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Affectations illicites à la DPEBA/Houet : trois personnes condamnées et dix relaxées

Publié le lundi 10 janvier 2005 à 07h32min

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L’affaire des affectations illicites à la Direction provinciale de l’Enseignement de base et de l’Alphabétisation (DPEBA) du Houet, évoquée dans notre édition du vendredi 3 décembre 2004, a connu son dénouement judiciaire vendredi 7 décembre 2005, au palais de justice de Bobo-Dioulasso.

Treize personnes ont comparu à la barre ce vendredi 7 janvier 2005 pour escroquerie (deux personnes) et complicité d’escroquerie. Une personne a été reconnue coupable d’escroquerie et deux de complicité d’escroquerie. Les dix autres ont été purement et simplement relaxées. Leur point commun, des affectations illicites avec au passage des "espèces sonnantes et trébuchantes".

Au centre de cette affaire, un agent de la DPEBA/Houet (DJS) qui, avec deux compères (TCK et AT) faisaient habilement et frauduleusement affecter des instituteurs des villages de Bobo-Dioulasso. DJS, le cerveau était basé à la DPEBA/Houet et s’occupait entre autres de la saisie des listes d’affectations sur l’ordinateur dans ce service. Selon ses propres dires à la barre, il s’entendait bien avec la directrice provinciale, Ahoua Traoré. Ainsi, il faisait croire à sa clientèle et à ses démarcheurs (TCK et AT) qu’il lui suffisait de parler du cas d’un instituteur à la directrice pour que celui-ci soit affecté à Bobo-Dioulasso. En réalité, il s’arrangeait, au moment de la saisie, pour insérer à l’insu de la directrice, les noms de ses "clients" sur la liste officielle. La DPEBA signait sans trop y prêter attention. Il lui était en effet difficile de s’en apercevoir puisque DJS se contentait de doubler certains numéros d’ordre sans manipuler le total.

La pratique qui durait depuis le mois de juillet a pris fin le 29 novembre 2004 grâce à la vigilance de l’inspectrice de la circonscription de l’éducation de base de Bobo V. En effet,ce jour-là, l’inspectrice reçoit la visite d’un instituteur qui tient en main une décision d’affectation qui lui paraît suspecte. Elle joint par téléphone la directrice qui demande à son tour à voir ladite décision d’affectation. A la vue du document elle se rend compte que la signature a été imitée et que le cachet n’a pas été apposé comme d’habitude. Elle saisit immédiatement la gendarmerie qui diligente une enquête et démasque le cerveau et ses acolytes.

En réalité, DJS a lui-même établi et signé la décision d’affectation qui a causé son malheur. Il l’a fait parce que le "contrat" passé avec l’un de ses "clients" a été mal exécuté. Alors que ce dernier s’attendait à être affecté à Bobo comme convenu et rémunéré, il est plutôt affecté dans la circonscription de Bobo V dont les écoles sont hors de la ville de Bobo. Courroux donc de celui-ci qui n’en revient pas d’avoir été grugé. Acculé, DJS agira dans la précipitation. Au lieu de se contenter d’insérer les noms de ses "clients" comme d’habitude, il établit sa propre décision d’affectation. Il faut noter qu’entre temps, un journal de la place "Libération", évoquait dans sa livraison du 5 octobre 2004 l’existence d’un réseau d’affectation peu catholique à la DPEBA/Houet. La suite, on la connaît, qui a eu son dénouement le 7 décembre au palais de justice.

En tout, DJS aurait empoché la somme de 140 000 F CFA pour toutes ces "opérations". C’est pour ce délit d’escroquerie qu’il a été condamné à une peine de prison de deux mois fermes, pendant que TCK écope d’une peine d’emprisonnement d’un mois ferme. AT s’en tire avec une peine d’un mois de prison avec sursis.

Les dix autres prévenus ont été relaxés pour délit de complicité d’escroquerie non établi. "Ils ont commis un autre délit que la cour n’a pas voulu poursuivre" a précisé le président du tribunal, bien que ceux-ci aient voulu "entrer à Bobo" par la "petite porte".

Le président du tribunal a, en grande partie, suivi le réquisitoire du procureur dans son verdict. Le procureur avait en effet souhaité ne pas voir des fonctionnaires perdre leur emploi surtout que ce sont des "délinquants primaires".

La directrice qui s’estime blanchie dans cette affaire s’en est tenue au verdict du tribunal qu’elle qualifie de "clément et social" puisque les peines prononcées ne font pas perdre aux intéressés leur emploi. Seulement, ils écoperont des sanctions administratives, notamment "sortir" de Bobo par la "grande porte".

Urbain KABORE
Sidwaya

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