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Barrage de Yacouta : Des digues et une haie vive pour lutter contre l’ensablement

Publié le lundi 4 juillet 2016 à 23h30min

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Barrage de Yacouta : Des digues et une haie vive pour lutter contre l’ensablement

Le barrage de Yacouta, à une dizaine de kilomètres de Dori, est menacé par le sable. Lors d’une visite sur le site, des responsables du Secrétariat permanent pour la gestion intégrée des ressources en eau (SP/GIRE) et des journalistes ont découvert les initiatives mises en place par le Comité local de l’eau (CLE) appuyé par l’Agence de l’eau du Liptako (AEL) pour lutter contre l’ensablement qui menace sérieusement la survie du barrage.

Construit en 2005, le barrage de Yacouta, dans la région du sahel, avait une capacité de 26,5 millions de m3. Sa vocation première était d’approvisionner la ville de Dori en eau potable. Il avait également été conçu pour faciliter la pratique de l’agriculture, de la sylviculture, de la pisciculture et du pastoralisme. Mais depuis sa création, il a fait face à un phénomène qui a de l’ampleur dans la région du sahel : le sable. Drainé par les rafales de vent, le sable se trouve aujourd’hui aux portes du barrage qui, du reste, n’a même plus ses capacités de départ.

Des solutions inclusives

Pour assurer une pérennité des ressources du barrage, la direction des ressources en eau en collaboration avec la direction régionale de l’agriculture et des ressources halieutiques a créé en 2006 le Comité local de l’eau (CLE). Sa mission est de protéger les berges pour éviter au barrage l’ensablement. « La mise en place du CLE a suivi un processus participatif. Les populations ainsi que l’administration communale et nationale ont été prises en compte lors de la création du CLE », a rassuré Nouhoun Amadou Maïga, secrétaire général du CLE.
Depuis son installation, le comité a mené des actions visant la préservation des berges. Les résultats sont là même s’ils ne répondent pas totalement aux attentes des responsables du CLE.
127 hectares de cordons pierreux végétalisés, 35,2 km de haies vives avec 63 500 plants mis à terre, 9 ravines faites avec des gravillons, 110 fosses stabilisées faites avec du ciment ont été réalisés au tour du barrage qui a une longueur de 21 kilomètres. En plus de cela, 630 exploitants agricoles ont été formés à la réalisation de cordons pierreux, de fosses fumières, aux techniques de reboisement, au management et à la gestion intégrée des ressources en eau.

Mieux protéger les berges

Des exploitants agricoles sont installés tout le long du barrage de Yacouta. Certains mènent leurs activités dans la partie normalement réservée à la bande de servitude. « Nous avons délimité il y a quelques années la bande de servitude. Sa mise en relief avait entre-temps été confiée à la Mairie mais le projet n’a pas évolué. On l’a remis cette fois à la direction régionale de l’environnement et la zone est en cours de construction. Nous espérons qu’elle sera effective dans les prochaines semaines », a indiqué le secrétaire général du CLE. Une fois la zone tampon délimitée, les membres du CLE procèderont au déguerpissement des exploitants dont les champs seront dans le périmètre défini.

Le sort des animaux sera également pris en compte. Car selon le SG du CLE, des dispositions seront prises pour permettre aux éleveurs de venir abreuver leurs troupeaux. « Pour les éleveurs, une piste à bétail sera délimitée et chacun sera tenu de la respecter », rassure Nouhoun Amadou Maïga.

« Les préleveurs ne paient pas leurs cotisations »

Les textes régissant l’utilisation de l’eau des barrages et des lacs ont instauré le principe préleveur-payeur ou encore pollueur-payeur. Des taux sont définis en fonction des quantités d’eau prélevées. L’Agence de l’eau du Liptako a sur son ère de compétence des sociétés minières qui, selon le directeur général de l’agence, ne paient pas leurs contributions. « Seule la mine de Taparko a déclaré la quantité d’eau qu’elle a prélevée en 2015. Je dis bien seule Taparko. Alors que nous avons Inata et Essakane. Elles n’ont rien déclaré d’abord », a regretté le directeur général de l’Agence de l’eau du Liptako, Jean Damien Bakiono. Des discussions sont en cours, selon le DG de l’agence, avec les sociétés et les entreprises de construction afin de les amener à s’acquitter de ce qu’elles doivent aux agences lorsqu’elles prélèvent l’eau des barrages. « Nous avons espoir que dans les années à venir, ce sera réglé », a ajouté M. Bakiono.

Jacques Théodore Balima
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 5 juillet 2016 à 18:41, par Dibi En réponse à : Barrage de Yacouta : Des digues et une haie vive pour lutter contre l’ensablement

    Je l’ai dit et je le redis : les sociétés minières n’ont jamais sorti une région ou un Etat du mal-développement. On n’a pas le contraire dans l’histoire économique quant à la part des multinationales de l’industrie minière.
    Ces dernières n’opèrent que par la prédation à outrance en plus de la corruption (fouillez bien et vous verrez qu’au niveau de l’Agence de l’eau du Liptako, des pourritures sont à la manoeuvre pour capter les millions ou milliards que versent les sociétés minières et qui reviennent à l’Agence du Liptako) et le saccage de l’environnement par la pollution. Si vous dormez, ces multinationales du pillage de l’or qui tiennent en main le gouvernement burkinabè à Ouaga, détruiront également par la pollution, vos terres, vos retenues d’eau, vos paysages, votre cohésion sociale communautaire, ... Ne comptez pas sur les élites pourries qui sont aux affaires, car elles sont au service de ces multinationales.

  • Le 6 juillet 2016 à 09:39 En réponse à : Barrage de Yacouta : Des digues et une haie vive pour lutter contre l’ensablement

    La mal gouvernance nous mène droit dans le mur pour tous les points d’eau de ce pays. la bande de 100 mètres de protection tout autour des retenues n’est pas respecté. La conséquence est dramatique. On construit à coût de milliards et au bout de 10 ans, ils sont à moitié ensablé. Un sursaut national est nécessaire dans la gestion de l’eau. Sinon, avec la hausse rapide de la population et des besoins en eau, on se tuera dans ce pays pour l’avoir. Autre problème : pollution de l’eau avec les engrais chimiques et pesticides. Il faut arrêter de subventionner ces produits et soutenir l’agroécologie et l’agriculture biologique.

  • Le 6 juillet 2016 à 10:33 En réponse à : Barrage de Yacouta : Des digues et une haie vive pour lutter contre l’ensablement

    Si ces sociétés minières ne paient rien, il faut les amender à coût de milliards car elles polluent l’environnement et cet argent pourra servir à sécuriser quelques barrages... Le code de l’environnement existe et c’est clair !

  • Le 2 novembre 2016 à 10:21, par Cissé B. En réponse à : Barrage de Yacouta : Des digues et une haie vive pour lutter contre l’ensablement

    Je suis ravis de lire le texte ci-dessus relatif à la protection des eaux et des sols autour de Yacouta, beaucoup reste à faire et il faut plus de sérieux dans la gestion et exploitation de la ressource Eau et terres.Merci bonne journée

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