Selon des sources policières, le préfet en question a pu, avec l’aide d’un réseau qu’il a lui même installé et utilisant des listes fictives, détourner 114 sacs de sorgho de 100 kg de leur destination initiale à savoir les populations du département de Yako en situation de précarité alimentaire suite à la désastreuse campagne agricole 2004.

Pour éviter tout soupçon sur l’origine de ces vivres et faciliter leur écoulement sur le marché, le préfet et ses acolytes recrutés dans la ville de Yako, ont réussi à reconditionner le sorgho détourné dans des nouveaux sacs en nylon. Le tout a été ensuite stocké nuitamment dans des maisons en ville pour être revendu selon des témoignages à 14 500 F à des commerçants de la localité.

Le pot aux roses a été découvert le mercredi 27 juillet par les autorités provinciales qui ont aperçu des charretiers transportant de nombreux sacs de vivres des magasins de la direction provinciale de l’Action sociale et de la Solidarité nationale vers la ville. Renseignements pris, les charretiers affirment que les sacs qu’ils transportent appartiennent à un groupe de commerçants.

Le même jour, le 27 juillet, un groupe de paysans venant de 18 villages du département organise une marche sur la préfecture d’abord puis sur le haut-commissariat. Ils disent que le préfet a pris leur argent mais ça fait des jours qu’ils ne sont pas encore entrés en possession du sorgho. Cette manifestation est venue confirmer le doute des autorités locales sur l’existence d’un réseau mafieux voulant profiter de l’opération de vente à prix social pour s’enrichir.

Rapidement, les forces policières et de gendarmerie furent mises en branle pour éclaircir cette affaire assez étonnante.

Il faut signaler en réalité que les 114 sacs de sorgho détournés font partie des 214 tonnes de céréales que le gouvernement, dans le cadre de l’opération aide alimentaire d’urgence a mises à la disposition du Passoré pour vente à prix social soit 10 000 F le sac de 100 kg aux populations dans le souci de les soulager un tant soit peu en cette période de crise alimentaire. On estime à 1 114 000 F la valeur financière du sorgho détourné.

La police a pu à ce jour récupérer des mains de commerçants 91 sacs. Pour l’instant, on ne peut que féliciter la vigilance des autorités provinciales et la détermination de la police et de la gendarmerie pour que toute la lumière soit faite sur ce détournement. Il est inadmissible que de telles pratiques viennent saper les actions de solidarité de l’Etat à l’endroit des populations.

Bélibi Francis YARO
AIB/Yako