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Déguerpissement de "Léguéma Lôgô" : Koussoubé ira-t-il jusqu’au bout de sa logique ?

Publié le jeudi 3 février 2005 à 09h01min

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Les autorités municipales restent aujourd’hui confrontées à un problème majeur : celui du prochain déguerpissement des occupants du marché de léguéma situé derrière le stade Wobi, pour cause d’insécurité.

La décision, qui a été prise lors du dernier conseil municipal, n’a malheureusement pas reçu l’assentiment de tous, à commencer par les occupantes de ce site qui ont du reste manifesté leur désapprobation par une marche de protestation dans les rues de Bobo.

Et depuis, la polémique fait rage aussi bien au sujet de ce déguerpissement que de ces nouvelles boutiques de rue en construction sur l’avenue de la Liberté.

Tout comme le marché de Léguéma, ces infrastructures exposent, elles aussi, leurs occupants au problème de l’insécurité du fait de leur proximité avec la voie publique. Et certains de se demander si le maire de la commune ira jusqu’au bout de sa logique.

Situé en plein centre ville, le marché de Léguéma est aujourd’hui l’un des sites commerciaux les plus populaires de la ville de Sya.

Sis sur l’avenue de la République à proximité de la place du paysan, où convergent les six principales artères qui traversent la ville de part en part, « Léguéma lôgô », comme l’appellent les Bobolais, reste de ce fait facilement accessible et connaît quotidiennement une affluence considérable à même de faire pâlir de jalousie le marché central de Bobo tous les après midi.

La particularité de ce yaar est qu’on y trouve des légumes frais, des fruits et bien d’autres choses encore de très bonne qualité en provenance des villages environnants, où l’activité maraîchère connaît de nos jours un essor considérable ; et c’est ce qui attire davantage la population et particulièrement ces femmes, qui réalisent chaque jour de bonnes affaires, dans ce marché qui ne désemplit pas.

Si une bonne partie des produits des ventes est destinée à la consommation locale, il n’en demeure pas moins qu’une importante quantité de fruits, de choux, de piment frais, de haricot vert, de tomates, de carottes, etc. est souvent convoyée vers d’autres villes du Burkina ou même vers des pays voisins comme la Cote d’Ivoire.

Bref, Léguéma Lôgô est devenu aujourd’hui un important centre d’affaires pour la ville de Sya, et il ne serait pas exagéré de dire que ce sont chaque jour des millions de francs qui y sont brassés par ces femmes commerçantes qui veillent sur ce site comme sur la prunelle de leurs yeux.

Et malgré les dangers qu’ils encourent du point de vue insécurité, les usagers de ce marché sont encore loin de se décourager au milieu de ces véhicules, de ces engins à deux roues et aussi, de ces charrettiers qui le traversent dans un sens comme dans l’autre.

Trop de gâchis

Si la mesure prise par le conseil municipal de lever ce marché reste diversement appréciée, il n’en demeure pas moins que les autorités ont pris une décision sage et courageuse. Car il serait difficile d’admettre une telle situation d’insécurité permanente dans ce yaar où de nombreux accidents plus ou moins graves ont été signalés.

Léguéma Lôgô, en réalité, reste un danger permanent pour les usagers, et mérite, à ce titre, une restructuration ou, tout au plus, sa fermeture pure et simple. A peine dix ans après sa réalisation à coups de millions grâce à la coopération française, cette infrastructure, malheureusement, ne répond plus aux normes sécuritaires, et son fonctionnement pose problème à tout point de vue.

Faut-il alors s’attendre à une démolition prochaine des installations ? Rien est moins sûr, et certains déjà de s’indigner de ces nombreux gâchis dont se rendent coupables les autorités. D’abord la destruction, deux ans après sa réalisation, du mur de clôture de la mairie centrale qui avait été érigé à hauteur de vingt cinq millions de francs CFA sur fonds communal.

Ensuite ce projet de levée de ce marché qui a été aussi construit à coup de millions avec l’apport des bailleurs de fonds. Alors si gouverner c’est prévoir, c’est le lieu de dire que nos autorités municipales ont failli à leur devoir.

Car de tels gâchis restent préjudiciables au développement de la commune, qui est déjà confrontée à de sérieuses difficultés financières. Sinon, comment comprendre que certains de ceux qui sont en train d’initier ces opérations de destruction soient les mêmes qui étaient aux affaires pendant la réalisation de ces projets ?

Bref, il y a de nombreuses insuffisances qui continuent de caractériser la gestion de cette commune qui, malheureusement, n’est toujours pas au bout de ses peines. Et pour cause : ces nouvelles boutiques de rue sur l’avenue de la Liberté (côté Nord du stade Wobi), qui ne répondent à aucune norme sécuritaire du fait de leur proximité avec la chaussée.

Même pas le moindre espace pour effectuer un stationnement ou un arrêt en toute quiétude. Personne ne criera au scandale si un maire venait un jour à faire déguerpir les occupants de ces lieux pour cause d’insécurité. Et tant pis pour le contribuable bobolais.

Alors si l’on doit s’en tenir à ce principe d’insécurité, ces boutiques de rue réalisées par le conseil municipal actuel doivent connaître le même sort que Léguéma Lôgô. Célestin Koussoubé ira-t-il donc jusqu’au bout de sa logique ?

Jonas Appolinaire Kaboré
L’Observateur Paalga

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