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BOUREIMA THIOMBIANO, COORDONNATEUR REGIONAL DE L’UNIR/PS DE L’EST : "Modifier l’article 37 de la Constitution, c’est assassiner notre démocratie"

Publié le vendredi 5 février 2010 à 01h35min

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Boureima Thiombiano, jeune homme politique natif de Fada N’Gourma, a été installé, le 20 décembre 2009, dans ses fonctions de coordonnateur régional de l’Union pour la renaissance/Parti sankariste (UNIR/PS) de l’Est. Avec son franc-parler il retrace, dans l’interview qui suit, son parcours politique et donne ensuite sa vision, qui est aussi celle de son parti, sur quelques sujets qui alimentent l’actualité politique nationale : éventuelle modification de l’article 37 de la Constitution, vote des Burkinabè de l’étranger, possibilité d’utilisation de l’acte de naissance pour la présidentielle de novembre 2010, participation à la vie politique des chefs coutumiers, etc.

"Le Pays" : Depuis quand êtes-vous coordonnateur régional de l’UNIR/PS de l’Est ?

Boureima Thiombiano : J’ai été officiellement installé dans ces fonctions le 20 décembre 2009. Mais le décret de ma nomination a été pris bien avant cette date, exactement le 5 mai 2009.

Comment êtes-vous venu en politique ?

Comme vous le savez sans doute, on ne vient jamais en politique par hasard. Lorsque l’on a des idées à défendre, on se fait une vision de la vie. Et je suis passé par là. J’ai toujours voulu contribuer, depuis l’université, au développement de ma région d’origine qu’est l’Est. Il y a 10 ans, c’est-à-dire au cours de l’année universitaire 1999-2000, j’ai tenté, avec d’autres amis, de créer une association pour atteindre cet objectif. Mais l’association a failli être la marionnette des partis politiques qui ont tenté de la récupérer pour faire de la propagande. Il s’agit en l’occurrence du parti au pouvoir qui avait tenu à faire basculer notre association vers les ABC (ndlr : les Amis de Blaise Compaoré). Evidemment, les idéaux que nous nous étions engagés à défendre ne correspondant pas du tout à ceux des politiciens, notre structure a fini par faire long feu. Et depuis lors, j’ai compris que pour mieux défendre mes idéaux, il me fallait le faire dans un cadre politique. Et j’ai estimé que l’opposition était le meilleur cadre pour cela. Car à y voir de près, le pouvoir en place n’a rien à proposer au peuple burkinabè qui soit meilleur au programme de développement de feu le président Thomas Sankara. C’est donc pour cela que je me suis aligné derrière le parti de Maître Bénéwendé S. Sankara depuis sa création en 2000 sous le nom de UNIR/MS aujourd’hui UNIR/PS.

Comment s’est fait votre intégration au sein de ce parti ?

Disons que j’étais un sympathisant de l’UNIR/MS depuis sa création le 21 décembre 2000. Mais c’est seulement en 2002 que j’ai décidé d’intégrer le parti, avec pour objectif premier de lutter pour le développement de ma région.

De 2002 quand vous étiez simple militant à 2009, avec votre nomination en tant que coordonnateur régional de l’Est, les choses sont allées très vite pour vous…

Oui, tout cela s’est certes passé dans un intervalle de 7 ans. Mais il ne faut pas y voir une ascension fulgurante. C’est une simple question de détermination et d’engagement car ce ne sont pas les sujets de découragement qui ont manqué. Sept ans, cela peut paraître un laps de temps. Mais 7 ans dans la lutte politique, ce n’est pas peu. Et comme je l’ai dit, c’est certainement ma détermination et mon engagement politique qui m’ont valu cette confiance du parti.

Comment va l’UNIR/PS dans votre région ?

L’UNIR/PS se porte assez bien dans la région de l’Est. Mais nous essayons toujours de mieux la structurer. Car pour nous, c’est l’organisation, la structuration qui font la force d’un parti politique. Nous mettons en œuvre la moindre recommandation du bureau politique surtout celle qui préconise l’installation des bureaux provinciaux et départementaux. Aujourd’hui, l’UNIR/PS est représentée dans toutes les provinces de la région de l’Est par des bureaux très dynamiques dont je salue, au passage, l’engagement des membres.

Vous représentez un parti qui se réclame de l’opposition radicale dans une région qui, comme plusieurs autres, est dominée par le parti au pouvoir. N’est-ce pas une tâche difficile ? Ne redoutez-vous pas des représailles ?

Au niveau de l’UNIR/PS, notre stratégie pour mieux avancer consiste à ne même pas prêter attention aux provocations de l’adversaire qui tente toujours de nous mettre les bâtons dans les roues. Si nous avions cédé à la provocation, il y a longtemps que le parti aurait volé en éclats. Les brimades et autres représailles, ce ne sont pas ce qui manque aux membres du parti. Nous avons des camarades qui ont été arbitrairement sanctionnés, accusés à tort et traînés devant les tribunaux. Certains même, pour avoir montré leur appartenance au parti, sont sans salaire depuis au moins deux ans malgré les réclamations faites. Mais nous avons des idéaux clairs à défendre. Pour cela, nous campons sur notre position et demeurons intraitables.

Comment sont vos rapports avec les autres partis de l’opposition représentés dans la région ?

Je dois avouer qu’aujourd’hui, il y a un rapprochement bien appréciable entre les différents partis politiques d’opposition dans la région. Et je crois que c’est tant mieux pour tous. Avec la visite, en décembre 2009 de Maître Bénéwendé Sankara en tant que chef de file de l’opposition, on a vu les différents responsables de partis politiques de l’opposition se donner la main. En tous cas, on essaie autant que possible de maintenir cette solidarité, ce dialogue.

Comment voyez-vous la présidentielle de 2010 ? Les conditions d’un scrutin transparent sont-elles réunies à votre avis ?

Pour l’instant, tout porte à croire que le scrutin présidentiel de novembre 2010 ne divergera pas des autres. La preuve peut se trouver dans l’agitation avec laquelle on fabrique à tour de bras les actes de naissance puis les cartes d’identité qui devront permettre de voter tout en ayant supprimé, au niveau des machines de l’ONI, le logiciel qui bloque la possibilité de délivrer deux pièces à la même personne. Nous avons un président du Faso, super facilitateur de son état, qui arrive en si peu de temps à introduire la carte biométrique au Togo et ailleurs pour des élections transparentes, mais qui refuse d’appliquer ces mêmes mesures dans son propre pays. De ce point de vue, la transparence a déjà un gros plomb dans l’aile et le jeu démocratique s’en trouve faussé.

Maître Sankara a été investi par votre parti en tant que candidat à la la présidentielle de 2010. Avez-vous déjà défini une stratégie de campagne ?

Maître Bénéwendé Sankara a été effectivement le choix de l’UNIR/PS pour être son candidat pour la prochaine présidentielle ; une charge qu’il a acceptée parce qu’à la disposition du parti. Mais, il est trop tôt de parler de stratégie de campagne à proprement parlé. Il y a d’abord toute une organisation, une coordination de campagne à mettre en place et certainement des partenaires avec lesquels échanger. En temps opportun, la stratégie de campagne du parti sera portée à votre connaissance et à celle du public.

Il y a déjà beaucoup de bruits autour d’une éventuelle modification de la Constitution, surtout en son article 37. Est-il opportun, d’après vous, de toucher à la loi fondamentale ?

Modifier la Constitution, surtout en son article 37, ce serait ni plus, ni moins qu’assassiner notre démocratie ! Dans son discours de nouvel an à la nation, le président du Faso a été vague sur le sujet. Il a proposé des réformes politiques positives pour cette année 2010. Mais de quel genre de réforme s’agit-il ? Si c’est une modification de la Constitution, il aurait tué notre démocratie déjà balbutiante. En tous cas, l’UNIR/PS, et je crois que ce serait d’ailleurs le cas de tout le peuple burkinabè, se tiendra debout, comme un seul homme, pour faire échec à toute tentative de modification de la loi fondamentale.

Comment compte-t-elle s’y prendre ?

Je rappelle simplement que le pouvoir appartient au peuple. Et si le peuple se met debout, il n’y a rien à faire.

Le projet du vote des Burkinabè de l’étranger a été finalement renvoyé aux calendes grecques. Quel commentaire vous inspire une telle situation ?

Nos parents qui sont à l’étranger ont indéniablement le droit de voter. Ils ont le droit de choisir leur président, leurs députés, leurs conseillers municipaux, etc. De ce point de vue, l’idée est bonne. Mais avec ce pouvoir en place, il faut toujours redouter des stratagèmes pour tromper le peuple. L’initiative est à saluer mais, par expérience, au niveau de l’opposition, on est dubitatif quant à la sincérité de l’esprit qui la sous-tend. Aussi, il ne serait pas normal de confier l’organisation pratique du vote des Burkinabè de l’extérieur aux ambassades et consulats dont les travailleurs ne sont que des répondants du pouvoir en place. Si l’on peut réunir les conditions de transparence, il n’y a pas de raison que nous ne soyons pas d’accord sur ce principe qui permet aux Burkinabè des 4 coins du globe d’exprimer leurs suffrages.

L’UNIR/PS est-elle prête à aller battre campagne auprès d’une douzaine de Burkinabè au Japon par exemple ?

Ce n’est pas possible vu nos moyens très limités. Mais avec l’adoption de cette loi sur le vote des Burkinabè de l’étranger, l’UNIR/PS trouvera les moyens, par exemple par l’utilisation des NTIC pour toucher ses militants dans tous les coins du monde. Mais le plus important, comme je l’ai dit, c’est d’éviter la mainmise des ambassades et consulats qui n’hésiteront pas à bourrer les urnes afin que Blaise Compaoré soit réélu pour garantir leurs fauteuils.

Si les choses restent en l’état, des documents sans photo d’identité tels que l’acte de naissance pourront servir pour la présidentielle de 2010. Qu’en pensez-vous ?

On aura des défunts qui vont voter. L’utilisation de l’acte de naissance pour un scrutin aussi important participe du manque de transparence. L’idée, c’est d’entourer le scrutin de zones d’ombre pour mieux tricher, pour mieux tripatouiller et permettre à Blaise Compaoré d’être élu. Je subodore la recherche de scores staniliens pour après se prévaloir de cela et demander une modification de la Constitution en sa faveur. C’est si simple !

Un mot à l’endroit des militants de l’UNIR/PS et autres sankaristes de la région de Fada N’Gourma ?

Je leur souhaite d’abord beaucoup de bonheur pour l’année 2010. Je leur dis ensuite que 2010, qui est une année électorale, se présente à eux comme une belle occasion pour oser le changement. Nous devons nous unir en bloc derrière l’UNIR/PS pour dire non au régime de Blaise Compaoré qui, après 22 ans de règne sans partage, n’a rien proposé de concret pour sortir le peuple de la misère et du marasme économique. Je souhaite aussi qu’en cette année, l’Assemblée nationale se penche résolument sur le statut des chefs traditionnels qui débordent sur les prérogatives de leur statut et créent des problèmes à leurs propres populations en brouillant l’échiquier politique national par les choix qu’ils font et surtout par les impositions à ces populations.

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 5 février 2010 à 11:38 En réponse à : BOUREIMA THIOMBIANO, COORDONNATEUR REGIONAL DE L’UNIR/PS DE L’EST : "Modifier l’article 37 de la Constitution, c’est assassiner notre démocratie"

    M. THIOMBIANO, c’est bon mais pas encore arrivé. Vous n’avez, tout au long de votre discours proposé aucun projet de société. Surement considérez vous que tous le monde doit connaître ce que l’UNIR/PS propose. Mais en politique comme en relugion et en formation la répétition est pédagogique et sert à mieux vous faire accepter. Finalement nous ne sommes renseignés ni sur ce que le CDP propose ni sur ce que vous proposez et nous risquons de voter sur la base des noms : Blaise ou Thomas SANKARA qui n’est plus et dont personne desdits Sankaristes n’a la comportement. Lui n’aurait par exemple pas accepté le faire valoir de chef de file de l’opposition dont vous vous auriolez. Rappelez vous sa démissions fracassante et ses arrestations pour ne pas participer aux comédies quand il n’était même pas au pouvoir. Lui n’a jamais accepté d’être utilisé, vous inaugurer des réalisations mains dans la mains avec ceux qui ont commandité son assassinat.
    Pour l’article 37 votre déclaration est sans argumentaire donc simplement dite en l’air. l’article 37 n’est pas un fondement de la démocratie mais juste une disposition optionnelle pour assurer l’alternance. Son maintient ou son abolition ne devrait pas genez l’expression populaire et c’est là la démocratie. Il y a recul mais pas assassinat d’abord. Sa modification peut servir l’opposition si il y a vraiment démocratie car le peuple peut déider de sanctionner ceux qui n’ont pas de parole donnée.
    Pour le vote avec bulletin de naissance, j’ai peur que vous soyez en déphasage. car il s’agit d’une étape nécessaire pour acquérir la CNIB. Il faut craindre que la délivrance massive de ces actes d’état civile ne soit entachée d’erreurs qui peuvent être volontaire pour servir effectivement la fraude mais doter tous les burkinabè d’actes d’état civil est une bonne chose. Si on arrivait à partir de cette base à instaurer le reflexe de déclarer les naissances on pourrait mieux connaitre notre situation démographique.
    Pour les burkinabè de l’étranger il faut objectivement un meilleur murissement. Vous qui avez étudiez ailleurs à un moment donné de votre cursus, êtes vous allez exprimez vos choix chez vous pendant les municipales ? si vous l’avez fait sachez que beaucoup comme moi n’ont pas pu faire le déplacement parceque c’est dur. C’est la même chose en plus complexe^pour l’organisation du vote de ceux qui sont ailleurs. Organisez en test un vote des non résidents lors des municipales et on comprendra davantage la difficulté.
    Pour le moment, mon camp n’est nulpart dans la "jungle" politique burkinabè. Tous des truands.

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