Dans un contexte où la crise sécuritaire a des répercussions majeures sur la société burkinabè, la journée scientifique de l’UJKZ s’est avérée être une opportunité cruciale pour discuter des défis auxquels sont confrontés les jeunes et les femmes. Elle a été aussi l’occasion d’identifier les moyens de renforcer leur résilience et leur engagement dans la construction d’une société plus sûre et plus inclusive.

Cette rencontre s’inscrit parfaitement dans le cadre des activités mensuelles du Laboratoire genre et développement (LGD) et dans le programme du pôle d’excellence “Africa Multiple’’. Une initiative qui illustre l’engagement constant de l’UJKZ et ses partenaires envers la recherche et l’action dans le domaine du genre et du développement. En rassemblant à la fois des théoriciens et des praticiens, le LGD favorise un dialogue dynamique entre la théorie et la pratique, permettant ainsi d’enrichir les analyses et les stratégies d’intervention en vue de contribuer de manière significative au développement du pays.

La responsable du LGD, Pr Valérie Rouamba/Ouédraogo a annoncé l’organisation en fin d’année, d’un colloque international sur la thématique “crise mondiale genre et résilience des populations’’

Les travaux de la présente journée scientifique serviront à nourrir un colloque international à venir. Pour Pr Valérie Rouamba/Ouédraogo, la pluridisciplinarité des participants va permettre de mieux appréhender la problématique à l’ordre du jour, et d’aboutir à « la synthèse du grand témoin ». « Il s’agit d’une synthèse des idées que nous aurons réussi à capitaliser pour aller vers des recommandations qui, je l’espère, pourront être prises en compte par les hautes autorités », a-t-elle indiqué.

Cette approche inclusive et multidisciplinaire reflète la volonté du LGD de promouvoir une compréhension approfondie des enjeux liés au genre et de proposer des solutions concrètes et durables pour relever les défis auxquels sont confrontés les jeunes et les femmes dans un contexte de crise sécuritaire.

Un monde marqué par des changements géopolitiques

Lors de son intervention au cours de la cérémonie, le représentant de l’Université de Bayreuth, Dr Joschka Philipps, dit avoir fait le constat d’un monde marqué par des changements géopolitiques fondamentaux qui suscitent des questions de sécurité, d’insécurité et de crises. « Nous, en tant que chercheurs, partout où nous sommes, notre but est de suivre ces changements ni avec une nostalgie pour le passé ni avec la prétention de pouvoir prédire l’avenir », souligne-t-il.

« La vision du pôle d’excellence Africa Multiple, est de travailler avec les institutions et les intellectuels africains sur les questions de l’Afrique », Dr Joschka Philipps, représentant de l’Université de Bayreuth et du pôle d’excellence Africa Multiple

Il a par ailleurs présenté la mission du pôle d’excellence “Africa Multiple’’ encore appelé “African cluster centres’’ (ACC). « Le pôle d’excellence “Africa Multiple’’ est un réseau de cinq universités installées en Allemagne, au Burkina Faso, au Kenya, en Afrique du Sud et au Nigéria. La mission de ce réseau n’est rien d’autre que de reconfigurer ce qu’on appelle en dehors de l’Afrique, les études africaines. C’est de revoir en gros comment est-ce que le savoir est produit sur l’Afrique. Et on essaie de le faire aussi bien sur plan conceptuel que structurel… », a-t-il fait savoir.

Une série de présentations et de tables rondes ont alimenté les débats organisés en deux panels, rassemblant des chercheurs du Burkina Faso, du Cameroun, de l’Algérie et de l’Allemagne. Le premier panel, intitulé « Crise sécuritaire et rapports de genre », comportait trois communications, dont celle de Ousmane Diallo, sur la thématique « Crise sécuritaire et reconfiguration des rôles sociaux de genre : quels effets sur les rapports de pouvoir au sein des ménages PDI ? ». Le second panel, quant à lui, comprenait cinq communications, parmi lesquelles figurait « Les “wayignan’’ », une enquête exploratoire de l’anthropologue George Rouamba sur les acteurs clés de la transition politique au Burkina Faso.

Dr Bernard Zouma, représentant le président de l’UJKZ, a invité le Laboratoire genre et développement à garder ce dynamisme

Les intervenants ont souligné que la crise peut être à la fois un moment de vulnérabilité et de résilience. L’importance de reconnaître et de valoriser le rôle des jeunes et des femmes dans la résolution de la crise a été largement soulignée. En effet, ces groupes sont souvent les plus touchés par les conséquences de la violence et de l’insécurité, mais ils sont également porteurs de solutions innovantes et de perspectives nouvelles.

La journée scientifique organisée par l’UJKZ a été une tribune précieuse pour la réflexion et le dialogue sur la crise sécuritaire et son impact sur les jeunes et les femmes au Burkina Faso. En plaçant ces derniers au cœur des débats, cet événement a contribué à éclairer les voies possibles pour surmonter les défis actuels et bâtir un avenir plus prometteur pour tous les Burkinabè.

Hamed Nanéma
Lefaso.net