LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Avec de la persévérance et de l’endurance, nous pouvons obtenir tout ce que nous voulons.” Mike Tyson

Crise à la mairie de Ouahigouya : Entre médiation et irrédentisme

Publié le mardi 19 octobre 2004 à 07h40min

PARTAGER :                          

Une délégation de six membres de l’Association des maires du Burkina Faso (AMBF) était à Ouahigouya le jeudi 14 octobre 2004 pour une médiation entre des protagonistes de la crise qui secoue la mairie.

A l’issue de la rencontre à huis clos entre les différentes parties à la Direction régionale de la planification du Nord, nous avons rencontré le chef de la délégation, le bourgmestre de Bobo-Dioulasso, Célestin Koussoubé, et le porte-parole des conseillers qui réclament le départ du maire, le conseiller Simplice N. Ouédraogo.

Au cours d’un entretien très tendu, Simplice Ouédraogo, qui se prononce officiellement pour la première fois sur cette crise, ne fait pas dans la dentelle avec la presse. Et l’entretien a pris fin comme elle avait commencé, par un court-circuit. Suivez...

"On ne veut pas de conseils-moutons" (Célestin Koussoubé, vice-président AMBF)

Qu’est-ce qui ressort de la médiation ?

• Nous sommes venus rencontrer les membres du conseil municipal pour leur demander de nous aider à résoudre la crise. Nous avons écouté les différents protagonistes, nous leur avons prodigué des conseils en leur demandant de faire fonctionner le conseil municipal. Ce ne sera pas une bonne chose que le conseil soit dissout. Retourner à un état d’exception n’est pas une bonne chose, car nous sommes dans un système de démocratie à la base. Nous comptons sur leur bonne volonté à trouver les voies et moyens pour sortir de cette situation. Nous espérons qu’ils ont entendu le message. Nous attendons.

Etes-vous optimiste ?

• Quand on prépare une mission, c’est qu’on a espoir. Nous ne parlons pas d’issues possibles, mais d’issues souhaitables pour que le conseil municipal puisse fonctionner. S’il y a blocage, il y aura dissolution du conseil municipal. Ce qui n’est pas souhaitable.

Il y a eu crise dans plusieurs communes du Burkina ces temps-ci. Peut-on conclure à un sale temps pour les maires ?

• Non. Au contraire. Je pense que ce n’est pas mauvais en soi. C’est la démocratie. Il faut qu’il y ait des discussions au sein des conseils municipaux. On ne veut pas de conseils-moutons. Le conseil doit être l’émanation de différentes conceptions de la chose publique pour permettre aux maires d’être attentifs à certaines choses.

"Quand une marmite explose, on ne peut plus la recoller" (Simplice N. Ouédraogo, porte-parole des signataires)

Quelle est votre position après la médiation de l’AMBF ?

• Nous les signataires (sic !), nous restons sur notre position parce que c’est une décision qui a été longuement mûrie. C’est parce que nous sommes suffisamment responsables que les gens n’ont pas senti la crise venir. Nous l’avons gérée à l’intérieur jusqu’à ce que la marmite explose. Les uns et les autres sont surpris, mais les esprits avisés ne sont pas surpris. Tout ce que nous avons écrit, c’est la vérité et c’est vérifiable.

D’aucuns pensent que votre action s’apparente à un putsch ?

• Si c’était un putsch, il (le maire) ne serait plus là. Ou alors c’est un putsch manqué ? Attendez de voir la fin... Vous-mêmes les journalistes, vous êtes tout le temps à la mairie. Il y a certaines choses que nous avons dites et que vous savez : les sessions du conseil qui se tiennent en deux heures alors que c’est programmé pour cinq jours. Si vous ne le reconnaissez pas, c’est peut-être parce que... Je ne sais pas moi. Vous êtes témoins et j’espère que vous allez l’écrire.

Le dernier conseil était prévu pour cinq jours, mais ça s’est tenu en deux heures. C’est pour bâcler les travaux. Ce sont des décisions préparées à l’avance. On nous les met entre les mains. Si nous refusons, ça fait un problème. Mais à force de les accepter, ça fait exploser la marmite. Et quand une marmite explose, on ne peut plus la recoller.

Il faut une nouvelle marmite. Vous savez que nous sommes des camarades politiques. Issa Joseph Diallo est du CDP. Dans une famille on commence à supporter jusqu’à ne plus pouvoir supporter.

Que gagnez-vous en cas d’institution d’une délégation spéciale à Ouahigouya ?

• Ce que nous gagnons, c’est de ne plus être dirigés par quelqu’un que nous ne voulons pas. Ce n’est pas parce qu’on veut un conseil municipal qu’il faut accepter la médiation pour accepter. Kongoussi est sans délégation spéciale, mais Kongoussi n’est pas effacée de la carte du Burkina.

Certains racontent que c’est Salif Diallo qui est derrière tout ça.

• On ne peut pas empêcher les gens de penser ce qu’ils veulent. Il y a des gens qui voient du rouge, mais qui disent que c’est du blanc.

On dit aussi que la première mission du MATD a produit un rapport partiel et que même vous, l’avez reçu.

• (Le ton grave). Je ne suis pas le ministre. Celui qui vous a dit cela est un menteur. (De plus en plus menaçant). En tant que journaliste, vous devez éviter les menteurs. La qualité du journaliste, c’est savoir peser l’information. On nous insulte chaque jour à la mairie et vous n’écrivez pas ça. Vous n’êtes pas objectifs. Ne me posez plus une telle question...

Propos recueillis par Alain St Robespierre
L’Observateur

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique
Route Didyr-Toma : 12 mois de retard, 7 km de bitume sur 43 km