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Femmes et société - Lutte contre la pauvreté : Du sable pour survivre

Publié le mercredi 3 décembre 2003 à 12h15min

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Dans les quatre coins du Burkina, il n’est pas rare de voir de vieilles femmes ramasser du sable. Du matin au soir, elles sont là. Mais qu’est-ce qui pousse ces femmes à tant de peine ? Ne peuvent-elles pas trouver mieux ailleurs ? Quelques-unes d’entre elles répondent à ces questions.

Mme Assaïta Compaoré (60 ans) : "Personne ne ramasse du sable par plaisir, surtout pas à notre âge. Malheureusement, il n’y a rien d’autre à faire.

Pour se lancer dans le commerce, il faut avoir les moyens. Le pire est que même si l’on s’y engage, les pertes sont inévitables. Nous sommes passées par là. Nous n’en pouvons plus d’être endettées jusqu’au cou. Mais pour ne pas rester inactives, nous avons décidé de ramasser du sable". Ainsi s’exprimait cette vieille, presque larmoyante, devant le centre Jean-Paul II de Tanghin. Voyez-vous, a-t-elle poursuivi, il n’y a rien. Nous balayons péniblement juste pour avoir un peu. Il nous faut au moins trois (03) à quatre (04) jours pour avoir une charretée.

Nous laissons nos tas de sable, ici sur place si bien que la nuit, des individus viennent ramasser ce que nous avons passer la journée à collecter. Rien que la nuit dernière, on m’a volé mon tas de sable sinon j’aurai pu avoir une charretée que j’allais vendre à 750 F. Il me faut encore 3 à 4 jours pour l’avoir. Mon cri du cœur est d’avoir un autre travail où mes consœurs et moi pourrons nous épanouir et ressembler aux autres femmes.

A côté de Mme Compaoré, une autre vieille, Mme Denise Kaboré, apparemment plus âgée qu’elle, déplore : "Nous sommes méconnaissables à cause de la poussière qui nous salit, nous défigure et nous rend malades".

Pour mieux nous faire comprendre son idée, elle a simplement avoué qu’une fois, elle s’était très bien habillée et partait en ville lorsqu’elle a entendu ceux qui marchaient à ses côtés parier qu’elle n’est pas la vieille qui ramasse du sable. Et de répliquer à leur grande surprise qu’elle est bel et bien la ramasseuse de sable.

Ces jeunes, gênés par ce qu’ils venaient de découvrir que la vieille suivait de près leur conversion, ne savaient plus quoi dire. Et la vieille de poursuivre en disant : "ce n’est pas parce que nous ramassons du sable que nous n’avons aucun goût à la vie. Au contraire, c’est parce que nous aimons la vie que nous nous battons pour survivre. Avec le peu d’argent que nous gagnons en vendant du sable, nous arrivons à être autonomes financièrement mieux, à aider nos vieux maris parce que nous participons aux dépenses de la famille : popote, ordonnances, frais d’inscription ou d’ordonnances, etc".

Pour Mme Fati Zoundi qui est loin d’être ménopausée, c’est malheureux de passer la journée à boire la poussière, rien que pour 500 F. Pourtant, il nous faut pouvoir subvenir aux besoins de nos enfants. J’en ai six (06), ils sont encore jeunes et aucun d’eux ne travaille.

La vieille Bibata Tapsoba également ne s’en remet pas des vols répétés dont elle est victime : "Les voleurs ne nous épargnent pas. Quand ils ne peuvent pas tout prendre, ils emportent la moitié. Alors que nous ne pouvons pas transporter ce sable chez nous. Si les autorités de notre pays pouvaient penser à nous", a-t-elle souhaité.

Aimée Florentine KABORE
Sidwaya

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