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Fait divers : "Bakari" au vent !

Publié le mardi 26 octobre 2004 à 06h43min

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Le muezzin avait dit à Mamadou qu’on lui avait rapporté qu’il faisait la cour à sa deuxième femme, qu’on lui avait même précisé qu’il rentrait avec elle dans sa chambre dès que lui s’en était allé à la mosquée pour l’appel à la prière.

Le muezzin avait ensuite ajouté qu’il ne cherchait pas à savoir si cela était vrai ou faux mais qu’il lui conseillait de ne plus continuer au cas où il aurait pris l’habitude de lui enfoncer des cornes dans la chéchia. Mamadou jura que ce dont on l’accusait n’était qu’un tissu de mensonges fabriqués par des faux types pour le brouiller avec le muezzin et pour jeter la discorde dans cette cour où ils vivaient en commun avec d’autres locataires.

Le muezzin lui demanda simplement de quitter dans " ça " s’il y était car il était persuadé que Mamadou malgré ses dénégations était bien l’amant de Riahanata, sa deuxième et très jeune épouse. Mamadou aussi savait qu’il mentait lorsqu’il affirmait qu’il ne connaissait pas la couleur des jupons de madame muezzin. Mais peut-on dire à un mari cocu que l’on est l’amant de son épouse ? Assurément pas. Alors, Mamadou a menti d’une manière éhontée. Mais là n’est pas tout à fait le problème.

Le problème c’est qu’il a continué à remplacer le muezzin dans son lit pendant que ce dernier s’époumonait à la mosquée, lançant aux quatre vents son appel à la prière et priant avec les fidèles accourus rendre grâce à Allah. Mais à la différence des mahométans, le muezzin ne se contentait pas seulement de demander le paradis dans l’au-delà et l’aisance ici-bas. Il demandait avec ferveur de mettre la main sur cet imberbe de Mamadou qui profanait le jardin secret de Rihanata, sa " chose ". Sa prière fut exaucée.

Ce vendredi-là, le muezzin venait tout juste de moduler les dernières notes de son appel à la prière quand son sixième sens le prévint de retourner à la maison.

Comme il avait raison car pendant ce temps, Mamadou le torse nu avait fait un signe à Rihanata qui déserta sa cuisine pour le rejoindre dans sa chambre à elle. En vieil habitué, Mamadou se débarrassa de sa culotte. C’est en ce moment précis qu’arriva le muezzin qui appelait son épouse en même temps qu’il se dirigeait vers la maison.

Sur le pas de la porte, il reçut en plein la masse de Mamadou qui s’enfuyait. Le muezzin s’affala tandis que Mamadou nu comme un ver sortait de la concession au pas de course. Le marché situé tout juste aux abords de la concession grouillait de monde. Mamadou le traversa en flèche, son « bakari » lui fouettant les cuisses au rythme de sa course.

Mamadou n’entendait pas les cris et les rires des gens. Sa vie était en danger. Il traversa la rue sans garde pour la circulation et pénétra en trombe dans le bar situé de l’autre côté. C’est en ce moment seulement qu’il se rendit compte que le muezzin ne le poursuivait pas. C’est également en ce moment qu’il se rendit compte de sa nudité intégrale et qu’il s’offrait ainsi aux regards amusés des clients du bar et à ceux scandalisés des serveuses.

C’est justement l’une d’entre elles qui lui offrit un pagne pour couvrir sa honte. Ce furent les parents et amis de Mamadou qui allèrent bien plus tard chercher ses affaires dans la concession que Mamadou quitta sans jamais y être retourné. Cocufieur et menteur, résultat : « bakari au vent ! »

Sacré Chédou OUEDRAOGO
Sidwaya

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