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Mise en quarantaine de Ouagadougou : La mesure passe difficilement à Kouba, sur la Route nationale N°5

Publié le lundi 30 mars 2020 à 22h45min

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Mise en quarantaine de Ouagadougou : La mesure passe difficilement à Kouba, sur la Route nationale N°5

Dans le cadre de la lutte contre la propagation du Covid-19, le gouvernement burkinabè a décidé de la mise en quarantaine des villes touchées par la maladie. Entrée en vigueur le vendredi 27 mars 2020 à 5h, cette mesure connaît des difficultés dans sa mise en œuvre à la sortie Ouagadougou, sur la Route nationale N°5. Une équipe de Lefaso.net s’est rendue au poste de contrôle de Kouba, un village situé à la sortie de Ouagadougou, route de Pô, où les agents de sécurité tentent de faire respecter une mesure qui passe mal. Constat.

La mesure portant mise en quarantaine des villes ayant enregistré des cas de malades à coronavirus est entrée en vigueur le 27 mars 2020, à 5h. Cette décision, selon le gouvernement, devrait freiner la propagation de la maladie vers d’autres localités du pays, avec la perspective de l’élargir à chaque fois que les tests confirment d’autres cas. Nous voilà, ce dimanche 29 mars, sur la Route nationale N°5 (RN5) reliant la capitale Ouagadougou à la ville de Pô.

Le poste de contrôle de Kouba est géré par la Brigade anti-criminalité (BAC) de la police nationale. A ce poste situé à quelques kilomètres du péage, des agents de sécurité s’efforcent d’empêcher la sortie et l’entrée dans la ville de Ouagadougou. Malgré leur vigilance, certains usagers parviennent à entrer dans le territoire de la capitale.

Un camion de transport au péage

En effet, cette mesure du gouvernement continue d’être mal comprise par certains usagers, malgré les explications des policiers. Ayant quitté Ouagadougou pour rallier Pô, Ibrahim Nakandré, d’un ton élevé, fait comprendre à l’agent de sécurité qu’il se rendra à sa destination, quoiqu’il arrive, pour résoudre son « affaire ». Pour lui, « des pistes existent dans la brousse pour arriver à Pô ». Il affirme que l’existence de la maladie est réelle, mais « nous devrons aussi vivre pour mieux résister à la maladie ».

Pour comprendre pourquoi les agents de la sécurité permettent à certains de franchir le poste de péage tout en refoulant d’autres, nous nous approchons des éléments de la BAC. Après quelques échanges, le chef de poste, ayant requis l’anonymat, décide de se référer à sa hiérarchie depuis Ouagadougou pour voir s’il peut donner des réponses à notre préoccupation. Surprise. Il nous lance cette phrase : « Ah ! Je suis vraiment désolé mais je ne peux pas donner des réponses à vos questions ».

A Ousmane Sawadogo, un motocycliste qui a pu franchir le poste de contrôle de Kouba, nous avons demandé comment il a fait pour que l’on le laisse passer. Au policier, dit-il, « j’ai montré ma pièce d’identité nationale et je lui ai fait comprendre que je suis du village de Koubri, à quelques encablures de là ».

Toutefois, il estime que le gouvernement est allé trop vite dans l’application de cette décision. Selon lui, la mesure vise certes à protéger, mais jusqu’à présent, certains n’ont pas encore compris. Parce que ce sont ces déplacements qui les font vivre, certains ont opté d’emprunter des pistes en brousse pour continuer à mener leurs activités.

Un ressortissant à moto bloqué

Au poste de péage, les agents estiment que l’application de cette mesure a ralenti le trafic, mais concèdent la difficulté de la mise en œuvre de la décision. Seuls les véhicules de transport de matériel et de marchandises peuvent passer, conformément à ce qui a été annoncé par le porte-parole du gouvernement.

Outre ce constat au poste de contrôle de Kouba, un tour dans ce village nous convainc que les habitants ignorent jusqu’à l’existence de ce Covid-19. Les mesures d’hygiène édictées par les autorités sanitaires ne sont pas respectées. Les habitudes n’ont guère changé. Les uns et les autres continuent de se retrouver dans les cabarets et dans certains débits de boissons. Quelques-uns disent avoir entendu parler du coronavirus et tentent de se protéger en utilisant des cache-nez. D’autres en revanche disent que la maladie sévit uniquement à Ouagadougou.

Pour stopper la chaîne de transmission de cette maladie, tout le monde doit jouer son rôle, que l’on soit à Ouagadougou ou dans d’autres localités. Il faut continuer la sensibilisation pour que tous les Burkinabè prennent conscience de la nécessité de respecter les gestes barrières.

O. I.
Lefaso.net

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