Agro-pastoralisme : La ferme intégrée, un concept qui fait recette
Passionné d’élevage depuis son jeune âge, Emile Nana est aujourd’hui le promoteur d’une ferme intégrée située dans la zone non lotie de Saaba. En effet, au sein de sa ferme, il concilie l’élevage de porcs, avec l’agriculture et la pisciculture. Son activité débutée en 2015, lui permet de gagner convenablement sa vie. Il n’hésite pas à partager ses connaissances avec les plus jeunes, qu’il invite fortement à explorer le domaine.
C’est en 2002, à la faveur d’un détour au Ghana, qu’Emile Nana découvre la ferme intégrée auprès d’un jeune ghanéen. Elle consiste à allier élevage des porcs et agriculture, de telle sorte que les eaux et déchets qui émanent de l’élevage des porcs, sont réutilisés directement dans le jardin. Et les produits du jardin invendus comme les feuilles, sont redonnés en aliments aux porcs. Séduit par le concept, Emile Nana décide alors de reproduire le même type de ferme, une fois son baccalauréat en poche. Il se lance donc sur un lopin de terre, avec quelques têtes de truies et de verrats et étend progressivement son projet.
- Émile Nana, passionné d’élevage et d’agriculture possède une ferme intégrée depuis 2015
A en croire Emile Nana, qui est également homme de Dieu (pasteur), l’élevage des porcs est une activité qui se concilie facilement à bien d’autres car elle n’est pas très prenante. Avec une bonne alimentation et des soins, son projet a bien évolué et la porcherie compte à ce jour 2 mâles et une douzaine de truies. Ces reproducteurs produisent chaque année, au moins 200 têtes. « Chaque truie met bas deux fois l’année et cinq fois en deux ans. La gestation des truies dure trois mois, trois semaines et trois jours. Après la mise bas, nous avons quatre à six semaines pour le sevrage. A partir de deux mois après le sevrage, le porc peut être mis sur le marché pour consommation », explique Emile Nana.
L’intérêt de la ferme intégrée, est qu’elle permet de combiner plusieurs activités à la fois : élevage de porcs, de poules, jardinage et pisciculture. C’est ainsi qu’à côté de l’élevage de porcs, il pratique également du jardinage et de la pisciculture, d’où la notion de ferme intégrée. Et pour ces deux activités, ce sont les excréments des animaux qui servent de compost. En effet, ceux-ci sont canalisés vers un bassin où ils sont déversés.
Dans son jardin, où sont réalisées deux à trois productions par an, l’on retrouve plusieurs spéculations comme la salade, l’oseille, le haricot vert, la ciboulette, l’amarante, le manioc, ainsi que des arbres fruitiers comme le papayer. Dans le bassin, Emile Nana pratique également de la pisciculture. Les silures qu’il y élève, sont nourris par des asticots produits avec les excréments de la porcherie.
Les principaux clients de la ferme sont les propriétaires de charcuterie ainsi que les personnes qui commercialisent la viande de porc. Les personnes désirant également entreprendre dans l’élevage porcin, lui font appel pour acquérir des reproducteurs.
- des porcelets en phase de sevrage
Emile Nana met un point d’honneur à l’hygiène de ses animaux. Ceux-ci reçoivent une douche au moins une fois par jour, et leurs boxes sont nettoyés trois fois par jour. Pour ne pas incommoder le voisinage avec les nuisances olfactives qui peuvent résulter de l’élevage des porcs, Emile Nana en plus de la rigueur dans l’hygiène, recouvre les déchets de cendre. La cendre a cette propriété de neutraliser les odeurs des excréments des porcs, ce qui fait que l’odeur de la porcherie est à peine perceptible.
A en croire le promoteur de cette ferme intégrée, l’activité nourrit convenablement son homme. Il révèle en effet, que c’est grâce à la vente des porcs, qu’il a pu acquérir plusieurs parcelles gravitant autour de la sienne, en vue d’étendre sa ferme. Les recettes du jardin permettent, d’alimenter le tricycle en carburant et à assurer l’alimentation des porcs et leurs soins vétérinaires. Aussi, lorsqu’en fin d’année il fait le point des ventes et des dépenses engagées dans le fonctionnement de la ferme, il se retrouve avec une belle somme qui lui permet de vivre convenablement et de mettre sa famille à l’abri du besoin. Il a d’ailleurs acquis avec ses revenus, un terrain de 6 hectares dans la commune de Koubri, où il compte au cours de cette année, lancer une autre ferme intégrée.
- En plus de l’élevage, Émile Nana pratique aussi le jardinage
Promouvoir la ferme intégrée pour lutter contre le chômage
Pour Emile Nana, la ferme intégrée peut aider les jeunes à lutter contre le chômage. Il soutient que ceux-ci avec un petit lopin de terre, peuvent développer cette activité et en vivre, en attendant de trouver un métier qui convient à leurs prétentions. C’est ainsi qu’il n’hésite pas à ouvrir les portes de sa ferme, à toute personne voulant bien apprendre le fonctionnement de la ferme. Et à ce jour, ce sont plus de 50 personnes qui ont pu bénéficier de son expérience et qui ont aussi leurs propres fermes.
La peste porcine, principale difficulté
Même si tout semble rose à la ferme intégrée, les difficultés ne manquent cependant pas. Emile Nana confie que la principale reste la peste porcine, qui décime les porcheries dès qu’elle fait son entrée. Au cours de l’année 2023, il dit avoir perdu 68 porcs lorsque la peste s’est installée. Il a pu néanmoins vendre le reste de sa production non touchée par la maladie, pour ne pas sortir entièrement perdant.
- la ferme produit environ 200 têtes de porcs
Emile Nana invite les uns et les autres, à ne pas avoir de préjugés sur l’activité de la ferme intégrée surtout en ce qui concerne l’élevage des porcs, car elle peut se pratiquer sans ambages et à petite échelle et générer des revenus assez intéressants. « La ferme intégrée c’est comme les escaliers. Tu peux ne pas vouloir faire de l’élevage et de l’agriculture ton objectif de vie, mais tu peux passer par là pour accomplir ton rêve », lance-t-il.
Armelle Ouédraogo
Lefaso.net
Vos commentaires
1. Le 8 janvier à 17:52, par Yagbo En réponse à : Agro-pastoralisme : La ferme intégrée, un concept qui marche
Peut-on avoir le contact de M. NANA svp ? Son expérience est intéressante et mérite d’être vulgarisée.
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2. Le 8 janvier à 19:03, par Guefou En réponse à : Agro-pastoralisme : La ferme intégrée, un concept qui marche
Ce genre de reportage pourrait avoir encore une plus grande valeur ajoutée si avec l’accord du promoteur son numéro pouvait figurer à la fin du reportage
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3. Le 9 janvier à 07:22, par JMK En réponse à : Agro-pastoralisme : La ferme intégrée, un concept qui fait recette
FÉLICITATIONS À M. NANA.
C’est fort appréciable et encourageant.
Bon vent à lui et bravo pour cette vision dacquerir déjà un terrain hors lotissement. Parfois cette vision manque à beaucoup d’entrepreneurs.
Que Dieu facilite
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4. Le 9 janvier à 08:40, par Richard BADO En réponse à : Agro-pastoralisme : La ferme intégrée, un concept qui fait recette
Une très belle expérience passionnante.
Peut-on avoir les références de M.NANA .
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5. Le 9 janvier à 13:04, par KABRE Séni En réponse à : Agro-pastoralisme : La ferme intégrée, un concept qui fait recette
Je dis merci à Lefaso.net pour ce reportage, je connais bien Monsieur Émile NANA et je connais aussi son ferme, il réalise vraiment un très bon travail et c’est un modèle à suivre pour qui veut entreprendre dans l’élevage des porcs.
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6. Le 9 janvier à 19:02, par Marie Pazinwindé En réponse à : Agro-pastoralisme : La ferme intégrée, un concept qui fait recette
Ce reportage viens à point nommé car je suis présentement à la recherche de financement (prêt, don, actionnariat,...) pour l’acquisition d’une ferme agricole clôturée avec fontaine solaire.
Le propriétaire propose 10 millions de francs CFA.
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