FESPACO 2019 : Les cinéphiles communient autour du film « Muna Moto »
La Fédération panafricaine des cinéastes (FEPACI) a organisé une soirée d’hommage aux cinéastes disparus, le samedi 23 février 2019, dans la salle du Ciné Burkina de Ouagadougou. Ce moment a été également marqué par la restauration du film « Muna Moto » du Camerounais Dikongué-Pipa, sacré Etalon de Yennenga en 1976.
Après la cérémonie d’ouverture officielle de la 26e édition du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (FESPACO), les amateurs et professionnels du cinéma se sont donné rendez-vous au Ciné Burkina, pour rendre un hommage aux cinéastes disparus. Un court métrage des grandes figures du cinéma africain a été projeté.
Pour le Burkina Faso, ce sont les images des figures telles que Adama Ouédraogo, Idrissa Ouédraogo et Missa Hébié, qui sont passées sur l’écran.
Ce moment d’émotion a été suivi par une communion cinématographique. En effet, le film sacré Etalon de Yennenga en 1976 du réalisateur camerounais Dikongué-Pipa, a été projeté : « Muna Moto », qui signifie « L’enfant de l’autre ».
« Muna Moto » est une histoire d’enfance de Dikongué-Pipa, qu’il a décidé de mettre en scène. Entre poids de la tradition et pouvoir de l’argent qui influencent les prises des décisions, le réalisateur a dénoncé l’injustice dont l’acteur principal, « Ndongo », a été victime.
Selon Dikongué-Pipa, son film a été interdit pendant longtemps dans les pays africains, « car tous les présidents africains ont pratiqué cela ». En effet, le film relate l’histoire du jeune Ndongo qui a présenté sa fiancée Ndombé à son oncle, afin qu’il la dote pour lui. Mais l’oncle de Ndongo a décidé de prendre Ndombé comme sa cinquième épouse, tout en espérant que cette fois-ci, cette jeune fille pourrait lui donner un enfant. Une rivalité entre Ndongo et son oncle s’est installée désormais.
Impuissant financièrement, Ndongo a préféré enceinté Ndombé dans l’espoir de la prendre pour épouse avec une dot forfaitaire. La ténacité de l’oncle a transcendé les attentes des deux amoureux, et Ndombé a été finalement mariée au vieux, avec l’onction du père de la jeune fille, qui a cédé aux présents de son gendre. Une fois de plus, le pouvoir de l’argent a pris le dessus sur la raison.
Au moment des échanges avec le réalisateur Dikongué-Pipa, les cinéphiles ont taxé ce film de « Roméo et Juliette à la sauce africaine ». A en croire le réalisateur, « Muna Moto » a été enseigné dans toutes les grandes écoles de cinéma du monde. « Muna Moto ne m’appartient plus ; c’est à vous le public que ce film appartient désormais », a-t-il déclaré.
Cryspin Masneang Laoundiki
LeFaso.net