Kabirou Tindano, vice-président du Comité d’organisation de Ramadan Market

L’initiative est du Cercle d’études, de recherches et de formation islamique (CERFI). Cette année, elle est placée sous le co-parrainage du ministre du Commerce, de l’industrie et de l’artisanat, Harouna Kaboré, et du secrétaire exécutif national de la Fédération des associations islamiques du Burkina, El Hadj Cheick Sidi Mohamed Koné.

Pour le vice-président du Comité d’organisation de Ramadan Market, Kabirou Tindano, cette foire se veut à la fois spirituelle, sociale et commerciale. « Spirituelle, parce qu’elle regroupe tout ce qui est autour du ramadan, de la spiritualité, de l’islam. Sociale, parce que le prix des produits est étudié. Et, enfin commerciale, parce que quand on fait une foire, c’est pour que les gens qui viennent exposer puissent également se faire de bonnes affaires », justifie-t-il.

Oumou Ouédraogo, gérante de Amazone Services

« Ramadan Market est un espace ouvert à tout le monde, c’est un marché. Aujourd’hui, nos frères chrétiens paient du sucre, du jus et bien d’autres produits pour donner à des musulmans. Donc, c’est une occasion pour eux aussi de venir, parce que le sucre (par exemple) est vendu moins cher ici qu’ailleurs. On a aussi tous les jus naturels du Burkina et à des prix réduits. (…). On n’a pas non plus besoin d’être musulman pour exposer à Ramadan Market. Ceux qui ont demandé des stands ont eu leur stand, on ne fait pas de différence. L’essentiel est que les produits à exposer soient licites, des produits permis en islam », explique le vice-président du comité d’organisation, Kabirou Tindano.

Le savoir-faire des Burkinabè à travers la diversité et la richesse des produits

Organisée à chaque entrée du mois de ramadan, cette foire vise également à lutter un tant soit peu contre le phénomène de spéculation en cette période. Par ce cadre donc, les fidèles musulmans peuvent s’acheter des produits et à moindre coût pour accompagner leur jeûne, expliquent les organisateurs.
Cette année, en plus de Ouagadougou, la foire a été organisée dans les villes de Bobo-Dioulasso (capitale économique) et de Houndé (province du Tuy). Selon les initiateurs, l’objectif dans les années à venir, c’est de pouvoir l’étendre à toutes les 45 provinces du pays et en le hissant parmi les plus grandes foires de référence du pays.

Adama Sosso, député et responsable UPC, devisant avec un exposant

Plus d’une quarantaine de stands sont occupés au quatrième jour et selon les promoteurs, des demandes sont toujours enregistrées, notamment de pays voisins. « Malheureusement, on ne peut plus satisfaire aux nouvelles demandes. Nous allons prendre les dispositions l’année prochaine pour faire face à la demande », rassure le comité d’organisation, qui confie en outre que le nombre de visiteurs est estimé entre 800 et 1 000.

Les exposants, venus de toutes les localités du pays, présentent une diversité de produits au choix des visiteurs. Parmi ceux-ci, Oumou Ouédraogo, gérante de l’entreprise Amazone Services sise au quartier Wemtenga de Ouagadougou, spécialisée dans la transformation de produits agricoles et maraîchers. Farine de maïs, semoule de maïs pour bouillie, grumeaux de dèguè, farine et grumeaux pour bouillie, biscuits de pomme de terre et de patte douce, granulés de bissap et de tamarin, bouillie de riz au coco, poudre de baobab, de capoc, de gombo…. bref, ce sont autant de produits « made in Burkina » exposés à cette 4e édition de Ramadan Market par Amazone Services.

Idrissa Tiendrébéogo et Rissnata Ilboudo sont des promoteurs du riz produit au Burkina. Sur le site de la foire, les différents sacs s’offrent à un coût réduit, au grand plaisir des visiteurs. En plus de la pâte alimentaire, ils présentent également une gamme de thés d’Inde. « Le thé indus est un thé classique indien qui, non seulement, favorise la perte du poids, mais lutte aussi contre le cholestérol, les maladies cardiaques et contient moins de caféine », brandit M. Tiendrébéogo.

Jaugeant le niveau d’affluence du public, Idrissa Tiendrébéogo indique : « On ne se plaint pas ; parce que depuis le début, les gens passent nombreux les matins et les soirs. Compte-tenu du soleil et comme c’est un mois de ramadan, les visiteurs passent beaucoup le matin et le soir à la rupture. Les vendredis, samedis et dimanches, les gens viennent aussi nombreux ».

Mardiatou Daboné du Groupe auto Boussim INC

Malgré la canicule en cette mi-journée de mercredi, 8 mai 2019, des visiteurs arpentent les stands. Parmi ceux-ci, Raymond L. Tapsoba, pour qui Ramadan Market est une bonne aubaine pour s’offrir des produits en un seul lieu et à moindre prix. « La foire s’est bien pensée... Je suis-là parce que j’ai des amis et parents qui sont musulmans, il me faut des jus, des dattes, du sucre… pour leur offrir. Nous sommes tous des frères et moi qui vous parle, j’ai toutes les religions dans ma famille… », confie le visiteur, Raymond L. Tapsoba.

Dr Aristide Ouédraogo

Dr Aristide Ouédraogo du Front patriotique pour le renouveau (FPR), lui également, se félicite de l’initiative. Pour le leader politique, Ramadan Market montre non seulement le côté spirituel, mais s’ouvre aussi aux autres religions pour encore favoriser le brassage.

« Et à mon avis, cela favorise le vivre-ensemble, qui nous manque essentiellement au Burkina à l’heure actuelle. Surtout avec les dernières attaques, on a l’impression que si on ne fait pas attention, chaque religion va se regarder en chiens de faïence et ce n’est pas intéressant. Ce brassage peut nous amener beaucoup plus dans l’esprit de tolérance, à s’accepter mutuellement et à se comprendre aussi ; parce que, quoi qu’on dise, il y a une certaine convergence de la spiritualité », perçoit Dr Ouédraogo, réitérant son message de bon mois de pénitence aux musulmans.

OHL
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