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Pélerinage à la Mecque : Les démarcheurs font bande à part

Publié le mardi 23 décembre 2003 à 15h46min

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La scission est désormais

consommée entre l’Association des
démarcheurs du Burkina (ADB) et la Commission nationale
d’organisation du pèlerinage

à la Mecque (CNOPM), les deux
parties n’ayant pu accorder leurs violons sur certains aspects de
l’organisation du

pèlerinage musulman.

En principe, le premier
vol affrété par l’ADB (qui est déjà assuré) partira pour les lieux

saints le 12 janvier. Pour connaître les raisons d’une telle
décision, nous avons rencontré trois responsables de

l’ADB. Il
s’agit de El Hadj Abdou Rasmané Sana, secrétaire aux relations
extérieures, El Hadj Ibrahim Traoré,

secrétaire général et El Hadj
Abdou Razak Zoanga, secrétaire à l’organisation.

"Le Pays" : Depuis votre assemblée

générale, quelles sont les
démarches que vous avez entreprises pour renouer la dialogue
avec la CNOPM ?

Réponse

 : Depuis notre assemblée générale, nous avons
initié des démarches auprès des premiers responsables
religieux. Nous leur

avons expliqué les problèmes que nous
rencontrions. Nous avons aussi contacté le premier
responsable de la CNOPM, le

ministre de l’Administration
territoriale et de la Décentralisation. Cela a abouti à une
rencontre. Mais jusqu’à ce

jour, nos préoccupations n’ont pas
été prises en compte. Ce qui nous a amenés à asseoir
l’organisation théorique et

pratique du Hadj. Nous avons pris
contact avec des partenaires saoudiens, notamment le groupe
Baraka Trading Est qui

était notre logeur lors des Hadj 2002 et
2003. Ce groupe nous a offert un contrat global comprenant le
transport aérien

et le logement. Le quartier où seront logés nos
pèlerins est très fréquenté par les Africains. Il n’y aura donc pas
de

dépaysement. Au total, nous avons dégagé un tarif de 1 210
000 FCFA pour le pèlerinage, le carnet et les vaccins exigés

étant pris en compte.

Vous êtes donc en pleins préparatifs du Hadj. Quelles garanties
avez-vous obtenues pour

vous lancer dans l’opération ?

Notre première garantie, c’est celle de Dieu. Ensuite, nos
associations islamiques

nous accordent leur confiance et nous
ont désignés pour faire le travail. Nous oeuvrons pour les fidèles
et nous servons

la cause de Dieu. Les musulmans veulent des
prix abordables. Nous avons fixé le tarif du Hadj en tenant
compte de ces

réalités.

A l’heure actuelle, combien de pèlerins avez-vous enregistrés ?

Nous avons déjà enregistré un vol

complet. Nous avons
programmé deux vols. Mais s’il y a un surplus de pèlerins,
d’autres vols peuvent être organisés.

Comment se passent les démarches administratives
(passeports, visas, vaccins, etc.) ?

Je pense que l’Etat

est une entité à la disposition de tout le
peuple. Les pèlerins que nous avons la charge d’encadrer sont
autant

Burkinabè que ceux inscrits à la CNOPM. Ils ont tous les
mêmes droits. Pour ce faire, nous avons engagé des
démarches

auprès des autorités compétentes pour
l’établissement des passeports et les vaccins de nos pèlerins. Il
n’y a donc pas

de problème car nous pensons que l’Etat doit
accompagner tout Burkinabè ayant fait le voeu d’aller à la
Mecque, qu’il

passe par la CNOPM, les démarcheurs ou toute
autre compagnie.

Chaque année, les pèlerins burkinabè rencontrent

d’énormes
difficultés. Quelles dispositions avez-vous prises pour y
remédier ?

L’organisation du pèlerinage

est notre spécialité. Nous avons
l’habitude de faire ce travail. Il n’est donc pas nouveau pour
nous. Peut-être que

nous allons mieux organiser le hadj, étant
donné que nous avons les mains libres. Les ordres bidon qui
étaient donnés

n’aidaient pas le travail. Cette fois, on verra la
différence.
Je voudrais dire que l’Islam ne doit pas être traité

avec mépris .
Sinon , je ne vois pas pourquoi on empêcherait des pèlerins de
voyager avec qui ils veulent .

Comment se déroule l’organisation du hadj dans les pays de la
sous-région ?

Au Togo, il y a plus de dix

agences qui organisent le pèlerinage.
Au Niger, au Mali et au Sénégal c’est le cas aussi. C’est
seulement au Burkina

que cette situation de monopole existe.

Votre décision n’est-elle pas un défi à l’Etat ?

Non. Quand on dit

"l’Etat", cela me fait mal. L’Etat n’a jamais
autorisé que l’on traite les pèlerins de cette façon. Ce sont des

individus qui en ont fait leur chose, parce qu’ils y ont un intérêt. Il
faut savoir que l’argent du hadj n’est pas

reversé au Trésor
public. L’Etat intervient lorsque les intérêts publics sont en jeu.
Ici, il s’agit d’intérêts des

musulmans. Quand les chrétiens vont
en pèlerinage, l’Etat intervient-il ? Si la mesure s’applique
seulement aux

musulmans, c’est que des gens prennent la
casquette de l’Etat pour assouvir leurs desseins. Je souhaite
donc que

l’Etat sorte de son silence pour montrer qu’il protège
les citoyens.
Par ailleurs, j’ajoute que le décret instituant

la CNOPM organise
une commission pour qu’elle puisse travailler. Mais il n’a jamais
dit que l’organisation du hadj

appartient à l’Etat. Cette
organisation n’est pas inscrite dans les prérogatives du MATD.
C’est parce que le

ministère gère les cultes et les religions ,
qu’il a un regard sur le hadj. Il faut donc laisser le choix aux
pèlerins

de prendre la compagnie de leur choix . Notre décision
vise à arrêter l’hémorragie des pèlerins burkinabè qui, de plus

en plus, vont dans les pays voisins pour s’inscrire. A Niamey, les
frais du pèlerinage (transport et logement) sont de

1 150 000
000 FCFA. A Lomé, ils sont de 1 200 000 000 FCFA. Or les
pèlerins togolais seront transportés, comme au

Burkina, par Air
Sénégal. Comment se fait-il alors que le Togo, qui doit survoler
le Burkina sur la route de la Mecque,

propose un tarif inférieur. Il
y a quelque chose qui cloche.

Propos recueillis par Mahorou

KANAZOE
Sidwaya

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