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Immigration irrégulière : La problématique débattue à Dakar

Publié le mardi 18 décembre 2018 à 00h40min

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Immigration irrégulière : La problématique débattue à Dakar

Le samedi 15 décembre 2018, à Dakar, la diaspora, les médias et la société civile se sont réunis autour d’une même table pour discuter des nouvelles stratégies de lutte contre la migration irrégulière. C’était au cours d’une conférence internationale organisée pour la troisième fois consécutive par Leeral migration, un projet de la diaspora africaine initié par Saliou Gueye ; avec le soutien du ministère allemand des Affaires étrangères. La cérémonie d’ouverture a été présidée par le ministre de la Jeunesse, de la Construction citoyenne et de la Promotion du volontariat de la République du Sénégal, Pape Gorgui Ndong.

Motivés par la recherche d’un lendemain meilleur, des jeunes africains, et de plus en plus de femmes, empruntent des embarcations de fortune pour tenter de rejoindre de manière illicite l’Europe vue comme un eldorado. Les migrants viennent principalement d’Afrique subsaharienne, de pays en conflit. Ces candidats potentiels à ce suicide se multiplient chaque année. Or, le constat est alarmant. Sur les 5 386 migrants morts ou disparus sur leur route de l’exil en 2017 dans le monde, 3 119 l’ont été lors du passage de la Méditerranée, sans compter les victimes des naufrages sans témoins. Pour endiguer ce phénomène, des engagements forts doivent être pris à tous les niveaux. A cet effet, « Leeral migration », un projet de la diaspora africaine vivant en Allemagne, initié par Saliou Gueye, veut apporter sa contribution.

C’est ainsi qu’il a initié à Dakar, au Sénégal, une conférence internationale d’une journée avec les acteurs du secteur des médias de la sous-région (Burkina Faso, Gambie, Guinée Conakry, etc.) et des membres de la diaspora, considérés comme des personnes clés dans la lutte contre cette épineuse question. Ce colloque, troisième du genre, visait, selon M. Gueye, « à trouver des solutions pérennes au fléau mondial de migration irrégulière ». Dans la pratique, les participants ont bénéficié de l’expertise de Dr Joy Alemazung de Global gouvernance Institute et de Dr Abdoulaye Diallo, porte-parole de NIFA.

Leurs communications ont respectivement porté sur « La jeunesse africaine face à la migration irrégulière : Quels rôles peuvent jouer les médias dans la lutte contre la migration irrégulière à l’époque de la digitalisation ? » et « Rôle de la diaspora dans la lutte contre la migration irrégulière ». Afin de permettre une meilleure assimilation de la phase théorique, des exercices pratiques étaient au menu. Des propositions sérieuses ont été émises à l’issue des travaux, parmi lesquelles la création d’un compte Lightning pour pérenniser l’action.

Des actions pour stopper le phénomène

« Nos jeunes qui échouent en mer, qui meurent dans le désert, ne méritent pas véritablement le sort qui leur est réservé », a déclaré le ministre de la Jeunesse, de la Construction citoyenne et de la Promotion du volontariat de la République du Sénégal, Pape Gorgui Ndong, avant l’entame des travaux. Pour stopper le flux migratoire, le gouvernement de Macky Sall multiplie ses efforts à travers le Plan Sénégal émergent. « Beaucoup de programmes sont initiés. C’est le cas du programme du domaine agricole communautaire qui ouvre la campagne ou encercle les villes avec toute cette production pour permettre à la jeunesse de rester, de réussir et de se réaliser.

Le Programme d’accélération de la cadence de l’agriculture, le Projet d’appui à la promotion de l’emploi des jeunes et des femmes, l’Agence nationale d’insertion et de développement agricole, favorisent également la création de richesses qui s’accompagne avec la création d’emplois décents », a confié le ministre Ndong pour qui parler de la migration irrégulière revient à parler de l’image du pays tant à l’interne qu’à l’extérieur.

Sur ce point, il a demandé aux médias nationaux et internationaux, ainsi qu’à la diaspora, de jouer pleinement leur rôle : « Les médias doivent informer juste et vrai que l’Afrique n’est pas une Afrique de guerre, de la famine, des maladies mais une Afrique dynamique. (…) La diaspora, c’est aussi dire réellement les conditions difficiles dans lesquelles elle fait son travail au niveau des pays d’accueil. Elle doit aussi travailler à un retour pour investir dans nos pays et accompagner la jeunesse sénégalaise ».

Cependant, la migration en soi n’est pas un délit mais un droit humain. « Le monde doit comprendre que la migration est un phénomène naturel. On ne peut pas fermer les frontières à qui que ce soit parce que nous sommes dans un monde de globalisation où nous avons un seul village planétaire. Les populations vont bouger et continueront aussi de bouger. Il faut juste l’organiser de telle sorte que ça puisse être profitable à tout le monde », a conclu le ministre sénégalais.

Amnesty international Sénégal accompagne le gouvernement dans ses efforts. « Nous avons initié plusieurs activités de sensibilisation contre l’immigration irrégulière au cours des trois dernières années. Ces activités ont eu lieu dans les régions de la Casamance (Ziguinchor, Sedhiou, Kolda). Celles du Sénégal oriental (Tambacounda et Kedougou), considérées par l’Organisation internationale des migrations, comme les principales zones de provenance de migrants clandestins sénégalais (…) ».

De son côté, l’ambassadeur de la République fédérale d’Allemagne, Stephan Röken, a affirmé que tenter l’aventure n’est pas un rêve mais un cauchemar. « Pourquoi aller nettoyer les toilettes et être humilié par les hommes en Europe si on peut réussir ici au Sénégal et en Afrique en général avec une entreprise ? », avant de se questionner.

Lors de cette assise, le chef-d’œuvre de la gagnante du prix Leeral Migration 2017, la Maison d’éducation Mariama-Ba de Gorée, a été projeté. Ce concours interscolaire a impliqué une quinzaine d’établissements secondaires sur le thème de la migration illégale. Il s’agissait, pour les élèves, à travers des productions littéraires et artistiques, de s’exprimer sur la migration. A l’occasion, le chef du projet Leeral migration a officiellement remis un certificat de participation audit concours à Seydi Sow, dirigeant du club d’Allemand du Lycée El Hadji Malick Sy.

Aïssata Laure G. Sidibé
Lefaso.net

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