15 juillet 2010 – 23 juillet 2011. Voilà un an huit jours que l’unité-pilote de production de biocarburant et d’huiles végétales à base du Jatropha curcas et du balanitès aegyptiaca a été inaugurée. Son promoteur, le Larlé Naaba Tigré, en vue de mieux se projeter dans l’avenir, a jugé opportun de marquer un arrêt, ce samedi 23 juillet 2011, pour mesurer les forces et les faiblesses du complexe industriel. Devant un parterre d’officiels, l’agrobusinessman a livré un bilan sans complaisance. Le rêve qu’il caressait depuis fort longtemps s’est réalisé : la construction de l’usine Belwet biocarburant. Mais un an après, des acquis ont été enregistrés.

Des difficultés, aussi ! Au titre des points forts, le promoteur cite la certification de l’huile biologique du balanitès par Ecocert SA, une société française de certification de la qualité, de renommée internationale, la forte demande que l’usine enregistre quotidiennement. « Nous sommes déjà saturé. La demande dépasse largement l’offre », relève le promoteur. Pour y faire face, l’usine qui produit une tonne et demie de savon par jour produira d’ici à fin 2011, cinq à dix tonnes. L’acquisition, par le biais de la coopération taïwanaise, suite à un appel à projet, de matériel de dernière génération, permettra également d’accroître la capacité de production du biodiesel (2 000 litres de biodiesel et 7 500 litres de balanitès et de Moringa olifiera par jour). L’inauguration de l’unité de production du biodiesel est intervenue en marge de la célébration de ce premier anniversaire.

Pour rassurer le consommateur de la qualité de ses produits, le groupe Belwet biocarburant collabore avec un conseil scientifique dans lequel il y a les 2ie, l’INERA, la SONABHY, l’EPHYLA SA et d’autres chercheurs indépendants et des étudiants. Quant aux difficultés, elles se résument à la rareté des sources de financement et à l’insuffisance de moyens pour la collecte des graines de jatropha et balanitès. « Nous pouvions mieux faire en une année de fonctionnement, mais l’insuffisance des moyens pour assurer la collecte de la matière première, l’insuffisance de l’appui institutionnel, tant au niveau bilatéral qu’au niveau multilatéral, ne nous ont pas permis d’aller au-delà de ces acquis », a confié le promoteur. Pour surmonter ces obstacles, le Larlé Naaba Tigré lance un appel au gouvernement burkinabè.

A ce niveau, « l’obtention d’une table filière du jatropha serait bénéfique, car elle permettrait non seulement de stabiliser les prix, mais encore de rendre les produits finis plus compétitifs. Il en sera de même de l’acquisition de matériel technique destiné à la collecte des graines, comme des bâches, des sacs de jutes et des manchettes ».

Un appel entendu par le Premier ministre. « L’action que mène Son Excellence à travers cette unité de production est tout à fait salutaire, et commande que nous lui témoignons notre totale solidarité et nos encouragements, en tant que responsable de l’action gouvernementale », a indiqué Luc Adolphe Tiao. Pour le chef du gouvernement, la problématique générale du développement des filières biocarburant apparaît aujourd’hui, comme une préoccupation pertinente dans la recherche des nouvelles options devant permettre d’assurer les besoins énergétiques, en raison de l’épuisement des ressources de notre planète. Par conséquent, « il apparaît clairement que doivent être mises en évidence et soutenues, des initiatives courageuses, ambitieuses et menées avec passion comme celle qui a permis de réaliser l’infrastructure dont nous fêtons l’anniversaire aujourd’hui », a-t-il ajouté.

Le parrain est du même avis. Pour Soumaïla Cissé, président de la Commission de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), l’œuvre du pionnier est d’une grande portée dans le contexte actuel de la recherche de solutions durables à la question de la pauvreté qui affecte les populations burkinabè, et de façon générale, les populations de la sous-région. L’anniversaire a également servi de tribune à la célébration de l’excellence. En effet, les meilleurs producteurs et collecteurs des graines de jatropha et de balanitès ont reçu des prix.

Lassané YAMEOGO (Collaborateur)

Le Premier ministre apprécie

« Ma présence à cet anniversaire se justifie de par le caractère novateur de ce projet porté par le Larlé Naaba Tigré. Je suis venu donc, pour encourager cette initiative personnelle qui démontre une fois de plus qu’on peut réaliser de grandes choses avec peu de moyens. Comme vous le constatez, l’usine de Son Excellence fait office de plate-forme multifonctionnelle. On y produit des huiles, du savon, mais aussi on y pratique l’élevage. Je souhaite que de telles initiatives fassent tache d’huile dans d’autres contrées du pays. La question énergétique est une préoccupation d’importance pour le Burkina Faso. Elle pèse énormément, dans les fardeaux de production de notre économie. C’est pourquoi, le Larlé Naaba mérite d’être soutenu et encouragé. Et nous allons étudier la formule, tout budget obéissant à des principes, pour voir comment nous pouvons soutenir le projet ».

L. Y.

Sidwaya