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Sharon Nilawati et Zacharie Bayala : la Malaisienne la plus burkinabè et le Burkinabè de Malaisie

Publié le lundi 26 septembre 2005 à 06h58min

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Zacharie Bayala

Ils ne se connaissent pas pour ne s’être pas encore rencontrés. Mais de toute apparence, Sharon Nilawati la Malaisie et Zacharie Bayala le Burkinabè de Bonyolo devraient pouvoir se rencontrer pour parler affaires.

Car la Malaisienne a "découvert" le Burkina en 1999, y est retournée en 2002 et est tombée sous le charme du pays des Hommes intègres. Le Burkinabé a "rencontré" la Malaisie en 2002, en a été séduit au point de s’y installer avec en prime, une épouse d’origine malaisienne.

Dans son "petit" commerce sis à Genting ville située à trois quart d’heures de route de Kuala Lumpur la capitale malaisienne, Sharon Nilawati fait la promotion du Burkina. Son commerce des produits artisanaux made in Burkina qu’elle tient dans son shop appelé BSM Handicraft Marketing le lui impose. Peut-être indirectement.
Toujours est-il que "acheter l’un des produits, c’est découvrir et s’intéresser au pays d’origine". Celle qu’il ne serait pas abusif d’appeler "l’ambassadrice" du Faso à découvert le Burkina après un premier passage en 1999. Elle y revient en 2002 pendant le Salon international de l’artisanat de Ouagadougou (SIAO).

" Je suis venue prendre des produits artisanaux juste pour ma propre collection", avoue-t-elle. Tout comme elle confesse sa trop grande propension à être attirée par l’artisanat. En fait, il ne sera pas hasardeux de dire que miss Sharon n’est pas la seule à se laisser séduire par l’œuvre des artisans burkinabè. Elle l’apprendra presque à ses dépens. En effet, sitôt retournée en Malaisie et les produits exposés dans sa résidence, elle fait l’amère expérience. Ses compatriotes également raffolent de ces petits bijoux. Ils le lui disent, en prennent pour eux-mêmes. Ce qui laisse Sharon songeur.

"C’est de là que l’idée m’est venu de me procurer une bonne quantité, mais maintenant pour les vendre". Au cours donc du SIAO, elle fait une grosse provision, mais avant de quitter le Burkina, elle fait une forme de pèlerinage dans certaines villes réputées pour leur artisanat. "Sur conseils de mes amis que j’ai rencontrés au Burkina, j’y suis restée six mois encore et j’ai pu me rendre dans des villes comme Banfora, Bobo-Dioulasso, Pô etc." se souvient-elle.

Là, Sharon souligne avoir été plus que séduite par le travail des artisans burkinabé. L’album photos qu’elle pose à côté des produits artisanaux est un témoignage vivant. On y retrouve des photos des personnalités burkinabè, tel cet ancien ministre au milieu du couple Sharon, les tient bien les mains sur leurs épaules, ou ce membre du protocole d’Etat tout sourire avec la famille mais aussi des anonymes. Telles ces femmes d’une association de batik.

Mme Sharon

J’ai dans votre pays, de grands amis, on se téléphone pour la plupart" dit-elle. Pour vendre mieux le Burkina, Sharon s’est installée à Genting, ville hautement touristique, et mondialement connue pour ses tracés de golf, et surtout pour ses hôtels de luxe. C’est précisément dans l’un de ses prestigieux hôtels que la boutique de Sharon est installée.

En recevant l’équipe de la presse burkinabé présente en Malaisie dans le cadre des 4èmes Journées économiques du Burkina tenues dans ce pays du 9 au 15 septembre 2005, Sharon dissimulait mal sa joie. Entre raconter d’un trait ses "amours" pour le Burkina, présenter sa boutique et inviter à partager son dîner avec ses visiteurs burkinabé et leur faire des cadeaux, on sentait que l’hôte était vraiment ravie de nous recevoir. Sa boutique est une véritable caverne aux produits artisanaux du Burkina. Les chapeaux de Saponé, les bronzes, le batik, les bracelets, les colliers, tout est là.

Sharon nous promène dans son étal, explique où vont les préférences des Malais, s’explique également. On ne saurait dire que Sharon est timide. A côté de son mari "qui est de tout mon combat et qui était dans votre pays avec moi", elle revient sur son attachement au Burkina et aux Burkinabè : "des gens accueillants, travailleurs et honnêtes". Dans ce pays multi ethnique, 18e puissance économique mondiale, les préférences artisanales de la population sont souvent liées à des considérations mystiques. "Les bracelets, voire les gourmettes en bronze sont les seuls produits qui ne connaissent pas de frontière ethnique" dit-elle.

En effet, tout le monde vient en prendre, surtout les joueurs de golf. La légende qui accompagne ce goût pour le bracelet en bronze tient au fait que pour les Malaisiens, "la gourmette au poignet chasse les courbatures, annihilent même l’effet du courant électrique sur les hommes". Alors que ceux qui "ne jouent pas au golf préfèrent le bracelet parce qu’il préserve des accidents de la circulation". La répartition ethnique, donne les choix suivants, les Indiens et les Chinois sont attirés par le batik, les parures, le bogolan.

Un étudiant, un footballeur et M. Bayala, homme d’affaires

Les Malais pour leur part sont friands de tous les articles qui tirent vers les produits "touareg", les coffrets, les sculptures etc. Si côté écoulement de ses produits, tout semble rose pour Sharon, elle commence à voir rouge lorsqu’elle pense approvisionnement de sa boutique. "Le Burkina n’est pas la porte d’en face" dit-elle. "Si je pouvais trouver quelqu’un pour m’aider à faire venir les produits, je serais soulagée". Sharon reconnaît que les autorités Burkinabé lui facilitent la tâche ; mais pas plus. Tout comme elle émet le souhait de voir les artisans harmoniser leur objets au niveau du design. " Ce n’est pas intéressant de prendre deux objets identiques qui n’ont pas le même poids, la même finition" confie-t-elle avant d’appeler " à labeliser les objets d’art pour une visibilité". Le Burkina y gagne.

Le Burkinabé de Malaisie, Zacharie Bayala va-t-il être celui qui va "ôter" l’épine de ravitaillement de madame Sharon ? En tout cas lorsqu’il a su que à Genting, une dame malaisienne s’était spécialisée dans la vente de produits artisanaux burkinabé et qu’elle éprouvait des difficultés de ravitaillement, il a pris son contact "pour voir ce que je peux faire". Certainement une aubaine pour notre compatriote présent durant tout le temps qu’ont pris les journées économiques du Burkina dans son pays d’accueil.

Avant de "choir" en Malaisie, M. Bayala à d’abord passé par Abidjan, Libreville. Un véritable globetrotter ? Il s’explique : "j’ai toujours aimé l’aventure, bouger pour découvrir". Actuellement Bayala "monte une affaire d’exportation de véhicules automobiles". Il affirme ne pas se plaindre. "En Malaisie, il y a du boulot, si vous n’êtes pas fainéant vous pouvez vous en sortir" dit-il. Encore faut-il pouvoir être en règle vis-à-vis des textes, visas notamment.

Après les "choses" pourront aller s’améliorant pour Bayala car déjà avec un opérateur économique burkinabé, il menait des pourparlers pour être dépositaire de produits à exporter au Burkina. Si les contacts avec Sharon aboutissent... on pourrait dire que la Malaisie commence à devenir le Pérou pour Bayala. Un précurseur venu du pays des Hommes intègres dans un pays qui compte pour l’heure trois Burkinabé. Un étudiant, un footballeur et M. Bayala.


Carnet de voyage

Le centre du monde est partout. Il faut parcourir des milliers de kilomètres pour pouvoir s’en convaincre. Et du même coup relativiser les appellations “proche”, “moyen” ceci ou cela. A partir de Kuala Lumpur, Ouagadougou, capitale du Burkina Faso, peut être précédée du vocable “proche” ou “moyen". Et bien sûr, vice-versa. La route vers la Malaisie est un véritable parcours du combattant avec en toile au moins 18 heures de vol dont 12 en non-stop.

Ceux qui “fréquentent” la région Asie sont unanimes. Il faut passer beaucoup de temps dans les avions. Et Kuala Lumpur, capitale de la République fédérale de Malaisie, ne fait pas exception. A partir de Ouagadougou, il faut être patient pour arpenter cette distance. Quand en filigrane, se dessine dans les mémoires le Tsunami, alors on comprend aisément pourquoi à l’aéroport international de Ouagadougou pendant le pré enregistrement, un opérateur économique demandait dans ses prières qu’Allah éloigne ce terrible vent meurtrier de la route des voyageurs. Après Ouagadougou-Paris passé presque sans difficultés, le plus dur restait Paris-Kuala Lumpur.

Pour les uns, ce n’était pas forcément le temps à mettre que le fait de survoler plusieurs océans et surtout de partir vers le Tsunami qui faisait peur. Mais à la vérité, là aussi le voyage s’est déroulé sans accroc. Le service à bord du gros porteur qui amenait les voyageurs ne leur a pas laissé le temps de s’ennuyer. De vrais mastodontes avec les compartiments en fonction des moyens.

La classe économique pour le plus grand nombre, la classe affaire et la première classe. Le temps de “siroter” les boissons et entraîner la langue au goût culinaire malaisien fait souvent de sauce sucrée, que le commandant de bord annonce l’amorce de la descente vers Klia. Cette ville aéroportuaire et distante de Kuala Lumpur de près de 70 kilomètres.

Après les formalités d’usage, il faut “attraper” la ville. Inutile de dire que les 70 km se font en un tour de mains. La raison ,c’est le guide de la société de transport qui nous le donne."Aujourd’hui c’est samedi et dans notre pays c’est jour de repos. Demain si vous faîtes un tour en ville, vous verrez la différence" avait-il averti. A la vérité, rares sont ceux qui ont "attendu demain » pour "prendre la ville en mains". Il fallait aller se restaurer, donc sortir de l’hôtel. Ce même jour, il fallait déjà apprendre à faire la parité entre le ringgit la monnaie locale et notre franc Cfa. Evidemment avec un passage forcé par l’euro. D’ailleurs les précurseurs avaient conseillé à tous ceux qui feront le déplacement de se munir d’une calculatrice.

A défaut, tous se sont servis de leur cellulaire pour la conversion. Les deux jours de flottement, samedi et dimanche pour jauger le marché. Unanimement, le constat fait était qu’il est plus aisé de s’acheter un appareil photo numérique, qu’un cellulaire. Ou encore attendre l’escale de Paris pour s’acheter un micro ordinateur. "C’est très cher ici” entendait-on avant d’ajouter “ j’ai un ami qui m’a demandé de lui prendre un micro-ordinateur, mais je le lui ai déconseillé surtout que les claviers sont en anglais".

Tout compte fais, au dernier jour, le bilan laissait en bonne position les appareils photo numériques. “On en a acheté pour plus de vingt mille ringgit dans certains magasins” Mais entre ces jours “extrêmes”, il y avait ces autres jours fait de rencontres officielles. Telle cette sortie sur Putrayaja la nouvelle capitale, celle qui a “détrôné” Kuala Lumpur. Ville coquête, s’il en était, Putrayaja abrite de nombreux édifices publiques dont le palais du Premier ministre. C’est une ville chantier.

"L’Abuja” de la Malaisie comme l’a laissé entendre un membre de la délégation. La mosquée de la ville est un véritable chef d’œuvre, ses routes sont prétexte à de larges autoroutes au point qu’on oublie souvent que dans ce pays, on circule serré à gauche. Il a fallu faire un tour dans le centre de Kuala Lumpur pour découvrir des bâtiments vétustes. Oui la-bàs aussi il existe des "bicoques" pas forcément brinquebalantes, mais assez vieilles, délabrées. Un petit détour à Genting pour rencontrer une "ambassadrice" de l’artisanat burkinabé.....

Jean Philippe TOUGOUMA (jphilt@hotmail.com)
Sidwaya

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