Tchad : Le Premier ministre Succès Masra, le « sankariste », renonce à son salaire au profit d’actions sociales
Nommé Premier ministre de son pays, le Tchad, le 1er janvier 2024, suivie 24 heures après de la formation de son gouvernement, Succès Masra a, dans la foulée, et sans attendre, œuvré comme il l’a promis dès sa nomination, à une reprise des cours, suspendus des semaines pendant deux mois pour cause de grève des enseignants. Et cela, dans une avalanche de commentaires autour de sa nomination, qualifiée de trahison par certains de ses compatriotes, de stratégique et patriotique pour d’autres. Ces derniers se trouvent confortés par cette décision que le Premier ministre vient de prendre ; le renoncement à son salaire pour le consacrer à des actions sociales.
« Tout travail mérite un salaire, dit-on, mais moi, je ne me sens pas au travail. Je me sens en mission », a dit le Premier ministre, précisant dédier ce fonds à la création d’une bourse sociale visant à promouvoir l’excellence dans les 23 régions du Tchad.
« Du jamais vu au Tchad », clament des citoyens tchadiens, qui apprécient « cette vision de servir son pays, quelle que soit sa position », quand pour d’autres, l’essentiel ne réside pas en cela, mais à s’attaquer à des questions « plus importantes » (c’est-à-dire les services sociaux de base).
Par ces deux actes majeurs, obtention de la reprise des cours et le renoncement à son salaire, le leader du parti Les Transformateurs parviendra-t-il à grignoter des sympathisants dans le camp de ceux qui n’ont pas vu d’un bon œil sa nomination à la tête de la Primature et, partant, à se faire une assise réelle dans un gouvernement où également des observateurs comptent ‘’trop’’ d’anciens barons, susceptibles de faire obstacle à sa mission ?
En tous les cas, le tout-premier Premier ministre de la Ve République, l’économiste, Succès Masra, semble avoir balisé sa trajectoire et ce, dans le tempo du discours qu’il a livré à Ouagadougou le 14 mai 2022 sous l’intitulé : « Nous sommes des milliers de Sankara » ; Thomas Sankara qu’il qualifie d’un des meilleurs fils d’Afrique et dont il dit s’inspirer.
Au cours de ce séjour de Ouagadougou, ce cadre qui a rendu sa démission de la Banque africaine de développement, a décliné sa motivation à descendre dans l’arène de son pays et affiché sa vision de la gouvernance.
« J’ai aussi vu la situation de mon pays, qui est resté dernier, sans faire du progrès, selon les indices de développement humain (capital humain, compétitivité…). Dès lors, la question qui se pose à vous, c’est à quoi sert votre statut, fut-il de fonctionnaire international bien payé ? J’ai donc vu la situation de mon pays, le Tchad, qui est resté des décennies en arrière, alors que nous avons des potentialités énormes. Je me suis dit qu’il y a là un appel parce qu’il y a une obligation de résultat pour servir ce peuple-là, l’amener à transformer ses potentialités en opportunités. J’ai vu le chemin de la gouvernance qui était-là, plus de trente ans de perte de temps, pas de résultat. J’ai aussi vu la gouvernance antérieure à cette époque, qui a eu du temps pour pouvoir le faire. Je me suis dit qu’il y a là une autre voie que nous pouvons proposer. C’est ainsi que j’ai démissionné le 29 avril 2018, au moment où (mauvaise cerise sur le mauvais gâteau) le président en place (feu Idriss Deby) a choisi de se déifier, presque, devenant lui-même Premier ministre, chef du gouvernement, président, sultan de son village, ministre de la défense…(…). Ce dont l’Afrique a besoin le plus, ce sont des leaders serviteurs, à tous les échelons. Du préfet au président de la République. Le panafricanisme du 21e siècle, c’est du leadership serviteur. La démocratie du 21e siècle, c’est du leadership serviteur. La gouvernance du 21e siècle, dont nous avons besoin, c’est du leadership serviteur. Un leader serviteur ne part pas faire son bilan de santé, en tant que ministre de la santé, en Europe. Un leader serviteur n’est pas un président qui prend un jet privé pour aller dans un autre pays pour se soigner. Un leader serviteur ministre de l’économie ne se précipite pas pour ouvrir son compte bancaire dans un pays étranger. Un leader serviteur ministre de l’enseignement n’envoie pas ses enfants étudier hors de l’Afrique »,a expliqué Succès Masra.
A dix mois de la présidentielle (octobre 2024) qui doit marquer la fin de la transition et au regard des défis en présence, il va sans dire que le jeune leader politique, Succès Masra, a amorcé un virage capital, avec tous les enjeux qu’il comporte pour son avenir.
O.L.O
Lefaso.net
Vos commentaires
1. Le 11 janvier à 12:47, par sidpayété En réponse à : Tchad : Le Premier ministre Succès Masra, le « sankariste », renonce à son salaire au profit d’actions sociales
Ce n’est pas parce que quelqu’un renonce à son salaire qu’il est blanc comme la neige.
On peut bien renoncer à son salaire et piller les biens du pays.
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2. Le 11 janvier à 13:24, par Passakziri En réponse à : Tchad : Le Premier ministre Succès Masra, le « sankariste », renonce à son salaire au profit d’actions sociales
Soyons sérieux.
le renoncemement fictif à son salaire ne fait pas de nous des sankaristes. Si vous renoncez à vos salaires ministérielles et augmentez les caisses noires qui servent à renflouer vos poches , vous vous moquez de la galerie. Sankara lui n’avait pas simplement renoncé à son salaire de PF , il avait institué un système cohérent : L’enseignant nommé ministre garde son salaire d’enseignant, le banquier nommé garde son salaire de banquier. Sous Sankara, je ne pense pas que les caisses noires étaient vraiment noires.
Mais nos néo- Sankaras renoncent à leurs salaires mais pas aux caisses noires dont personne d’autre ne vera le contenu ni à l’entrée ni à la sortie , ils n’ont pas le courage de supprimer tous les fonds de la honte comme les fonds communs qui ne sont que des fonds de la gabegie.
Au Burkina nous avions sous Rosine Sory/Coulibalily qui voulait les stopper, des fonds communs du MINEFID de 55 milliards pendant que les chinois devaient nous construire un hôpital en detruisant la forêt de kua pour un peu plus que cela. Donc souffrez que je dise que l’UE est moralement plus sankariste que les néo-sankaristes du Sahel, parce que l’UE consacre plus de 31 % de son budget au secteur agricole alors qu’au Burkina ce secteur est laissé à sa misère. Imaginons qu’on consacrait 55 milliards par an pour moderniser l’agriculture burkinabé et nous débarasser des houes moyen-âgeuses ! Mais hélas. Personne n’aura le courage de servir l’eau aux masses que le champagne à une minorité. N’est pas Sankara qui le dit, mais qui le vit.
Passakziri
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3. Le 11 janvier à 17:41, par Le Duc du Yatenga Nouveau En réponse à : Tchad : Le Premier ministre Succès Masra, le « sankariste », renonce à son salaire au profit d’actions sociales
Il faut que nos dignitaires arrêtent ce populisme malsain. Tu renonces à ton salaire et tu vis de quoi ? De fonds volés, bien sûr ! Pourquoi on ne renonce que quand on est dans les hautes sphères de l’Etat ? Les caisses noires et même très noires sont à leurs dispositions. Le Duc dit que celui qui renonce à son salaire qui le fait vivre, lui et sa famille doit être débarqué : c’est un voleur.
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4. Le 12 janvier à 05:38, par HUG En réponse à : Tchad : Le Premier ministre Succès Masra, le « sankariste », renonce à son salaire au profit d’actions sociales
Pure populisme.On peut renoncer à son salaire de ministre et augmenté les fonds des caisses noires et autres.Est ce que au temps de sankara il y avait ces genres de fonds.Je ne le pense pas do’c cher journsliste ne devient pas Thomas sankara qui veut mais qui peut.
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5. Le 12 janvier à 06:20, par jan jan En réponse à : Tchad : Le Premier ministre Succès Masra, le « sankariste », renonce à son salaire au profit d’actions sociales
Tous ça c’est flatteries du peuple, vous pensez que le Peuple ne réfléchit pas et vous seul êtes malin, vraiment, nous bien en républiques bananieres.
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6. Le 12 janvier à 07:46, par panf En réponse à : Tchad : Le Premier ministre Succès Masra, le « sankariste », renonce à son salaire au profit d’actions sociales
C’est quand même paradoxal ce que je lis, quand ce sont vos transitaires qui renconcent à leur salaire de président de transition et les ministres qui cèdent 5% de leur salaire, vous montez sur tous les toits pour ça et quand ce sont les autres vous tenez un autre discours tendant à ne pas considérer. Vous serez surpris, attendez seulement.
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7. Le 12 janvier à 09:35, par Béog-ninrè En réponse à : Tchad : Le Premier ministre Succès Masra, le « sankariste », renonce à son salaire au profit d’actions sociales
BRAVO au jeune Premier Ministre Succès MASRA. Comme votre prénom, vous êtes destiné à réussir, je ne doute pas que vous allez révolutionner le Tchad. Votre intelligence est ne laisse pas indifférent. Travaillez, suivez la vision que vous avez tracée en politique, avancez, n’écoutez pas ceux qui veulent vous tirer vers le bas par leur manque d’idées et de vision. Dieu vous donne la force d’accomplir tout ce que vous avez de bien pour votre pays.
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8. Le 12 janvier à 09:52, par Alpha2025 En réponse à : Tchad : Le Premier ministre Succès Masra, le « sankariste », renonce à son salaire au profit d’actions sociales
C’est un peu ridicule, ces dirigeants qui annoncent renoncer à leur salaire. En toute rigueur, ce n’est pas ce qu’un peuple éclairé attends d’eux. Car leur position leur confère automatiquement d’autres sources de revenus, comme les fonds dits de souveraineté qu’ils n’ont pas à justifier, sans compter l’expression de l’infinie reconnaissance de certains attributaires de gros contrats. Ce qu’on attend d’eux, c’est une gouvernance rigoureuse et vertueuse à tous points de vue. Quand on renonce à son salaire et qu’on place parents proches et obligés à des postes stratégiques, et qu’en plus de cela, on organise sa pérénisation au pouvoir, ou est la plus-value ?
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