Burkina/Cybercafés : « On ne s’en sort plus, on survit. », témoigne un gérant
Les cybercafés sont de plus en plus rares, voire quasi-inexistants dans la ville de Ouagadougou, alors qu’il y a quelques années seulement, ils avaient le vent en poupe. La majorité d’entre eux ont fermé leurs portes, sauf quelques résistants qui continuent d’offrir leurs services aux clients, mais qui semblent ne pas s’en sortir. Constat dans quelques quartiers au cours de la matinée de ce 26 juillet 2023.
Du quartier Tanghin à Dassasgho, en passant par les 1200 logements, Wemtenga et Zogona, le constat est le même, des portes closes et l’affiche honoraire qui indique : « fermé » !
Sur le boulevard Charles De Gaulle, devant l’un des cyberscafés ouverts au rez-de-chaussée d’un des immeubles faisant face à la chapelle du scolasticat Saint Camille, très animé à l’époque, il est aussi marqué « Fermé ».
- Arouna Kaboré, gérant d’un cybercafé depuis plus de quinze ans s’inquiète pour le secteur
Alors que nous sommes devant la porte close, une voisine des commerces d’à côté tend le cou et nous lance ces mots : « c’est fermé ! ». Autre avenue, même constat. Certains locaux abritant jadis des cyber cafés ont mêmes été transformés pour accueillir d’autres commerces, sauf sur le Boulevard des Tensogba où nous avons trouvé l’un d’entre eux encore fonctionnel.
Installé sur le boulevard depuis plus d’une quinzaine d’années, affirme-t-il, Arouna Kaboré, le gérant, dit ne pas s’en sortir. Selon ses explications, la plupart des clients qui viennent encore font des saisies ou pour la maintenance de leurs appareils. Rares sont ceux qui viennent encore pour se connecter, a-t-il souligné. « Avec l’avènement de la fibre et les androïdes, tout le monde a un accès facile à la connexion. Ce que nous faisons maintenant, c’est du social, parce qu’on ne s’en sort pas. On survit et on essaie de chercher des alternatives pour remplacer ou associer au cyber, sinon, on ne peut plus compter uniquement sur ça pour vivre. On n’a pas le tiers des clients qu’on avait ».
- Dieudonné Tiendrébéogo, client occasionnel des cybercafés
Pour maintenir la tête hors de l’eau, son cybercafé offre, en plus de la connexion, d’autres services comme la maintenance informatique, des formations en informatique et autres.
Lors de notre passage ce 26 juillet 2023, nous avons d’ailleurs trouvé une équipe d’une dizaine de personnes composées d’adolescents et d’adultes qui se formaient en informatique sur place. Dieudonné Tiendrébéogo, est l’un d’entre eux. Il est commercial et il dit être venu se perfectionner en outil informatique. « Mais de temps à autre, je viens aussi pour me connecter parce que la connexion est nettement mieux qu’à la maison », confie-t-il. Même son de cloche pour Germaine Wangrawa, cette infirmière de profession, qui est aussi là pour la même cause : se perfectionner en outil informatique.
- Vue d’une équipe d’adolescents et d’adultes venus se faire former en outil informatique
Quant à Herman Kaboré, ce doctorant burkinabè vivant au Canada, il est occasionnellement là pour se connecter quand il est de passage au pays, parce que le cadre lui permet d’avoir la tranquillité pour maximiser ses recherches.
YZ
Lefaso.net
Vos commentaires
1. Le 1er août 2023 à 16:21, par Revalc En réponse à : Burkina/Cyber cafés : « On ne s’en sort plus, on survit et on essaie d’ajouter d’autres activités », témoigne un gérant
Ainsi va la vie, il y’a des metiers qui disparaissent au fil des ans et de nouveaux qui apparaissent. Il faut se convertir à d’autres metiers.
Avec l’avenement de la fible à domicile, de la 4G et les smart phone, plus besoin d’aller au cyber.
Encore avec l’Intelligence Artificielle d’autre metiers vont encore disparaitre, voilà qu’on ne parle plus des télécentres.
C’est pour cette raison que chaque metier doit evoluer, il faut etre visionnaire et savoir quand se convertir avant que ça ne se gâte.
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2. Le 1er août 2023 à 16:32, par Lang En réponse à : Burkina/Cyber cafés : « On ne s’en sort plus, on survit et on essaie d’ajouter d’autres activités », témoigne un gérant
Le point clé de tout ce qui touche l’informatique c’est la flexibilité et l’adaptation continue dans la flexibilité. Le modèle d’affaire doit changer constamment sinon on est dépassé.
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3. Le 1er août 2023 à 19:25, par Zen En réponse à : Burkina/Cyber cafés : « On ne s’en sort plus, on survit et on essaie d’ajouter d’autres activités », témoigne un gérant
Merci pour le reportage ! Mr Arouna KABORE est vraiment fort de pouvoir toujours tenir avec son cyber que je fréquente depuis 2008. Je lui souhaite beaucoup de bon courage et de la persévérance !
Quand à vous Lefaso.net, vous allez me payer, 😜 ! Vous êtes venu à quelle heure au cyber de Mr. Arouna KABORE et je ne vous ai pas vu ? Pourtant j’y étais
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Le 2 août 2023 à 08:27, par Rabo En réponse à : Burkina/Cyber cafés : « On ne s’en sort plus, on survit et on essaie d’ajouter d’autres activités », témoigne un gérant
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Bonne journée à toi et merci à Lefaso.net.
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4. Le 2 août 2023 à 09:44, par Sheikhy En réponse à : Burkina/Cybercafés : « On ne s’en sort plus, on survit. », témoigne un gérant
Effectivement, la situation est normale avec l’évolution de la technologie. Ce qui pourrait marcher, c’est le modèle espace de travail avec accès à internet et y ajouter d’autres commodités. Mais cette niche a un potentiel limité (2 ou 3 maximum par quartier) et requiert quelques moyens aussi bien en investissement pour le promoteur et un petit pouvoir d’achat pour le client. Mais le besoin est réel
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