Monsieur le Proviseur,

Par la présente, le secteur Synter de Yako a l’honneur de porter à votre connaissance ce qui suit.

Au cours de l’année scolaire écoulée, vous avez fait montre d’un acharnement singulier à vouloir appliquer l’Arrêté n°2003-210/MESSRS/SG portant réglementation de l’inscription de droit dans les établissements d’enseignement secondaire publics du Burkina Faso. Le personnel du lycée provincial de Yako ayant dénoncé l’iniquité de ce texte, a opté de ne pas payer les frais d’écolage des enfants dont il a la charge. Vous avez alors en fin d’année, refusé de signer et de remettre les bulletins de ces enfants. Vous avez été le seul à travers le pays à arriver à cet extrême. Vous arguiez que vous n’étiez qu’un "exécutant" soucieux de faire son "bonheur". Mais toute cette situation n’est que "votre" vengeance, suite au refus des enseignants de prendre part aux examens blancs non remunérés.

Nous concédons que les textes doivent être appliqués mais cela sans aucune discrimination. Si vous êtes si soucieux d’appliquer les textes, pourquoi n’appliquez-vous pas tous les textes du ministère (ministère des Enseignements secondaire, supérieur et de la Recherche scientifique, ndlr) en votre possession ? Tenons par exemple l’arrêté n°007-MESSRS/SG du 16 août 1994 portant fixation des effectifs dans les classes. Ce texte limite le nombre d’élèves par classe à 70 au premier cycle et à 60 au second cycle.

Celui-là principalement, vous le foulez royalement aux pieds en portant les effectifs de certaines classes à 130 élèves et même plus. Votre royale ignorance de cet arrêté et votre acharnement à l’exécution du premier nous renforcent dans notre sentiment d’être exploités. Car pendant que vous nous demandez les sacrifices d’aller dans les classes au-delà de toute norme, vous nous arrachez tout avantage que nous pouvons ressentir comme compensation de ces sacrifices.

Monsieur le Proviseur, le secteur Synter de Yako vient vous rappeler qu’il est aussi soucieux que vous de l’application des textes ministériels et qu’il n’acceptera plus que vous édifiez votre "bonheur" sur ses ruines. En conséquence de quoi, il vous prie de prendre acte qu’au regard de votre intransigeance discriminatoire à appliquer les textes en votre possession, ses militants s’abstiendront, à compter de ce jour, de dispenser des cours dans les classes pléthoriques du lycée provincial de Yako.
Tout en vous souhaitant une agréable lecture, veuillez agréer Monsieur le Proviseur, l’expression de nos sentiments les plus déterminés.

Pain et liberté pour le peuple !

Yako, le 21 octobre 2004

Pour le secteur Synter de Yako,

Le secrétaire général

Oumarou SAYO