LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Avec de la persévérance et de l’endurance, nous pouvons obtenir tout ce que nous voulons.” Mike Tyson

Branchement à l’eau potable : Parfois dur comme fer à Bang-pooré

Publié le dimanche 8 janvier 2012 à 23h41min

PARTAGER :                          

Le branchement à l’eau potable dans les domiciles à Bang-pooré, quartier de Tanghin à Ouagadougou, est à l’image de la technique du goutte à goutte. Insuffisance de canalisation dans la zone ou désintérêt des populations, car jugeant le prix de raccordement rédhibitoire.

A Bang-pooré, un quartier situé derrière les rails à Tanghin au secteur n°23 de Ouagadougou, l’accès à l’eau potable reste toujours un parcours du combattant. Il est aux environs de 18 heures et le soleil est en train de finir sa course journalière. Au même moment, femmes, et jeunes gens, qui de son bidon, qui de sa barrique à traction humaine, s’affairent à la recherche du liquide précieux avant la tombée de l’astre du jour. Installée dans la zone depuis le lotissement intervenu courant 2004-2005, la vieille Alizèta Zoungrana a un quotidien marqué de va-et vient entre la fontaine et le domicile pour avoir l’eau. Elle avoue que l’accès à l’eau potable n’a pas toujours été chose facile.

« Depuis que nous habitons ces lieux, nous sommes obligés d’aller à la borne-fontaine avec des bidons de 20 litres, car nous ne possédons pas de barrique ? », fait remarquer la sexagénaire Zoungrana. Et d’ajouter qu’il y a des moments où l’accès au liquide précieux n’est possible que la nuit.?«  ?Au moment de la chaleur, on vit des coupures d’eau les journées, alors les nuits, on s’organise avec les voisins en deux groupes ? : pendant que certains dorment, d’autres cherchent l’eau et vice versa ? », précise-t-elle. Une situation que semble confirmer le gérant d’eau, Amado Ilboudo ? : « l’eau était coupée depuis quelques heures et je suis obligé de revenir après la prière de 18 heures, afin de m’occuper de ceux qui n’étaient pas servis ». Le chef de ménage, Sayouba Zoungrana, un retraité, impute l’absence de robinet dans son domicile au fait que la canalisation n’a pas encore atteint l’espace où il habite.

« Les voisins d’à côté ont l’eau, mais nous on devrait attendre car selon les informations, la canalisation a été limitée à quelques mètres de ma cour ? », relève le vieux Zoungrana. Selon lui, malgré sa situation de retraité, il pouvait s’offrir un branchement afin de remédier à la corvée de ses filles dans la quête de l’eau. «  ?C’est vrai que grâce à l’ONEA, j’ai pu construire mes latrines, mais si j’avais eu aussi un robinet chez moi, cela me ferait davantage plaisir ? », affirme-t-il. Un autre locataire de la zone, à savoir l’espace baptisé « M’ba Boang Roanga » (le lieu tire son appellation du fait que le comédien M’ba Boanga a travaillé sous ce néré comme mécanicien), Moumini Sawadogo dit ne pas comprendre le critère de canalisation dans son quartier. «  ?Je ne sais pas pourquoi notre alignement n’a pas de canalisation permettant le raccordement, alors que ceux qui sont en profondeur dans la zone ont l’eau.

Je suis tenté de dire qu’il y a de la politique dans la distribution de l’eau ? », se plaint M. Sawadogo. Pourtant la situation est toute autre dans la zone n° 7 du quartier Bang-pooré où habite Idrissa Soré. En effet, celui-ci souligne ne pas connaître le problème de canalisation dans sa sphère d’habitation. Seulement, justifie-t-il, ce sont les moyens qui lui font défaut pour le moment. «  ?Tous mes voisins ont l’eau et par la grâce de Dieu, j’espère que cela ne saura tarder à mon niveau ? », souhaite M. Soré.

Il faut diminuer le prix du branchement

En pleine construction d’une maison pour son fils, Idrissa Soré est obligé de s’attacher les services des pousseurs de barrique.?«  ?Si j’avais l’eau à domicile, j’allais à coup sûr, dépenser moins ? », se convainc-t-il.
Quand on lui demande s’il a une idée du prix du branchement, Idrissa Soré rétorque que selon les informations qu’il a eues, le prix de promotion d’un raccordement de l’Office national de l’eau et de l’assainisseqment (ONEA) coûterait la somme de 30 ?000 FCFA. « Mais, j’ai appris qu’au-delà du temps imparti à l’offre promotionnelle, il va falloir débourser plus de 50 ?000 de nos francs pour avoir l’eau à domicile ? », renchérit-il. Habitant la même zone que notre interlocuteur, la veuve Kouanda Assèta et ses belles-filles vivent les dures réalités de ?l’accès à l’eau potable.?« J’avais ma propre barrique qui, malheureusement, est tombée en panne. N’ayant pas les moyens de la réparer, je suis obligée d’en louer pour puiser l’eau à la fontaine ? », explique-t-elle, avec un ton empreint de pitié.

L’idéal, poursuit-elle, sera d’avoir l’eau à domicile, mais le coût du branchement n’est pas abordable à tout le monde. « C’est vrai qu’un effort est fait par l’Etat, mais je pense qu’il faut encore diminuer le prix du branchement. Je me dis qu’à une somme de 25 ?000 francs, les pauvres à l’image de nous autres, pourraient avoir le précieux liquide chez eux ? », préconise Mme Kouanda. L’accès à la boisson naturelle, à bien des égards, n’est pas un souci dans certaines cours. « Nous avons installé le robinet depuis juillet 2007 pour les travaux de construction de la maison, ce qui fait qu’à notre aménagement en août dernier, le problème d’eau ne se posait plus ? », explique Madame Madeleine Sanou. Et de faire savoir qu’elle a aussi bénéficié du tarif promotionnel de l’ONEA qui, en son temps, tournait autour de 35 ?000FCFA.

Cette offre, de l’avis de madame Sanou, devrait être revue à la baisse, «  ?car elle n’est pas à la portée du Burkinabè moyen ? ». Quand on demande à Madeleine Sanou de proposer un prix supposé abordable, elle est entre rires et hésitation. «  ?Moins de la somme de 35 ?000 FCFA, peut-être même 20 ?000 francs ? », s’écrie-t-elle. L’attaché de santé, Tasséré Ouédraogo, bien qu’ayant l’eau à domicile, reconnait n’avoir pas attendu la promotion pour le branchement. « J’ai installé mon robinet courant 2008 à 54 ?000 FCFA ». Concernant l’actuelle offre de l’ONEA, M. Ouédraogo estime qu’elle est abordable.

«  ?Je connais beaucoup de gens dans la zone qui ont les moyens, mais qui ne veulent pas brancher l’eau à domicile. Je me demande si ces personnes veulent tout simplement faire souffrir leurs femmes. Avec l’avantage du robinet, je ne sais pas comment expliquer un tel comportement », martèle l’attaché de santé. Et de poursuivre, tout remonté ? : « je leur ai donné des conseils, mais ils refusent de m’écouter ». Somme toute, Tasséré Ouédraogo est confiant qu’avec l’évolution des mentalités, il peut espérer un changement de comportement chez ces personnes qu’il qualifie de réfractaires au développement.

Nombamba Didier OUEDRAOGO

Sidwaya

PARTAGER :                              

Vos commentaires

  • Le 9 janvier 2012 à 09:04, par Edouard En réponse à : Branchement à l’eau potable : Parfois dur comme fer à Bang-pooré

    Nous remercions Mr Nombamba et l’équipe de Sidwaya ; réellement le problème de branchement d’eau dans cette zone est problématique, a chaque fois que avons approchés les services technique de l’ONEA, l’assurance nous est donné que dans un mois au plutard les raccordement aurait fini pour nous permettre de payer les 30 000 francs et bénéficier de leur services. hélas, jusqu’à présent les raccordement ne sont pas finis. c’est vrai que la zone est caillouteux mais ça s’explique pas. sans eau le quartier ne sera pas habité car "l’eau c’est la vie".
    peu-t-être avec cette interpellation, le dossier de la zone sera revus pour que le précieux liquide coule dans les vannes du secteur 23. Que ceux qui peuvent aider le secteur dans ce domaine le fasse. Que Dieu vous bénisses !

    • Le 9 janvier 2012 à 22:46, par viny de tanghin bangporé En réponse à : Branchement à l’eau potable : Parfois dur comme fer à Bang-pooré

      Je remercie le journal pour cet article qui interpelle l’ONEA.
      Songer aussi à faire un article concernant l’electrification de la zone car sa fait 6 mois que nous avons eu les poteaux de la SONABEL devant nos concessions mais jusque la toujours pas d’electricité.

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique