LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Avec de la persévérance et de l’endurance, nous pouvons obtenir tout ce que nous voulons.” Mike Tyson

Energies renouvelables : L’Afrique en panne d’imagination

Publié le mardi 27 septembre 2005 à 08h02min

PARTAGER :                          

Pure coïncidence ou hasard du calendrier ? Le 18e Congrès mondial du pétrole se tient au moment où le baril du brut a atteint le prix record de 70 dollars, mettant en émoi les pays importateurs. Du 25 au 29 septembre, l’Afrique du Sud abrite en effet une grande réunion au sein de laquelle se discutent les défis auxquels est confrontée l’industrie pétrolière.

La flambée actuelle du cours du pétrole, on le sait, fait l’affaire des pays producteurs. Mais la question est de savoir si la manne tirée des ressources pétrolières profite vraiment aux populations.

Si dans les pays développés, le problème de la transparence et de l’équité dans la gestion de cette ressource précieuse ne se pose pas (cas de la Norvège, par exemple), il n’en est pas de même pour les producteurs africains. Rares sont en effet les pays d’Afrique dont les produits du sous-sol profitent à tous. Les dividendes des revenus pétroliers sont très peu visibles pour les Angolais, les Nigérians et autres Gabonais, englués en majorité dans une extrême pauvreté. Fait paradoxal, ces pays sont même très mal classés dans l’indice de développement du PNUD.

Face à la cupidité des dirigeants, les pays où coule le pétrole se portent donc mal. Et que dire de ceux qui n’ont aucune goutte d’or noir dans leur sous-sol ? Autant les exportateurs sont peu soucieux de leurs peuples et peu conscients de l’épuisement continu des réserves, autant les importateurs font preuve d’un aveuglement suicidaire. Pendant que le monde développé travaille à remplacer petit à petit le pétrole par des énergies renouvelables, l’Afrique, elle, continue de sommeiller dans le confort facile des importations, sans aucune vision prospective sur l’après-pétrole. Outre la saignée de nos finances (environ 25 milliards d’euros par an), cette importation massive et sans discernement des hydrocarbures crée une situation de dépendance énergétique insupportable.

Nos pays, dès lors, n’ont pas leur destin en mains, obligés qu’ils sont d’imprimer leur politique de développement exclusivement sur les cours mondiaux du pétrole. Aucun projet alternatif n’ayant été imaginé, la plupart des pays africains importateurs sont frappés de plein fouet par le choc actuel. Les ramifications de cette crise vont du ralentissement des activités industrielles à la cherté des services et produits livrés aux consommateurs.

Depuis que le prix du baril ne cesse de monter, on voit comment la société dans son ensemble souffre, depuis le producteur jusqu’à l’usager des services privés ou publics. Chacun y va de ses augmentations, avec comme justification, la cherté des hydrocarbures. Mais jusqu’à quand ce laisser-aller et cette inertie des dirigeants vont-ils continuer ? Quand la dernière goutte de pétrole tombera ou lorsque les pays producteurs brandiront leur richesse comme une arme quelconque ?

Depuis trois décennies, le monde a été secoué par trois chocs pétroliers : 1973, 1979, 1980. L’Afrique aurait dû tirer les leçons de ces crises passées. Malheureusement, ses dirigeants se complaisent dans la facilité et ne jurent que par les prébendes tirées des importations des hydrocarbures. Pourtant, les potentialités existent, de sorte à favoriser l’émergence d’une énergie de substitution au pétrole. Et même que certaines ONG ont tenté diverses experiences qui se sont avérées prometteuses.Mais n’ayant aucun soutien politique, ces initiatives n’ont pu être vulgarisées.

Les pays développés appliquent avec succès l’énergie nucléaire, solaire, éolienne et autres. A l’horizon 2010, l’Europe vise un objectif de 5,75% de biocarburants dans sa consommation d’énergie totale. Quel pays africain fait de telles projections à court terme ? Pourtant, des expériences réussies existent dans certains pays du Sud, qui pourraient inspirer l’Afrique. Au Brésil, l’huile de coton, entre autres, est transformée en carburant. Etant donné la similitude relative entre ce pays et certains Etats africains, un transfert de technologie, à défaut d’y avoir pensé nous-mêmes, est possible. Mais même pour cela, ce sont des séminaires interminables, des rapports pleins les tiroirs...

La volonté et le courage politiques sont véritablement ce qui manque le plus aux dirigeants africains, incapables d’entreprendre des projets innovants en matière d’énergies renouvelables. Et tant pis pour les populations condamnées à vivre dans l’angoisse du pétrole chaque jour plus cher.

Le Pays

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique