originaire de Tenkodogo (Sud-Est de Ouagadougou), dans la province du Boulgou. Ecole primaire catholique de Tenkodogo, lycée technique de Ouagadougou, bachot G1, Ecole supérieure de droit de l’Université de Ouagadougou (maîtrise en droit des affaires en 1985), ENAM (option administration générale), c’est le 1er avril 1987 qu’administrateur civil elle intégrera le ministère du Travail, de la Sécurité sociale et de la Fonction publique dont Salif Sampebogo sera nommé ministre le 25 avril 1989.
C’est Juliette Bonkoungou qui donnera ses lettres de noblesse à ce ministère dont elle deviendra la patronne le 16 juin 1991 (avec en charge la modernisation de l’administration), Salif Diallo récupérant alors le portefeuille de l’Emploi, du Travail et de la Sécurité sociale. Rédacteur à la direction centrale de la fonction publique (1987-1990), chargée d’études à la direction des études et du contentieux (1990-1992), c’est en tant que directrice générale de la fonction publique (1992-1998) que Marie-Odile Bonkoungou va tout particulièrement s’illustrer à l’occasion de la première Conférence annuelle de l’administration publique (CAAP) qui se tiendra du 27 au 30 septembre 1993 à Ouagadougou. Elle sera, par la suite, inspecteur général des services (1998-2001) avant de rejoindre le gouvernement en tant que secrétaire général adjoint (2001-2002) puis secrétaire général (10 juin 2002 - cf. supra).
Bonkoungou va débarquer à Berlin alors que la diplomatie allemande s’interroge sur son présent et son avenir. Dans une conjoncture mondiale qui se délite, Berlin a tendance à se recroqueviller à l’intérieur de ses frontières avec, juste, un regard circonstancié sur ses voisins immédiats. Un regard plus complaisant à l’Est qu’à l’Ouest. Varsovie - et, au-delà, Moscou - plutôt que Paris. Hubert Védrine, l’ancien ministre des Affaires étrangères de la France, dit que « l’Allemagne est revenue à un égoïsme organique ». Mais il est vrai qu’à Berlin, l’agitation permanente de Paris, donne le tournis à une équipe dirigeante qui se refuse à « changer d’avis en 48 heures » et réclame « une analyse complète de la situation » avant de s’engager dans la résolution des « crises » internationales.
La résolution 1973 des Nations unies (concernant l’intervention en Libye pour protéger les civils de la répression menée par Kadhafi) est l’aboutissement de cet atermoiement qui n’est pas dans le mode de production diplomatique de Nicolas Sarkozy. Berlin s’est abstenu, suscitant la réprobation de ses partenaires de l’Union européenne et de son allié américain. Il est vrai que l’arrivée, pour des raisons de politique intérieure (formation d’une coalition de droite à la suite des législatives du 27 septembre 2009), de Guido Westerwelle à la tête de la diplomatie allemande ne la pas rendue plus visible.
Jean-Pierre BEJOT
La Dépêche Diplomatique
Vos commentaires
1. Le 29 septembre 2011 à 22:19, par l homme integre fache En réponse à : Marie-Odile Bonkoungou-Balima en Allemagne : Comment donner une nouvelle impulsion aux relations diplomatiques et économiques entre Berlin et Ouagadougou ?
ca veut dire quoi"Ouaga 2000", M Bejot, la capitale du Burkina est Ouagadougou et non Ouaga 2000.
Bienvenue a Odile,Berlin n est pas facile, il y a pas mal de Burkinabe "cranes brules" qui vous empechent de dormir sur vos lauriers.
J espere que vous avez laisse votre mentalite de Burkinabe a Ouaga pour venir adopter la ponctualite, l ordre et la discipline Allemande ici, sinon on vous le rappelera, vous etes prevenue.Pour l instant on vous dit"Herzlich Willkommen"
2. Le 29 septembre 2011 à 22:51, par Oueder En réponse à : Marie-Odile Bonkoungou-Balima en Allemagne : Comment donner une nouvelle impulsion aux relations diplomatiques et économiques entre Berlin et Ouagadougou ?
Herzlich willkommen in Deutschland Madame Bonkoungou.
Le 30 septembre 2011 à 07:06 En réponse à : Marie-Odile Bonkoungou-Balima en Allemagne : Comment donner une nouvelle impulsion aux relations diplomatiques et économiques entre Berlin et Ouagadougou ?
Sincères félicitations à Mme Odile BONKOUNGOU en espérant de tout coeur que cette nouvelle promotion permettra à celle-ci de développer davantage la coopération décentralisée entre nos deux pays. La grande bataille électorale et de leadership dans le Boulgou n’aura donc pas lieu au grand dam des populations locales qui, le plus csouvent n’ont rien à cirer avec ces batailles politiciennes et n’ont besoin que de l’eau potable et du pain béni. Bonne chance à Mme Odile BONKOUNGOU !
Le 1er octobre 2011 à 09:13 En réponse à : Marie-Odile Bonkoungou-Balima en Allemagne : Comment donner une nouvelle impulsion aux relations diplomatiques et économiques entre Berlin et Ouagadougou ?
Mr l président. Toujours les mêmes. Laissez les autres tentez leur chance. Nous jeunes devont nous attendre la mort de touts ces anciens pour espérer une petite promotion ?
3. Le 30 septembre 2011 à 08:38 En réponse à : Marie-Odile Bonkoungou-Balima en Allemagne : Comment donner une nouvelle impulsion aux relations diplomatiques et économiques entre Berlin et Ouagadougou ?
Merci Monsieur le journaliste pour votre message.
Mais je trouve que c’est un peu aberrant de votre part de dire : "l’information en allemand sur le Burkina Faso est inexistante)". Il suffit de taper dans "google.de/Burkina Faso" pour avoir tant de sites web qui donnent des infos sur le Burkina. Aussi il existe plusieurs partenaires allemands du Burkina qui essaient de mettre beaucoup d’informations sur le Burkina en allemand.
Aussi à l’Ambassade on trouve des brochures d’information en allemand ; l’Ambassade a mis en place un site web qui est toujours en construction où on trouverait des infos en allemand : www.embassy-bf.org
Je vous conseillerai aussi : www.auswaertiges-amt.de/burkina faso ;www.wikipedia.de/burkina faso et bien d’autres
Le 30 septembre 2011 à 11:24, par Frankfurt Direct En réponse à : Marie-Odile Bonkoungou-Balima en Allemagne : Comment donner une nouvelle impulsion aux relations diplomatiques et économiques entre Berlin et Ouagadougou ?
Vivant en Allemagne je n dirais pas que l information sur le
Burkina-Faso en Allemage est inexistant mais presque.
Cela peut s expliquer par le fait que l Allemagne n ayant plus d ex colonies en Afrique n y voit pas trop d interet.
Quand vous dites que vous etes du Burkina-Faso , beaucoup vous disent qu ils n en ont jamais entendu parler.
On aurait eu l occasion de participer à la coupe du monde de foot-ball ici en 2006 comme la CI et le Togo et le burkina serait connu de tous les allemands et meme du monde entier.
La question n est donc pas seulement politique mais culturelle et sportive aussi.
4. Le 30 septembre 2011 à 09:25, par ORAN En réponse à : Marie-Odile Bonkoungou-Balima en Allemagne : Comment donner une nouvelle impulsion aux relations diplomatiques et économiques entre Berlin et Ouagadougou ?
Bonjour grand’soeur,
Félicitations. Comme je le faisais savoir, ta sortie du gouvernement ne devait pas être considérée comme une sanction. Tu as fait un assez bon travail au MEBA. Dès à présent pense à la fin de ton mandat en Allemagne.
Je continuerai à faire mon sport seul. Bons vents.
5. Le 30 septembre 2011 à 09:47 En réponse à : Marie-Odile Bonkoungou-Balima en Allemagne : Comment donner une nouvelle impulsion aux relations diplomatiques et économiques entre Berlin et Ouagadougou ?
La grande force de cette dame c’est sa stabilité familiale son amour qu’elle a pour son mari et ses enfants ;elle etonne par le caractere sacré fait de son foyer.Je suis convaicu que sa nomination sera pour elle une occasionpour rendre homage a son mari.L’image du burkina doit etre le seriux de ces representant dans les valeurs familiale ce cote devra etre la base d’une personne pubique
6. Le 30 septembre 2011 à 12:04, par Thalmas En réponse à : Marie-Odile Bonkoungou-Balima en Allemagne : Comment donner une nouvelle impulsion aux relations diplomatiques et économiques entre Berlin et Ouagadougou ?
Jean-Pierre BEJOT, vous tirez dans tous les sens dans votre papier. On a du mal à vous suivre. A vari dire, je ne connais pas ce style journalistique !
7. Le 30 septembre 2011 à 15:35, par Mentalist En réponse à : Marie-Odile Bonkoungou-Balima en Allemagne : Comment donner une nouvelle impulsion aux relations diplomatiques et économiques entre Berlin et Ouagadougou ?
Voilà une dame qui fera bon ménage(diplomatique)avec madame Angela Merkel.
Car c’est deux battantes aux caractères bien trempés qui ne reculent pas devant le matchisme des hommes...
Je félicite Blaise encore pour ce choix bien adapté !
8. Le 30 septembre 2011 à 17:29, par Mama En réponse à : Marie-Odile Bonkoungou-Balima en Allemagne : Comment donner une nouvelle impulsion aux relations diplomatiques et économiques entre Berlin et Ouagadougou ?
Dommage ! j’aurai préféré que tu restes au Burkina Faso pour continuer de te battre comme tu l’as fait. Je pense que tu n’as pas été écartée parce que tu devenais une épine pour cetaines personnes. La voie est libre pour eux,mais je crains les règlements de compte dans cette localité.Dans tous les cas là où le devoir t’appelle montre leur ta capacité à être utile à ton pays.
Bonne chance et courage grande soeur
9. Le 30 septembre 2011 à 19:11, par jean silete En réponse à : Marie-Odile Bonkoungou-Balima en Allemagne : Comment donner une nouvelle impulsion aux relations diplomatiques et économiques entre Berlin et Ouagadougou ?
Bien dit, mon predecesseur.Tous ceux qui devaient mener le combat du parti au Boulgou sont envoyes en mission loin loin de leur base.Tenkodogo pleure de son orphelinat.Que faire pour remedier a cette situation ? Un travail de Titan pour le parti,,surtout que la crise interne ne faciliterait pas les choses.Diabre et la mouvance se frotteront bien les mains.
10. Le 30 septembre 2011 à 20:15, par Herman En réponse à : Marie-Odile Bonkoungou-Balima en Allemagne : Comment donner une nouvelle impulsion aux relations diplomatiques et économiques entre Berlin et Ouagadougou ?
L’Allemagne est un pays à grands enjeux pour le Burkina Faso et l’une des coopérations qui se portent bien.
Félicitations à Son Excellence Xavier NIODOGO qui a posé les bases d’une meilleure coopération entre Ouagadougou et Berlin. Bonne chance et plein succès à Odile Bonkoungou pour la suite de cette mission
11. Le 1er octobre 2011 à 06:40, par Jb kientega En réponse à : Marie-Odile Bonkoungou-Balima en Allemagne : Comment donner une nouvelle impulsion aux relations diplomatiques et économiques entre Berlin et Ouagadougou ?
Soiez La bien venue en RFA S E Madame boukoungou ,en tous cas , les Burkinabé vous attend avec leurs prolemes des montagnes .
Par un intègre en allemagne
12. Le 1er octobre 2011 à 14:00, par gildas En réponse à : Marie-Odile Bonkoungou-Balima en Allemagne : Comment donner une nouvelle impulsion aux relations diplomatiques et économiques entre Berlin et Ouagadougou ?
Cette nomination est un non évènement, pour vous endormir on fait jeu de chaise musicale pour donner l’impression de changement, nous savons tous qui on doit changer dans ce pays.
Mais on attend 2015, il nont qu’à oser !
13. Le 2 octobre 2011 à 16:18, par Vagabond En réponse à : Marie-Odile Bonkoungou-Balima en Allemagne : Comment donner une nouvelle impulsion aux relations diplomatiques et économiques entre Berlin et Ouagadougou ?
Pourquoi toujours les memes ? Le burkina n’a pas d’autres cadres compétents ?