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Lotissements à Bogodogo et Boulmiougou : Des odeurs de magouille

Publié le mercredi 4 mai 2005 à 07h48min

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Les élections municipales auront lieu le 12 février 2006. Mais déjà, les maires font leurs toilettes dans l’espoir d’engranger des dividendes politiques. Ainsi, le 3 mai, le maire de Bogodogo, Zénabou Drabo, et celui de Boulmiougou, Séraphine Ouédraogo sont passés à la barre.

Le conseil municipal de Ouagadougou leur a demandé de s’expliquer sur la gestion des lotissements dans leurs zones respectives. Et de façon publique. "Cette séance d’explication n’a rien a voir avec les prochaines élections", a averti le maire de Ouagadougou, Simon Compaoré.

Mais dans la salle, une frange du public avait du mal à dissocier les deux aspects. "Ils veulent encore nous embrouiller ; pourquoi c’est à l’approche des élections qu’ils font cette opération de charme ?", s’est interrogé, visiblement frustré, un homme d’une trentaine d’années. Mais Simon Compaoré estime que cela "s’inscrit dans l’ordre normal des choses". "C’est par soucis de transparence que nous sommes là", a-t-il déclaré.

Le maire de Boulmiougou a été le premier à vider son sac. Séraphine Ouédraogo a "expliqué, expliqué et expliqué" pour être sûre d’être bien comprise. Elle a évoqué une kyrielle de problèmes : "constructions frauduleuses", "attribution de numéros doubles ou d’étiquettes sans nom, existence de cahiers de recensement ne correspondant à aucune réalité sur le terrain".

A cela se greffent des détournements. Un comptable sans scrupules a même été interpellé. Et puis, il y a le litige entre le département de Komsilga et l’arrondissement de Boulmiougou qui continue de défrayer la chronique. De même que les opérations de lotissements à Zongo qui ont fait trembler, à une certaine période, des conseillers municipaux et certains contrôleurs et agents recenseurs. La mairie de Boulmiougou a dû taper du poing sur la table si l’on en croit Séraphine Ouédraogo. "Des preuves accablantes ont conduits une quinzaine de personnes en prison", confie-t-elle.

Des plaintes en justice ?

Le maire a ensuite brandi des chiffres au public : 242 276 habitants dans la province de Boulmiougou, 54 033 parcelles dégagées, 51 870 souscriptions, 41 425 parcelles attribuées... Le montant des souscriptions s’élève à 2 332 191 689 F CFA. Les dépenses, elles, sont estimées à 1 966 950 546 F CFA. Le solde, actuellement en banque, s’élève à 365 241 143 F CFA.

Place ensuite au maire de Bogodogo, Zénabou Drabo. Cette femme traîne un lourd fardeau consécutif à la mauvaise gestion des lotissements par ses prédécesseurs. "L’administration est une continuité", dit-on, et Mme Drabo entend rectifier le tir. Mais son chemin est parsemé d’embûches. Même si elle affirme qu’elle a déjà fait de gros efforts. "Toutes les personnes qui ont fait des demandes de parcelles et qui ont payé, ont été satisfaites", dit-elle.

Mais dans cette opération de lotissement, il y a eu "trop de pratiques mafieuses". Selon Mme Drabo, "des faussaires ont accompli de sales besognes, avec la forte complicité de policiers". Là aussi, les autorités municipales auraient frappé fort. Environ vingt personnes sont actuellement à la Maison d’arrêt et de correction de Ouagadougou". Et la situation risque de ce corser davantage. La mairie de Bogodogo et le cabinet EPURES sont à couteaux tirés. Ils s’accusent mutuellement d’avoir géré de "façon calamiteuse" certains aspects du lotissement. Selon Zénabou Drabo, chaque partie s’active à porter plainte en justice.

A Bogodogo, 10 569 personnes ont souscrits pour 15 193 parcelles. Finalement, 14 705 parcelles ont été attribuées. Montant des souscriptions : 264 377 440 F CFA ; dépenses réalisées : 244 179 330 F CFA. Reste donc dans les caisses de l’arrondissement, 20 198 110 F CFA.
Voici pour le déballage officiel. Reste à savoir si tout à été dit. Le maire Simon Compaoré entend faire des révélations ce matin au site du SIAO. Hier, une frange du public est resté sur sa soif. Seuls les conseillers municipaux avaient droit à la parole.

Par Hervé D’AFRICK
Le Pays

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