Situation sécuritaire : 78% de Burkinabè pour une surveillance des communications privées (téléphoniques) par le gouvernement, selon une enquête d’Afrobaromètre
C’est autour de la préoccupation sécuritaire au Burkina, qu’Afrobaromètre, réseau panafricain et non-partisan de recherche par sondage, représenté au Burkina par le Centre pour la gouvernance démocratique (CGD), a focalisé son enquête menée en décembre 2019. Les résultats ont été rendus publics le vendredi 26 juin 2020 à Ouagadougou à travers un dialogue démocratique.
Pour partager les résultats, le CGD a regroupé des acteurs de diverses sensibilités, notamment les politiques, la société civile, des élus nationaux, des responsables administratifs et institutionnels, des leaders communautaires. Un cadre qui a permis aux participants de pouvoir échanger autour des résultats de l’enquête.
Ce sondage qui a eu pour échantillon, 1 200 adultes burkinabè, est donc un recueil des attitudes et perceptions des citoyens burkinabè sur la situation sécuritaire du pays au moment de sa réalisation, en décembre 2019. « Un échantillon de cette taille donne des résultats au niveau pays avec une marge d’erreur de +/-3 points de pourcentage à un niveau de confiance de 95% », précise Aboubacar Sarambé, statisticien au CGD avant de livrer le sondage.
- Les participants ne sont pas restés indifférents aux résultats du sondage
Ainsi ressort-il que face aux menaces sécuritaires, la plupart des Burkinabè sont favorables à la restriction de certaines de leurs libertés, si cela s’avère nécessaire pour assurer leur sécurité. De façon précise, trois quarts des Burkinabè (, soit 77%) soutiennent qu’en cas de menace à la sécurité publique, le gouvernement devrait pouvoir imposer des couvre-feux et installer des barrages routiers, contre 18% qui pensent que même dans ces circonstances, les gens devraient pouvoir se déplacer dans le pays à tout moment, de jour comme de nuit.
L’enquête indique également que 78% des citoyens sont d’avis qu’en cas de menace à la sécurité publique, le gouvernement devrait pouvoir surveiller les communications privées, comme les téléphones-mobiles, pour s’assurer que personne ne prépare des actes de violences. Ils sont aussi autant, 78%, de Burkinabè à être d’accord que le gouvernement interdise la diffusion de discours de haine (nouvelles, informations ou opinions destinées à attaquer ou à diffamer certains groupes sociaux). Enfin, sur ce point, 65% admettent que le gouvernement ait le droit de réguler ce qui se dit dans les lieux de culte, surtout lorsque les prédicateurs ou les membres d’une congrégation menacent la sécurité publique.
- Les participants ne sont pas restés indifférents aux résultats du sondage
Sur un autre volet, le sondage révèle que le sentiment d’insécurité des Burkinabè augmente. En clair, les Burkinabè se sentent de plus en plus en insécurité dans leur cadre de vie immédiat. « Six Burkinabè sur dix (soit 62%) affirment qu’il leur est arrivé au moins une fois, à eux ou à un membre de leurs familles, de ne pas se sentir en sécurité dans leurs propres quartiers au cours des douze derniers mois. Pour la moitié (51%) des répondants, cela est arrivé au moins ‘’quelques fois’’ », dévoile M. Sarambé, rappelant au passage qu’en 2017, la proportion était de 29%.
55% de Burkinabè affirment qu’il leur est arrivé au moins une fois, à eux ou à un membre de leurs familles, de craindre d’être victime d’un acte criminel dans leur propre maison au cours des douze derniers mois (précédant l’enquête).
Aussi, les populations urbaines (60%) sont plus susceptibles d’avoir ce sentiment que leurs concitoyens des milieux ruraux (41%). En outre, plus de quatre citoyens sur dix (43%) ont vécu cette peur au moins « quelques fois » ; un taux qui est en hausse de 24 points par rapport au sondage de 2017.
- Le directeur exécutif du CGD, Dr Thomas Ouédraogo, avec à sa gauche, Aboubacar Sarambé et Agnès Kaboré (la chargée de l’enquête Afrobaromètre au CGD)
L’enquête révèle aussi que 79% de Burkinabè affirment n’avoir jamais personnellement craint les violences entre les habitants de leurs quartiers ou villages pendant les deux dernières années. « Mais presque quatre citoyens sur dix rapportent avoir craint (34%) ou vécu (3%), une attaque armée par des extrémistes politiques ou religieux pendant cette période. Ce sentiment est plus accentué dans les régions de l’Est (70%), du Centre-sud (56%), du Sahel (53%) et du Nord (52%). Cependant, la proportion des citoyens qui affirment n’avoir jamais craint une attaque armée par des extrémistes politiques ou religieux au cours des deux dernières années a augmentée, de 47% en 2017 à 63% en 2019 », confie le rapport.
Le troisième axe de l’enquête est relatif aux initiatives locales de sécurité et à la présence des troupes étrangères sur le territoire national. A ce sujet, on note que face à l’insécurité grandissante, plus de huit Burkinabè sur dix (83%) considèrent que les associations locales de sécurité créées par les populations sont une bonne chose pour la sécurité au Burkina. « Ces associations sont aussi soutenues en milieu urbain (81%) qu’en milieu rural (84%) », explique le statisticien, Aboubacar Sarambé.
- Cette rencontre a, une fois de plus, mobilisé un public diversifié
56% des Burkinabè pensent que la présence des troupes étrangères sur le sol burkinabè est une bonne chose pour la sécurité du pays. Cependant, plus de la majorité des citadins (51%) et des instruits (59%) sont hostiles à la présence des troupes étrangères.
La présentation a suscité de nombreuses réactions au sein des participants à travers des questions d’éclaircissements, des commentaires et suggestions pour les enquêtes à venir.
Selon le statisticien et présentateur, Aboubacar Sarambé, certaines données pourraient s’expliquer par le fait que l’enquête n’a pas pu prendre en compte des milieux à haute insécurité.
Pour rappel, Afrobaromètre (qui couvre environ 35 pays en Afrique) est un réseau de recherche, non-partisan, qui mène des enquêtes d’opinion publique sur la démocratie, la gouvernance, les conditions économiques, et d’autres questions connexes dans plus de 30 pays en Afrique. L’équipe d’Afrobaromètre est dirigée au Burkina par le CGD.
O.H.L
Lefaso.net
Vos commentaires
1. Le 29 juin 2020 à 11:00, par Oscar En réponse à : Situation sécuritaire : 78% de Burkinabè pour une surveillance des communications privées (téléphoniques) par le gouvernement, selon une enquête d’Afrobaromètre
Les répondants à cette question ignorent sûrement les implications de celle-ci.
2. Le 29 juin 2020 à 11:09, par Rar En réponse à : Situation sécuritaire : 78% de Burkinabè pour une surveillance des communications privées (téléphoniques) par le gouvernement, selon une enquête d’Afrobaromètre
Svp, il faut arrêter de manger votre piment dans la bouche des honnêtes citoyens. De toutes façons est-ce qu’actuellement qui peut garantir que ses appels et SMS ne sont pas suivis ?? On l’a vu avec le coup d’état manqué de 2015 où il est ressorti que des communications avaient été enregistrées, est-ce qu’on avait eu l’aval de quelqu’un pour le faire ??
3. Le 29 juin 2020 à 12:43, par Lucius En réponse à : Situation sécuritaire : 78% de Burkinabè pour une surveillance des communications privées (téléphoniques) par le gouvernement, selon une enquête d’Afrobaromètre
Ce n’est pas un sondage qui va permettre au gouvernement d’enclencher des écoutes téléphoniques de tout citoyen. Il y a des procédures, et le gouvernement doit respecter la loi en la matière. Ceux qui estiment que l’on doit écouter les appels et sms ne se rendent pas compte des implications. Affaires politiques, règlements de compte, complicité pour des crimes, et bien d’autres actes peuvent être commis suite à l’autorisation de surveillance des communications privées. Majorité ne veut pas dire systématiquement bon sens. Attention !
4. Le 29 juin 2020 à 13:07, par KOLO Idrissa En réponse à : Situation sécuritaire : 78% de Burkinabè pour une surveillance des communications privées (téléphoniques) par le gouvernement, selon une enquête d’Afrobaromètre
J’ai souvent apprécié les enquêtes du CGD mais pour celle-ci je suis très septique.
Merci
5. Le 29 juin 2020 à 15:49, par Revo En réponse à : Situation sécuritaire : 78% de Burkinabè pour une surveillance des communications privées (téléphoniques) par le gouvernement, selon une enquête d’Afrobaromètre
Quand l’oisivete atteint son comble, voila le resultat ! Il faut arreter ces genres de sondages qui ne veulent absolument rien dire
6. Le 29 juin 2020 à 15:51, par Yako En réponse à : Situation sécuritaire : 78% de Burkinabè pour une surveillance des communications privées (téléphoniques) par le gouvernement, selon une enquête d’Afrobaromètre
" L’enquête indique également que 78% des citoyens sont d’avis qu’en cas de menace à la sécurité publique" Heureusement il s’agit de sondage.Personnellement j’estime que l’état est déjà assez illégalement présent dans la vie des gens vouloir lui donner le droit de regarde dans la vie privée des citoyens est tout simplement inacceptable. Les grandes démocraties combattent efficacement le terrorisme tout en garantissant les droits et libertés fondamentaux. Yako