LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Avec de la persévérance et de l’endurance, nous pouvons obtenir tout ce que nous voulons.” Mike Tyson

Procès Thomas Sankara : Hyacinthe Kafando, l’absent dont parlent les co-accusés

Publié le lundi 1er novembre 2021 à 23h00min

PARTAGER :                          
Procès Thomas Sankara : Hyacinthe Kafando, l’absent dont parlent les co-accusés

Le procès des assassins présumés du capitaine Thomas Sankara et de ses douze compagnons reprend ce mardi 2 novembre 2021. Les audiences de la semaine passée ont mis en relief le rôle de l’adjudant-chef Hyacinthe Kafando, grande figure de la terreur parmi les hommes qui faisaient la garde rapprochée du capitaine Blaise Compaoré. Revenons sur cet homme de légendes et son passé trouble. Pourquoi n’a-t-il pas le courage de répondre de ses actes ? Blaise Compaoré et Hyacinthe Kafando vont-ils, par leur absence, nous cacher la lumière à ce procès ?

Il y a des absents dont on parle beaucoup. Hyacinthe Kafando, une ancienne gloire de la terreur est de ceux-là. "Chef Kaf", comme certains l’appelaient, faisait partie de la garde de sécurité présidentielle et était le grand patron de la garde rapprochée de Blaise Compaoré. Il faisait partie de ces hommes qui portaient de grosses lunettes noires et qui menaçaient de vous faire et il n’y’aurait rien.

En ce temps-là, au moment de la gloire triomphante du Front populaire, on raconte que chef Kaf disait à qui voulait l’entendre que c’était lui, le « brave kiè », entendez le « brave », sans connotation morale, car il revendiquait un crime, l’assassinat du président Thomas Sankara. La légende avait parcouru le pays, mais peu de gens reconnaissaient l’avoir entendu de sa propre bouche, car là où Hyacinthe Kafando apparaissait, les gens s’éclipsaient et se débinaient en douce sauf ceux qui ne le pouvaient pas. Mais les légendes ont beau courir, la vie et la vérité les rattrapent.

Le moment de rendre compte est arrivé et de dire sa vérité au juge est là. Mais Hyacinthe est absent et seule reste la terreur qu’il a inspiré aux soldats qui étaient sous son autorité et son commandement. Et ce que nous apprenons depuis une semaine que les premiers accusés sont à la barre, est que, comme le disait la légende, c’est Hyacinthe Kafando qui dirigeait l’équipe meurtrière. Ce serait lui qui a sonné le rassemblement depuis la villa de Blaise Compaoré, un autre absent au procès et, à bord de deux véhicules, des soldats membres du Centre national d’entraînement commando de Pô sont allés au Conseil de l’entente tuer, dans un bain de sang épouvantable, le président et ses compagnons.

Personne parmi les premiers témoins (Idrissa Sawadogo et Nabonsseouindé Ouédraogo) ne reconnaît avoir été mis au parfum de la conspiration. Selon les premiers témoins, chef Kaf l’absent semblait savoir ce qu’il faisait. Chez qui avait–il pris ses ordres ? Une question que la suite du procès va s’efforcer d’éclaircir. Mais des présomptions accusent le bénéficiaire du coup d’Etat, le capitaine Blaise Compaoré, ami et successeur de la victime, dont la résidence a été le point de départ des présumés assassins.

Les temps ont changé et les hommes aussi. L’homme de la sécurité présidentielle, le chef des vigilants a perdu de son aura et de sa superbe dès les années 1996, moins de dix ans après son forfait. Pendant qu’il était hors du pays, 25 militaires accusés de conspiration -dont il serait à l’origine- ont été arrêtés en octobre 1996. Et c’est le Mouvement burkinabè des droits de l’homme qui a saisi la justice à ce propos avec le décès « accidentel » lors du réveillon de Noël du sergent Arzouma Ouédraogo dit Otis. S’en suivit pour l’ex gardien des nuits et des jours du président Compaoré, un exil dont il reviendra après la journée nationale du pardon de 2000 pour se lancer dans la politique et être élu député à l’Assemblée nationale en 2007. Hyacinthe Kafando est un ancien « honorable », titre dont on appelle les députés. Mais l’acte de fuite dès que le juge l’a convoqué en 2015, sous la transition, ne ressemble pas à un morceau de bravoure. Si ce n’est pas de la lâcheté de refuser de répondre de ses actes dont on se vantait auparavant, on veut savoir ce que c’est.

Les deux absents au procès essaient de nous voler la vérité, de la cacher par leur absence et refusent de dire en même temps la leur. Si c’est une ligne de défense, elle ne les glorifie pas et ils ne convaincront ainsi que leurs soutiens.

Qu’à cela ne tienne, ce procès a lieu et c’est une victoire du peuple burkinabè. C’est grâce à l’insurrection et à la résistance au coup d’État qu’il peut se tenir, car les martyrs le voulaient et leur sang versé réclame qu’aucun crime ne reste impuni. Le procès doit enseigner aussi le respect de la vie humaine et l’arrêt des violences en politique.

Sana Guy
Lefaso.net

PARTAGER :                              

Vos commentaires

  • Le 1er novembre 2021 à 15:57, par Nabiiga En réponse à : Procès Thomas Sankara : Hyacinthe Kafando, l’absent dont parlent les co-accusés

    Bien écrit Guy. Le Capitaine Blaise Compaoré, sanguinaire de son état et un individu à propulsion génocidaire (rien que compter le nombre de familles qu’il a endeuillé pendant les 27 ans de son règne sanglant) et ce Hyacinthe Kafando, se sont accoquinés pour assassiner Thomas et c’est fut fait. Blaise, on le sait, a toujours été peureux et n’avait pas sa place nulle part proche d’une caserne militaire encore mois porter une tenue militaire mais dans une cuisine en jupe. Si Blaise n’est pas d’accord, qu’il comparaisse dès tout de suite, ici et maintenant devant les juges rien que pour dire sa part de la vérité sur ce dont on l’accuse. Comment peut-il croire qu’il ne bénéficierait pas de la présomption d’innocence comme tout le monde ? C’est tout simplement parce qu’il en sait quelque chose car son règne sanglant fut parsemé de justice expéditive. Je ne comprends toujours pas que les familles Lingani et d’Heni n’aient pas encore porté pas plainte contre ceux qui les ont jugés et les ont fusillés, Diendéré Gilbert est là, il aura quelque chose à dire sur ces autres assassinats faits sous couverture de justice militaire.

  • Le 1er novembre 2021 à 21:41, par Banana Republic En réponse à : Procès Thomas Sankara : Hyacinthe Kafando, l’absent dont parlent les co-accusés

    Ces gens qui sont arrivés au pouvoir par la violence et l’ont exercé par la violence pensaient qu’on peut tenir un pays par la violence pour l’éternité.
    Kafando est une petite brute que le pouvoir avait rendu ivre.
    Cette brute au temps de sa gloire se baignait dans les piscines au conseil, avec ses maîtresses, en se faisant filmer par d’autres sans grades.
    Tellement vivre de lui même qu’il a voulu s’en prendre à un autre fourbe, Diendere qui l’a envoyé en exil par ses coups bas

  • Le 2 novembre 2021 à 04:14, par Nick En réponse à : Procès Thomas Sankara : Hyacinthe Kafando, l’absent dont parlent les co-accusés

    Vraiment, je ne sais pas pourquoi il nya pas eu de dossiers sur les executions de Lingani et Henri Zongo. Peut etre que c’est trop tard sil ya status de limitation, je ny connais pas trop. Oubien les le MBDHP & Co croient qu’ils ont beneficie d’un jugement equitable ?

  • Le 2 novembre 2021 à 06:29, par TANGA En réponse à : Procès Thomas Sankara : Hyacinthe Kafando, l’absent dont parlent les co-accusés

    A lire tout un chacun et surtout les commentaires, on peut tirer une conclusion sans se tromper.
    Tous ceux qui o ont participé à la mort du Capitaine sont des demoiselles. Pas des demoiselles normales mais vilaines et peureuses. Voilà pourquoi ils ne veulent pas se présenter eux et aussi ceux de pays étrangers. On ne peut pas conclure sans rappeler l’opinion publique que au vu de tout ça, il ne faut pas que nos militaires, nos civils croient que un pays, une institution ou organisation les soutiendra pour toujours pour les crimes de tout ordre qu’ils commettons. MOBUTU a été lâché, Le vieux caïman de la lagune ébrié a été copieusement saboté, Blaise Compaoré a été lâché et j’en passe. Alors que nul ne se targuer d’avoir des appuis et se mette à brimer son peuple ; car cela rime à : je t’appuis pour que tu brime ton peuple pour moi et mon pays puis je te laisse tomber, je te remet à la justice de ton pays où je te fait éliminer pour que tu ne parle pas.
    C’est au regard de tout ça que moi aime les arabes, pour les avoir comme ça, ce n’est pas possible.

  • Le 2 novembre 2021 à 14:56, par lewang En réponse à : Procès Thomas Sankara : Hyacinthe Kafando, l’absent dont parlent les co-accusés

    Je suis d’accord avec celui qui a parlé de justice moderne qu’on peut échappé si on prend une certaine posture. Je crois le dossier Sank n’est pas proscrit parce que la veuve Mariam a déposé une plainte en 97 avant le 10e anniversaire, sinon c’etait fini avec mes limites de cette justice moderne. C’est en ca que quoi qu’on dise Me Sankara est et restera à féliciter sur ce dossier !

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique
Procès Thomas Sankara : Sept personnes condamnées font appel