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<I>Une lettre pour Laye</I> : Putsch manqué à Boulmiougou

Publié le vendredi 15 juillet 2005 à 08h00min

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Cher Wambi,

Hier encore, au petit matin, alors que les citadins prenaient la direction, qui de leurs bureaux, qui de leurs ateliers, les nuages s’amoncelaient à l’horizon, annonçant l’imminence d’une pluie bienfaisante en ces premiers mois de la saison agricole pour le monde paysan.

Inutile de te dire que Ouagadougou a été bien arrosée comme l’avait prédit la météo. Nous vivons au rythme d’une pluie tous les deux jours, cher cousin, et cela commence à inquiéter. Tu me diras que l’homme est un éternel insastifait, mais tu conviendras avec moi que la situation devient critique, et pour cause.

Tu n’es pas sans savoir que la grosse pluie qui est tombée sur la capitale et ses environs le dimanche 10 juillet dernier a fait plein de dégâts. Que de maisons détruites ! Que de noyades !

Même le parc Bangr Wéogo que la commune de Ouagadougou a construit à coup de centaines de millions n’a pu résister à la fureur des eaux. Un scandale écologique à l’horizon ? Avant même la 15 août, le barrage n°3 qui borde le bois de Boulogne est déjà débordé et suscite des interrogations.

Des sinistrés, on en compte par dizaines qui ont trouvé refuge dans les écoles périphériques. A ce qu’on me dit cher cousin, du côté de Nangbangré et de Koubri à la sortie sud-est de la capitale, le pire est à craindre.

Les barrages communément appelés Naaba Zâana, Arzuma et Peelé sont en train de céder sous les regards impuissants des moines qui les ont construits au début des années 70, et des paysans qui y trouvent leur pitance grâce à la pêche et au maraîchage.

Si rien n’est fait pour éviter l’irréparable, nous n’aurons que nos yeux pour pleurer. Sais-tu seulement que Koubri et Nangbangré constituent le jardin potager de la capitale, où d’ailleurs abondent les cultures de contre-saison ?

Je ne t’en dirai pas plus puisque comme tu as dû certainement l’apprendre, nombre des animateurs de la scène politique s’y essaient à l’agrobusiness. En attendant, le ministère des Infrastructures, des Transports et de l’Habitat est fortement interpellé.


Cher cousin, la tempête soulevée par Laurent Bado, après ses révélations sur la corruption de nos hommes politiques, est en train de s’estomper. Maintenant donc que tu sais qui est qui dans ce Faso, j’ai bon espoir que tu sauras vers qui tendre désormais ton oreille, au moment où les candidats à la présidentielle 2005 et aux municipales de 2006 partent à la pêche aux électeurs.

A propos d’ailleurs, un autre candidat au fauteuil présidentiel vient de se déclarer, Harouna Dicko qu’il s’appelle. J’ai reçu d’ailleurs de sa part une invitation à assister à la cérémonie de déclaration officielle de sa candidature prévue ce samedi 16 juillet dans la salle de la Maison des jeunes et de la culture de Ouagadougou (MJCO) à 9 h 00.

Mais qui est-il, ce porteur du dossard 14 ? A la lecture de sa lettre d’invitation, cher cousin, j’ai cru avoir affaire à M. Harouna Dicko qui fut directeur du contentieux, et ministre du Budget sous le Comité militaire de redressement pour le progrès national (CMRPN) du colonel Saye Zerbo.

Pour en avoir le cœur net, j’ai dû appeler au numéro de téléphone 76 65 24 25, parmi tant d’autres adresses mentionnées dans la correspondance. A ma grande surprise, j’avais affaire à un autre Harouna Dicko, un particulier, m’a-t-il confié, un candidat indépendant.

Comment est-ce possible ? te demanderas-tu. Eh bien, cher cousin, l’article 106 du Code électoral, al-2, dit en effet : "Les candidatures peuvent être présentées, soit à titre individuel, soit sous le patronage d’un parti, de collectif de partis ou de regroupement d’organisations politiques légalement reconnus".

De même, ledit code en son article 110 exige de tout candidat une caution de 5 millions de francs CFA, laquelle caution pourrait être remboursée dans les 15 jours suivant la proclamation des résultats si et seulement si le candidat obtenait au moin 10% des voix.

Voilà donc qui est clair et qui pourrait inciter bien d’autres qui ne veulent point ramper dans la boue des partis politiques à opter pour une candidature indépendante.


Tu n’as point rêvé, cher cousin, Gilbert Noël Ouédraogo, hier encore chef de file de l’opposition, président de l’ADF/RDA, ne briguera pas la magistrature suprême. Il a, en effet, signé un pacte de non-convoitise du fauteuil de Blaise Compaoré pour des raisons qui sont les siennes.

L’héritier politique du duc du Yatenga battra compagne, mais pour une victoire éclatante de l’enfant terrible de Ziniaré. Des rumeurs persistantes font état de défections dans les rangs du CDP, le parti au pouvoir, pour renforcer ceux de l’ADF/RDA, chef de file de la mouvance présidentielle.

Ce qui n’est nullement un événement, puisque du fait de mécontents de militants qui se sentaient à l’étroit au CDP et qui veulent maximiser leurs chances de s’approcher un jour de la table du festin.

Ils sont nombreux, en effet, cher cousin, qui réalisent aujourd’hui que si le fruit de la croissance doit tomber de la cime du baobab, il y a de fortes chances qu’il s’accroche au passage à une branche.

Aller à l’ADF/RDA, ce serait donc mieux pour ceux qui, depuis belle lurette, rongent leurs freins au CDP. De l’avis de certains diplomates occidentaux basés à Ouaga, ces défections auraient été intéressantes si elles s’opéraient au bénéfice d’un parti de l’opposition.

Sinon, la tendance actuelle donne l’image d’une démocratie malsaine qui n’aura aucun impact sur les grands enjeux de la présidentielle.

Hélas, le Faso est aride d’hommes politiques de caractère, bien trempés. C’est seulement désolant de constater que certains veulent une "assurance tous risques" avant de s’aventurer en politique.

Pour ta propre gouverne, cher cousin, lis bien discrètement la lettre de démission de militants CDP du Bazèga, suivie de leur déclaration d’adhésion à l’ADF/RDA :

Kombissiri, le 10 juin 2005

NIKIEMA Moumouni

ex-secrétaire général du CDP

Au Camarade secrétaire général de la section CDP du Bazèga

Objet : Démission

Camarade secrétaire général,

Après analyse de la situation politique de notre pays tant au niveau régional que provincial, et après mûre réflexion, de nombreux militants du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) du Bazèga et moi-même représentés par les signataires sous-cités démissionnons du parti CDP pour convenances personnelles, à partir de ce jour 10 juin 2005.

Salutations respectueuses

Ont signé :

Nikièma Moumouni (ex-secrétaire provincial CDP) ;
Guigma Ablassé (sous-section de Kombissiri) ;
Compaoré Tasséré (Conseiller municipal et membre de la sous- section de Kombissiri) ;
Ouédraogo Amidou (président des commerçants Kombissiri) ;
Nana Amado (Conseiller municipal et membre du comité de base du secteur 1) ;
Nadziga Amidou ;
Rouamba Adama dit Entraîneur ;
Dengtoumda Ali Pascal ;
Guigma Pierre (membre de la sous-section de Kombissiri) ;
Ouédraogo Adama dit Kombissiri-Baba ;
Compaoré François ;
Compaoré Issouf (Conseiller municipal et membre du comité de base du secteur n°4) ;
Congo Fati (Conseillère municipale) ;
Compaoré Ousmane (Comité de base du secteur n°4) ;
Nana Rasmata (Comité de base du secteur n°4) ;

Déclaration

Après analyse de la situation politique de notre pays tant au niveau régional que provincial, et après mûre réflexion, de nombreux militants du congrès pour la Démocratie et le progrès (CDP) du Bazèga représentés par les signataires sous-cités ont décidé de démissionner du parti CDP pour convenances personnelles, à partir du 10 juin 2005 et de rejoindre les rangs de l’ADF/RDA.

En effet, en décidant de soutenir la candidature de Blaise Compaoré à l’élection présidentielle les responsables de l’ADF/RDA ont convaincu l’opinion nationale et internationale qu’au Burkina il existe des hommes et des partis dont les ambitions ne se résument pas à prendre le pouvoir quoi qu’il advienne.

Plutôt, l’ADF/RDA prône l’alternance tranquille et sereine au détriment de ceux qui, aveuglés par le goût du "naam", sont capables de jeter notre pays dans les affres de la déchirure.

Désormais nous consacrerons nos énergies à l’enracinement de l’ADF/RDA au Bazèga en vue du renforcement de la démocratie au Burkina Faso. Le président guinéen Ahmed Sékou Touré a dit que : "La contradiction politique est une instance de dynamisation de la vie dans un pays".

Cette phrase trouve tout son sens actuellement au Burkina avec le processus de décentralisation. C’est ensemble, chacun avec son idée, que nous construirons notre propre bonheur.

Vive l’ADF/RDA !

Vive le Burkina Faso !

Nikièma Moumouni


Maintenant, cher cousin, avant de t’ouvrir le carnet secret de Tipoko l’intrigante, je t’apprends que les membres du comité d’organisation de l’intronisation du chef coutumier de Komtoèga m’ont fait parvenir un droit de réponse, suite à la publication de l’écrit d’un des prétendants au trône, Sébastien Passolgué Yoda, dans ma lettre du vendredi 24 juin dernier.

Compte tenu de sa longueur, tu ne pourras en prendre connaissance dans la présente, mais plutôt dans l’Observateur paalga du lundi 18 juillet 2005. Cela étant...

- La présidentielle de 2005 approche et les combats frontaux et voilés se multiplient. Parmi ces derniers, la presse souterraine. Est-ce ce que va privilégier, entre autres, un candidat à cette présidentielle ? En tout cas, il semble qu’un "cabinet noir" ait été mis en place par ce candidat, dont l’un des objectifs est d’inonder certaines villes de tracts pour salir des personnalités du pouvoir.

Déjà l’un de ces brûlots officieux pourrait porter la signature de militants CDP question de semer la confusion et gêner par ricochet le candidat du parti majoritaire, et serait incessamment en cours de sortie. Vrai ou faux, on en saura d’ici quelques jours.

- Note de service du ministre de l’Agriculture, de l’Hydraulique et des Ressources halieutiques à toutes les structures du département sur l’utilisation des véhicules de service :

"Compte tenu de la particularité de l’année 2005, année électorale dans notre pays, j’instruis tous les responsables de service et les chefs de projets du département à une utilisation rigoureuse des véhicules de service durant la période allant du 1er octobre au 15 novembre 2005.

En conséquence, durant cette période, il est formellement interdit à tout véhicule de service de participer à une manifestation politique de quelque nature qu’il soit. Tout manquement à cette disposition sera sévèrement sanctionné. J’attache du prix au strict respect de la présente note de service.

Le ministre d’Etat, ministre de l’Agriculture, de l’Hydraulique et des Ressources halieutiques

Salif Diallo,
Commandeur de l’ordre national

Très bien monsieur le ministre, et tout le monde souhaite que cette note s’étende à tous les ministères. De toutes les façons, ne savez-vous pas qui sont ceux qui se servent des véhicules de service pour battre la campagne ? Les ABC et autres zélés pourraient vous en toucher un mot. En attendant que cette note ne soit pas de la poudre à nos yeux.

- Depuis bientôt trois ans, les fils du Gulmu (qui comprend les provinces du Gourma, de la Komandjari et de la Kompienga) se retrouvent à Fada N’Gourma pour parler exclusivement du développement de leur région. Et on est tout heureux de voir participer massivement à cette rencontre régionale des hommes et femmes de tous bords politiques et de toutes confessions religieuses.

Cette belle initiative, qui a déjà certaines retombées sur le terrain, a été prise par les cadres du Gulmu et soutenue par le Premier ministre, Paramanga Ernest Yonli, dont c’est la région. Cette année, la rencontre du cadre de concertation pour le développement du Gulmu se tiendra du samedi 30 au dimanche 31 juillet prochains, sous le thème "Pour la sauvegarde de l’environnement".

C’est dans cette perspective qu’une assemblée générale préparatoire aura lieu ce dimanche 17 juillet 2005 à partir de 15 heures à la Maison des jeunes et de la culture de Ouagadougou (MJCO). Tout ressortissant du Gulmu y est convié.

- Lundi dernier, l’arrondissement de Boulmiougou, que dirige depuis bien des années madame Séraphine Solange Ouédraogo, a tremblé sur ses bases. La gestion mafieuse, controversée, des parcelles n’en finit pas de faire des mécontents.

Certains conseillers, acculés par la population, ont été contraints de convoquer ce jour-là une session extraordinaire pour non seulement demander des comptes à la commission d’attribution, mais encore, débarquer madame le maire, pourtant en évacuation sanitaire dans l’Hexagone.

Il a fallu que Simon Compaoré, le bourgmestre de la capitale, aille taper du point sur la table pour éviter ce putsch et prendre les choses en main. Et avec lui, tout serait allé très vite, puisque certains membres de ladite commission sont déjà au frais, au nombre desquels Théodore Yaméogo (militaire de la Base 511), Dramane Yanogo (délégué du secteur 17), Dramane Ouédraogo de la Division fiscale Kadiogo IV, Issouf Ouédraogo (...).

Un autre poisson, et pas des moindres, serait en cavale. Il s’appellerait Léonard Compaoré, jusque-là résidant au secteur 16. A ce qu’on dit, bien d’autres manquent à l’appel et seraient activement recherchés.

- Dans la nuit du mardi 12 au mercredi 13 juillet 2005, les agents de la police municipale qui étaient de garde à leur camp de la Patte d’Oie voient débarquer vers 2 heures du matin, deux individus sous le choc. Tout tourneboulés, ils expliquent qu’ils ont été victimes d’une tentative de braquage vers le cimetière (désaffecté) de Toéyibi, au côté est du mur de l’aéroport.

Ils n’ont dû leur salut, disent-ils, qu’à leurs cris qui ont fait sortir quelques courageux, obligeant les bandits à s’enfuir en direction de la Patte d’Oie, non loin de la police municipale justement. Le chef de poste, aidés de quelques éléments, entreprit alors de ratisser le quartier et ils finirent par mettre la main sur deux chenapans qui confessèrent leur forfait.

Le comble c’est que l’un deux était détenteur d’une carte militaire et officierait au Régiment de commandement, d’appui et de soutien (RCAS) où il serait sergent-chef. Les voyous ont été transférés au camp de gendarmerie de Paspanga où ils doivent être en train de méditer sur leur sort.

Si les hommes de tenue, qui sont censés défendre l’intégrité du territoire et assurer la protection des biens et des personnes deviennent, eux aussi, des coupeurs de route, des braqueurs nocturnes ou de vulgaires voleurs de cabris, il y a de quoi désespérer de notre armée et partant du Burkina.

- De nouveau un Burkinabè honoré au plan international en reconnaissance de la qualité de ses prestations : il s’agit de M. Léonce Koné, directeur général de la BACB (Banque agricole et commerciale du Burkina) et par ailleurs président du Forum francophone des affaires de notre pays.

En effet, le samedi 09 juillet dernier, dans la capitale française, il a reçu l’Oscar de l’Excellence et du Leadership, une distinction que lui a décernée le Conseil international des managers africains de l’année.

A l’occasion de cet événement qui consacrait le 20e anniversaire du Conseil, d’autres Oscars ont été décernés. Ainsi, par exemple, le président ATT (Amadou Toumani Touré) du Mali a reçu celui de la Bonne gouvernance pendant qu’au niveau des femmes c’est la Camerounaise Françoise Foning qui voyait ses efforts de banquière récompensés.

- La paroisse Saint-Jean-Baptiste de Zoula, province du Sanguié, connaîtra ses toutes premières ordinations presbytérales ce samedi 16 juillet 2005 à partir de 8 h 30. Seront appelés au champ du Seigneur le père Barthélémy Bazémo et l’abbé Jérémie Bako, qui célébreront leur messe d’action de grâce le lendemain dimanche 17 juillet à l’église de Zoula à partir de 9 h 00.

- L’école primaire privée de la mission catholique de Yako souffle cette année ses 50 bougies. En cette heureuse circonstance, un comité d’initiative invite les anciens élèves résidant à Ouagadougou à une assemblée générale le samedi 16 juillet 2005 à partir de 9 h 00 à l’amphi IMP (UFR/SEA) de l’université de Ouagadougou.

- Sous le haut-patronage du ministre de l’Enseignement de base et de l’Alphabétisation, Mathieu Rakiswiligri Ouédraogo, et le parrainage du ministre de la Défense, M. Yéro Boly, l’Amicale des anciens élèves de Yimdi commémore ce samedi 16 juillet 2005 le 25e anniversaire de leur école à partir de 10 h 00. Tous à Yimdi donc !

Tipoko l’Intrigante n’apprend rien d’elle-même, elle n’invente jamais rien. Tipoko l’Intrigante est un non-être. Elle n’est ni bonne en elle-même, ni mauvaise en elle-même. Elle fonctionne par intuition, car "l’intuition c’est la faculté qu’a une femme d’être sûre d’une chose sans en avoir la certitude..."

Ainsi va la vie.

Au revoir.

Ton cousin

Passek Taalé.

Observateur Paalga

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