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Confection des masques pour le monde éducatif : La Confédération coton textile et habillement mobilise toutes les tisseuses au Burkina pour relever le défi

Publié le samedi 9 mai 2020 à 11h01min

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Confection des masques pour le monde éducatif : La Confédération coton textile et habillement  mobilise toutes les tisseuses au Burkina pour relever le défi

Douze millions de masques barrières. C’est la quantité de masques que la Confédération coton textile et habillement du Burkina (CCTH-Burkina) mettra à la disposition du ministère de l’éducation nationale, pour la reprise des classes. C’est au regard du caractère noble de cette idée endogène, des difficultés et des questionnements sur le terrain que la CCTH-Burkina a fait cette annonce, le vendredi, 8 mai 2020 au cours d’une conférence animée principalement par Adama Traoré, directeur délégué de la CCTH-Burkina.

Le ministère du commerce, de l’industrie et de l’artisanat s’est engagé, à travers l’initiative de renforcement des capacités productives des PME/PMI assurant la production de médicaments et de consommables biomédicaux, à apporter son soutien financier et son accompagnement technique aux PME/PMI assurant la production de produits désinfectants et de matériel de protection hygiénique. C’est dans ce cadre, souligne Adama Traoré, que la CCTH-Burkina, s’est mise à la disposition de l’Etat pour confectionner des masques barrières fabriqués aux normes burkinabè développées par l’ABNORM selon les standards internationaux.

La CCTH-Burkina devrait donc mettre à la disposition du Ministère de l’éducation nationale, de l’alphabétisation et de la promotion des langues nationales (MENAPLN), douze millions de masques afin de faciliter la reprise des cours suspendus à cause de la pandémie. Selon Adama Traoré, ces masques seront 100% coton burkinabè et adaptés au climat. Il précise qu’ils sont conformes aux normes et à un prix peu élevé, ont une bonne capacité d’absorption de l’humidité et une bonne résistance à l’usure, à la chaleur et aux lavages.

Il ajoute que la CCTH-Burkina et la fédération nationale des tisseuses du Burkina Faso (FENATI-BF) ont conclu un protocole pour mettre les pagnes à la disposition des couturiers. Cependant, le principal goulot d’étranglement demeure la disponibilité régulière des pagnes pour les couturiers. En effet, regrette-t-il : « le tissage artisanal ne permet pas d’obtenir rapidement de grandes quantités de pagnes à même d’alimenter les ateliers de coutures notamment celui de l’armée qui dispose de grandes capacités de production ».

Adama Traoré, directeur délégué de la CCTH-Burkina

C’est l’occasion, selon lui, de lancer un appel aux associations de tisseuses pour accompagner ce travail patriotique qui requiert la mobilisation de toutes leurs énergies. Sinon il n’y a pas de difficulté particulière en dehors du temps mis pour livrer le pagne aux couturiers. A ce jour, note la conférence, environ 650 000 masques ont pu être produits.

Le deuxième Adama Traoré, styliste et 3ème vice-président de la CCTH-Burkina, ajoute que les acteurs sont très mobilisés dans toutes les régions de même que les capacités productives. Cependant la difficulté est liée au fait que le masque soit devenu obligatoire, ce qui fait qu’il y a un business derrière ce matériel. Et Germaine Compaoré, trésorière de la CCTH et présidente de l’association des tisseuses du Burkina, de rassurer que le défi sera néanmoins relevé.

A gauche Germaine Compaoré, trésorière de la CCTH-Burkina et présidente de la fédération nationale des tisseuses du Burkina

Elle déclare que les tisseuses de toutes les régions sont dans la même dynamique et chaque catégorie a reçu des formations et par la suite toutes leurs dotations. Chacun tisse pour sa région et sa province et ce sera aux provinces excédentaires d’épauler les déficitaires.

Revenant sur l’initiative, la conférence trouve que l’idée du gouvernement burkinabè de trouver une solution endogène aux problèmes de protection contre le Covid-19, est salutaire. « L’option du gouvernement pilotée par le MENAPLN et le MCIA de mettre en œuvre une solution endogène de cette nature est à saluer et l’ensemble des acteurs notamment les tisseuses et couturiers sont mobilisés dans toutes les régions de notre pays pour relever le défi et cela sous la houlette de la société FILSAH, producteur du fil » martèle Adama Traoré, directeur délégué de CCTH-Burkina.

Désiré Maurice Ouédraogo, expert textile qui accompagne la Confédération.

Il prend l’exemple de la Côte-d’Ivoire qui a commandé 200 millions de masques avec la Chine. Même si elle donne sept masques à chaque ivoirien, c’est quatre à cinq jours d’utilisation à peu près. Puisqu’il s’agit de masques à usage unique. En dehors de cela le pays devra penser à comment gérer, la destruction de ces 200 millions de masques à terme.

Et donc qu’il faut voir l’effet que cela crée sur l’environnement. C’est pourquoi, il affirme que l’option du gouvernement burkinabè est la meilleure. « Le fait d’importer des masques peut exposer un pays à des risques économiques, à des risques environnementaux et à des risques sanitaires » pense Désiré Maurice Ouédraogo, expert du domaine du textile qui accompagne la confédération dans le projet. Et le Burkina a su trouver la bonne formule, parce qu’au-delà de la promotion du coton national, qui fait face à une baisse des cours, les masques barrières qui seront confectionnés sont moins polluants que les masques importés et de qualité supérieure à ces derniers.

Etienne Lankoandé
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 9 mai 2020 à 15:33, par Sidpassata Veritas En réponse à : Confection des masques pour le monde éducatif : La Confédération coton textile et habillement mobilise toutes les tisseuses au Burkina pour relever le défi

    Dans ce pays, on a l’art de distraire les citoyens en insistant fortement pour « faire une opération chirurgicale sur le dos de l’âne, quand bien-même la tumeur (bosse) à soigner se trouve sur le dos du dromadaire » (= yùgmd poor sên n môde, ti bâmb ti wedgd boanga).
    En fait le problème, ce n’est pas si une solution endogène est bonne ou pas, ni si le Burkina fait mieux que la Cote d’Ivoire ou pas ! Le problème c’est qu’on a pas pu avoir les masques nécessaires à temps pour l’ouverture des classes au 11 mai, comme prévu.
    - On a dit que les tisseuses le la fédération n’ont pas pu aller plus vite parce c’est un travail artisanal qui demande du temps. Je crois que c’est la seule explication. Pour le reste on a l’impression que beaucoup de choses hors-sujet sont dites pour distraire et anticiper la question-critique suivante :
    - A-t-on fait appel à toutes les autres tisseuses du Burkina qui ne sont pas la fameuse fédération nationale ? si non, pourquoi une telle discrimination qui, en plus d’être injuste, crée un dommage du fait qu’elle impose à la nation entière de retarder la reprise scolaire ? Il ne serait pas honnête de parler de solutions endogènes alors que l’on omet ou renonce exprès à ce qui aurait pu permettre de solutionner entièrement le problème sans retard ! Voulait-on favoriser uniquement un groupe en faisant de la "solution endogène" un business réservé ?
    - D’ailleurs je suis un peu surpris de ce qui est considéré comme la difficulté, parlant de ce business « Cependant la difficulté est liée au fait que le masque soit devenu obligatoire, ce qui fait qu’il y a un business derrière ce matériel. Et Germaine Compaoré, trésorière de la CCTH et présidente de l’association des tisseuses du Burkina, de rassurer que le défi sera néanmoins relevé. » Non, le caractère obligatoire du port de masque ne peut pas être la difficulté, puisque c’est ce qui justifie la commande du gouvernement. La difficulté, c’est plutôt de faire de la fourniture de masque un business exclusif pour certains alors qu’ils n’ont pas la capacité de tout réaliser à temps.

    Les yeux des enfants et des femmes de ce pays se sont ouverts et plus rien ne sera comme avant. Ils vous regardent et ils vous voient !

  • Le 9 mai 2020 à 16:57, par Dane En réponse à : Confection des masques pour le monde éducatif : La Confédération coton textile et habillement mobilise toutes les tisseuses au Burkina pour relever le défi

    Il faut faire très attention à la qualité recouvrante des masques. L’air ne doit pas passer par les côtés ni en haut ni en bas. Il est aisé d’en réaliser soi même. Ils ne garantissent pas complètement et on sait que les enfants sont peu contaminés et contaminants.
    Il faut aussi savoir les mettre et les retirer. Après une utilisation, il faut les laver au savon. Il faut les changer toutes les 4 heures ou chaque fois qu’on les enlève.
    On aurait pu davantage se soucier d’installer des lave mains collectifs dans les écoles, utiles toute l’année car le lavage des mains avec du savon est le premier rempart contre de nombreuses maladies.
    Il faut accepter que personne au monde actuellement ne peut garantir que la maladie sera éradiquée.

  • Le 9 mai 2020 à 17:46, par triste En réponse à : Confection des masques pour le monde éducatif : La Confédération coton textile et habillement mobilise toutes les tisseuses au Burkina pour relever le défi

    il vaut mieux tard que jamais. Mais, pourquoi n’avoir pas pris cette initiative il y a un mois !

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